Chapitre 50 Cole

Assis au bureau de Sheppard, Olivia et moi faisions tout notre possible pour retenir notre rire tandis que Mr Brown racontait totalement horrifié ce dont il avait été témoin à notre proviseur – deux fois plutôt qu'une.

J'avais énormément de mal à garder mon sérieux face à une telle situation. Il racontait la chose comme s'il nous avait pris en flagrant délit de baise en plein milieu des douches. Et franchement, l'idée ne me déplaisait pas tant que ça.

Nous étions trempés, toujours avec notre tenue de sport sur le dos, même si nous avions récupéré toutes nos affaires et que la cloche annonçant la fin des cours avait sonné depuis un moment déjà.

Mr Sheppard écoutait attentivement le concierge, sourcils froncés et visage fermé, ne laissant entrevoir aucune émotion, que ce soit la colère, la surprise ou même le reproche. Ce mec devrait jouer au poker !

— Ils n'ont vraiment honte de rien !

— Mr Brown, ne croyez-vous pas que vous exagérez un peu la chose ?

— Je sais ce que j'ai vu ! se défendit l'homme. Ils étaient en train de se trémousser l'un contre l'autre sans aucune pudeur, tels deux animaux en chaleur !

Cette remarque ne me fit cependant pas rire du tout. Nous n'avions rien fait de mal, peut-être bien foutre un peu le bordel pendant le cours de sport, mais mis à part une douche habillés, nous n'avions absolument rien fait de lubrique comme cet homme prétendait.

— Vous avez un esprit vraiment très mal placé, concierge.

Il tourna son visage vers moi et me foudroya du regard. Quoi ? C'était ma faute peut-être s'il voyait le diable partout ?

— Olivia et moi n'avons rien fait de ce qu'il vient de dire.

— Espèce de petit insolent ! s'exclama Brown. Tu oses la ramener après ce que vous avez fait ?

— Où est-il écrit dans le règlement scolaire qu'on n'a pas le droit de prendre une douche habillé ?

Sheppard réprima un sourire en cachant sa bouche derrière sa main, tandis que l'homme qui nous accusait était au bord de l'explosion.

— Vous étiez censés être en cours, pas dans les vestiaires, reprit le dirlo tranquillement en posant ses bras sur sa table et en joignant ses mains.

— Nous n'avons pas fait ce que dit Mr Brown, se défendit Olivia. D'accord, nous n'aurions pas dû nous amuser dans les douches, mais nous ne faisions rien d'indécent comme il prétend.

— Tu devrais vraiment avoir honte, jeune fille ! l'accusa-t-il en la pointant du doigt.

Face à cette réplique, Olivia baissa la tête, rouge de honte malgré le fait qu'elle ait éclaté de rire lorsqu'il nous avait surpris.

— Nous étions habillés, mais à croire que Mr Brown est Superman et peut voir à travers nos fringues, ironisai-je, ce qui me valu un regard meurtrier de sa part.

Nous n'avions rien fait de mal et si cet homme avait un esprit tordu, ce n'était pas mon problème, ni celui d'Olivia.

— Est-ce qu'ils se touchaient de manière déplacée, Alfred ?

Ce dernier ouvrit la bouche et commença à bégayer, comme si la question de Sheppard le mettait mal à l'aise. Alors il était capable de se faire un film de rien du tout, mais il était incapable de répondre à cette simple question ?

Toutefois, je vis Olivia se crisper sur son siège et serrer les poings. Oui, c'était une situation humiliante et elle la vivait à cause de moi. Mais franchement, je mentirais si je disais que je regrettais, à vrai dire, je recommencerais mille fois. J'adorais lorsqu'elle était mouillée et que les vêtements lui collaient à la peau, c'était vraiment l'un des plus beaux spectacles qu'il m'ait été jamais donné de voir.

Je bougeai légèrement mon pied afin d'atteindre le sien et avoir une sorte de contact avec elle. Je vis le coin de sa lèvre s'esquisser malgré le fait que cette saleté de concierge soit en train de raconter des médisances à notre sujet.

— Je... je... Mr Sheppard... je...

Agacé de l'entendre ne pas être capable d'aligner plus de deux mots sans buguer, je répondis à sa place :

— Je l'ai prise dans mes bras, avouai-je tandis que Liv tourna son visage vers moi et écarquilla les yeux, je ne vois pas où est le mal. Vous avez vraiment un esprit très sale, monsieur. Le fait que vous ne sautiez personne depuis plus de trente ans n'est pas une excuse pour que vous vous inventiez de telles sornettes à notre sujet.

