Chapitre 67 Cole

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Bonne lecture !

***

Afin que nous n'ayons pas à nous réveiller aux aurores le lendemain pour nous rendre en cours, Olivia et moi avions convenu qu'il serait mieux de rebrousser chemin de San Francisco à Vallejo et de passer la nuit là-bas. Ainsi, j'avais rapidement trouvé un motel à travers mon smartphone et avais réservé une chambre, après bien évidemment avoir demandé à ma partenaire si ça lui convenait ou si elle voulait avoir son propre espace.

Je m'étais senti un peu débile de lui demander une chose pareille, mais je voulais avoir son avis et ne pas décider pour elle, après tout, elle pouvait très bien vouloir dormir seule.

Après la longue discussion que nous avions eue au restaurant, la route jusqu'à Vallejo s'était faite dans le plus total des silences. Et c'était ma faute, pas la sienne.

Je m'étais dégonflé au moment où nous avions touché le sujet « Piper ». J'aurais tellement aimé lui dire ce qui se passait... mais j'étais un putain de trouillard, voilà la vérité. Ces mots n'arrivaient pas à franchir la barrière de mes lèvres, car ils étaient bien trop durs à prononcer, mais surtout, à entendre. J'avais vraiment peur du regard qu'elle pourrait me porter par la suite, je ne pourrais pas le supporter, alors... il valait sans aucun doute mieux que je garde le silence sur cette affaire. Une fois que j'y aurais mis un terme, tout cet enfer serait loin derrière moi et je n'aurais plus à y penser.

Tu penses vraiment que Piper va laisser tomber aussi facilement ? se marra ma conscience. Tu es définitivement un pauvre débile ou alors, tu aimes te mentir à toi-même afin de ne pas faire face à la situation.

Je la fis taire en me mordant la joue jusqu'au sang et en empoignant le volant de toutes mes forces, jusqu'à faire blanchir mes jointures. Je devais rester concentré sur la route et cesser de divaguer, sinon, nous risquions d'avoir un accident et franchement, je tenais à éviter ça plus que tout.

— Tu es sûr que ça va ? me demanda Liv, assise à côté de moi.

— Impec, marmonnai-je sans lui accorder le moindre regard, sachant que ce dernier me trahirait.

Pourtant, malgré le fait de ne pas avoir un contact visuel avec elle, elle ne sembla pas croire mes salades. Elle était trop futée et désormais qu'elle apprenait à me connaître de mieux en mieux, il n'était donc pas difficile pour elle de savoir quand est-ce que je faisais semblant.

— Tu agis pourtant bizarrement depuis que nous avons quitté le restaurant. J'ai fait quelque chose de mal ?

Je serrai les mâchoires et poussai un long soupir. Non, elle n'avait rien fait de mal. Olivia n'était pas le problème, mais moi, si.

— Je suis juste fatigué, Liv. La journée a été longue.

C'était bien évidemment un mensonge, j'allais parfaitement bien, surtout que j'étais quelqu'un qui pouvait passer plusieurs jours sans dormir, alors une petite journée intense, pour moi, ce n'était rien du tout.

— Tu as raison, j'ai vraiment hâte d'arriver au motel.

J'arquai un sourcil et lui lançai un regard en coin, pour remarquer qu'elle me fixait avec un petit air coquin plein de mauvaises intentions.

— Pour me reposer, bien sûr, ajouta-t-elle, narquoisement.

Olivia arriva à m'arracher un léger sourire avec ses sous-entendus. Elle aimait bien jouer avec moi et je devais avouer que c'était assez distrayant. Elle savait pourtant que je n'étais pas d'humeur, mais elle tentait le tout pour le tout.

— Allez, souris, me taquina-t-elle en enfonçant un doigt entre mes côtes. Tu es tellement plus beau qu'avec les sourcils froncés.

Définitivement, elle me fit bien rire. Bon, si j'avais des doutes avant, désormais, je savais parfaitement qu'elle me trouvait beau. C'était toujours bon à prendre.

— Je suis si beau que ça ?

— Comme si tu l'ignorais, marmonna-t-elle en tentant de réprimer un sourire.

— Alors il n'y a que mon physique qui t'attire ? C'est vraiment très superficiel, Miss Vega, déclarai-je en prenant un ton outré.

