Chapitre 40 Cole
Après la fin de votre lecture, lisez s'il vous plait le NDA après les petites étoiles, MERCI et bonne lecture 😉
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À huit heures du matin, je me retrouvai au volant de ma Jeep après avoir passé une nuit blanche.
J'avais pris un taxi un peu plus tôt qui m'avait emmené au lieu où j'avais laissé ma voiture la veille. Elle était garée devant chez une fille de l'équipe de cheerleading du lycée dont j'ignorais le prénom. Comme tous les vendredis et les samedis, il y avait des fêtes et j'y allais lorsque j'en avais l'occasion. De l'alcool gratuit, pas de parents pour venir me les briser... c'était ce que je recherchais. Après avoir laissé Eli chez lui, j'avais déambulé un peu partout en ville, telle une âme en peine ne sachant pas quoi faire. Puis vers vingt-heures, j'avais reçu un message sur mon portable de la part de Greg où il m'informait qu'il y aurait une soirée.
Ainsi, je m'y étais rendu afin de boire pour essayer de me sentir mieux et de m'enlever de l'esprit ce qui arriverait le lendemain. C'était ce que je cherchais, rien d'autre. Je n'avais même pas recherché de la compagnie, toutes les filles qui m'avaient approché pour m'aguicher, je les avais envoyées balader vite fait bien fait.
Cette fois, l'alcool n'avait pas eu raison de moi comme une semaine auparavant, car je me souvenais de tout ce qui était arrivé. J'aurais préféré boire davantage, mais il fallait croire que mon corps résistait de plus en plus à ses effets.
Agacé et ennuyé, j'avais appelé un taxi à deux heures du matin pour qu'il me ramène, étant suffisamment lucide pour savoir que je ne devais pas conduire. Je lui avais dit de me ramener à Eastridge Hills, parce que de toute façon, je n'avais nul endroit où aller. Je m'étais dit que je m'enfermerais dans ma chambre et que de toute façon, il était beaucoup trop tard pour que Piper vienne me retrouver. Mais une fois en plein milieu du jardin, j'avais paniqué et tout ce qui avait suivi, n'avait été que pure comédie.
J'avais fait semblant de vouloir entrer dans la pool house parce que j'avais vu Olivia par la fenêtre de la cuisine. J'avais alors pensé... que je pourrais rester là au lieu d'aller dans ma chambre.
Lorsqu'elle m'avait ouvert la porte, ça avait été comme recevoir une claque en pleine figure. Je l'avais trouvée ravissante dans ses habits de nuit, qui se résumaient à un t-shirt à bretelles blanc et à un short de jogging bleu marine.
Alors j'avais joué le mec soûl, car je savais qu'elle ne me renverrait pas chez moi si elle pensait que j'étais ivre et que je m'étais trompé. Pour pousser la comédie encore plus loin, je l'avais serrée dans mes bras, caressé le dos et embrassé le cou. Je me souvenais encore du goût de sa peau que ma langue avait léché tout doucement. J'étais parfaitement conscient de ce que je faisais. Son corps s'était enflammé et avait frissonné contre le mien. À ce moment-là, j'avais été à deux doigts de la plaquer contre le mur extérieur de la maison et de l'embrasser comme s'il n'y avait pas de lendemain. Je voulais sentir à nouveau sa langue s'enrouler autour de la mienne langoureusement ainsi que son souffle chaud contre le mien. Mais... je ne l'avais pas fait, même s'il m'en avait fallu très peu pour franchir la ligne.
Je l'avais suppliée de me laisser entrer, de ne pas me faire retourner au manoir. Feindre l'ivresse m'avait permis de me comporter d'une autre manière avec elle. Si elle m'avait pensé dans mon état normal, notre rencontre n'aurait pas été aussi douce, j'en étais certain. Elle m'aurait envoyé balader illico presto.
Liv m'avait alors attrapé par la main et par reflexe, j'avais entrelacé mes doigts aux siens. Une fois à l'intérieur et la porte fermée, elle m'avait relâché comme si un courant électrique l'avait repoussée et m'avait alors conduit jusqu'au canapé, en tentant de masquer sa gêne, où je m'étais allongé. Elle était ensuite repartie dans sa chambre, non sans jeter un dernier regard en arrière.
