Chapitre 47 Olivia

"You pull me in to the edge of your lips

Till you know that I'm falling 

Won't you give something more than a kiss "

🎵

Le trajet en voiture fut relativement long, ainsi que silencieux, du moins, plus que d'habitude. Je sentais une espèce de colère, mais je savais qu'elle ne m'était pas destinée.

Ma mère m'avait raconté sans trop entrer dans les détails ce qui était arrivé la veille au soir pendant que les Coleman dinaient. Cole aurait encore une fois piqué une crise, mais cette fois, elle était vraiment justifiée – du moins, pour moi.

Il avait de quoi être en colère, même si j'ignorais tout de l'histoire. La seule chose que je savais, c'était que ma mère était rentrée en larmes, vraiment mal après avoir appris ce qui était arrivé à la sœur jumelle de Cole. Ça devait sans doute lui rappeler bien des choses.

Et pour la première fois depuis très longtemps, elle m'avait serré de toutes ses forces dans les bras, tout en disant à quel point elle était désolée et qu'elle tenait à moi ainsi qu'à Alex plus que tout au monde. N'étant pas habituée à voir ma mère dans un état pareil, sa réaction m'avait brisé le cœur. Elle était une femme forte qui laissait très rarement entrevoir ses sentiments, les gardant la plupart du temps enfouis à l'intérieur d'elle.

Tout ceci m'avait chamboulé, même plus que la conversation que j'avais eue la veille avec Mr Coleman dans son bureau.

Visiblement, lui et Jayden ne voyaient pas la chose de la même manière. Je n'arrivais toujours pas à croire qu'il allait s'absenter alors que l'anniversaire du décès de sa fille était dans à peine deux jours. Ma vision de cet homme avait légèrement changé en apprenant qu'il faisait passer son business avant sa famille. Je trouvais même ça dégueulasse et d'une certaine manière, je commençais à comprendre l'animosité de son fils à son égard. Après tout, elle était bel et bien légitime.

— Pourquoi tu me fixes ? Je suis si beau que ça ? demanda Cole de son air bourru sans quitter la route du regard.

— Aussi beau qu'un rat crevé, rétorquai-je, mais non sans une pointe d'amusement dans ma voix.

Ses lèvres frémirent et un sourire étira finalement le coin de ces dernières. Il tourna brièvement le regard vers moi, mais à ce moment-là, je déjouai le mien car mon débile de petit cœur de lycéenne commençait à battre la chamade. C'était ce qui arrivait dernièrement à chaque fois qu'il m'observait, en plus de ressentir des frissons me parcourir tout le corps.

Je n'avais cependant pas oublié ce qu'il avait dit à Ivy, mais finalement, je préférais garder cette information en réserve pour la sortir au moment opportun. Il fallait toujours laisser ses meilleures cartes pour le meilleur moment.

L'arrêt de bus fut visible à peine quelques mètres et alors que je me préparais pour descendre lorsqu'il stationnerait la voiture sur le côté, il le dépassa, me laissant complètement à côté de la plaque.

— Euh... Cole ?

Il ne répondit pas, se contentant de regarder toujours droit devant lui.

— Tu as dépassé l'arrêt de bus.

— Non ? Tu crois ? ironisa-t-il. Dis-donc, tu es très intelligente.

— Pourquoi tu fais ça ?

C'était bizarre, depuis toujours il m'avait déposé pour que je prenne le bus, même lorsque le lycée tout entier avait été au courant de notre cohabitation.

— Tu n'es peut-être pas aussi intelligente que ça, finalement, ronchonna-t-il.

Je fronçai les sourcils, ne voyant vraiment pas de quoi il voulait parler. D'accord, nous avions une trêve et ça semblait moins tendu entre nous qu'avant, étant donné qu'il semblait finalement m'accepter, mais ça... je ne m'y étais pas du tout attendu. C'était une chose que les gens sachent que nous vivions dans le même domaine, c'en était une toute autre d'arriver ensemble au lycée. Il ne manquerait plus que nous nous prenions par la main... Merde, j'espérais par-dessus tout qu'il ne ferait pas une chose pareille, je tenais à la vie quand même.

— C'est à moi que ça devrait gêner de débarquer avec toi, reprit-il en voyant que je ne disais rien.

