Chapitre 80 Olivia

Jamais je n'avais prié de ma vie, j'ignorais même comment on faisait ou encore s'il y avait quelqu'un quelque part qui écouterait mes supplications. Je ne l'avais pas fait alors que je me faisais tabasser par Nat, alors que j'agonisais, mais je devais bien avouer que la douleur que je ressentais en ce moment au chevet de mon frère était très différente.

Il ne s'agissait pas d'une souffrance physique, j'avais l'impression qu'on me déchirait le cœur en deux, que je me noyais en le voyant branché à cette machine qui comptait ses pulsations et avec ce tube en plein milieu de sa gorge qui l'aidait à respirer alors qu'il était inconscient.

L'opération avait duré des heures afin de stopper l'hémorragie. Ayant été poignardé au niveau de son flanc droit, il avait eu de la chance que son rein ait été épargné selon les médecins. Ils avaient dit que malgré le fait que le saignement ait été important, il était désormais hors de danger, toutefois, il fallait encore attendre qu'il se réveille. C'était pour cette raison que ça faisait des heures que je répétais encore et encore cette prière dans ma tête, où je demandais à Dieu – s'il existait bel et bien, chose que je doutais de plus en plus à chaque journée qui passait – d'épargner mon frère.

Lorsque nous étions arrivées aux urgences ma mère et moi, on nous avait directement conduites en salle des familles. Ma joue me faisait encore mal à cause des deux gifles que je m'étais prises de sa part, on pouvait presque dire qu'elle m'avait laissé la marque de ses cinq doigts sur le visage. Tout de même, je ne lui en voulais pas, son fils était en salle opératoire, grave comme le lui avaient communiqué le personnel soignant de la prison et elle avait pété un câble. Je la comprenais, même si je n'aurais jamais réagi comme elle.

Désormais, elle dormait sur le fauteuil qui se trouvait de l'autre côté du lit d'Alex et elle lui tenait une main, tandis que je faisais de même avec l'autre. J'espérais qu'il se réveillerait bientôt, la nuit était passée et le matin était déjà là. Il fallait croire que l'anesthésie lui avait fait énormément d'effet, cela faisait énormément d'heures qu'il dormait.

Selon les médecins, il avait toutes les chances de se réveiller, mais il y avait quand même un faible risque pour qu'il ne le fasse pas. Vu la poisse qu'on se trainait depuis un moment déjà, je me préparais au pire, je ne voulais pas me faire de faux espoirs. Tant qu'il n'ouvrirait pas les yeux, mon jumeau ne serait pas tiré d'affaire.

Des infirmières venaient toutes les heures vérifier ses constantes vitales et elles me souriaient toujours, malgré le fait que nous soyons dans l'aile de l'hôpital réservée aux détenus et que mon frère était menotté aux barreaux de son lit.

La veille, ma mère avait appelé Porter pour demander des explications et ça l'avait complètement pris au dépourvu. Une heure plus tard, il venait nous retrouver et au moins, je n'avais pas été la seule à se manger une gifle, il avait lui aussi gouté aux douces caresses de Clara Vega. Elle s'était finalement effondrée dans ses bras et c'était à ce moment-là qu'une infirmière lui avait administré un calmant. Une fois dans les vapes, Graham avait discuté avec moi et m'avait expliqué ce qui était arrivé, car oui, bien qu'il n'ait pas été au courant, il avait passé quelques coups de fils avant de venir à l'hôpital et avait fini par être au parfum de tout.

Il avait déjà passé une demande au niveau du tribunal de Solano afin que la caution de mon frère soit annulée et qu'il puisse sortir de prison jusqu'à son jugement, qui apparemment serait pour bientôt selon les dires de l'influent avocat.

Apparemment, la famille de Nat surveillait mon frère de près et dès qu'il avait déposé cette demande avec des preuves non réfutables, ils se seraient débrouillés pour porter atteinte à mon jumeau. Il pensait sérieusement qu'il y avait un gardien corrompu et qu'il avait payé un autre prisonnier afin de tuer mon frère, mais qu'il avait raté son coup.