Nous arrivâmes à Vallejo assez rapidement et je pris la direction du motel. Au matin, nous n'aurions qu'à nous lever vers six heures trente ou sept heures pour arriver à temps au lycée, étant donné que nous n'étions qu'à vingt minutes de route de Fairfield. C'était bien mieux que d'être restés à San Francisco et de devoir nous réveiller au moins vers cinq heures pour arriver au premier cours. Le seul problème auquel je n'avais pas pensé, c'était au fait que nous allions débarquer ensemble, avec les mêmes vêtements de la veille... certes, pour moi ça ne voulait strictement rien dire, mais les gens étaient de sacrés fouineurs. J'espérais vraiment que ce ne serait pas flagrant à ce point.

Olivia avait prévenu sa mère qu'elle ne rentrerait pas dormir, qu'Ivy lui avait proposé de rester passer la nuit chez elle et ainsi terminer tranquillement leur « devoir ». Bien évidemment, Clara avait été aux anges et n'avait posé aucune colle. Tant que Liv prévenait, elle semblait avoir une totale liberté. Moi, je ne prenais jamais la peine de faire une chose pareille, tout simplement parce que je savais que mon paternel s'en cognait royalement.

Après quelques minutes de route supplémentaire, nous trouvâmes enfin l'endroit où nous allions passer la nuit. Il y avait une grande pancarte annonçant le Hampton Inn Vallejo. D'après les photos sur le site de réserve, ça m'avait semblé un endroit sympa et confortable, avec un prix plutôt raisonnable également.

Je garai la voiture au parking et coupai le moteur, avant d'ouvrir la portière et sortir, suivi de près par Liv qui dut se mettre à courir afin de me rattraper. Je me dirigeai vers l'accueil à des pas de géant.

Les lieux semblaient très tranquilles, elle aurait pu m'attendre sans aucun problème dans la voiture. D'ailleurs, peut-être était-ce mieux. Je ne voulais vraiment pas de fouineurs et en voyant quelqu'un de mon âge réserver une chambre avec une fille, je savais qu'on allait me poser des questions. Ça m'était déjà arrivé et franchement, cette fois, je préférais éviter.

Ainsi, je me retournai vers elle et elle se cogna de plein fouet contre mon torse, faisant en sorte qu'elle rebondisse en arrière. Je la rattrapai doucement par le haut du bras pour l'aider à maintenir l'équilibre, mais la lâchai très rapidement.

— Il vaut mieux que tu m'attendes dehors, je ne veux pas de questions indiscrètes, d'accord ?

Elle me fixa de ses grands yeux de biche et finit par hocher la tête, après avoir battu des paupières plusieurs fois, déconcertée par ma demande. Je le faisais également pour elle, les gens des motels avaient tendance à foutre leurs nez dans les affaires des autres.

J'entrai donc dans la réception où une femme aux cheveux courts blonds d'environ une vingtaine d'années m'accueillit. Elle avait l'air énervée, mais lorsqu'elle posa son regard sur moi, mystérieusement, elle sourit de toutes ses dents. Je tentai de ne pas lever les yeux au plafond, mais je devais avouer que cette tâche s'avérait difficile, surtout lorsque je la vis changer de position pour en adopter une plus ouverte et me couver du regard.

L'accueil se résumait à un comptoir pourvu d'un ordinateur et de brochures de diverses affaires aux alentours.

— Bonsoir, en quoi puis-je vous aider ?

Mon regard se porta vers le badge qu'elle portait à gauche de son uniforme, pourvu d'une chemise blanche aux manches longues et d'une jupe droite bleue marine. Elle répondait au nom de « Avery ».

— J'ai fait une réservation dans la soirée, au nom de Coleman.

Elle m'affubla une dernière fois de son sourire pour le plus niais et tourna son regard vers l'écran d'ordinateur. Elle tapa mon nom de famille dans la barre de recherches de son programme informatique de réservations et s'exclama :

— Vous avez bien demandé la chambre avec vues sur la piscine et au lit « king size », n'est-ce pas?

— C'est exact, soupirai-je en m'appuyant contre le plan du comptoir.

— Souhaitez-vous payer maintenant ou demain matin ?

— Maintenant, je pars tôt.

