Chapitre 52 Cole
***** S'il vous plait, lisez le message en fin de chapitre. Merci et bonne lecture :) *****
***
Olivia avait menti.
Assis sur l'une des marches du porche de la maison d'Elijah en cette fin de vendredi, je réfléchissais à ce que j'avais appris dans la journée. J'avais vraiment du mal à croire qu'elle m'ait roulé.
C'était pendant le cours de chimie que la vérité avait éclaté. Alors que j'étais avec Ivy pour une expérience et voulant détendre un peu l'atmosphère entre nous deux, je lui avais demandé comment s'était déroulé la soirée avec Olivia la veille. Elle m'avait alors regardé comme si je débarquais tout droit d'une autre planète. Et cette fille était comme un putain de livre ouvert, ne sachant pas du tout faire semblant, alors j'avais vite compris que Liv n'était pas allée la voir et que par conséquent, elle m'avait menti.
Apparemment, elle avait eu un rendez-vous au cinéma drive-in de Concord avec un certain « Ange gardien narcissique ». Comme par hasard, Olivia n'avait pas mis un vrai prénom dans ses contacts. J'avais l'impression que cette fille se voyait toujours obligée de donner une surnom ridicule aux gens, en commençant par le mien : « Blaireau puissance 10 ». Oui, j'avais déjà vu mon nom s'afficher sur son écran de smartphone et je n'avais pas su si éclater de rire ou lui ordonner d'effacer au plus vite ce surnom ridicule.
Mais après, je ne pouvais pas lui en vouloir pour ça, elle était enregistrée dans mes contacts en tant que « Squatteuse pool-house », donc on pouvait dire qu'on était quittes.
— Tu as l'air de mauvais poil, remarqua Eli en sortant de chez lui, avec deux bouteilles de soda dans les mains.
Il faisait vraiment chaud aujourd'hui, ce printemps ressemblait plus à un été avant l'heure. La température était relativement beaucoup plus élevée par rapport à l'année dernière, même pour cette partie de la Californie. Vive le réchauffement climatique !
— Non, tu crois ? ironisai-je en prenant la boisson qu'il me tendait avant de prendre une longue gorgée qui me rafraichit presque instantanément.
Franchement, pourquoi mentir ? C'était parce qu'elle avait un petit-ami et qu'elle avait été ambigüe avec moi ? Il n'y avait pas de quoi en faire un plat, je n'étais pas du genre jaloux. Cette fille se prenait vraiment trop au sérieux.
Nous n'étions absolument rien l'un pour l'autre. On s'était embrassés et cherchés, mais c'était juste un jeu. Il n'y avait pas de quoi en faire des caisses.
— Encore Olivia ? devina mon ami.
Putain, c'était si évident que ça ?
Je soulevai un sourcil et il éclata de rire.
— Dans le mille.
Roulant des yeux et soufflant, je m'affaissai contre le rebord de l'escalier derrière moi. Ce n'était pas vraiment confortable, mais j'avais d'autres chats à fouetter. Pourquoi est-ce que ça me dérangeait tant ce mensonge ? Si je prétendais qu'elle et moi n'étions absolument rien... j'aurais dû m'en balancer, non ?
Tu délires complètement, mon pauvre Cole, dit ma conscience. Si jamais elle apprend ce qui se passe avec Piper, non seulement elle sera dégoûtée à mort, mais elle ne sera même plus capable de te regarder en face. Tu lui appartiens, ne l'oublie pas.
Face à cette pensée, les poils de ma nuque se hérissèrent et mon ventre se noua. Je la chassai rapidement de mon esprit, ne voulant tout simplement pas y réfléchir, pas alors que j'avais quelques jours de répit. Cette garce ne serait pas là de toute la semaine, non seulement le week-end à mon plus grand soulagement, Patrick ayant décidé de prolonger son séjour à New-York d'une bonne semaine afin de pouvoir en profiter avec sa jeune et tendre épouse. C'en était gerbant.