L'homme serra les poings ainsi que les dents, ayant comme une soudaine envie de me dégommer. J'ignorais quel était son problème, mais il allait déchanter vite fait.

— Espèce de petit...

— Alfred ! s'exclama Sheppard en se levant de sa chaise et en le rappelant à l'ordre.

— Ou alors vous êtes puceau, peut-être ?

Olivia me lança un regard en biais et m'écrasa le pied pour que je cesse de dire des conneries, et par la même occasion d'empirer notre cas.

Franchement, si ça ne s'était agi que de moi, je m'en serais fichu, je l'aurais laissé dire... mais je n'étais pas seul dans l'affaire et je n'allais pas laisser Liv se faire accuser de quelque chose qu'elle n'avait pas commis.

— Vous pouvez y aller Alfred, je m'occupe d'eux, le congédia Sheppard sans laisser place à la réplique.

Le concierge nous scruta Olivia et moi à tour de rôle, une lueur de haine dans son regard, et finalement s'en alla en claquant la porte du bureau tout en faisant trembler les murs.

Notre proviseur nous observa, d'abord Liv et ensuite moi, surtout en s'attardant sur nos vêtements mouillés. Son expression faciale en cet instant voulait tout dire : il se demandait comment est-ce que nous en étions arrivés aux douches. Et c'était une question pour le plus intéressante, je devais bien l'admettre.

— Franchement, soupira-t-il, je ne crois pas avoir envie de savoir.

— Monsieur, je vous promets qu'on ne faisait rien de ce dont Mr Brown nous a accusés. C'était juste une blague entre nous, c'est tout.

Une blague hein ? J'aurais employé plutôt le terme « vengeance », mais bon, l'essentiel était de se sortir de ce pétrin avec le moins de dégâts possibles. Peut-être nous prendrions nous quelques heures de colle, mais je sentais Sheppard bénévole aujourd'hui. Il se pouvait même qu'il soit plus indulgeant avec moi simplement parce qu'Olivia y était mêlée également.

— Vous vivez ensemble, continua-t-il en faisant le tour de son bureau pour venir se placer sur l'un des bords en croisant les bras sur sa poitrine, alors vous êtes sans doute très proches.

Olivia allait répliquer, mais le dirlo l'interrompit d'un geste de la main, afin de continuer son speech.

— Je ne sais pas comment ça se passe entre vous une fois en-dehors du lycée, mais tant que vous êtes dans mon établissement, je ne veux pas de ce genre de conduite. Peu importe qu'il se soit passé quelque chose dans ces vestiaires ou non, ce ne sont pas mes affaires et vous n'êtes pas mes enfants, mais ça reste un comportement incorrect qui est punissable.

Ma complice hocha la tête et la baissa, bien docilement, contrairement à moi qui soutins le regard de Sheppard, sans vaciller un seul instant.

— Encore une fois, nous n'avons rien fait de mal, si ce n'est partir du cours pendant que notre prof est sorti passer un coup de fil. Pour le reste des accusations, nous sommes innocents.

Le proviseur ricana légèrement et retourna s'asseoir sur la chaise de son bureau, toujours cet air narquois arborant son visage. Visiblement, cette situation l'amusait bien plus que je ne l'aurais imaginé.

— Détends-toi, Jayden, nous ne sommes pas devant un tribunal et personne ne vous juge.

Ah bon ? J'avais pourtant eu l'impression que ça avait été le cas dès le moment où nous avions été découverts en « flagrant délit » par ce concierge inutile. Franchement, j'ignorais quel était le problème de cet homme, mais depuis mon arrivée à Rodriguez, il m'avait pris en grippe.

— Mais je ne veux plus que quelque chose de similaire se reproduise, me suis-je bien fait comprendre ?

Je m'affalai sur ma chaise et soupirai un grand coup, tout en faisant semblant de ne rien entendre du tout. Le dirlo connaissait déjà mon caractère, alors il ne prêta pas attention à moi, se concentrant surtout sur la réponse que Liv allait lui donner.

— On vous le promet, Mr Sheppard, répondit-elle à ma place.

J'arquai un sourcil et pivotai doucement vers elle, pensant avoir mal entendu.

— On ?

Elle ne daigna même pas me regarder, se contentant de fixer un point invisible au-dessus de la tête du proviseur. Bref, elle m'évitait encore une fois.

— Je ne promets jamais rien, répliquai-je.

