Chapitre 46 Cole
— Tu es sûr que tu vas bien ? me demanda Ronnie alors que nous entrions dans sa chambre de motel.
Après avoir quitté le lycée, j'étais parti avec ma voiture quelque part ailleurs où je pourrais être tranquille afin de me reposer, mais à croire que sans la voix de Mrs Adams, toute mon envie de roupiller un bon coup s'était envolée.
— Je vais bien, répondis-je comme à mon habitude.
Mon amie déposa son sac sur la table ronde qui se trouvait non très loin de l'entrée et se dirigea vers la salle de bain, tandis que je fermais la porte derrière moi. En voyant son lit, je m'y dirigeai pour m'allonger et enfin voir si je pouvais ne serait-ce dormir trente minutes bien paisiblement.
Le lit était assez confortable mais il n'égalait pas le mien. Pas celui qui se trouvait dans ma nouvelle chambre, mais celui de la pool house. Seigneur, comme il me manquait ! Je l'avais choisi moi-même deux ans auparavant et même si je n'arrivais pas à dormir, du moins... pas comme une personne normale, j'arrivais à me détendre et à me reposer simplement en me couchant sur lui. Désormais, c'était Olivia Vega qui en bénéficiait, tout comme de la pool house qui à peine quelques semaines auparavant était encore à moi.
— Ça fait combien de jours que tu n'as pas fermé l'œil ? résonna à nouveau la voix de Veronica dans la pièce.
Je me contentai de lâcher un léger grognement, ne sachant pas moi-même combien de temps cela faisait que je n'avais pas dormi. Quand je disais ne pas dormir, il ne s'agissait pas de rester éveillé vingt-quatre heures sur vingt-quatre sept jours sur sept, non. Je pouvais dormir par petits coups, mais d'un sommeil extrêmement léger et pas réparateur, ce qui en fin de comptes revenait à ne pas dormir du tout. Fermer les yeux pendant une heure, ce n'était pas dormir à proprement parler, surtout quand ton sommeil était rempli de cauchemars qui t'empêchaient de retrouver le repos.
Le matelas s'affaissa du côté droit et j'ouvris les yeux. Ronnie était assise sur le rebord du lit et me contemplait, l'air inquiet. Contrairement à d'habitude, mes cernes n'étaient pas si terribles que ça et malheureusement, je n'étais pas suffisamment fatigué comme pour m'écrouler telle une masse et pioncer pendant deux journées entières. Comme toujours, ça arriverait lorsque je m'y attendrais le moins.
— Merci d'être venu me chercher, tu n'y étais pas obligé.
— C'était un plaisir.
Je lui souris et elle me rendit ma mimique avant de détourner le regard pour finalement se coucher à mon côté.
— Ça se passe bien au boulot ?
— Tu m'as déjà posé cette question, railla-t-elle en levant les yeux vers moi. Pourquoi tu ne me demandes pas vraiment ce que tu veux ?
Je fronçai les sourcils, ne voyant pas vraiment de quoi elle voulait parler.
— C'est-à-dire ? Éclaire ma lanterne, je te prie, continuai-je, mi-amusé mi-perdu.
— Est-ce qu'Olivia s'en sort ?
Ma respiration s'arrêta et j'écarquillai les yeux jusqu'à m'en faire mal. Pourquoi est-ce que Ronnie me parlait d'elle ? D'ailleurs... comment savait-elle que je connaissais Liv ?
En voyant la tête que je faisais, elle éclata de rire. Je ne voyais vraiment pas ce qu'il y avait de drôle. Je lui avais parlé de la fille chiante qui vivait chez moi, mais jamais je ne lui avais dit qu'il s'agissait d'Olivia, je n'avais même pas prononcé son nom lorsque j'avais pesté contre elle.
— Elle a l'air de t'apprécier, poursuivit Ronnie.
— Tu veux dire « me détester ».
— Non, soupira-t-elle en reposant sa tête sur mon bras et en me regardant droit dans les yeux. Vous iriez bien ensemble.
Mon front se plissa et je la contemplai, sans vraiment la voir, le visage d'Olivia s'imposant à moi. Lui plaire ? C'était une bonne blague, en effet.
— Qu'est-ce que te fait dire ça ? demandai-je, intrigué.
Mon amie se contenta de hausser tout simplement les épaules puis de détourner les yeux, avant de commencer à tripoter une mèche de ses cheveux.