Oui, mais tu sais également ce que cela signifie, continua cette petite voix sinueuse. Lorsqu'elle rentrera, elle ne va pas te lâcher d'une semelle.
Je fus pris d'une nausée soudaine que je pus tout de même dissimuler, en mettant ma mimique sur le compte du gaz du soda, ce qu'Elijah cru sans hésiter un seul instant.
— Tu dis n'importe quoi, répliquai-je. Qu'est-ce que j'en ai à foutre d'elle ?
— Bah... tu as envie de croquer dans ses seins.
Je tournai immédiatement la tête vers lui, les sourcils froncés. Sérieux ? Il ramenait cette affaire encore une fois sur le tapis ? Ce salaud ne l'oublierait donc jamais ?
Mon ami éclata de rire à s'en tenir le ventre. Il était d'un exagéré des fois franchement.
— Je ne fais que réutiliser les mots de cette magnifique confession. Mon dieu, qu'est-ce que j'ai rigolé ce soir-là, se souvint-il avec un sourire niais collé sur ses lèvres.
— Tu vas me le rappeler jusqu'au jour de ma mort, hein ?
— Et même après !
Il passa un bras par-dessus mes épaules et de son autre main balaya l'horizon en disant :
— En épitaphe, je mettrais : « Jayden Coleman, celui qui voulait croquer les seins doux et moelleux d'Olivia Vega ».
Je devais l'avouer, je partis d'un fou rire en m'imaginant ma pierre tombale avec quelque chose d'aussi absurde inscrit dessus. Lorsqu'il le voulait, ce con pouvait vraiment me faire rire, c'était dingue. Grâce à lui j'arrivais souvent à oublier pendant quelques instants mes tracas, ce qui était vraiment soulageant.
— Voilà, maintenant que tu souris, continua-t-il en me donnant un coup au niveau de mon bras, tu vas me dire ce qui se passe avec cette fille ? Elle a l'air sympa pourtant.
Ouais, tout le monde pensait ça d'Olivia. S'ils savaient l'envie que j'avais parfois de laver sa sale bouche avec du savon... et parfois j'avais envie de faire une toute autre chose à cette bouche.
Je n'avais pas parlé du baiser à Eli, ni de ce que je ressentais dernièrement à son égard. Moi-même je l'ignorais, étant vraiment confus. Avais-je ne serait-ce le droit de me sentir attiré par elle ? Je voulais y penser le moins possible à vrai dire, je ne faisais qu'agir sur des coups de tête et ça... ça allait finir par me coûter fichtrement cher.
— Elle m'a menti hier, finis-je par déballer. Je lui ai demandé si elle voulait que j'aille la chercher après le boulot, mais elle a refusé en prétextant passer la soirée avec une amie et en fait, elle est allée au cinéma drive-in de Concord avec un mec.
D'ailleurs, elle était rentrée assez tard. Non que je l'aie épiée, loin de là, même si je ne dormais pas particulièrement, ce n'était pas mon genre de guetter les gens à travers une fenêtre, avec un regard sinistre. C'était en parlant avec Clara qu'elle m'avait dit qu'Olivia rentrerait tard de chez Ivy. Comme quoi, elle avait également menti sa génitrice.
— Tiens, ricana-t-il, c'est marrant. Mon frère est allé à ce même cinéma hier soir, avec la fille dont je te parlais la dernière fois, lorsque nous étions chez lui.
Quelle fille ? La sœur du mec qui partageait sa cellule lorsqu'il était en taule ? Franchement, qu'est-ce que ça pouvait bien me faire ? D'ailleurs, son frère avait eu un comportement plus que bizarre cette fois-là, comme si c'était un secret et que personne ne devait être au courant. Je n'avais pas eu de mal à comprendre qu'il s'agissait de la sœur jumelle de son camarade, ce que je n'arrivais pas à saisir, c'était pourquoi il avait failli sauter à la gorge d'Elijah lorsqu'il avait commencé à donner cette info.
— Donc, tu es jaloux ?