— Bien, j'aurais besoin de votre carte d'identité et de savoir si vous comptez payer en espèces ou en ...

Je sortis ma carte de crédit avant même qu'elle ne termine sa phrase, ainsi que celle d'identité.

— J'allais dire en « nature », plaisanta-t-elle avant même d'avoir vu mon âge.

Elle me fit un clin d'œil qui se voulait aguicheur et je serrai les mâchoires de toutes mes forces. Je détestais vraiment lorsqu'une femme me faisait du rentre-dedans sans aucune gêne, surtout que c'était de loin la pire chose à faire lorsqu'on était sur son lieu de travail. C'était un manque de respect total envers le client mais aussi envers l'employeur, ça donnait une très mauvaise image des lieux.

— Ça ne risque pas, marmonnai-je, agacé par ses insinuations.

Elle vérifia mon identité et eut par conséquent accès à ma date de naissance, mais le fait de savoir que j'avais dix-sept ans – et que j'étais par conséquent mineur – ne sembla en aucun cas la choquer ou du moins, la faire se remettre en question face à son comportement déplacé. Croyait-elle que parce qu'elle était une femme, elle pouvait tout se permettre ? Certaines d'entre elles devaient penser qu'elles avaient le droit de tout faire et de faire du rentre dedans aux hommes sans aucune gêne. À l'inverse, on appellerait ça du harcèlement, mais dans mon cas... je n'avais le droit de rien dire, sinon je me ferais traiter de sale chochotte ou encore de pédé. Et ce genre de mentalité, ça m'énervait plus que tout.

Quelle différence pouvait-il y avoir ? Ce n'était pas parce que j'étais un homme que j'étais à l'aise avec ce genre de comportement, ça m'horripilait ! Mais ce qui me gonflait par-dessus tout, c'était le fait de devoir tout encaisser comme si de rien était, comme si ça ne me mettait pas mal-à-l'aise, tout ça, parce que la « société » disait qu'un homme digne de ce nom devait être toujours disposé à sauter sur tout et n'importe quoi. Mais quelles idées, franchement !

Après avoir empoché l'argent, elle me rendit ma carte bleue et celle d'identité pour en attraper une autre magnétique dans un tiroir. Je tendis la main afin qu'elle me la donne, mais elle la garda pour elle.

— Je vais vous montrer la chambre.

Je vis rouge, de plus en plus énervé. Mon cœur battait extrêmement vite désormais, pulsant mon sang à toute vitesse dans mes veines. Une femme qui se faisait harceler par un gros lourdaud ressentirait exactement la même chose que moi en cet instant. De la gêne, le tout soupoudré par une touche d'impuissance. Car oui, qu'est-ce que je pouvais bien faire contre le comportement de blondie ? Mis à part la repousser et la remettre bien poliment à sa place, rien de plus malheureusement.

— Merci, ce n'est pas la peine, je peux trouver mon chemin tout seul.

— J'insiste, rétorqua-t-elle en rangeant la carte dans la poche qui se trouvait au niveau de sa poitrine.

Bordel, elle n'allait pas lâcher l'affaire ? Je n'avais pas envie de faire une esclandre, parce que je savais que quoi que je fasse, ça retomberait irrévocablement sur moi. La situation se retournerait contre moi à tous les coups, je savais parfaitement de quoi je parlais.

— Je ne veux pas de votre aide, donnez-moi tout simplement la carte.

— Il est de mon devoir d'accompagner chaque client jusqu'à sa chambre, prétendit-elle.

Elle commençait sérieusement à me gonfler et je n'allais pas rester poli très longtemps.

— Je vous congédie de votre obligation. Donnez-la moi.

Et je tendis encore une fois la main, mais elle n'en démordit pas, se contentant de tapoter sa poche avec ce sale sourire de garce qui m'irritait au plus haut point.

Elle fit le tour du comptoir et tenta de m'effleurer le bras, mais je me dégageai brusquement avant qu'elle n'y parvienne. C'était quoi son problème ? Ne voyait-elle donc pas que je n'étais pas intéressé par ses avances ? Qu'est-ce qu'il fallait que je fasse pour qu'elle comprenne ? Que je me montre violent ? C'était ce qu'elle voulait ?