Une fois seul, je m'étais détendu et avais fermé les yeux, sans pour autant arriver à dormir. J'avais alors pu partir avant que Clara ou elle ne se réveillent. C'était comme si cette nuit n'avait jamais eu lieu.
Désormais je réfléchissais à plein de choses, comme au fait que je l'avais touchée ainsi qu'embrassée et qu'elle ne m'avait pas repoussé. Je sentais encore ses mains sur ma poitrine ainsi que sur mes poignets. Sa douceur m'avait vraiment pris au dépourvu et... j'étais encore plus déboussolé que jamais. Je n'arrivais vraiment pas à la saisir.
Il y avait tellement de choses à son propos qui m'échappaient et qui m'intriguaient. Je crois bien que c'était la première fois qu'une fille avait ce genre d'effets sur moi et... je n'aimais pas ça. À vrai dire, j'avais horreur de cette pression que je ressentais dans la poitrine à chaque fois que je la voyais, je détestais la manière dont mon corps avait réagi lorsqu'elle m'avait embrassé quelques jours auparavant. Et je haïssais les pensées qui m'avaient traversé l'esprit la veille.
Je roulai sur la route de Green Valley avant de bifurquer vers Eastridge Hills. Je n'avais pas besoin de montrer ma carte VIP à Phil, une sorte de lecteur lisait l'espèce de code barre qui était collé sur un coin de mon parebrise et la barrière se soulevait automatiquement.
Il ne me fallut pas plus de cinq minutes avant de garer la voiture dans l'allée du garage. Il y avait du mouvement aux alentours, même s'il était très tôt encore.
Je sortis de mon véhicule et rentrai chez moi, afin de m'enfermer dans ma chambre. Mais à peine eus-je franchi le seul de la porte arrière, que Piper se pointa devant moi, l'air vraiment pas contente du tout. En espérant qu'elle ne m'ait pas vu quitter la pool house et qu'elle ait pensé que j'avais passé la nuit dehors.
- Où étais-tu ? exigea-t-elle de savoir en me foudroyant du regard.
Le fait qu'elle ignore où j'avais passé la nuit m'enleva un poids des épaules. Je ne l'avais pas réalisé sur le moment, mais si Piper nous avait vu, j'aurais attiré des ennuis à Olivia et je n'y tenais pas vraiment. Subir la foudre de cette garce, je ne le souhaitais à personne. J'ignorais même jusqu'à où elle serait capable d'aller pour avoir ce qu'elle voulait, mais si je disais qu'elle était prête à tout, ce ne serait pas une exagération.
- Ne t'inquiètes pas, tu m'auras pour toi toute seule cette nuit, marmonnai-je en passant à ses côtés et en disparaissant dans le hall avant de monter les escaliers.
Mais j'entendis rapidement ses pas derrière moi, toutefois, je ne me retournai pas, ne voulant pas voir sa sale face plus que nécessaire.
- Jayden ! m'appela-t-elle.
Malgré moi, je m'arrêtai en plein milieu des marches et virevoltai légèrement vers elle. Je détestais devoir lui obéir, me plier à sa volonté et le fait de ne pas avoir le choix, ça me retournait les tripes.
- Je vais passer la journée au country club.
Je remarquai alors qu'elle portait sa tenue de tennis et qu'elle avait attaché ses longs cheveux blonds en une queue de cheval haute.
Qu'elle y aille et qu'elle y reste ! Ne pas l'avoir autour de moi pendant la journée était une véritable libération, même si le soir n'en deviendrait que plus oppressant. J'aurais dû y être habitué depuis désormais six mois, mais... s'y habituait-on réellement un jour à ce genre de sévices ? Je l'ignorais.
- Amuse-toi, murmurai-je en baissant le regard pour ne pas voir le sourire carnassier qu'elle me lançait.
Piper monta les marches qui nous séparaient et s'arrêta, une en-dessous de la mienne, pour me reluquer dans les moindres détails, avant d'ensevelir une de ses mains à l'intérieur de mon t-shirt puis de m'agripper ma fesse gauche de l'autre. Je serrai les mâchoires à m'en péter les dents et quelque chose prit place en plein milieu de ma gorge.