— Hein ? Mais non ! Je n'en ai rien à foutre qu'elle soit sortie avec un mec, c'est le fait qu'elle m'ait menti qui me dérange. Pourquoi le faire ? C'est ça que je ne comprends pas.
Elle pensait quoi ? Que j'allais lui faire une scène en apprenant qu'elle avait rendez-vous avec un type ? Seigneur ! Cette fille n'était vraiment pas croyable. D'un côté, elle n'assumait pas et de l'autre... Enfin bref, ça ne servait visiblement à rien d'essayer de comprendre le fonctionnement d'Olivia Vega.
— Peut-être que c'est juste un ami et qu'elle ne voulait pas que tu interprètes ça de façon tordue.
— Elle a aussi menti à sa mère.
— Ah... peut-être que sa mère est très protectrice et qu'elle ne voulait pas l'inquiéter, raisonna-t-il.
Clara avait l'air d'être très autoritaire avec Liv, avais-je remarqué. Pourtant, avec moi elle se montrait laxiste et particulièrement douce, toujours disposée à accomplir le moindre de mes souhaits. Mais bon, j'étais le fils de son patron, alors elle devait être aux petits soins avec moi. Toutefois, contrairement à d'autres employées que nous avions eues auparavant, elle ne semblait pas feindre. Elle faisait son travail avec le sourire aux lèvres et lorsqu'elle était plus heureuse, c'était lorsqu'elle était en cuisine, en train de préparer à manger. Et mon dieu ! Que cette femme cuisinait bien, franchement ! Elle faisait de ces plats végétariens... bon sang ! Rien que d'y penser, j'en avais l'eau à la bouche.
— C'est moi ou tu lui cherches des excuses ?
Mon ami haussa les épaules et but une autre gorgée de sa boisson. Il aimait bien Liv, j'ignorais pourquoi, mais il l'appréciait, alors qu'il l'avait juste rencontré une fois.
— Je pense qu'elle avait ses raisons, elle ne m'a pas l'air d'être ce genre de fille.
Il marquait un point, je devais bien l'avouer.
— Oui, c'est vrai, admis-je, un peu à contre-cœur. Elle doit avoir ses raisons.
— T'as pas un chez toi, le riche ? dit soudain une voix en nous sortant Eli et moi de nos contemplations.
En relevant le regard, je vis Jake franchir la grille du jardin et avancer vers nous, les mains dans les poches et en me lançant un regard plein de reproches. J'ignorais ce que j'avais fait à cet abruti, mais son attitude commençait sérieusement à me les briser.
Il me prenait de haut parce que j'étais un fils à papa ? Ce n'était pas moi qui avais croupi en taule pendant deux ans, alors pourquoi il la ramenait ? J'avais été sympa avec lui lors de ma visite avec son frère dans ce trou à rat où il vivait. Je lui avais même dit d'utiliser mon nom et mon statut pour trouver un meilleur endroit où crécher que ce repère de junkies. Alors c'était quoi son putain de problème ?
— Il s'appelle Cole, marmonna Eli, agacé par le comportement de son frère.
Ce dernier balaya sa remarque d'un mouvement de la main et sortit un paquet de cigarettes de la poche arrière de son jean ainsi qu'un briquet, puis s'en grilla une.
J'avais déjà fumé pas mal de fois, mais c'était vraiment de la grosse merde. Je n'y touchais plus depuis de longs mois. C'était paradoxal de penser ainsi, étant donné que je consommais de la drogue donc... je n'avais pas le droit de faire de remarques à ce sujet. Par contre, que Jake me souffle sa fumée dans la gueule, ça, ça me dérangeait.
— Tu as mes affaires, Eli ? demanda l'aîné des frères Fuentes sans me quitter un seul instant du regard.
Dès le moment où Diego avait été arrêté puis ensuite condamné, leur mère s'était débarrassée de ses affaires, mais Elijah avait pu en sauver quelques-unes en les cachant dans sa chambre. Mrs Fuentes serait entrée dans une colère noire contre son fils aîné, d'ailleurs, elle ne voulait toujours rien savoir de lui, malgré qu'il ait payé sa dette envers la société.