Je le fusillai du regard. Bien entendu, son côté connard devait bien débarquer à nouveau à un moment ou à un autre. Heureusement pour moi que ce dernier se manifestait assez souvent, sinon j'aurais été encore plus troublée par sa présence. Alors, merci côté obscur de Cole, tu me fais une fleur !

— Si ça te dérange à ce point, tu n'as qu'à me laisser à l'arrêt avec Ivy. Je le préfère cent mille fois à être avec toi une seule seconde de plus !

Un sourire carnassier se dessina sur sa face.

— Oh oui, on voit bien à quel point tu détestes être avec moi, sous-entendit-il. Tu pensais ça aussi l'autre jour lorsque tu m'as enfoncé ta langue jusqu'au fond de la gorge ?

Je me raidis sur place, ayant vraiment du mal à croire qu'il ait eu le culot de dire une chose pareille ! Je n'arrivais même pas à respirer ou même à penser tellement ses propos m'avaient choqué. Ça pour être brut de décoffrage, il l'était !

Comment pouvait-on ressentir une certaine tendresse envers quelqu'un pour quelques secondes plus tard avoir totalement envie de la dégommer ? Je l'ignorais, mais c'était exactement ce qui se passait avec Cole.

— T'es vraiment l'être le plus imbu de lui-même que je n'ai jamais rencontré, tu le sais ça ? m'emportai-je un petit peu trop à mon goût.

Mais ce garçon avait le don de me sortir de mes gonds en un quart de tour et il semblait adorer ça, y prenant un malin plaisir.

— Pas la peine de t'emporter comme ça, ma petite lionne, je n'ai rien dit de faux et tu le sais.

Encore avec ce surnom à la con ! Il me gonflait vraiment de plus en plus.

— Je croyais que nous avions une trêve, toi et moi ?

— Et c'est le cas.

— Alors pourquoi tu n'arrêtes pas de me foutre en rogne ?

Il arrêta la voiture à un feu rouge et tourna finalement son regard vers moi, afin de m'observer dans les moindres détails, avant de se focaliser exclusivement sur mon visage.

— Parce que c'est marrant de voir tes réactions. Il suffit d'une toute petite provocation pour que tu t'enflammes comme un feu de joie.

— Donc pour résumer, tu aimes lorsque je m'énerve. Tu es maso ou quoi ?

Puis il se pencha sur moi et je reculai dans le peu d'espace que j'avais, lui donnant ainsi ce qu'il voulait. Je ne savais pas quel était son problème, mais s'il voulait me chercher, il allait me trouver.

— Pas du tout, j'aime simplement quand tu te révoltes et que tu me répliques.

Décidemment, je ne comprenais plus rien à rien. Alors il aimait vraiment ce petit jeu ? Celui de nous chercher des poux mutuellement ? Mais pourquoi ? Chez moi, lorsqu'on voulait avoir une relation pacifique avec quelqu'un, on ne faisait pas ce genre de choses.

— Tu as un caractère qui t'es propre, Olivia. Tu n'en as jamais rien eu à faire de qui j'étais ou de qui était mon père. Tu m'as remis à ma place, dès le premier jour. Je te respecte de ce côté-là.

Waouh... c'était sans doute la chose la plus gentille qu'il ne m'ait jamais dite en étant sobre. Il avait bu de si bon matin ?

— Et j'admire ta stupidité, conclut-il en gâchant ce moment.

Bien évidemment, il devait tout foutre en l'air, c'était presque une obligation chez-lui !

J'étais censée prendre ça comment ? D'un côté, il disait m'admirer et de l'autre... il me traitait de stupide ? Décidément, il n'y avait que Cole pour flatter et offenser une personne en une phrase de cinq mots !

Finalement, sans que je ne le veuille vraiment, je pouffai face à sa dernière remarque. Définitivement, ce garçon était vraiment à part, je ne pouvais pas dire le contraire. Et bien que cela aurait dû fortement m'agacer, au fond, ça m'amusait, même si ça me coûtait de l'admettre.

Le feu vira au vert et nous continuâmes notre route jusqu'au lycée dans un parfait silence, et cette fois, il ne fut pas pesant, mais apaisant.

***

Une fois la voiture garée sur le parking, je me raidis sur mon siège en remarquant que plusieurs élèves avaient le regard rivé sur moi, ou plutôt sur nous. Je défis ma ceinture et clignai des paupières à plusieurs reprises, alors que je sentais que s'ils continuaient de me reluquer de la sorte, ça n'allait vraiment pas le faire.