Il m'aurait été tellement simple de la pousser dans les escaliers et de dire qu'il s'était agi d'un accident... je rêvais de le faire, alors pourquoi ne passais-je donc pas à l'action ? Après tout, qu'est-ce qu'il pouvait bien avoir de pire que ça ?
Mais j'en étais incapable, je n'étais pas un meurtrier, même si l'idée m'effleurait très souvent l'esprit. Un simple coup et une partie de la souffrance qui me consumait s'évanouirait à jamais.
Pourtant je restais statique, sans même respirer, les dents serrées et les paupières closes. Mes lèvres restèrent scellées, ravalant le cri qui voulait sortir de ma gorge afin de hurler ma détresse au monde qui m'entourait. Elle se rapprocha encore plus de moi et je sentis la moiteur de son souffle lorsqu'elle me murmura à l'oreille :
- Tu es à moi, ne l'oublie pas.
Mon palpitant battait à cent à l'heure et lorsqu'elle enleva ses mains de mon corps, ce dernier commença à se détendre petit à petit.
Elle descendit les escaliers, un air fier arborant sur son visage, prit son sac et franchit la porte principale, alors que je n'avais pas bougé un seul muscle depuis qu'elle m'avait lâché.
Lorsque le battant claqua et que j'entendis son bolide démarrer, je me lassai retomber sur les marches, le regard dans le vide et les membres tremblants.
Je n'arrivais plus à penser, c'était comme si on m'avait vidé de toute énergie, de toute envie ainsi que de toute volonté.
Je tentai de contrôler ma respiration afin de ne pas faire une attaque de panique, même si j'avais toutes les raisons pour en faire une. Je devais me ressaisir, elle ne pouvait pas gagner. Elle avait peut-être mon corps, mais jamais elle n'aurait ni mon âme, ni mon esprit et encore moins, mon cœur.
Je passai mes bras autour de mes genoux qui étaient repliés contre mon torse et me berçai doucement, comme lorsque j'étais gamin et que j'entendais mes parents ses disputer. J'avais toujours eu beaucoup de mal avec les disputes, c'était toujours Amara qui venait prendre soin de moi, me consoler et me dire que tout irait bien. Puis elle appuyait sa joue contre le sommet de mon crâne et commençait à fredonner, tout en me serrant contre elle.
J'appuyai mon front contre mes genoux et continuai les mouvements de va et vient.
Tout ira bien, entendais-je encore sa petite voix fluette dans mon esprit.
J'aurais tellement voulu la croire, mais depuis qu'elle n'était plus là, rien n'allait. Tout était parti de travers et les choses n'avaient fait qu'empirer avec les années. À cette époque, nous étions heureux et je donnerais n'importe quoi pour pouvoir retourner dix ans en arrière, ne serait-ce que quelques minutes. Je n'en demandais pas plus.
- Cole ?
En entendant la voix d'Olivia, je levai la tête et la retrouvai accroupie devant moi, sur une marche, tout en me contemplant avec une certaine inquiétude.
Ses yeux de biche sondaient mon visage et une de ses mains était posée sur mon avant-bras gauche. Le contact de sa peau réchauffa la mienne et soudain, toute cette peine que je ressentais dans mon cœur, s'évapora comme par magie.
Je me dégageai doucement à son contact, me levai et elle m'imita, sans me quitter cependant un seul instant des yeux.
- Qu'est-ce que tu veux ? ronchonnai-je.
Elle soupira, semblant déçue par mon comportement. Pensait-elle donc que les choses allaient changer entre nous ? Je l'avais utilisée, ni plus ni moins et elle aurait dû savoir à quoi s'en tenir.
Puis Liv sortit quelque chose de l'arrière de son pantalon. Elle avait troqué son short pyjama pour un jean délavé et déchiré au niveau des genoux.
Lorsque je remarquai ce qu'elle me tendait, mes yeux s'écarquillèrent de surprise : il s'agissait de mon journal. Pourquoi me le donnait-elle ?
Je la regardai avec méfiance.
- Qu'est-ce que tu veux en échange ? soupirai-je en croisant mes bras sur ma poitrine et en la toisant avec sévérité.
- Rien. Je veux simplement te le rendre.