— Je l'ai senti, c'est tout. Samedi dernier, j'ai appris qu'elle était « la chieuse » et la façon dont elle a parlé de toi... je ne sais pas, je me fais peut-être des idées, mais je pense sincèrement que tu es à son goût.
— Ouais, avec du piment d'Espelette et à point, ironisai-je.
Puis elle me donna un petit coup au niveau des côtes, tout en rigolant silencieusement.
— Je suis sérieuse. Tu lui plais, Cole, même si elle semble réticente à vouloir le montrer.
Ça pour être réticente, elle l'était !
Je soupirai, voulant que cette conversation prenne fin au plus vite, n'ayant pas envie de parler d'Olivia ou encore de penser à elle. À chaque fois que je le faisais, mon esprit partait en vrilles et les images qui s'imposaient à moi étaient beaucoup trop plaisantes pour qu'elles deviennent un jour réelles.
Ce baiser... il me hantait jour et nuit. Pendant quelques secondes, j'avais trouvé une sorte d'exutoire à tout mon calvaire, pouvant faire le vide et me concentrer que sur toutes les sensations qui m'avaient envahi lorsque ses lèvres s'étaient posées sur les miennes et que sa langue s'était langoureusement enroulée autour de la mienne. Je pouvais encore sentir cette douce caresse, et ça avait le don de m'enflammer de la tête aux pieds. Voilà pourquoi je ne voulais pas parler d'elle.
— Essaye tout simplement de ne plus la renverser avec ta Jeep.
Je levai les yeux au ciel et soufflai, un tantinet agacé. Ainsi, Olivia lui avait raconté ça ? Au moins, elle pourrait être fichue de raconter toute la vérité et non ce qui lui convenait.
— Je ne l'ai pas renversé, j'ai failli, c'est différent.
C'était son vélo qui était passé sous mes roues, non elle. Il y avait une sacrée différence entre l'un et l'autre.
— Oui, en tout cas, elle s'est blessée.
— Oui, elle s'est fait mal au bras, me rappelai-je en revoyant l'image de son coude en sang.
J'avais été un véritable connard cette fois-là, pas étonnant qu'elle m'ait foutu son poing en pleine gueule, l'ayant amplement mérité. La manière dont je lui avais filé le fric sans même prendre la peine de m'excuser alors que j'étais le seul en tort dans cette affaire... je n'étais vraiment pas dans mon assiette ce jour-là. C'était au moment où Ronnie avait disparu et où j'avais mu ciel et terre pour la retrouver.
— Elle s'est blessée au niveau des côtes. Apparemment, elle a eu du mal à respirer à son aise pendant près d'une semaine.
Face à cette révélation, je gardai le silence alors que certains souvenirs me revenaient en mémoire. Ses grimaces lorsque je l'avais attrapée en tirant de son bras... pourquoi ne m'avait-elle rien dit ?
Merde, elle avait vraiment de quoi me détester.
— Je vois que vous vous entendez à merveille, raillai-je en essayant de cacher à quel point cette révélation me faisait sentir mal.
C'était une chose de se blesser au coude, c'en était une toute autre de se fêler les côtes. Je savais à quel point ça faisait mal lorsqu'on voulait prendre une bouffée d'air mais d'en être tout simplement incapable à cause de la douleur lancinante ressentie. C'était comme recevoir des centaines de coups de poignards à chaque respiration.
— Elle est vraiment très sympa et c'est loin d'être la chieuse que tu m'as décrit.
— Ouais, elle n'est pas si mal que ça en fin de comptes, avouai-je en esquissant un léger sourire avant de fermer les paupières à nouveau, cherchant échapper à toute conversation en rapport avec la squatteuse de la pool house.
***
Je regardai mon assiette remplie de divers légumes que je parsemai à l'aide de ma fourchette, n'ayant pas du tout envie de manger mais me forçant un minimum. Je n'avais rien avalé de la journée, pourtant, je n'avais pas faim, alors que j'attendais que mon père me tombe dessus. Mais ce n'était pas son regard pesant que je sentais sur moi, mais celui de Piper, qui de temps à autres s'octroyait le droit de me mater lorsque tout le monde avait les yeux tournés vers leurs assiettes.
L'ambiance dans l'habitacle était pesante, voire gênante. On pouvait entendre les diverses respirations, celle fluette de Joey, celle agacée de Cayley, celle anxieuse de Patrick et celle contrôlée de la garce qui me servait de belle-mère. Les seuls à ne pas faire de bruit étions Clara et moi. Notre domestique se tenait effacée contre le mur, les mains derrière de dos et attendant que quelqu'un autour de cette table demande l'un de ses services.