Ce qui me valut un coup de pied en plein tibia de la part d'Olivia.

— C'était juste une blague entre nous, reprit-elle, ce fut alors qu'elle se tourna vers moi et dit : Rien d'autre.

Son regard était perçant, ses mains crispées sur les accoudoirs de sa chaise, les muscles tendus et la mâchoire serrée. J'avais l'impression qu'elle me disait de garder ma bouche bien fermée ou sinon, j'allais le regretter. Cette fille n'avait définitivement peur de rien et... malgré moi, ce trait de caractère qui lui était propre me plaisait de plus en plus.

Je me contentai alors d'esquisser un vague sourire et de hocher la tête, me pliant ainsi à sa volonté.

Elle s'occupa du reste de la conversation avec Sheppard, tandis que je divaguais dans les méandres de mes pensées, me remémorant cet instant passé ensemble dans les douches. J'ignorais ce qu'il m'avait pris, mais sur le moment, j'avais juste agi de la manière la plus naturelle possible. Lorsque je l'avais serrée contre moi, pendant un moment, tous les problèmes avaient quitté mon esprit, ce dernier ne se concentrant que sur une simple chose : la réaction de mon corps lorsqu'il était près du sien.

— Cole ?

La main d'Olivia se posa sur mon bras et je sursautai, ayant eu une sorte d'absence. Elle était debout à côté de moi et m'observait, les sourcils froncés.

— Mr Sheppard a dit que nous pouvions y aller.

Je fixai l'homme à la tête de cet établissement et il semblait vraiment impatient que nous quittions son bureau. Malheureusement, je n'avais rien écouté à son discours, j'ignorais même de quoi il était question, mais je n'avais pas trop de mal à me l'imaginer non plus.

Il avait sans doute dû dire : « Que ce soit la dernière fois », « Si jamais on vous reprend sur le fait, c'est l'exclusion assurée » et tout un tas de conneries du genre. Cet homme était ami de mon père... bon, le mot « ami » me semblait bien grand, disons que Patrick donnait pas mal d'argent au lycée et que Mr Sheppard l'avait dans de très bonnes grâces. Voilà pourquoi il ne semblait pas être trop sévère avec moi. Contrairement à d'autres proviseurs que j'avais eu, je pouvais au moins dire que celui-là je l'aimais plus ou moins bien. Bref, je ne le détestais pas, ce qui était déjà un miracle.

Sans me faire prier, je me levai, attrapai mon sac et suivis Olivia alors qu'elle sortait la première du bureau. Je refermai la porte derrière nous et nous continuâmes notre route jusqu'au parking du lycée.

Les jambes de Liv bougeaient tellement vite que je dus trottiner sur quelques mètres afin de la rattraper. Je la saisis délicatement par le coude et elle se stoppa net, avant de virevolter vers moi et se dégager brusquement, me prenant ainsi par surprise.

— T'as rien écouté du tout ! T'es vraiment pas croyable !

Je levai les yeux au ciel et soupirai, agacé, en enfonçant mes mains dans les poches de mon jogging de sport.

— Je connais déjà la rengaine.

— Rien à faire ! Ce qui est arrivé est ta faute ! À cause toi, j'ai plus de quinze minutes de retard au Country Club !

Je haussai les épaules, franchement ce n'était pas quelque chose qui m'inquiétait. Tant que Piper ne dirait pas à Reeves de virer Olivia, il ne le ferait pas. Il ne prendrait pas le risque de mettre à la porte une personne ayant été recommandée par Piper Coleman, enfin !

— T'es vraiment rien d'autre qu'un sale petit égoïste qui ne pense qu'à sa pomme !

Je croisai les bras sur ma poitrine en attendant qu'elle veuille bien se calmer, tout en analysant sa dernière phrase.

— T'as déjà connu un égoïste qui ne pensait pas à sa pomme, toi ? rétorquai-je.

Elle me foudroya du regard et fit claquer sa langue, pour montrer son incrédulité face à ma réponse. Elle devait déjà suffisamment me connaitre pour savoir que je ne gardais jamais ma langue dans ma poche, alors pourquoi semblait-elle surprise ?

Olivia se retourna et continua sa route, en sortant le portable de son sac.

— Je vais t'emmener !

— Non, merci ! répondit-elle en me tournant le dos et en avançant vers je ne sais où. Je vais me débrouiller.

— Fais pas ta tête de mule, Liv.

Elle s'arrêta brusquement et je lui rentrai dedans, me mangeant son coude en plein estomac, pour ensuite se retourner afin de me faire face.