Je fronçai les sourcils, n'y comprenant plus rien. Mais à quoi jouait-elle ?
Voyant que je ne le prenais pas, elle roula des yeux, saisit ma main gauche et déposa le cahier dans ma paume, pour ensuite me relâcher.
- Je ne veux pas me prendre la tête avec toi. Je ne veux pas te faire de chantage, ça m'écœure de faire une chose pareille.
- Alors pourquoi l'as-tu fait ? lui reprochai-je.
- Tu ne m'as pas laissé le choix, Jayden.
Je détestais lorsqu'on m'appelle comme ça, mais la façon dont mon prénom résonnait dans sa bouche... je devais avouer que ce n'était pas désagréable du tout.
- Écoute, souffla-t-elle, je sais que nous sommes partis d'un mauvais pied.
- Je dirais plutôt d'un mauvais poing, ironisai-je en arborant un sourire narquois.
Elle me lança un regard noir et je m'appuyai contre la balustrade, sans cesser de la contempler.
- Je ne veux plus me battre avec toi, je n'en ai ni l'envie ni la force.
- Alors tu proposes quoi ? Qu'on devienne les meilleurs amis du monde ? me moquai-je.
- Je ne te parle pas d'amitié, mais de respect et d'entraide. Tu crois sincèrement que ça me plait de te coller aux basques et de te fliquer ? Pas du tout, je n'aime pas être près de toi.
Sa dernière remarque m'énerva, sachant pertinemment qu'elle mentait comme un arracheur de dents. J'avais parfaitement senti la réaction de son corps il y a quelques heures, lorsque je l'avais serrée contre moi et que je lui avais embrassé ainsi que léché le cou. Elle aimait beaucoup trop être près de moi et c'était ça le problème.
Je gardai cependant ma remarque pour moi, alors que je regardais ces lèvres parfaites et pulpeuses bouger, sans pour autant entendre ce qu'elles disaient, trop absorbé en pensant à tout ce qu'elles pourraient me faire.
- Tu m'écoutes ?
- Euh... oui. Oui, bien sûr que je t'écoute. Pourquoi est-ce que je ne le ferais pas ?
Olivia leva les yeux au plafond, comme à deux doigts de perdre patience.
- Je ne te veux pas de mal, Cole et jamais, je n'ai voulu tout ça. Je souhaite simplement vivre ici paisiblement et en harmonie avec ceux qui m'entourent.
- Même avec moi ? la provoquai-je.
- Surtout avec toi ! Pourquoi être ennemis alors qu'on peut être alliés ?
Sa réflexion me surprit, mais de la bonne façon, car elle avait entièrement raison.
Après l'avoir observée ces dernières semaines, je savais qu'elle n'était pas à la botte de Piper. Cette dernière s'était simplement servie de son arrivée ainsi que de son âge proche au mien afin d'insuffler l'idée à mon paternel que j'avais besoin d'une baby-sitter.
- Je veux enterrer la hache de guerre, voilà pourquoi je te rends ton journal, parce que je sais qu'il est important pour toi.
- C'est une offre de paix ? demandai-je en la regardant avec une telle intensité qu'elle fut mal à l'aise et se vit obligée de baisser les yeux.
- Euh... je... oui, bafouilla-t-elle.
- Ne me dis pas que tu es amoureuse de moi ?
Olivia releva la vue instantanément et me lança un regard tellement noir que je ne sus si frémir ou éclater de rire.
- T'es vraiment rien d'autre qu'un pauvre débile imbu de lui-même ! fulmina-t-elle en devenant tout aussi rouge que cette nuit.
Je ricanai finalement à gorge déployée.
- C'est vrai que ton genre, c'est plutôt Elijah, rigolai-je encore plus fort.
- Je ne vois pas pourquoi ça te fait tellement rire ! s'offusqua-t-elle. Nous avons bien accroché l'autre soir !
Elle ne se rendait pas compte à quel point ce qu'elle disait était risible. Mais j'allais m'en donner à cœur joie en le lui expliquant, vu qu'elle n'avait pas du tout saisi de quoi il était question.
- Il est gay, Olivia ! Elijah est gay !
Au moins, cela eut pour effet de lui clouer le bec.
Elle ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit, comme si elle était incapable de prononcer quoi que ce soit. Sa réaction était très drôle, je ne m'en étais pas attendu à moins.