Je ne pus m'empêcher de penser à Olivia et automatiquement, je tournai mon regard vers la droite, là où était assise Piper, mais surtout, là où se trouvait la pool house, même si je ne pouvais pas la voir à cause du mur qui faisait obstacle. Elle devait sans doute être dans sa chambre en train de faire ses devoirs, attendant que sa mère arrive pour diner avec elle. Ou alors préparait-elle le souper pour aider un peu sa génitrice et que cette dernière en arrivant chez elle, puisse se détendre.
— J'ai parlé avec Olivia aujourd'hui, dit soudainement mon paternel, ce à quoi je me raidis de la tête aux pieds.
Donc, elle lui avait fait un rapport sur moi, comme il le lui avait demandé la fois où il lui avait convié de me fliquer. Bien, j'étais préparé à absolument tout, me doutant qu'à un moment ou à un autre, elle devrait tout balancer. Elle ne pouvait pas me couvrir, j'en étais parfaitement conscient et je ne lui avais jamais demandé de le faire.
— Elle ignorait que tu étais parti du lycée.
Vraiment ? J'en doutais pourtant, étant certain qu'Ivy avait dû tout lui raconter dans les moindres détails. Le fait qu'elle n'ait pas été au courant me paraissait peu probable, ce qui voulait dire, qu'elle m'avait fait une fleur... encore une fois.
— Heureusement qu'ils ont appelé mon bureau. J'ai d'ailleurs appris que tu étais allé voir ta mère dernièrement, continua-t-il en reposant ses couverts et en plaçant ses coudes sur la table afin d'unir ses deux mains et me jauger avec cet air suffisant qui me retournait les tripes.
Merde, il avait appris pour mon petit stratagème. Ça faisait près de sept ans que je n'avais pas vu celle qui m'avait mis au monde et mieux que personne, Patrick savait que je ne tenais pas du tout à la revoir. À vrai dire, si je n'avais pu voir aucun de mes deux parents, ça aurait été le rêve, mais mon paternel avait voulu redorer son blason en demandant la garde exclusive de son fils aîné, pauvre petit garçon maltraité par son beau-père et délaissé par sa propre mère. Il était le héro de l'histoire, alors qu'il en était bien loin.
— Je n'apprécie pas que tu écrives des mails à mon nom, Jayden, poursuivit-il d'un ton extrêmement calme. Qu'est-ce que tu as fait pendant ces jours où tu ne t'es pas rendu en cours ?
— Je ne m'en souviens pas, marmonnai-je en poussant un long soupir et en m'adossant à ma chaise. De toute façon, qu'est-ce que ça peut bien te foutre ?
Il avait beau me menacer de m'envoyer dans un camp de redressement, mais vu comment Piper le manipulait, jamais elle ne permettrait que cela arrive, même si je mettais toute ma hargne pour que cela se produise. Alors cette histoire de camp n'était que des menaces en l'air. Il y en avait d'autres qui m'inquiétaient bien plus.
— Crois-le ou non mon fils, mais je me soucie vraiment de toi.
J'esquissai un sourire en coin et failli partir d'un fou rire. S'inquiéter pour moi ? Elle était bien bonne celle-là. Comment un homme qui n'avait jamais rien vu d'autre que le bout de son nez pouvait-il prétendre s'inquiéter pour ceux qui l'entouraient ?
— Quoi qu'il en soit, je te serais gré de ne plus jamais utiliser mon e-mail pour justifier tes absences, est-ce clair ?
Je me contentai simplement de hausser les épaules et de me concentrer une nouvelle fois sur le contenu de mon assiette. Clara était une excellente cuisinière, je ne voulais pas la vexer, mais je n'avais véritablement pas faim du tout.
— Tu as mauvaise mine, Jayden, retentit la voix de Piper dans la salle à manger. Tu prends les somnifères que le psychiatre te prescrit ?
Je lui lançai un regard noir. Je détestais lorsqu'elle faisait ça, ce rôle de gentille belle-mère qui se souciait du bien-être de son beau-fils, alors que c'était tout bonnement l'inverse.
Elle voulait sans doute savoir quel effet cela faisait de m'avoir à sa merci pleinement, assoupi par ces somnifères et non agité par la cocaïne que je me voyais obligé de consommer avant chacune de ses « visites ». Pourquoi mon père ne voyait-il donc pas qu'il était marié au Diable ? Pourquoi avait-il fallu qu'il trompe Victoria avec cette putain qui se pavanait comme si tout lui appartenait ? Comme si je lui appartenais.