— Ils paieront pour tout ceci, je te le promets. Après sa sortie de l'hôpital, ton frère sera libre, avait dit Porter, parfaitement convaincu qu'il allait s'en sortir alors qu'il n'était même pas sorti du bloc. Ça ne fait que plus de preuves pour nous et plus de charges contre eux. Une fois qu'il sera dehors, ils n'oseront pas s'en prendre à lui. Laisse-moi me charger de tout, d'accord ?

Il était la première personne qui nous aidait vraiment et je savais qu'il ferait tout ce qui serait en son pouvoir pour faire plonger la famille de Nat. Je lui faisais entièrement confiance, après tout, avais-je d'autre choix ?

Peu d'avocats auraient supporté le comportement hystérique de ma mère. À la première gifle, sans doute, ils auraient laissé tomber l'affaire. Cet homme voulait nous aider et je n'allais pas lui compliquer la tâche, je souhaitais tout au contraire la lui faciliter.

Je m'étais contentée de hocher la tête et il m'avait serré tendrement l'épaule, comme s'il cherchait à me transmettre un peu de sa force ou de son espoir, je n'aurais su le dire.

N'ayant pas fermé l'œil ne serait-ce qu'une seule seconde pendant toute la nuit, je m'étais attribuée le rôle de sentinelle, tandis que ma mère se reposait. Je devais me montrer forte, je n'avais pas le droit de craquer. Et je ne faisais pas confiance aux flics qui se trouvaient devant la porte.

Mon esprit avait été en blanc pendant énormément d'heures, où je n'avais pensé à rien d'autre qu'à Alex, le reste n'avait plus eu aucune importance, à tel point, que je me rendais compte désormais que je n'avais même pas chargé mon téléphone portable et pas prévenu Cole d'où je me trouvais. Mince, il devait s'inquiéter. Dès que ma mère se réveillerait, je lui demanderais de me prêter son portable afin de lui passer un coup de fil.

Soudain, la main de mon frère exerça une pression sur la mienne et en relevant le regard, je remarquai qu'il avait les yeux ouverts, mais qu'il ne pouvait pas parler à cause du tube dans sa gorge. Je m'empressai d'appuyer sur le bouton d'appel et quelques secondes plus tard, un médecin et un infirmière arrivèrent, réveillant ainsi ma mère. Lorsqu'elle vit qu'Alex était conscient, elle porta une main à son cœur et s'empressa de caresser le sommet de sa tête afin de le détendre tandis que le toubib s'apprêtait à lui extirper le tube.

— Bien, à trois je vais l'enlever et il va falloir que tu expires, tu comprends ?

Alejandro hocha la tête et lorsque le docteur s'exécuta, il respira à fond alors que des larmes coulaient sur le coin de ses yeux. La sensation devait être tout simplement horrible, sentir un objet externe s'enfoncer ou sortir des parois de ton larynx, la nausée était bien évidement de mise. Ma mère attrapa une bassine qui se trouvait sous le lit et la plaça devant lui afin qu'il puisse cracher le surplus de salive ou tout simplement, vomir.

L'infirmière prit ensuite un autre tube d'oxygène, cette fois, pour le mettre dans son nez.

— J'ai mal à la gorge, murmura-t-il d'une voix cassée.

Cette dernière se dépêcha d'apporter un verre d'eau avec une paille, afin qu'il puisse boire doucement, par petits coups. Je me doutais que ses cordes vocales devaient être enflées à cause du passage de ce tube dans son gosier.

— Tout semble aller bien. Comment tu te sens ? lui demanda le médecin.

— J'ai la tête qui tourne et mes yeux pèsent une tonne.

— C'est l'effet de l'anesthésie, d'ici quelques heures ça ira sans aucun doute mieux. Tu te souviens de ce qui est arrivé ?

Alex serra les mâchoires et finit par hocher la tête. Je pouvais m'imaginer ce qu'il avait éprouvé lorsqu'il avait senti ce couteau s'enfoncer dans son flanc droit et voir tout ce sang sortir de son corps. D'après l'urgentiste qui nous avait parlé lors de notre arrivée, il en avait perdu énormément, mais heureusement, pas suffisamment. L'hémorragie avait été bien contenue lors de son transport de la prison à l'hôpital, c'étaient les premiers soins qui lui avaient sauvé la vie.

