Chapitre 48 Olivia

"Well maybe it was in my mind

And if I ever told a lie

I'd die and say that you were mine" 

🎵

Assise à l'une des tables du réfectoire avec Ivy et Soji, nous parlions de tout et de rien, bon... eux parlaient de tout et de rien, moi, je me contentais simplement d'écouter et de hocher la tête de temps en temps.

J'avais gardé ce qui était arrivé avec Aiden et sa bande ploucs plus tôt dans la matinée pour moi, ne tenant vraiment pas à lui accorder plus d'importance que nécessaire. Mais le fait qu'il ait osé me pincer les fesses... je pourrais vraiment le frapper jusqu'à la fin des temps rien que pour ça.

Mon portable – qui se trouvait posé sur la table – se mit à vibrer et je regardai de qui il s'agissait.

Ange gardien narcissique message envoyé à 12h25

Tu veux que je vienne te chercher après le boulot ?

Jake et moi ne nous étions pas revus depuis samedi dernier, presque une semaine était passée en réalité. Nous avions un peu parlé par message, mais ça avait toujours été plutôt bref. Il avait l'air timide comme type, mais dans un sens, ça me rassurait. Et le fait qu'il propose de venir me chercher après mon travail était très gentil de sa part. Peut-être pouvais-je lui proposer quelque chose en retour ?

Olivia Vega message envoyé à 12h 27 

Oui, ce serait cool. On pourrait passer un peu de temps ensemble. Ça te dit d'aller manger un bout ensuite ? C'est moi qui régale. 

— Tu parles à Cole ? me demanda soudain Soji en me faisant tressaillir.

Je verrouillai mon portable et le reposai à côté de moi, tandis que tous deux me reluquaient, l'air très amusé. Pourquoi pensaient-ils que je parlais avec Cole ? Jamais je ne l'avais fait pourtant.

— Tu souriais, continua Ivy.

— Repense à ce que tu viens de dire, lui conseillai-je.

Même si je ne lui avais pas raconté à quel point il m'avait énervé ce matin pendant le trajet jusqu'au lycée, elle pouvait bien deviner que jamais je ne lirais un message de Cole – malgré cette trêve qui finalement ne servait à rien étant donné qu'il continuait à m'enquiquiner – avec le sourire.

— Ouais, tu as raison. Ça ne peut pas être Cole, sinon tu serais en train de pulvériser ton portable. Alors, c'est qui ?

Je haussai les épaules, ne tenant pas vraiment à parler de Jake. Pas à cause de lui, mais je n'avais pas très envie de subir un interrogatoire, ça dévierait forcément sur Alex et pour le moment, j'avais pu tenir cette promesse que j'avais faîte à ma mère : que personne n'apprenne son existence.

Mon portable vibra à nouveau et avant que je ne puisse le saisir, Sojiro le fit à ma place et le déverrouilla en deux trois mouvements. Cet enfoiré connaissait mon mot de passe !

— C'est qui « Ange gardien narcissique » ?

Je me levai et lui arrachai mon téléphone des mains, agacée par son petit tour. C'était vraiment un sacré fouineur, le travail de journaliste lui allait comme un gant.

— Ce ne sont pas tes affaires !

Je n'aimais vraiment pas qu'on fasse irruption dans ma vie privée comme ça. C'était une chose de me demander, mais c'en était une tout autre de violer mon intimité en fouillant mon portable.

— Tu as un copain ? poursuivit Ivy.

— Non.

— Tu es sûre ? Il veut t'emmener au cinéma drive-in de Concord d'après ce que j'ai lu.

Je lançai un regard noir à Soji. Il avait même eu le temps de lire le message ? Même moi je ne l'avais pas encore fait !

— T'es vraiment une commère toi !

— On ne sait pas beaucoup de choses sur toi, le défendit mon amie. Tu es quelqu'un de très secret. Par exemple, dès qu'on te demande pour ta vie avant de débarquer à Fairfield, tu changes immédiatement de sujet.

— C'est assez suspect, renchérit mon camarade. T'es une criminelle recherchée par la justice ou un truc du genre ?

Une espèce de courant électrique parcourut toute mon échine dorsale, me faisant frémir sur son passage, alors que je me tendais comme un arc tout en essayant de ne pas perdre le contrôle sur mes émotions.

Ma vie avant de débarquer ici... franchement, si on effaçait les mois que j'avais passé au lycée Winward, il n'y avait pas grand-chose à dire. J'étais la fille d'une mère célibataire qui avait une force de volonté et de caractère qui lui étaient propres. J'avais toujours vécu dans le même quartier, dans la même maison, fréquentant les mêmes personnes... jusqu'à ce que je change de lycée bien entendu.

S'ils voulaient que je leur parle de ma vie, je n'y voyais aucun inconvénient, mais il y aurait bien évidemment des omissions, comme le fait que j'avais un frère, ou encore que j'avais fréquenté un lycée d'élite avant que les choses ne dérapent dans ma vie parce que j'avais fait le choix de fréquenter la mauvaise personne. Toute cette partie de ma vie devait rester secrète.