De toutes les belles-mères que j'avais eues, Victoria avait été la seule que j'avais aimée et que j'avais considérée comme une mère. Elle était la seule qui ne s'était pas mariée à mon père pour son argent et pourtant, il avait absolument tout gâché. C'était une seconde nature chez-lui, foirer toutes ses relations amoureuses parce qu'il n'arrivait pas à garder sa queue à l'intérieur de son froc.
Il avait fallu que cette sale blonde assise à cette table se pavane devant lui en faisant ses stages, pour que ce connard que j'avais pour père perde absolument tous ses moyens et envoie valser la meilleure relation qu'il n'ait jamais eue avec une femme.
Beverly Hutton était ma génitrice, mais Victoria Langdon était ma mère, même si elle n'avait été mariée à mon père que pendant deux courtes années. Elle était bonne, attentionnée et maternelle. Je n'avais pas été très sympa avec elle au début, mais elle avait su se faire aimer, jamais elle n'avait abandonné ou cessé de croire en moi. Je me demandais encore comment est-ce qu'une femme comme elle avait pu tomber amoureuse de cet homme qui me servait de père. Elle était beaucoup trop bien pour lui, décidément, Patrick Coleman aimait la vulgarité et Piper en était l'exemple même. Certes, derrière ses vêtements haut de gamme et ce vocabulaire raffiné qu'elle avait appris, elle cachait sa vulgarité. Mais moi, je la voyais telle qu'elle était véritablement.
Avant elle, j'avais juste rencontré une seule personne aussi perfide. Et des deux, je ne saurais dire quelle était la pire.
— Tu sais quel jour est samedi, n'est-ce pas, Jayden ? me demanda Patrick, la voix un peu tremblante.
Toute cette comédie me répugnait.
Si je savais quel jour était samedi ? Bien entendu que je savais ! Moi contrairement à lui, je me souvenais de cette journée tous les foutus jours de ma putain de vie !
— Qu'est-ce qu'il y a samedi ? questionna Joey de sa petite voix haut perchée.
— L'anniversaire de la mort d'Amara, répondit Cayley d'un soupir blasé.
Je tournai mon regard vers elle et la foudroyai sur place, détestant entendre le nom de ma sœur jumelle dans sa bouche si méprisante. Elle était sa sœur aussi, ce n'était pas parce qu'elle n'était plus là qu'elle n'avait jamais existé ! Même si dans cette maison, tout le monde faisait tout pour. Pas de photos, pas de portraits... rien, il n'y avait pas une trace d'elle. Mon père s'était débarrassé de toutes ses affaires afin de faire son « deuil », mais c'était surtout pour ne plus culpabiliser.
— Qui est Amara ? continua mon jeune frère.
Il était à peine âgé de quelques mois lorsqu'elle était décédée et étant donné que jamais personne n'osait prononcer son nom, comme s'il s'était agi d'une affaire tabou, ça ne m'étonnait vraiment pas qu'à son âge, il ne sache même pas qu'autrefois j'avais eu une sœur jumelle.
— La jumelle de Jayjay, répondit ma demi-sœur en me regardant droit dans les yeux et en m'adressant un sourire railleur.
Sale peste ! Elle était consciente que je haïssais qu'on m'appelle comme ça, encore plus que Jayden et elle savait parfaitement pourquoi ! Personne n'avait le droit de me surnommer ainsi, la seule qui le pouvait était morte et ce sobriquet avec elle. Dès le moment où son cœur avait cessé de battre, alors que le sang s'écoulait de sa petite tête et se répandait sur le carrelage du manoir d'Alaric Engelmann, toute lueur de vie quittant ainsi ses yeux magnifiquement bleus.
— Je dois aller à une importante réunion à New York qui durera tout le week-end, m'expliqua mon père, alors que je n'en avais strictement rien à foutre de ses excuses à deux balles pour rater encore une année le mémorial en honneur d'Amara. Piper viendra avec moi.
En voilà une bonne nouvelle ! Qu'il l'emmène avec lui et qu'ils y restent à l'autre bout du pays, ça me fera bien des vacances. Pour une fois qu'il s'absentait et qu'elle partait avec lui... j'allais pouvoir respirer à fond, même si c'était la date d'anniversaire de la mort de ma sœur.
— Et nous ? demanda Cayley en faisant référence à Joey et à elle.
— Clara prendra soin de vous deux. N'est-ce pas, Clara ? demanda Piper.