— Tu as eu de la chance, ton agresseur a raté ton rein, un centimètre de plus vers la gauche et les dommages auraient été irreversibles.

Mon frère blêmit et porta une main à un latéral de son abdomen. Ça devait lui tirer, ou peut-être pouvait-il encore sentir la lame pénétrer dans sa chair. Après avoir été tabassée par Nat, j'avais eu la sensation de sentir ses mains autour de mon cou pendant de nombreux jours, tel un fantôme pesant sur moi, alors je me doutais qu'il devait éprouver quelque chose de similaire.

— Repose-toi maintenant, si tu as mal à ton flanc, appuie sur le bouton et une infirmière viendra t'administrer de la morphine. Mrs Vega, je peux vous parler quelques instants ? demanda le toubib en se dirigeant vers la porte.

Elle se pencha sur mon frère, murmura quelque chose à son oreille que je n'entendis pas et déposa un baiser sur son front avant d'accéder à la demande du médecin qui l'attendait patiemment, accompagné de l'infirmière.

Ils refermèrent la porte derrière eux et nous laissèrent seuls, mon frère et moi.

Je reposai mes fesses sur mon siège et appuyai ma tête contre son matelas, pour finalement, fondre en larmes comme une gamine de dix ans. Je sentis rapidement la main d'Alex me caresser l'arrière de ma tête. Je m'en voulais tellement, si seulement il savait ! Jamais je n'aurais dû accepter qu'il prenne ma place, c'était moi qui aurais dû me retrouver derrière les barreaux, même injustement. Il n'avait rien fait, c'était moi la seule responsable et j'avais été vraiment égoïste de l'avoir laissé endosser toute la faute.

C'était moi qui aurais dû être allongée sur ce lit d'hôpital, pas lui.

— Je vais bien, hermanita, tenta-t-il de me rassurer. Je n'ai pas si mal que ça.

Menteur, ça devait vraiment le faire souffrir et si ce n'était pas encore le cas, c'était parce que les analgésiques faisaient encore leur effet, mais d'ici quelques heures, sa version changerait totalement.

— Viens, dit-il en saisissant mon bras et en me faisant une place sur son lit.

Il grimaça au moment de bouger, mais je me plaçai doucement à ses côtés et reposai ma tête contre son épaule gauche, tandis que son bras m'enveloppa. Ça faisait tellement longtemps qu'on n'avait pas pu faire ça, j'aurais aimé que ce soit dans d'autres circonstances.

No llores, murmura-t-il, estoy bien*.

De nous deux, il avait toujours été celui qui parlait le plus espagnol, sans doute dû au fait de ses fréquentations, mais surtout, parce qu'il était vraiment doué. J'avais plus tendance à commettre des erreurs, je ne me considérais pas bilingue, car je comprenais plus que je ne parlais, contrairement à lui qui l'était à cent pour cent. Notre mère nous avait toujours parlé en anglais, alors si Alex savait s'exprimer, c'était avant tout à cause de Gideon et de toute sa bande de potes. C'était notre grand-mère qui avait tendance à nous parler tout le temps en espagnol, d'ailleurs, elle avait beaucoup de mal avec l'anglais.

— Tu connais le nom du malade qui t'a fait ça ?

— McKay, un vrai psychopathe toujours à la recherche de sang, marmonna-t-il.

— Tu sais qu'il a été envoyé par quelqu'un, n'est-ce pas ?

— Sans doute par ce connard de Spencer, c'est l'un des gardiens. Depuis que je suis arrivé, il n'a cessé de me dire qu'il me surveillait de près et que j'avais intérêt à dormir avec un œil ouvert.

Sa confession me laissa de marbre. Pourquoi ne m'en avait-il jamais parlé avant ? Ainsi, il savait que la famille de Nat était derrière tout ça ?

Je relevai mon regard et le fixai, vraiment choquée qu'il n'ait pas voulu partager de telles informations avec moi. Franchement, je me sentais blessée, je pensais qu'on se racontait tout, jamais je ne lui avais rien caché. La preuve, dès que ma relation avec Cole avait pris un sens nouveau, je m'étais empressée de le lui dire.