— Ouais, répondit mon ami en se levant, je vais les chercher.
Il ne lui proposa même pas d'entrer, sans doute en sachant quelle serait la réponse de son frère. Si leur mère était énervée, Diego l'était tout autant contre elle et franchement – et bien qu'il ne soit pas vraiment de mon gré –, j'arrivais à me mettre à sa place. Sa génitrice l'avait déçu en le laissant tomber de la sorte. Et honnêtement, je m'y connaissais plutôt bien dans la matière.
Eli alla ainsi à l'intérieur, en nous laissant son frère et moi ensemble, pendant que nous nous regardions en chien de faïence. Définitivement, je ne savais toujours pas quel était le problème de ce type.
Était-ce parce que j'avais de l'argent ? Ou le motif de son animosité à mon égard était tout autre ? Cependant, j'ignorais lequel.
— Ça se passe bien tes démarches pour trouver un nouvel endroit où crécher ? demandai-je afin de détendre un peu l'atmosphère, celle-ci était beaucoup trop électrique à mon goût.
— C'est un processus plutôt lent, me répondit-il en me sondant du regard, mais ça avance.
— Tant mieux dans ce cas ! Et le boulot, ça va ?
Je serrai les dents, me demandant au fond de moi, pourquoi diantre lui avais-je demandé une chose pareille ?
— Pourquoi ça t'intéresse ? rétorqua-t-il, méfiant.
Il expira la fumée dans ses poumons et jeta le mégot par terre avant de l'écraser de la pointe de son pied. Ce débile était en train de polluer son propre jardin, je n'y croyais pas. Quelle manie de ne pas balancer les mégots à la poubelle ! Ça m'énervait.
— De la simple curiosité de ma part.
— Et bien garde ta curiosité pour toi, je n'aime pas que des étrangers fourrent leurs nez dans mes affaires, me répondit-il d'un ton plus qu'hostile.
Décidemment, Diego n'était pas du tout le genre de type commode.
— Reçu cinq sur cinq.
Quel con, sérieux, pensai-je en roulant des yeux.
Les frères Fuentes étaient vraiment à l'opposé l'un de l'autre. Tandis qu'Eli était sans aucun doute l'être le plus gentil et positif que je connaissais, son frère était sa version ténébreuse. Je me doutais qu'être en prison ça ne devait pas être la joie, mais cela ne lui donnait pas pour autant le droit de se montrer aussi infect, surtout que je ne lui avais jamais rien fait.
Agacé et me sentant non-désiré, je me levai et déposai ma bouteille sur une marche.
— Dis à Eli que j'ai dû y aller.
— Ai-je l'apparence d'un messager ?
Définitivement, ce mec était un véritable casse-couilles.
— Mec, j'ignore ce que j'ai bien pu te faire dans cette vie ou peut-être dans une autre antérieure, commençai-je, sur le point d'exploser, mais je n'apprécie pas ton attitude.
Était-ce parce que j'avais de l'argent ? On pouvait échanger de vie s'il le voulait, ça ne me gênerait en aucun cas. Je lui en serais même reconnaissant.
— Désolé, dit-il, l'air amusé comme si je venais de dire une bonne vieille blague. Tu dois être habitué à ce qu'on te dorlote.
Si seulement il savait combien j'avais été dorloté dans ma vie, il la ramènerait beaucoup moins.
— Je vois que tu es plein de préjugés. Venant d'une personne comme toi, c'est bien triste.
Il souleva un sourcil et me jaugea, prêt à passer à l'attaque.
— Une personne comme moi ?
— Tu viens de sortir de prison pour trafic de drogues. N'importe qui peut penser que tu fais encore partie de toute cette merde, d'ailleurs tu vis avec un dealer, lui rappelai-je.
Le coin de sa lèvre frémit et il m'offrit un sourire carnassier, sans me quitter du regard un seul instant.