Sans le vouloir, mes membres se mirent à trembler et des souvenirs plus désagréables les uns que les autres revinrent me hanter. Ces mêmes réminiscences qui me provoquaient des crises de panique et de claustrophobie et à cause desquelles je consommais de la coke.

Soudain, la porte d'entrée de l'accueil s'ouvrit et le parfum d'Olivia enveloppa l'habitacle. J'aurais pu discerner cet arôme entre mille, il était tellement particulier que mon cerveau l'avait depuis longtemps relié à elle.

— Jay ! chantonna-t-elle pour une seconde après apparaître à mes côtés en prenant ma main.

Elle posa sa joue contre mon biceps et me contempla de ses petits yeux de chien battu. Elle était en train de jouer la comédie, la petite copine lourde par excellence, pour que l'hôtesse me lâche enfin la grappe.

— Qu'est-ce qui te prend autant de temps ? Je croyais qu'on était pressés.

La réceptionniste se raidit de tous ses membres et se renfrogna, avant de sortir la carte de sa sale petite poche.

Olivia pressa ma main dans la sienne et mes tremblements cessèrent un peu, mais j'étais vraiment à bout de nerfs. Je me sentais agressé, violent, à cause de cette femme qui s'était octroyé le droit de me forcer à faire quelque chose que je ne voulais pas.

Sans aucune gêne, Liv lui arracha des mains la carte magnétique et lui sourit de toutes ses dents, pour finalement lui dire :

— Passez une bonne soirée... Avery !

Elle virevolta vers moi, se mit sur la pointe des pieds et embrassa ma joue furtivement, pendant que je foudroyais du regard cette mégère.

— Tu viens, mon amour ? continua mon acolyte en tirant légèrement sur mon bras afin de me faire réagir.

Je me laissai entraîner en même temps que les battements de mon cœur se régulaient et je pris une grosse goulée d'air frais lorsque nous fûmes dehors.

Olivia ne lâcha pas ma main et nous dirigea vers l'intérieur du motel, où nous bifurquâmes dans plusieurs couloirs avant d'atteindre la chambre qui nous avait été assignée. Bordel, si je ne lui avais pas dit de rester dehors pour éviter les questions épineuses, jamais je ne me serais retrouvé dans une telle situation.

Nous pénétrâmes dans la suite et Olivia ferma la porte derrière moi avant d'introduire la carte magnétique dans un appareil placé au niveau du mur qui servait à activer les lumières des lieux. Ainsi, elle les alluma et la pièce fut éclairée. Le lit king size avait beau être là, je n'y fis pratiquement pas attention et ne pipait mot lorsque je me dirigeai jusqu'à la salle de bain afin de m'y enfermer. J'avais besoin d'être seul pendant quelques instants pour reprendre mes esprits.

Je m'assis sur le rebord de la baignoire et le serrai entre mes mains de toutes mes forces, pendant que je comptais et régulais les battements de mon palpitant. J'étais vraiment à deux doigts de souffrir une crise d'angoisse, alors que ça faisait des semaines que je n'en avais pas eue une seule. La dernière remontait au moment où on nous avait enfermés Olivia et moi dans la chambre noire dans la salle de journalisme. Je ressentais à nouveau cette désagréable pression au niveau de ma poitrine et cette sensation au niveau de mes poumons qui me donnait l'impression que j'allais me noyer. Les murs de cette salle de bains semblaient rétrécir sur moi, me donnant ce sentiment d'oppression que je détestais tant. Je n'aurais pas dû m'enfermer, ça avait été une erreur de ma part.

Expirant doucement par la bouche, je fermai les yeux et tentai de ne penser à rien, de faire complètement le vide dans mon esprit. Mes muscles étaient tendus tels un arc et il fallait à tout prix que je les relâche. Ça n'allait vraiment pas m'aider de faire une crise en ce moment.

L'on cogna alors soudainement à la porte, mais de façon très légère.

— Jayden, tu es sûr que tu vas bien ? Je peux entrer ?

J'avalai ma salive et hésitai pendant quelques instants, n'ayant pas très envie qu'elle me voit encore une fois paniquer, mais je ne devais pas oublier, qu'elle était définitivement la seule personne sur cette planète capable de me tranquilliser et de me faire penser à autre chose avec un brio incroyable.