- Merde, tu aurais pu me le dire l'autre jour par message !
- Et rater ta réaction ? Je ne crois pas, non ! pouffai-je.
- Tant mieux si ça t'amuse, se renfrogna-t-elle en faisant la moue.
Je secouai légèrement la tête, toujours aussi amusé. Au moins, grâce à sa présence, je ne pensais plus à Piper, ni à rien en réalité. J'étais concentré sur l'instant et sur la fille qui me faisait face. Celle-là même qui m'avait embrassé quelques jours plus tôt et qui avait réveillé quelque chose au fond de moi. Une sorte de brasier qui avait failli me consumer tout entier, surtout au moment où elle avait mis fin à notre étreinte. J'avais lu de la peur dans ses yeux au moment où j'avais essayé de l'embrasser encore une fois.
La douceur et l'expertise de ses lèvres, de sa langue... ça faisait longtemps que je n'avais pas goûté à quelque chose d'aussi bon. Et j'avais beau essayer de ne pas y penser depuis, c'était tout simplement impossible. À chaque fois que je la voyais, ce qui était arrivé me revenait en pleine face et... j'avais une terrible envie de continuer ce que nous avions commencé. Ou plutôt, ce qu'elle avait commencé pour être exact.
- Donc, si j'ai bien compris, c'est une trêve que tu veux, non ?
- Voilà ! Tu m'as enlevé le mot de la bouche.
J'esquissai un sourire en coin et lui tendis ma main.
Si c'était une trêve qu'elle voulait, je ne voyais aucune raison pour ne pas y accéder. Définitivement, elle n'était pas sous les ordres de Piper et jamais elle ne l'avait été. Elle se retrouvait dans cette situation contre son gré, tout comme moi.
Elle avait plus d'une fois eu l'occasion de me balancer, mais jamais elle ne l'avait fait. Au début, je pensais que c'était une ruse pour que je baisse ma garde, mais dernièrement, j'avais compris qu'elle ne voulait pas me pourrir, que ce n'était pas son but.
Olivia contempla ma main pendant quelques instants, avant d'entreposer la sienne et de la serrer. Puis j'entrelaçai mes doigts aux siens et commençai à monter les marches en la trainant derrière moi.
- Où va-t-on ?
- Dans ma chambre.
Elle se raidit de tous ses muscles et j'éclatai de rire. Mais quel esprit pervers, franchement !
Liv tenta de m'échapper, mais je ne la lâchai pas, hors de question.
Une fois devant ma chambre, j'ouvris la porte et la poussai à l'intérieur avant de la fermer.
- Qu'est-ce que tu veux ?
- Sceller cette trêve.
Puis elle partit d'un fou rire.
- Tu crois sérieusement que je vais coucher avec toi ?!
Je dus faire un effort considérable pour ne pas me plier en quatre et me bidonner comme une baleine. Coucher avec elle ? En plein jour en plus ? Ça pouvait se faire, mais ce n'était pas trop mon délire. Je préférais la nuit.
Je poussai un soupir, levai les yeux au ciel tandis qu'un petit sourire étirait mes lèvres et me dirigeai vers ma table de chevet. En ouvrant le tiroir, il y avait l'enveloppe dans laquelle j'avais rangé le collier d'Olivia et à côté, le petit sachet de poudre blanche que je me réservais pour ce soir. Mais je fis comme si de rien était, pris l'enveloppe et refermai le tiroir.
Je déposai le journal sur mon lit et m'avançai à nouveau vers la jolie latina qui se trouvait dans ma chambre.
- Tends la main et ferme les yeux.
Elle fronça les sourcils, l'air méfiante mais s'exécuta quand même.
Je vidai ainsi l'intérieur de l'enveloppe au creux de sa paume et lorsque la matière froide du collier toucha sa peau, elle tressaillit légèrement.
Puis elle rouvrit les paupières et retrouva ce pendentif auquel elle disait tellement tenir au centre de sa main. Elle ne le quitta pas du regard un seul instant, comme si elle n'arrivait pas à croire qu'il fut là devant elle. Ses yeux brillaient d'une lueur nouvelle, comme si elle était à deux doigts de fondre en larmes.