— Et toi, tu n'es rien d'autre qu'un gamin qui a été pourri-gâté toute son existence. Dès le berceau on t'a dit que le monde était à tes pieds, voilà pourquoi tu agis comme si absolument tout t'appartenait. Tu penses avoir tous les droits et que tout te sera pardonné, juste parce que tu portes le nom de famille « Coleman » et parce que ta famille a de l'argent. J'oublie quelque chose ?
Je serrai les mâchoires. Tout le monde pensait que vivre ma vie était simple, aisé et que je n'avais aucun problème, ramenant encore et toujours tout à l'argent. Comme si des billets verts faisaient d'office le bonheur. Je n'allais pas dire que ça n'aidait pas à l'obtenir, mais... il n'y avait pas que ça dans cette vie.
— Cesse de croire me connaître, parce que tu es bien loin du compte, fut tout ce que je répondis en prenant mes cliques et mes claques.
Qu'il transmette le message ou non, je m'en fichais, je voulais simplement me casser au plus vite de là. Avec un peu de chance, Piper et mon connard de père seraient déjà partis à l'aéroport et j'aurais enfin la paix pendant plusieurs jours, avant que le cauchemar ne recommence.
***
En arrivant dans le hall du manoir, Joey vint à ma rencontre, l'air tout heureux et excité, ce qui me rappela irrévocablement le comportement d'un petit chien lorsque son maître arrivait à la maison après une journée au boulot.
Il me sauta presque dessus et je lui tapotai sa tête blonde, ignorant ce que je devais faire. Je n'étais pas vraiment proche de mon demi-frère et de ma demi-sœur, mais contrairement à Cayley, je supportais assez bien Joey. À sept ans, la seule chose qui l'intéressait c'était de jouer et qu'on prenne soin de lui, contrairement à sa sœur qui ne pensait qu'à semer la zizanie autour d'elle.
— Allez, viens ! Tu arrives à l'heure pour le diner !
Mon petit-frère m'attrapa par la main et me traina jusqu'à la cuisine, après avoir traversé la salle à manger ainsi que le salon. La table avait été dressée sur l'îlot central et Cayley était déjà assise, tandis que Clara s'activait derrière les fourneaux et que... Olivia disposait les couverts à côté des assiettes.
Elle avait les cheveux mouillés et portait un t-shirt à bretelles ainsi qu'un short qui dévoilait ses jambes. En me voyant arriver, elle s'arrêta dans mes mouvements et me fixa, les yeux écarquillés. Il ne me fut pas réellement difficile de deviner qu'elle était au courant de la conversation que j'avais eu avec Ivy pendant notre cours en commun, à savoir : je savais pour son mensonge et par la même occasion, qu'elle avait également baratiné sa mère.
— Clara a fait des lasagnes ! s'exclama Joey, plus heureux que jamais.
Il adorait ce plat, il pouvait s'en piffrer jusqu'à éclater.
— Oh ! Jayden ! dit notre domestique en se retournant et en me voyant. C'est bien que tu sois rentré.
Elle pensait sans doute que je passerais la soirée dehors, ce qui était normal, je le faisais la plupart du temps. Puis surtout, mon père et sa peste s'étaient barrés, alors j'aurais dû en profiter, mais étrangement, j'avais eu envie de rentrer.
— Olivia, met un autre plat, lui ordonna sa mère.
La jeune fille hocha tout simplement la tête et s'exécuta. Elle passa devant moi et déposa une assiette, un verre et des couverts sans même m'accorder un regard, alors qu'elle était à peine à un mètre de distance de moi.
— J'espère que tu as faim, j'ai fait des lasagnes végétariennes, continua la cuisinière, le sourire aux lèvres.
Son attention me toucha, elle veillait toujours à ce qu'il y ait un plat convenant à mon régime alimentaire et je devais bien admettre que j'appréciais énormément ses efforts.
— Ouais, marmonna Cayley, à notre plus grand malheur.