Cole ricana et sortit le premier de la voiture, pour rendre la situation encore plus gênante en venant ouvrir ma portière. Il avait décidé de transformer ma vie dans ce lycée en un véritable enfer ou c'était quoi son but ?

En voyant ce sale petit sourire en coin qui ne me laissait pas totalement indifférente, je sus que la situation lui plaisait au plus haut point. Il aimait choquer, prendre par surprise. Pourtant, je pensais qu'il n'aimait pas être le centre de l'attention et qu'il l'était malgré lui, mais désormais, je savais que je m'étais complètement trompée. Il aimait ça, mais pas de la même façon qu'Amber ou Aiden par exemple. Non, lui c'était de manière différente, aimant aller à l'encontre de ce que les autres attendaient de lui. Il était ce que j'appelais un « esprit plein de contradictions ». Voilà ce qu'était Cole pour moi finalement.

— Tu vas sortir ou tu attends que je te porte dans mes bras jusqu'à ton premier cours ? ironisa-t-il.

Je piquai un far, l'imaginant tout à fait capable de mettre son ironie à exécution si jamais je ne m'extirpais pas du siège passager dans les secondes qui suivaient.

Une fois dehors, je replaçai mon sac sur mon épaule tout en regardant les gens qui ne se gênaient aucunement au moment de me fixer. Certains avec amusement, d'autres avec nonchalance et d'autres avec une haine noire dans leur regard.

Je soupirai un grand coup et levai les yeux au ciel, vraiment agacée par ce genre de comportement à deux balles.

— Bonne journée, me dit Cole après avoir fermé sa Jeep et en passant à côté de moi, cet air narquois collé sur sa sale petite face d'enfoiré de première.

— Ouais, très drôle, ronchonnai-je en essayant de me faire toute petite et en avançant dans la même direction que lui.

J'avais déjà eu ma dose la semaine dernière, lorsque tout le monde avait appris que nous vivions « ensemble ». Certes, je n'avais aucun compte à rendre à quiconque, il n'empêchait que j'aurais bien aimé que leur petits cerveaux comprennent que nous ne vivions pas ensemble à proprement parler ! Et je ne couchais pas avec lui, comme j'avais déjà entendu quelqu'un prétendre alors que je traversais les couloirs. J'avais failli lui rentrer dedans, mais Ivy m'avait retenue, et heureusement d'ailleurs, sinon j'aurais fait un massacre.

— Des problèmes au paradis ? me demanda Sojiro sans que je ne l'aie même pas vu approcher.

Je soupirai encore une fois.

— Tu as changé de moyen de transport à ce que je vois, certes c'est plus pratique que le bus, continua-t-il à déblatérer tout seul.

Je n'avais pas envie de parler et encore moins de Cole. Et le côté journalistique de Soji prenait toujours le dessus, alors j'allais me retrouver à répondre à ses questions comme s'il me faisait une interview.

— J'ai vu Amber il y a quelques instant, elle avait vraiment l'air...

— Conne ?

— Folle de rage.

Ça ne changeait rien par rapport à d'habitude de toute façon, alors... Au moins qu'elle soit énervée pour quelque chose de concret.

Nous entrâmes dans le lycée et encore une fois, tous les regard étaient posés sur moi et comme une semaine auparavant, j'essayais d'y faire abstraction. Manifestement, les gens n'avaient rien de mieux à faire que de se mêler de la vie d'autrui. Vraiment pathétique.

— Ça ne fait même pas un mois que tu es ici et tu es déjà une vedette, ricana mon camarade journalistique.

— J'aurais préféré éviter, répondis-je en toute franchise.

Ce que je voulais au départ, c'était me fondre dans la masse et j'avais vraiment failli y réussir, si ça n'avait pas été à cause de la grande bouche de Cole. Tous ces efforts que j'avais fait depuis mon arrivée à Fairfield étaient partis en fumée lors de cette stupide fête chez Greg. Et tout ce qui arrivait depuis... finalement, c'était vraiment ma faute. Je n'aurais jamais dû m'y rendre, mais il avait fallu que je veuille donner une leçon à ce connard d'Aiden... Ma fierté et mon goût du risque causeraient ma perte.