— Ne me regarde pas avec ces yeux-là, Liv, à quoi ça aurait servi que je t'en parle ? Mis à part te faire du mal, à rien du tout.

— J'aurais pu en parler à Porter.

— L'avocat ? Tu as parlé avec lui ?

— C'est à cause de ça que tu as été poignardé, il a déposé une demande au tribunal pour l'annulation de ta caution, tu serais sans doute sorti la semaine prochaine.

Tout s'était enchaîné tellement vite, que je n'avais pas eu le temps de lui expliquer tout ce que Graham Porter m'avait dit lors de notre entretien au country club, en prenant conscience qu'il était injustement en prison. Alex allait péter une durite et vouloir tuer notre avocat commis d'office, ce qui serait totalement légitime. Mais en vue de son état actuel, il valait peut-être mieux ne pas l'énerver plus que nécessaire. Je lui en parlerais en détails, mais lorsqu'il serait remis.

— Tu es sérieuse ?

— Très même, je te promets de tout te raconter, mais là, tu dois te reposer. Il faut écouter les consignes du médecin ! me précipitai-je en voyant qu'il allait encore répliquer, comme à son habitude.

Il me fixa pendant quelques instants et sa main vint effleurer ma joue tendrement, avant qu'une larme ne s'échappe du coin de son œil. Il était mort de trouille, tout comme moi, et devant moi, il pouvait être lui-même, il n'avait pas besoin de faire semblant.

— J'ai vraiment eu peur, la première chose qui m'est venu à l'esprit, ça a été toi et maman.

Je le serrai doucement contre moi et enfouis mon visage ruisselant de larmes dans son cou. Je ne saurais vraiment pas quoi faire s'il venait à lui arriver le pire, je voyais ce qui était arrivé à Cole en perdant Amara, la manière dont ça l'avait meurtri, comme s'il avait perdu une partie de lui-même en perdant sa sœur jumelle.

Puis sans même m'en rendre compte, je sombrai dans les bras de mon frère, comme lorsque nous étions petits et que nous nous retrouvions dans le même lit lorsqu'une tempête éclatait. Ces moments de complicité entre nous m'avaient atrocement manqué ces derniers mois et savoir que tout redeviendrait comme avant bientôt, me remplissait de joie.

***

Après avoir dormi pendant au moins une petite heure dans les bras de mon frère, je me réveillai, un peu déboussolée. Ma mère était à nouveau assise sur le fauteuil à côté de lui et elle nous observait, un petit sourire au coin des lèvres. Sans doute le fait de nous revoir ensemble la réjouissait, au moins, elle semblait beaucoup plus tranquille que quelques heures auparavant.

Je me relevai en faisant attention de ne pas réveiller Alex et descendis du matelas, tout en remettant bien la jupe de ma robe. Même si je m'étais un peu reposée, désormais mon corps ne demandait rien d'autre que dormir, mais il fallait que j'aille prendre un peu l'air afin de me dégager un peu l'esprit et me secouer.

Ce fut alors que mon ventre se mit à gargouiller et que je me rendis compte qu'il faudrait également que j'avale quelque chose, sans doute un snack d'un des distributeurs qui se trouvait dans la salle d'attente, sinon j'allais finir par tomber dans les vapes. Certes, j'étais déjà à l'hôpital, mais je voulais franchement éviter une situation pareille.

— Tu devrais aller manger quelque chose, me dit ma mère.

Elle commença à fouiller dans son sac et me donna quelques billets pour que j'aille me prendre quelque chose.

— Merci. Tu peux me passer ton téléphone ? Je dois passer un coup de fil.

Je n'avais pas oublié qu'il fallait que j'appelle Cole, même si je me doutais que ma mère avait déjà dû parler de la situation à Mr Coleman. Jayden devait être au courant de ce qui était arrivé, s'il ne venait pas ici c'était sans aucun doute pour ne pas attirer l'attention sur nous, ce que j'appréciais, mais il devait être inquiet pour moi, ainsi que pour Alex.