Ainsi après m'être levé, je déverrouillai la porte et retournai à nouveau m'asseoir sur le rebord de la baignoire, un peu plus détendu qu'avant. Le battant s'ouvrit et Olivia entra dans la petite pièce, laissant la porte ouverte derrière elle.

Elle me contempla pendant quelques instants, debout devant moi, et finalement, vint s'asseoir à mes côtés, mais garda ses distances afin de me donner mon espace. Elle ne dit rien et se contenta de m'observer dans le plus parfait des silences, je pouvais sentir son regard dans chaque parcelle de mon être. Je devais bien avouer que sa présence était vraiment réconfortante, apaisante. Toutefois, je ne pouvais m'empêcher d'imaginer ce qu'elle devait penser de moi en cet instant, après tout, elle avait dû me secourir d'une femme.

Que serait-il arrivé si elle n'avait pas débarqué ? Qu'aurais-je fait ? Ce qui était certain, c'était que j'aurais eu de gros ennuis, car si la blondie m'avait touché – comme elle avait déjà essayé de le faire –, je ne serais pas resté sans ne rien faire. Déjà que ses insinuations étaient le comble, le contact physique... ça c'était tout simplement hors de question.

— Tu dois vraiment me prendre pour une pauvre chochotte, hein ? murmurai-je.

Je l'entendis soupirer, sans cesser de m'observer, et elle croisa les jambes tandis qu'elle mordait sa lèvre inférieure, comme si elle cherchait à répondre sans me faire sentir comme la petite merde que j'étais. À quoi m'attendais-je en lui posant une telle question ? Un mec qui n'était pas capable de se défendre face à une femme... la bonne blague, n'est-ce pas ?

— Pourquoi ? Parce que cette femme te faisait des avances, que tu la repoussais, qu'elle insistait et que tu ne savais pas comment réagir ? finit-elle pas répondre d'un ton relativement posé.

Je tournai mon regard vers elle et l'observai avec beaucoup d'attention. Je me demandais pendant combien de temps elle avait été témoin de ma faiblesse avant de décider d'intervenir. Mais après tout, quelle importance ?

— J'aurais pu me défendre.

C'était ce que n'importe qui me dirait d'ailleurs. Après tout, un homme devait être capable de se préserver, que ce soit d'un autre homme, d'une femme ou que sais-je. C'était ainsi que la société le voyait, point.

Olivia se pinça les lèvres et hocha légèrement la tête.

— Je ne vois pas trop comment.

Je lui lançai un regard en coin, en attendant la suite, car j'étais certain qu'elle n'avait pas terminé de parler.

— C'est plus facile pour nous les femmes, on envoie un gros coup de genoux dans les parties du mec qui ne veut pas comprendre notre refus et on part. Mais les hommes qui se font harceler par des femmes... c'est complexe, car – si tu as eu une éducation digne de ce nom – tu sais que tu ne dois pas les brutaliser. Et certaines en jouent pour outrepasser les limites, comme cette connasse de la réception.

Je baissai le regard, sachant qu'elle avait parfaitement raison. Mais je détestais me sentir aussi impuissant, c'était comme lorsque Piper m'obligeait à...

Je fermai à nouveau les yeux et me mordis l'intérieur de la joue. Je ne voulais pas penser à elle, je m'y refusais. C'était tout bonnement hors de question. Je me l'interdisais.

Je sentis alors la main de Liv venir caresser tendrement l'arrière de ma nuque, juste au niveau de la naissance de mes cheveux et je poussai un long soupir. Ce que j'aimais avec elle, c'était qu'elle avait toujours une vision objective de tout, il lui était alors plus facile de se mettre à la place des autres. Elle ne jugeait pas, elle cherchait avant tout à comprendre.

— Les hommes ont tout autant le droit que les femmes de dire « non » et de se sentir mal à l'aise lorsqu'une femme se montre insistante, tu sais ?

Mon cœur se remit à battre la chamade, mais cette fois, pour des raisons complètement différentes. Ses paroles étaient tellement justes, tellement vraies. Elles soulageaient mon cœur ainsi que mon âme, la libérant d'un poids immense, ainsi que d'une peur instinctive.