Alors que j'allais lui lancer une pique, Olivia me devança.
— Cesse de râler, la reprit-elle sans aucune gêne et en lui lançant un regard foudroyant. Manger des légumes ne va pas te tuer.
Puis elle pivota vers moi et esquissa un léger sourire, me donnant la sensation qu'elle me plaignait... ou alors c'était une manière à elle de s'excuser pour son mensonge. Quoi qu'il en fut, je n'allais pas mettre cette affaire sur le tapis, surtout avec sa mère dans le coin. Je n'étais pas assez mesquin pour faire une chose pareille alors qu'elle m'avait couvert plus d'une fois auprès de Patrick.
Clara sortit du four la lasagne et l'odeur que cette dernière dégageait fit automatiquement crier famine à mon estomac, ainsi je pris place autour de l'îlot et Joey se plaça à côté de moi, salivant d'avance.
Voyant qu'il y avait cinq assiettes en tout, je devinais qu'elles allaient dîner avec nous, ce qui n'était pas plus mal. Ça m'agaçait tout le temps de voir Clara debout pendant les repas, attendant qu'on fasse appel à elle pour nous servir. Le soir où elles avaient dîné avec nous pour la première fois, j'avais vraiment été désagréable et je m'étais comporté comme un véritable connard, ne cherchant ni plus ni moins qu'à provoquer, que ce soit mon père ou Olivia. Mais j'étais parfaitement conscient des mots qui avaient franchi ma bouche ce soir-là et je regrettais amèrement, surtout que par la suite, Clara m'avait très bien traité alors que je l'avais offensé en la traitant de « bonniche ».
Oui mon pauvre, t'es vraiment un débile lorsque tu t'y mets, me dit ma conscience.
Liv s'assit à côté de moi, tendue tel un arc, et sa mère prit place à côté de Cayley.
Elle prit les assiettes de tout le monde et servit une part de lasagne ainsi accompagnée de laitue et de tomates. Ça avait l'air vraiment succulent et l'odeur ne faisait qu'accroître mon appétit.
— Voulez-vous faire une prière ? demanda Clara en prenant place.
Je relevai la tête et fronçai les sourcils. C'était la lubie de Patrick dernièrement, faire des prières avant les repas. Il était devenu croyant soudainement.
— Vous êtes baptistes ? demandai-je, intrigué.
— Catholiques non-pratiquantes, marmonna Liv en regardant son assiette et en se mordillant l'intérieur de la joue.
— Parles pour toi, jeune fille. Je vais à la messe dès que je le peux, la reprit sa mère.
— Il n'y a que deux églises catholiques à Fairfield, l'informai-je au cas où elle ne le saurait pas.
Comparée au reste d'églises protestantes, des catholiques, il n'y en avait pas des masses.
N'ayant pas très envie de me lancer dans des sujets délicats tels que la religion, je me concentrai sur mon assiette ainsi que sur son contenu. Je coupai un morceau de lasagne et le fourrai dans ma bouche, appréciant toutes les saveurs de ce plat tandis qu'elles explosaient mes papilles gustatives. La sauce béchamel était exquise, ainsi que le goût des aubergines et des courgettes, tout était absolument parfait. Cette femme avait définitivement un don pour la cuisine. Comment cela se faisait qu'elle ne soit pas chef de son propre restaurant ? Elle avait toutes les qualités pour cartonner dans le domaine.
Olivia semblait également aimer le repas, car elle était très concentrée sur sa nourriture, contrairement à Cayley qui regardait le contenu de son plat avec un air de dégoût. Cette sale môme, sérieusement !
Même si Joey était beaucoup plus jeune, il savait se tenir à table mille fois mieux que cette peste. Dire que cette chose était ma sœur m'écœurait vraiment.
— C'est très bon, complimentai-je la cuisinière afin de compenser le comportement désagréable de Cayley.
— Contente que ça te plaise.