Elle se leva afin de me donner son portable et au moment où je l'attrapai, elle ne le lâcha pas. Je voyais parfaitement qu'elle désirait me dire quelque chose, qu'elle s'en voulait de son comportement hystérique de la veille, mais je ne lui en tenais pas rigueur. Un pétage de plombs face à cette situation était tout à fait normal.

— Je suis désolée, finit-elle par dire. Rien de ce qui est arrivé n'est ta faute et je suis navrée si par mon comportement d'hier, j'ai pu te faire penser le contraire.

Avant même que je puisse lui répondre, elle me prit dans ses bras et m'embrassa la joue en même temps qu'elle caressait l'arrière de ma tête.

— J'ai vraiment eu peur pour ton frère, tout comme la nuit où cette ordure a essayé de te tuer. Vous êtes mes bébés, je ne saurais pas vraiment quoi faire si je perdais l'un de vous deux.

Je l'étreignis contre moi, comprenant parfaitement le sentiment qu'elle me décrivait. Ces derniers mois avaient été extrêmement durs pour notre famille, et malgré ce qui venait tout juste d'arriver, je savais que tout s'arrangerait et que tout redeviendrait comme avant. Il le fallait.

Nous nous séparâmes et elle essuya les larmes roulant sur ses joues. Je la voyais rarement pleurer, c'était vraiment une femme très forte qui avait toujours fait face aux adversités de la vie avec la tête bien haute. Clara Vega était une battante et je tenais sans aucun doute mon caractère têtu d'elle.

— Il va falloir que je m'excuse auprès de cet avocat maintenant.

— Oui, tu aurais pu balafrer sa gueule d'ange, plaisantai-je. Je crois qu'il a déjà eu affaire à bien pire de la part d'une femme.

J'en étais même sûre. D'après l'absence d'alliance à son annulaire gauche, j'imaginais qu'il n'était pas marié et il ne me semblait pas être le genre de personne à s'engager. Il m'avait l'air d'être un drogué du travail, donc, pas le temps pour une vie amoureuse stable. Peut-être me trompais-je à son propos, mais j'avais du flaire pour ce genre de choses.

— Tout de même, il nous aide sans ne rien demander en retour, je ne sais vraiment pas ce qu'il m'a pris, s'en voulut-elle.

— N'y pense plus, la rassurai-je. Graham Porter est assez intelligent pour comprendre que tu n'étais pas dans ton état normal.

Alex fit un petit bruit dans son sommeil et toutes les deux nous comprîmes que nous étions en train de le déranger avec notre parlote, au lieu de le laisser se reposer comme il se devait. Nous continuerions la conversation plus tard.

Ainsi, je quittai la chambre qui était toujours surveillée par deux policiers et me rendis jusqu'à la salle d'attente la plus proche afin de manger un bout. Une fois devant la machine, j'optai pour un jus d'orange ainsi que pour une barre de céréales au chocolat et au muesli. Ça devrait me caler pendant quelques heures, car même si mon ventre grognait sa faim, je n'avais pas particulièrement envie de rien.

Je sortis de l'hôpital afin de déjeuner tranquillement et prendre un peu l'air, après tout, il faisait vraiment une très belle journée. L'été approchait à grands pas, de ça, il n'y faisait aucun doute.

Je me posai sur un banc et avant de commencer à manger, je composai le numéro de Cole, mais je fus directement renvoyée vers sa boîte vocale. Généralement, il était toujours joignable, mais peut-être qu'il avait eu le même problème que moi : plus de batterie. J'avais envie de savoir comment s'était passé sa soirée avec Ronnie et Eli, je savais qu'il s'était un peu forcé pour faire plaisir à ses amis, mais j'étais certaine qu'il s'était tout de même amusé. Après tout, lorsqu'on était entouré de personnes qui nous étaient chères, même la plus pourrie des fêtes devenait grandiose.

— Olivia ! dit une voix familière derrière moi.

En me retournant, je vis Jake ainsi que son frère s'avancer vers moi. Mais que faisaient-ils là ? Comment est-ce qu'il avait su pour Alex ? Ce fut alors que je me rendis compte qu'on était samedi et qu'il avait pris pour habitude de venir me chercher à Eastridge Hills à neuf heures tapantes pour m'emmener jusqu'à la prison. Tout de même, ça n'expliquait pas sa présence à l'hôpital de Vacaville.