Doucement, je me tournai vers elle et pris son visage entre mes mains pour poser mes lèvres sur les siennes. Olivia retint tout d'abord sa respiration et finalement, expira de bien-être, laissant échapper du fond de sa gorge un petit bruit semblable à une légère complainte. Ses lippes étaient d'une douceur inouïe, semblables à la texture des pétales d'une rose, et leur saveur était des plus exquise.

Elle me rendit mon baiser avec la même envie et l'intensifia davantage, lorsque nos corps se retrouvèrent proches l'un de l'autre et que la seule chose qui nous séparait désormais, c'étaient nos vêtements.

D'un côté, je rêvais de les lui retirer et de l'autre... je ne voulais pas tout gâcher. Nous ne savions peut-être pas très bien dans quel genre de relation nous nous embarquions, mais je voulais qu'il y ait plus que du sexe entre nous. Je désirais plus, pas seulement posséder son corps, mais également son âme.

Je fantasmais à longueur de journée depuis le week-end dernier, depuis nous avions franchi ce pas ensemble, mais encore une fois, je ne voyais pas Olivia comme le coup d'une nuit qu'ensuite j'oublierais au matin. Non, c'était loin d'être le cas.

Je mis fin à notre baiser et nous nous observâmes pendant de longues secondes sans ne rien dire.

Je ne voulais pas la rejeter ni lui faire de la peine, mais vraiment, je ne pouvais pas. Du moins, pour le moment, tant que je n'aurais pas fait face à mes démons.

— Olivia, je...

Elle m'interrompit en posant une main sur ma bouche et me sourit tendrement.

— Rien ne presse, d'accord ? Ce qui est arrivé samedi était tout simplement dément, mais... je ne veux pas que ça aille si vite, en vérité.

Sa réponse me soulagea, nous semblions être sur la même longueurs d'ondes.

— Tu en es certaine ?

— Je mentirais si je te disais que mon corps d'ado ne veut pas passer une nouvelle nuit torride avec toi, ricana-t-elle en souriant plus que jamais, mais ce ne serait pas bien. Je tiens vraiment à toi et je ne veux te forcer à rien.

Ma respiration resta coincée en plein milieu de ma gorge et je me sentis rougir comme jamais auparavant. C'était sans aucun doute la plus belle déclaration qu'on ne m'avait jamais faite.

Liv passa alors ses bras autour de mon cou et déposa un tendre baiser sur ma joue, tandis que je reprenais mes esprits. Elle tenait à moi et nous étions suffisamment connectés pour qu'elle puisse ressentir que je ne voulais pas presser l'affaire.

— Nous devrions aller dormir, la journée a été très longue et il faut se lever tôt demain, déclara-t-elle en se remettant debout et en rejoignant la sortie de la salle de bains.

— J'arrive tout de suite.

Elle me fit un clin d'œil et me gratifia d'un nouveau sourire éblouissant avant de retourner dans la chambre, en me laissant à nouveau seul. 

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Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! 

J'ai voulu toucher un autre sujet qui me paraît très important, qui est celui du harcélement que les hommes peuvent parfois subir de la part de certaines "femmes", car il n'y a pas que les femmes qui subissent ça de la part de certains "hommes", eh oui je mets les termes entre guillemets parce que pour moi ce genre d'individu n'est pas une vraie femme ou un vrai homme. Je pense que ce n'est pas une question de genre mais d'éducation, c'est très bien de draguer, mais lorsque tu vois que la personne n'en a pas envie ou qu'elle n'est pas intéressée, continuer dans tes idées n'est ni plus ni moins que du harcélement. La situation est un peu plus compliquée pour les hommes car généralement ils doivent subir ce genre d'attaques et d'insinuations sans ne rien pouvoir faire pour se défendre. S'ils refusent les avances d'une femme, ils vont immédiatement se faire traiter d'homosexuels, juste parce que la société dit qu'un homme doit toujours être disposé à sauter tout ce qui bouge et non, ce n'est pas ainsi. 

Bref, on est pas des morceaux de viande, on est des personnes avec un coeur et des sentiments et lorsqu'on considére autrui comme un vulgaire objet de baise, il y a vraisemblablement quelque chose qui cloche. 

Non c'est non, peu importe le genre. Le consentement avant tout ! 

Et sur ces belles paroles, je vous dis à la semaine prochaine à la même heure pour la publication du chapitre 68. 

Je vous souhaite une bonne fin de semaine ! 

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