- On est quittes.
- Je... je croyais que tu l'avais jeté dans l'évier, bafouilla-t-elle, perdue.
- Et c'est le cas, mentis-je. Mais... disons qu'il y a eu des travaux dans ma salle de bain juste après.
- Tu as fait démonter toute la tuyauterie ?! se surprit-elle en écarquillant les yeux.
Je hochai la tête, un poil amusé par sa réaction.
- Tu me rends mon journal, je te rends ton collier. Ce n'est que justice.
- Tu comptais t'en servir contre moi, c'est pour ça que tu as tout fait pour le récupérer, n'est-ce pas ?
Elle avait bien deviné mes intentions et semblait déçue, je pouvais le percevoir au ton de sa voix.
- Et alors ? demandai-je en haussant les épaules. Je l'ai récupéré et te l'ai rendu, c'est ce qui compte, non ?
Elle sembla réfléchir à la question pendant quelques instants et son poing se referma sur le pendentif, comme pour le garder précieusement, au cas où je changerais d'avis et le lui reprendrais.
- Oui, tu as raison. C'est ce qui compte.
Le regard d'Olivia se tourna à nouveau vers moi et l'allure d'un sourire esquissa le temps de quelques secondes ses belles lèvres pulpeuses, avant de disparaître. Mais au moins, je savais qu'elle était heureuse, même si elle essayait de le cacher.
- Merci.
- Il n'y a pas de quoi. Merci à toi de m'avoir rendu mon journal et de m'avoir laissé squatter ton canapé cette nuit.
En faisant référence à ce passage, elle écarquilla légèrement les yeux et ses joues s'empourprèrent, malgré elle, car elle détourna rapidement le visage afin que je ne puisse pas la voir.
- C'est bien que tu sois parti tôt, dit-elle après quelques instants de silence. Sinon, j'aurais eu à subir tout un interrogatoire de la part de ma mère.
- Et ça n'aurait pas été agréable, je présume, non ?
Elle renifla du nez et sembla se détendre davantage.
- Sais-tu ce qu'est l'Inquisition espagnole ?
- Oui, c'est une juridiction ecclésiastique instaurée en Espagne à la fin du Moyen-Âge. Pourquoi ?
- Parce qu'à côté de l'interrogatoire que ma mère m'aurait fait subir, l'Inquisition n'aurait été qu'une broutille !
Je souris narquoisement. Définitivement, Clara semblait être d'une main de fer avec sa fille, qui l'aurait dit alors qu'elle se montrait aussi douce avec moi.
- D'accord, je tâcherai de m'en souvenir.
Olivia poussa un soupir et hocha la tête. Elle se retourna pour prendre la porte, mais alors qu'elle avait la main sur la poignée, elle pivota à nouveau vers moi, avec une expression indéchiffrable sur le visage.
- Tu te souviens de ce qui est arrivé hier ?
- Quoi donc ? feignis-je à la perfection.
- De... ce que tu as fait hier en débarquant à la pool house.
Je fis semblant de réfléchir et finalement niai, en empruntant un air dérouté.
- Devrais-je me souvenir de quelque chose en particulier ?
Olivia déglutit bruyamment et cligna des paupières à plusieurs reprises, comme si elle essayait de se reprendre.
- Non, de rien, répondit-elle d'une voix fluette avant de sortir de la pièce et de refermer le battant derrière elle.
Oui, je m'en souviens parfaitement, Olivia, pensai-je en m'appuyant contre la porte et en soupirant un grand coup, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus aucun air dans mes poumons. Mais il vaut mieux que tu ne le saches jamais.
***
La descente serait brutale, je le savais, car elle l'était toujours.
Après avoir consommé cette poudre blanche si semblable au sucre glace mais aux effets dévastateurs, je rangeai la bouteille de scotch que j'avais volé dans la réserve privée de Patrick. L'alcool m'aiderait à atténuer les manifestations désagréables ressenties lors de la descente, une fois que les effets de la drogue commenceraient à se dissiper d'ici une heure.
Quant à ses effets, je devais attendre environ deux minutes avant de les sentir. Mais je savais déjà parfaitement à quoi m'attendre. Accélération du rythme cardiaque ; indifférence à la douleur, la fatigue ou la faim ; euphorie ainsi qu'un sentiment de puissance intellectuelle et physique, conduisant à une désinhibition.