— Il n'y a pas grand-chose à dire. Ma vie n'a rien d'extraordinaire. Je suis née et j'ai grandi à Lincoln Heights, j'ai fréquenté la maternelle, l'école, le collège et le lycée de ce quartier pendant toute ma vie.

— Et pourquoi tout quitter désormais ? me questionna Soji, très intrigué par ma vie privée.

— Le travail. La crise ? Vous connaissez ? Les patrons pour qui ma mère travaillait ont fait faillite et ont été obligés de renvoyer tout leur personnel et de vendre leur manoir, mentis-je.

Ce que je disais était parfaitement cohérent. Combien de riches ces dernières années n'avaient pas perdu toute leur fortune à cause d'un mauvais investissement ? Des tas.

— Ouais, mais il n'empêche que Fairfield est vachement loin de L.A, dit mon camarade de journalisme, l'air dubitatif. Ta mère n'a trouvé aucun poste là-bas ?

Voilà pourquoi je ne voulais pas en parler à la base, Soji n'était jamais content et cherchait n'importe quelle faille pour discréditer son interlocuteur. Ce mec avait une sorte de radar pour les mensonges. Ou alors c'était moi qui mentais super mal !

— Non, sinon on serait restée là-bas, crois-moi !

— Je suis désolée, dit Ivy en voyant que la conversation me mettait mal à l'aise. Ça n'a pas dû être facile pour toi d'abandonner tout ce que tu connaissais pour débarquer ici.

Si seulement il savait que je n'en avais vraiment rien à faire de tout ça. Depuis décembre – moment auquel j'avais quitté Winward –, plus rien n'avait eu d'importance à part Alex et le fait d'être le plus près de lui. Les personnes pour qui je pensais compter m'avaient trahi et pour être honnête, avec toute cette affaire, le jugement de mon frère était la chose la plus importante de toutes. Sans le travail de ma mère, nous avions tenu quelques mois en plus grâce à l'indemnisation que ses patrons lui avaient payée, pendant qu'elle tentait de trouver du travail ailleurs. Mais aucune famille riche de L.A ne voulait d'elle, à cause de ce que son fils avait fait, elle s'était retrouvée dans une liste noire et absolument personne ne voulait l'engager.

Alors, en ayant marre, nous avions tout simplement décidé de nous déplacer à Fairfield où nous serions beaucoup plus près d'Alex et où nous pourrions recommencer notre vie. Et tel était le cas jusqu'à maintenant. Tant que personne ne saurait ce qui était arrivé, ma famille et moi ne nous en porterions que mieux, c'était ce que ma mère avait répété depuis notre départ de L.A. Le fait de vivre dans le mensonge ne me faisait pas plaisir, mais elle avait sans aucun doute raison. Si la vérité venait à se savoir, on nous condamnerait sans même chercher à comprendre le pourquoi du comment. Voilà pourquoi dans ce genre de circonstances, le mensonge était une bien meilleure option. Surtout quand la vérité n'en était pas vraiment une à proprement parler.

La vérité, seuls Alex et moi la connaissions, et désormais Jake également, même si j'ignorais l'étendue de ce qu'il savait. Sans doute l'essentiel, étant donné que les détails seule moi les connaissait, même si j'avais dû en divulguer pas mal lorsqu'on m'avait appelée à la barre en tant que témoin lors du jugement de mon frère. J'avais menti en connaissant tous les risques que j'encourais si je me faisais prendre, mais pour mon jumeau, la vérité n'était tout simplement pas envisageable, même si ces mensonges que j'avais proférés sous ses ordres l'envoyaient tout droit en prison.

— Ça va, répondis-je enfin en essayant de mettre tout ça dans un recoin de ma tête, je m'adapte plutôt bien aux nouveaux environnements.

Je soupirai un grand coup, angoissée par toutes ces questions que j'aurais préféré éviter plus que tout. J'ignorais si un jour je leur dirais la vérité, mais s'ils savaient... je doutais énormément qu'ils veuillent continuer à traîner avec moi.

Sachant que si je restais plus longtemps assise à cette table de nouvelles questions allaient fuser, j'attrapai mon portable, ainsi que mon sac avant de placer la lanière de ce dernier sur mon épaule et me lever.

— Je vais y aller, j'ai cours de physique-chimie avec Mrs Adams.

Ivy pouffa.

— Oui, tu dois te mentaliser, je comprends.

Et encore, ce mot était faible. Ses cours étaient d'un barbant... que de la théorie, jamais de la pratique. Mes leçons avec Mr Whitman me manquaient atrocement, il était vraiment déluré et adorait que ses élèves fassent des expériences. On avait l'impression d'être dans le laboratoire d'un savant fou, c'était vraiment génial !

— C'est ça. On se voit demain.

Je mis une légère petite tape sur le bras de mon amie et lançai un regard noir à Soji avant de m'éloigner et de traverser le réfectoire à grandes enjambées.