Tous deux avaient l'air dévastés, surtout Elijah, il semblait avoir pleuré toute la nuit et être au bout de sa vie. Qu'est-ce qu'il s'était passé ?

Jake fut le premier à venir à ma rencontre et me serra dans ses bras de toutes ses forces, me coupant presque la respiration.

— Alex va bien ?

Je hochai la tête et avant même que je lui pose la question évidente, il me dit :

— Un ami commun de la prison m'a appelé hier soir, mais... il s'est passé quelque chose et je n'ai pas pu venir. Elijah avait besoin de moi.

Je tournai le regard vers son frère et il m'avait l'air vraiment mal. Hier soir, il aurait dû être à une fête, lui était-il arrivé quelque chose ?

Son regard croisa la mien et il le détourna, avant de se mordre la lèvre inférieure et jurer quelque chose que je n'entendis pas depuis là où je me trouvais. Il serra les poings et avança dans notre direction, tandis que Jake me disait quelque chose que je ne compris pas, trop concentrée sur la démarche d'Eli. J'avais l'impression que ce qu'il s'apprêtait à m'annoncer était tout aussi terrible sinon plus que la nouvelle que ma mère m'avait apprise la veille.

— Ronnie est...

Il se tut et je vis ses yeux devenir rouges de rage, sans pour autant qu'aucune larme ne s'échappe. Peut-être les avait-il déjà toutes versées. Qu'était-il donc arrivé à Veronica ? Cole devait aller la chercher la veille.

— C'est Cole qui a appelé les secours d'après le propriétaire du motel.

Quoi ? Mais de quoi parlaient-ils ? Je ne comprenais absolument rien de ce qu'ils me racontaient.

Voyant que son frère était incapable de parler, Jake continua à sa place. Ça ne me fit flipper que d'autant plus.

— Elijah a attendu pendant deux heures chez nous avant de se rendre au motel, c'est là que le gars lui a annoncé la nouvelle.

— Quelle nouvelle ? Vous êtes en train de me faire peur !

J'avais déjà eu ma dose de frayeurs !

— Ronnie s'est suicidée et c'est Cole qui l'a retrouvée.

Le jus d'orange que j'avais à la main tomba par terre et l'air resta coincé à l'intérieur de mes poumons, tandis que mon esprit tentait de digérer la nouvelle et qu'une vague de froid submergeait chaque parcelle de mon corps.

Quoi ? Ronnie est morte ?

— Cole a disparu, il est introuvable, dit finalement Elijah. J'ai vraiment peur qu'il ne fasse une énorme bêtise, Olivia.

Ronnie lui rappelait sa sœur, voilà ce qui l'avait poussé à la sortir de la rue. Elle n'était pas juste son amie, il la considérait comme la sœur qu'il avait perdue. Et j'étais la seule à connaître ce détail, un détail qui changeait absolument tout. 

Cette information resonna dans les quatre coins de mon esprit et tout ce qui était arrivé à Amara me revint en mémoire, comme si Cole avait été en cet instant près de moi, en train de me raconter l'histoire, comme quelques semaines plus tôt.

Il devait être complètement anéanti et sans aucun doute, instable psychologiquement. Plein de théories commencèrent alors à fuser dans mon cerveau, les unes pires que les autres, et ça ne me fit angoisser que d'autant plus. 

J'ignorais de quoi il était capable, mais il était clairement en détresse. Il devait revivre la mort d'Amara, en plus de celle de Ronnie. Je ne pouvais m'imaginer à quel point il devait être dévasté et c'était dans des moments comme ça qu'on faisait les pires conneries, que l'on regrettait ensuite amèrement. Et Cole était un véritable professionnel du pétage de plombs et des excès pour camoufler sa souffrance intérieure. 

— Pas autant que moi.

Je craignais le pire. 

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LEXIQUE: 

No llores, estoy bien : Ne pleure pas, je vais bien. 

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L'ÉPILOGUE ARRIVE À 20H.

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