Même si j'étais conscient de tout, au fond, je ne ressentais rien car j'avais l'impression que drogué, je n'étais plus moi-même et que par conséquent, Piper ne pouvait pas m'atteindre.
Dès que sa voiture s'était garée dans le garage il y a quelques minutes, j'avais pris une dose. Cette poudre était mon alliée lors de ces moments où je ne voulais pas être moi-même.
Toutefois, je regrettais la fois où je l'avais prise simplement pour m'éclater, pour cesser de penser à mon existence de merde afin de me focaliser sur d'autres choses. L'euphorie, j'aimais ce sentiment, mais il était à double tranchant.
Le fait d'avoir acheté cette première dose m'avait emmené là où j'étais désormais, à toute cette horreur que je devais subir à chaque fois que je me retrouvais seul avec elle. Piper avait plusieurs moyens de pression sur moi et la drogue en était un.
Si seulement je n'avais jamais acheté ce premier petit sachet de poudre, peut-être... peut-être que je n'en serais pas là aujourd'hui. Ou peut-être que si, elle serait arrivée à ses fins d'une manière ou d'une autre.
La lumière de la lune filtrait à travers la fenêtre de ma chambre, tandis que j'étais assis par terre, appuyé contre mon lit, en attendant que la drogue fasse son effet et que cette garce cogne à ma porte.
C'était la seule manière dont je pouvais supporter tout ça, en n'étant pas moi-même. J'étais toujours conscient de ce qui arrivait, même si cet effet d'euphorie et de puissance physique faisaient en sorte que je me prenne beaucoup moins la tête.
Je ne voulais pas, mais je ne pouvais y échapper. J'étais attrapé dans ses filets depuis ce jour fatidique, depuis la soirée de fiançailles six mois plus tôt. J'ignorais à ce moment-là que les choses tourneraient de cette manière.
J'entendis deux coups portés à la porte de ma chambre, me faisant frémir de la tête aux pieds, alors que la coke commençait à faire son effet.
Je me levai et en deux enjambées, je fus au niveau de la porte que j'ouvris pour ensuite m'effacer et la laisser entrer. Piper me contemplait d'une manière aussi intense que je sentis mon ventre se nouer à l'extrême. Elle passa ses mains sur mon torse, entra et s'assit sur le rebord de mon lit.
Sentant de moins en moins le poids de tout ce qui m'accablait, je poussai un soupir et refermai le battant.
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Voilà, j'ai vraiment eu un mal fou à écrire ce chapitre, surtout la dernière partie, vous comprendrez aisément pourquoi je pense.
Bref, je tiens à faire une annonce.
À partir de maintenant jusqu'à nouvel ordre, je ne pourrai publier qu'une seule fois par semaine (je rappelle que j'écris deux histoires en même temps, et donc qu'il y aura un chapitre de chaque histoire publié chaque semaine). Je suis jurée dans un concours pour wattpad avec Les5Constellations et nous sommes dans la dernière phase avant la finale, et je dois lire toutes les histoires des différentes catégories, ce qui me prend un temps considérable. Je travaille aussi et dernièrement je n'ai pas beaucoup le temps d'écrire, j'avance comme je peux en fait.
Donc, les chapitres de Si Jamais et Paradis Brisés seront publiés SEULEMENT les MERCREDIS à 17h (il n'y aura donc pas de publications les SAMEDIS) JUSQU'À NOUVEL ORDRE.
Je sais que depuis un mois j'ai dû faire beaucoup de pauses, mais ici, c'en est pas vraiment une, je réduis simplement le nombre de chapitres publiés, mais les publications continuent bel et bien 😉
En plus du concours, j'ai ma vie et mon travail à côté, et je dois avouer qu'avec le déménagement et le reste, j'ai pris pas mal de retard, que ce soit dans le concours ou dans mes écrits et je ne veux pas me forcer à écrire pour vous pondre quelque chose de pas abouti, quelque chose qui ne me ressemble pas.
Voilà, donc on se retrouve MERCREDI prochain 17H pour la suite !
Je vous souhaite une bonne semaine !
Tamar 😘
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