Comme plus tôt ce matin, je sentis les regards de presque tout le monde sur moi. La sensation était très désagréable, la dernière fois qu'on m'avait observée comme ça, j'étais encore à Winward et j'avais retrouvé mon casier tagué de peinture rouge avec les mots « pute » et « va te pendre ». C'était toujours agréable de trouver son casier avec de pareils mots et souhaits, on pouvait dire que mes chers camarades de l'époque me portaient dans leurs cœurs.

C'était arrivé après que j'aie rompu avec Nat. Il avait raconté à tout le monde que je l'avais trompé et que je sortais avec un « pouilleux » de mon voisinage, tout ça parce qu'il m'avait vu traîner avec un ami d'enfance.

Je m'en souvenais comme si c'était arrivé hier.

Le garçon en question s'appelait Mateo et vivait à quelques rues de chez moi. Nous avions toujours fréquenté les mêmes écoles et avions la même bande de potes, c'était même un très bon ami d'Alex. Après mon entrée à Winward trois mois plus tôt, j'avais peu à peu coupé les ponts avec les gens qui avaient fait partie de ma vie d'avant, comme avec Gideon. C'était bien quelque chose que mon frère m'avait pas mal reprochée, lui-même pensant que je méprisais nos amis parce que j'étudiais dans une école huppée. Et peut-être était-ce vrai, peut-être les avais-je négligés inconsciemment, pour être honnête, je n'en savais rien.

Quoi qu'il en fut, après avoir revu Mateo après des semaines, j'avais voulu reprendre contact avec lui, même s'il me charriait un peu avec mon nouveau lycée de « riches » comme il aimait si bien le répéter.

Nous nous étions donnés rendez-vous un après-midi après les cours et étions allés faire un tour, pour ensuite aller manger un morceau. Tout se passait super bien, jusqu'à ce que Nat débarque alors que nous étions à quelques rues de chez moi et me fasse une scène devant mon ami. Il était tellement en colère que j'en frémissais encore. Je pouvais encore sentir mes vertèbres craquer les unes à la suite des autres sous ses violentes secousses, ses mains m'agrippant par les épaules si fermement que la marque de ses doigts m'avait provoqué des bleus.

Je revoyais son regard furieux et entendais les insultes à mon égard fuser de sa bouche tandis que j'essayais de me défaire de son emprise. C'était à ce moment-là qu'il m'avait lâché pour s'en prendre cette fois à mon poignet et le tordre. J'avais vraiment cru qu'il allait me le briser.

Il ne cessait de dire que je n'étais rien d'autre qu'une sale petite trainée et qu'il allait m'apprendre les bonnes manières. Que je n'avais pas le droit de le tromper et... que je lui appartenais.

— Olivia !

Je sursautai sur place et me rendis compte que j'étais assise à ma place en cours de chimie, les larmes au bord des yeux.

Mrs Adams me faisait face et n'avait pas du tout l'air ravi. C'était comme si on m'avait totalement déconnectée de la réalité, trop enfouie dans mes souvenirs. Combien de temps s'était écoulé depuis que j'avais quitté la cafétéria ?

En regardant la pendule au-dessus du tableau de classe, j'eus ma réponse : plus de trente minutes étaient passées. Mon corps avait été en mode automatique depuis que j'avais commencé à penser à Mateo et à tout ce qui était arrivé ce soir-là. Je ne me souvenais même pas d'être entrée dans la salle de classe ni d'avoir pris place à mon bureau habituel.

Je devais impérativement me reprendre.

— Oui, madame ?

J'entendis les petits rires de mes camarades derrière moi, alors que j'étais assise au premier rang, pouvant également sentir leurs regards pénétrants me dévisager et me narguer sans la moindre honte.

— Mon cours t'ennuie-t-il donc à ce point ?

— Non, madame.

— Alors arrête de rêvasser ! hurla-t-elle en me fusillant du regard. Bien, continuons !

Une immense chaleur me submergea, devant être rouge de honte, et je tentai de m'immerger dans le cours, en m'efforçant encore et toujours d'écouter ainsi que de comprendre ce que cette vieille peau expliquait. Mais j'avais beau prendre des notes ou faire tous les efforts possibles, toutes mes pensées allaient vers Nat et à tout ce qu'il avait fait à partir de cette fois-là.

******************************

Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! 

Ce chapitre était particulièrement axé vers le passé ainsi que les souvenirs d'Olivia, à une partie des choses qui sont arrivées alors qu'elle était en couple avec Nat. Et les souvenirs sont loin d'être finis. 

On se retrouve MERCREDI PROCHAIN à 17H pour la publication du chapitre 49. Ce sera encore une fois un point de vue d'Olivia. Et il va s'en passer des choses dans le prochain chapitre 😏😁😍

Je vous souhaite à tous une très bonne fin de semaine et un bon week-end ! 

Tamar 😘

PS: comme toujours, la playlist sur youtube a été mise à jour 😉

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top