L'exécrable blonde vénitien releva la tête afin de répliquer, mais en voyant le regard noir que je lui lançais, elle se ravisa instantanément, coupant un bout de sa lasagne et la fourrant dans sa bouche, avant de faire passer le tout grâce à une gorgée d'eau.
Tu parles d'une classe ! ironisai-je mentalement.
— Si ce n'est pas trop indiscret, Jayden, continua Clara un poil hésitante, où a lieu la messe en hommage à ta sœur ? Ton père m'a dit qu'il y en avait une d'office chaque année.
Mon sang se glaça dans mes veines et je serrai les mâchoires, jusqu'à m'en faire grincer les dents. Je savais qu'elle ne le faisait pas à mal, mais je ne voulais vraiment pas parler de ça. Même s'il y avait tous les ans un discours prononcé par un pasteur dont j'ignorais même le nom, jamais je n'y allais, tout simplement parce que je ne croyais pas à toutes ces foutaises. Et surtout, parce que j'avais ma propre manière de lui rendre hommage.
— À l'église baptiste de Saint Paul, répondis-je toutefois.
Demain ça ferait sept ans.
Sept putain d'années sans elle. Je n'arrivais vraiment pas à comprendre comment est-ce que j'en étais arrivé là, alors que je n'avais été qu'une coquille vide pendant tout ce temps.
— J'allumerai un cierge en son honneur, répondit-elle avec une douceur inouïe. Je sais que les protestants ne font pas ce genre de gestes, mais j'y tiens particulièrement. Ça te dérangerait ?
Je soupirai longuement et finis par lui donner mon accord d'un léger mouvement de la tête. Si ça lui faisait plaisir, je ne voyais pas où était le mal, même si je ne croyais vraiment pas à ce genre de choses.
Je sentis le regard pesant d'Olivia sur moi, pourtant, je ne me tournais pas vers elle pour la fixer à mon tour, me contentant tout simplement de l'ignorer. Elle ne paraissait pas étonnée d'apprendre que j'avais une sœur qui était décédée, alors j'en déduisais qu'après ma petite scène de mercredi pendant le dîner, sa mère avait dû lui en faire part. Pourtant, elle n'avait absolument rien dit la veille. Était-ce parce qu'elle attendait que je fasse le premier pas ou tout simplement... parce qu'elle n'en avait absolument rien à carrer ?
C'était vraiment triste qu'une femme qui n'avait jamais connu Amara ressente le besoin d'allumer une bougie en son honneur, alors que son propre père n'était même pas fichu d'aller lui rendre hommage le jour de sa mort.
Quoi qu'il en fut, je n'étais vraiment pas d'humeur bavarde et la seule chose que je voulais, c'était terminer mon repas et aller m'enfermer dans ma chambre, afin d'avoir la paix la plus totale. D'une autre façon, je risquais de devenir désagréable et je tenais plus que tout à éviter ça, ces personnes ne méritaient en rien ma colère et ma frustration.
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J'espère que ce chapitre vous a plu !
Je tiens à annoncer dès maintenant que je pars en vacances du 31 juillet au 20 août, donc, je ne pourrai pas publier entre temps, je donnerai des nouvelles de moi sur instagram et partagerai des choses avec vous, mais pour ce qui est des publications des chapitres sur wattpad, je ne vais pas pouvoir le faire étant donné que je ne vais pas emmener mon ordinateur, j'écrirai sur cahier et serai donc obligée à mon retour de tout retapper. Je vais essayer d'avancer le plus possible pendant ce mois de Juillet, mais ce qui est certain, c'est que je publierai jusqu'au chapitre 58, donc la dernière semaine de Juillet je vais publier plusieurs chapitres entre le mercredi 24 et le mardi 30.
Voilà, je pense avoir fait le tour !
On se retrouve MERCREDI PROCHAIN à 17H comme d'habitude pour la publication du chapitre 53, qui sera un point de vue d'Olivia.
Je vous souhaite à tous de très bonnes vacances ainsi qu'une bonne fin de semaine 😉
Tamar 😘
PS: la playlist sur YouTube a été mise à jour 😊
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