Je relevai le regard vers la mère d'Olivia et vis à quel point elle semblait bouleversée alors qu'elle me fixait. Ses yeux étaient légèrement rougis et je percevais des larmes perler au coin de ses yeux, puis son menton bouger légèrement. Pourquoi était-elle dans cet état ? Je ne comprenais pas.
— Clara ? reprit la garce.
— Oui ? Oui bien sûr, nous nous amuserons bien, les enfants, finit-elle par répondre en reprenant sa contenance et en s'efforçant de sourire.
— Cela te va, Jayden ? Je suis vraiment désolé de ne pas pouvoir assister à la cérémonie en son honneur, reprit Patrick.
Mais les affaires avant tout, je connaissais la rengaine.
Il ne s'occupait jamais de rien, il avait payé pendant je ne sais combien d'années des messes en son honneur le jour de l'anniversaire de sa mort. Ou devrais-je dire, de son meurtre pour être plus exact. Il ne choisissait jamais les fleurs qui iraient sur sa tombe, c'était toujours d'autres personnes qui s'en occupaient.
Agacé et fatigué par toute cette hypocrisie, je poussai ma chaise en arrière en la faisant grincer brutalement et me relevai, sans prendre la peine de demander la permission.
— Tu n'as jamais été là de son vivant, qu'est-ce que ça peut faire maintenant ? Elle est morte, elle n'existe plus. Que tu sois présent ou non pendant l'anniversaire de sa mort ne change pas le fait que tu l'as négligée, tout comme tu l'as fait avec moi. Tu n'as voulu voir que ce qui te convenait, tout comme maintenant.
Puis je lançai un regard furtif vers Piper, chose que personne ne remarqua.
— Ce n'est pas le moment d'en parler, Jayden, me réprimanda-t-il d'un ton dur et en lançant une oeillade vers mon frère et ma sœur.
Je pouffai, vraiment incrédule face à autant de fausseté.
— Non, ce n'est jamais le bon moment de toute façon, raillai-je. C'est plus simple de faire l'autruche et de se persuader que tu n'es en rien responsable de son décès.
— Jayden ! C'était un accident ! Tourne la page !
— Non ! haussai-je le ton en frappant la table de mon poing, faisant par la même occasion sursauter Joey. Ce n'en était pas un ! Sa mort l'était peut-être, mais tout ce qui lui était arrivé avant...
Ma voix se brisa et mes yeux se remplirent de larmes de rage, n'arrivant toujours pas à croire qu'il ait osé me demander une telle chose. Tourner la page ? Jamais. Jamais je ne pourrai oublier tout ce que nous avons subi.
— Ce n'était pas un accident, tout comme les marques qui parsèment mon dos ne le sont pas ! Je suis fautif de ce qui lui est arrivé, mais toi et Beverly, vous l'êtes doublement. Vous étiez les adultes, vous étiez censés nous protéger, au lieu de quoi vous nous avez laissés à la merci d'un monstre !
J'en avais marre de me taire, de faire comme si ma sœur n'avait jamais existé. Cela ne faisait pas très longtemps que j'avais appris que mon père avait étouffé l'affaire dans les médias. Jamais personne n'avait entendu parler du regrettable « accident » nommé Alaric Engelmann qui avait coûté la vie à la fille de dix ans du puissant homme d'affaires Patrick Coleman et de son ex-femme, la starlette Beverly Hutton.
— Mais après tout, le travail avant le reste, n'est-ce pas, Patrick ?
Il ouvrit la bouche pour répliquer, mais aucun son n'en sortit. Bien évidemment que non.
Je me détournai et sortis de la salle à manger afin de monter les escaliers jusqu'au deuxième étage et m'enfermer dans ma chambre, avant de crier jusqu'à m'en briser les cordes vocales, tout simplement pour faire redescendre la pression et me défouler.
Je n'avais rien vu, j'avais laissé cet enfoiré faire... d'abord me battre puis ensuite... faire tout ce mal à ma sœur.
Et parce que j'avais été un lâche, j'en payais les conséquences aujourd'hui.
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Voilà ! J'espère que ce chapitre vous a plu !
On se retrouve MERCREDI PROCHAIN À 17H pour la publication du chapitre 47 qui sera un point de vue d'Olivia.
Je vous souhaite à tous une bonne fin de semaine ainsi qu'un bon week-end !
Tamar 😘
PS: je vous réserve un petite surprise pour SAMEDI MIDI, j'espère que ça vous plaira 😉
PSS: la playlist sur You Tube a été mise à jour 😊
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