— Ma tête de mule ?! La seule chose que tu as fait, c'est de m'enfoncer encore plus ! Tu n'aurais pas pu la boucler au lieu de la ramener ? Ou c'est juste quelque chose dont tu es incapable ?

— On a un point en commun alors, parce que toi non plus tu la fermes jamais ! m'emportai-je à mon tour. Tu allais vraiment te laisser accuser de quelque chose que tu n'avais pas fait ?

— Non, mais tu as vraiment dépassé les bornes, Cole ! Tu penses avoir tous les droits et tant mieux si c'est le cas, mais je ne suis pas toi ! Je ne peux pas me permettre ce genre d'écarts !

De quoi parlait-elle ? J'avais la sensation qu'elle mélangeait absolument tout. Qu'est-ce qu'elle me reprochait en réalité ? Mon comportement dans ce bureau ou ce qui avait failli arriver entre nous dans les douches ?

— Je ne t'ai obligée à rien.

— Et ce n'est pas ce que j'ai dit.

Elle se mordilla la lèvre inférieure et prit une grande inspiration, avant de porter ses mains à sa tête.

— Mais ça n'aurait pas dû arriver.

Je pouffai, amèrement. Vraiment ? Eh bien, elle cachait bien son jeu. Elle voulait me mettre tout sur le dos, parfait ! Qu'il en soit ainsi, si elle aimait nier l'évidence, je n'allais pas la contredire.

Le rejet ? Je le gérais très bien, mais ce que je détestais, c'étaient les personnes qui ne regardaient pas la vérité en face et qui n'étaient pas capables d'assumer leurs actes.

— J'ai tenté de t'embrasser, et alors ?

Olivia écarquilla les yeux et avala sa salive bruyamment, tandis que ses joues prenaient une teinte rougeâtre.

— Comment peux-tu avouer ça comme ça ?

— Tu préfères que je mente ? Je peux le faire, mais ça ne rimerait à rien, juste à tourner en ronds.

J'avançai d'un pas vers elle, jusqu'à me retrouver aussi près que lorsque nous étions dans ces douches. Elle ne recula pas et me tint tête, même si je voyais parfaitement que son regard déviait vers mes lèvres. J'avais déjà remarqué ça un peu plus tôt, et plein d'idées coquines me traversaient l'esprit lorsqu'elle faisait ça.

— Toi aussi tu rêves de goûter à nouveau mes lèvres, murmurai-je, lui provoquant ainsi un frisson qui la parcourut de la tête aux pieds.

— Tu as un égo surdimensionné, répliqua-t-elle d'une toute petite voix.

J'en avais marre de l'entendre dire ça, mais peut-être l'avais-je cherché aussi. Toutefois, je décidai de la taquiner.

— Et pas que mon égo, je peux te l'assurer.

Elle hoqueta face à ma réplique et recula d'un pas, tandis que je me marrais face à sa réaction démesurée.

— Mais quel esprit mal placé tu as, Miss Vega. Je parlais de ma Jeep.

Puis je lui fis un clin d'œil qui bien malgré elle, lui arracha un sourire qu'elle s'efforça cependant d'effacer le plus vite possible. Pourquoi faisait-elle ça ? Je l'ignorais, mais cette fille était une énigme pour moi, je ne la comprenais pas et cette envie de savoir me poussait à me rapprocher d'elle, même si au fond de moi je savais qu'il vaudrait mieux que je ne le fasse pas. Je ne ferais que lui attirer des ennuis.

Mais Olivia avait raison sur un point : j'étais égoïste.

Je tendis ma main droite en espérant qu'elle la saisisse et désignai ma voiture d'un léger mouvement de la tête.

— Allons-y avant que tu ne sois encore plus en retard.

— Je te rappelle que tu as deux heures de colle.

Merde ! J'avais complètement oublié ce petit détail. Mais que faire ? Je n'en avais strictement rien à battre.

— Mis à part d'autres heures de colle, qu'est-ce qu'il peut m'arriver ? Allez, viens.

Liv poussa un soupir, résignée et avança vers la Jeep, alors que je rangeai la main que je lui avais offerte dans ma poche, en prenant son vent avec toute l'élégance dont j'étais capable. 

***************************

Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu !

On se retrouve MERCREDI à 17H pour la publication du chapitre 51, qui sera un point de vue d'Olivia.

Je vous souhaite un bon week-end !

Tamar 😘

PS: la playlist sur You Tube a été mise à jour 😉

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top