— Salut vous deux, dit Ivy en arrivant auprès de nous, alors que nous nous étions posés près de mon casier.

— Salut, répondîmes à l'unisson Soji et moi.

— Je n'ai vraiment pas envie d'aller en cours, se plaignit mon amie. Devoir supporter Mrs Bennet de si bon matin est tout simplement une torture.

Mrs Bennet était sa prof d'Histoire et d'après Ivy, elle avait le don d'endormir les gens rien qu'en parlant. Heureusement, j'avais Mr Evans, c'était un vieux crouton avec un caractère assez révolutionnaire, mais au moins son cours était dynamique et intéressant.

— Je l'ai aussi, mais en fin d'après-midi, soupira le jeune nippon.

— Moi j'ai sport.

Et ça me soûlait déjà. Ça ne leur suffisait pas une fois par semaine ? Non, ils devaient mettre une deuxième heure, histoire de bien m'emmerder. Je n'avais rien contre le sport, tant qu'il n'était pas collectif. Je détestais vraiment le fait de former des équipes et devoir compter sur quelqu'un d'autre pour gagner.

Oui, l'esprit d'équipe, ce n'était pas forcément mon genre, même si j'avais un frère jumeau, cela n'avait rien à voir.

— Bon, je vous laisse, je dois aller en mathématiques.

Avec un peu de chance, j'arriverais à aisément me concentrer sur une équation pour enfin oublier tout ce qui se passait autour de moi.

— Bonne chance ! me hélèrent tous les deux alors que j'étais déjà en route vers ma salle de cours.

Je me retournai à moitié et leur fis un léger signe de la main. La plupart des gens détestaient les maths, mais pas moi, c'était tout le contraire. Ils avaient tendance à dire que c'était compliqué, mais en réalité c'était beaucoup plus simple que la littérature ou encore une langue étrangère.

Je montai au deuxième étage où avait lieu mon cours et en grimpant les escaliers, je sentis quelqu'un s'approcher de trop près et me pincer les fesses. Je me retournai furtivement et la claque partit toute seule. Je ne fus pas surprise en découvrant Aiden derrière moi, avec sa clique qui écarquilla les yeux lorsque ma gifle percuta sa joue de toutes mes forces.

Il voulait m'intimider ? Me harceler ? Qu'il essaye donc, l'autre jour il m'avait prise au dépourvu, mais désormais j'étais prête. Il était hors de question de montrer une quelconque vulnérabilité face à lui.

— Je crois que tu y es allée un peu fort, dit l'un de ses potes.

— T'en veux une aussi ? Je me sens d'humeur généreuse aujourd'hui !

— C'est de ce caractère de feu dont je vous parlais, ricana Aiden en se frottant la joue, plus amusé qu'endolori. Imaginez ce que cela pourrait donner dans un lit.

Son ton plein de sous-entendus me fit frémir, ne pouvant cesser de m'imaginer tout ce qui pouvait lui traverser l'esprit en cet instant. Comment est-ce qu'un mec dans son genre ne s'était pas fait remettre à sa place bien avant ?

— Une vraie tigresse, railla Greg. Je suis tout aussi curieux que toi.

Ces regards libidineux qu'ils me lançaient me donnaient littéralement la gerbe. J'étais devenue leur proie ou c'était quoi le jeu pervers auquel ils jouaient depuis que j'avais débarqué en ville ? Étais-je donc ça ? Le gibier de quatre prédateurs ?

— Vous n'êtes rien d'autre qu'une bande de porcs !

Puis je continuai mon ascension jusqu'au deuxième étage, sous les rires de ces psychopathes que j'avais envie de perdre de vue le plus rapidement possible. Comme quoi, certains étaient faits pour se retrouver.

La journée venait à peine de commencer et je sentais qu'elle allait être bien merdique. 

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Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu ! 

On se retrouve MERCREDI prochain à 17h pour la publication du chapitre 48 qui sera encore un point de vue d'Olivia. 

Je tiens aussi à vous dire que si vous ne savez pas quoi lire, n'hésitez pas à aller jeter un oeil aux histoires ayant gagné le concours des 5 Constellations. Il y a une liste de lecture dans mon profil avec tous les gagnants de chaque catégorie. Je pense que vous y trouverez votre bonheur, entre romance, fantaisie, dystopie, fantastique etc... 

Je vous souhaite une bonne fin de semaine. 

Tamar 😘

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