Chapitre 39 Olivia

La journée de demain s'annonçait chargée et j'appréhendais vraiment. Je n'étais pas trouillarde par nature, mais je devais bien avouer que j'avais le trac, surtout qu'il s'agissait d'un mariage et qu'un seul faux pas de ma part pourrait ruiner la plus belle journée de la vie de quelqu'un.

Il était deux heures du matin et je n'arrivais toujours pas à fermer l'œil. Si cette situation s'était produite quelques mois auparavant, alors la première chose que j'aurais faite, cela aurait été d'aller réveiller Alex pour lui parler de mes doutes, de mes angoisses et ainsi le laisser me consoler. Je me serais sentie mieux rien qu'en sachant sa présence auprès de moi. Juste cela aurait amplement suffit, car après tout, pour le tirer de son sommeil, il aurait fallu tout un orchestre musical, étant donné qu'il dormait toujours comme une marmotte.

Je m'en souviendrais toujours du jour où il y avait eu des secousses sismiques à L.A et que tout le voisinage était sorti des maisons, habillés encore en peignoirs et les femmes avec leurs bigoudis dans leurs cheveux. Pendant ce temps, alors que tout le monde paniquait, Alex dormait paisiblement dans son lit. On en avait rigolé, même si sur le moment, ma mère avait angoissé.

Mourant de soif, je me levai de mon lit et sortis de ma chambre, sans faire le moindre bruit afin de ne pas réveiller ma mère, pour me diriger ensuite vers la cuisine et prendre un verre d'eau.

Appuyée contre le plan de travail, je fermai les yeux et me massai doucement le cou, en essayant de me détendre. C'était dingue que ma journée de travail du lendemain me puisse me mettre dans un tel état de stress.

Tout allait bien se passer, il n'y avait pas de quoi paniquer. J'allais bien faire mon boulot comme les trois journées précédentes et tout irait comme sur des roulettes. De plus, je ne serais pas la seule nouvelle, Veronica serait là aussi d'après Shirley.

Tous étaient très gentils avec moi, je ne pouvais définitivement pas me plaindre, même si ma rencontre avec Aiden dans la piscine m'avait laissé un goût amère dans la bouche. Ma main me démangeait à chaque fois que je le voyais dans les couloirs du lycée, ce qui avait été le cas cet après-midi avant mon cours de journalisme. Ce crétin était, avec ses quatre inséparables copains, appuyé contre un casier et le regard qu'il m'avait lancé, je pouvais encore sentir les poils de ma nuque se hérisser d'effroi. Sa menace de lundi, je ne l'avais pas oubliée et j'étais certaine que le fait de m'enfermer dans la chambre noire n'était qu'un simple début. Alors je restais sur mes gardes, c'était plus prudent.

Ivy m'avait averti également, elle n'était peut-être jamais sortie avec Aiden, mais elle le connaissait depuis le jardin d'enfants, tout comme Amber. Elle m'avait alors confié qu'elle et la belle rousse étaient inséparables lorsqu'elles étaient plus jeunes. Pendant la plupart de leur scolarité, elles trainaient toujours ensemble, mais tout cela avait changé le jour où elles avaient intégré le lycée, lors de leur passage en neuvième année. C'était à partir de là que tout s'était tassé et qu'Amber s'en prenait à elle régulièrement. Jamais je n'aurais imaginé qu'elles aient pu être amies, elles étaient si différentes que pour moi, c'était inimaginable, ça ne m'aurait jamais effleuré l'esprit.

J'ouvris les yeux, poussai un long soupir et me tournai vers l'évier afin de vider le contenu de mon verre à l'intérieur.

Soudain, j'entendis le tintement d'une clé en-dehors de la maison, puis ensuite le bruit de cette même clé tentant de forcer la serrure de la porte principale. Et un juron ainsi qu'un grognement plein de frustration.

— Ouvre-toi, bordel !

Je virevoltai sur moi-même et allai ouvrir la porte.

Cole était là, titubant sur ses deux pieds, l'air complètement ivre. Seigneur ! Mais ne faisait-il donc que ça ?

— Oh ! se surprit-il pour ensuite me sourire de cet air d'imbécile heureux qui était bien le sien lorsqu'il était bourré. Ma lionne !

Puis il me serra dans ses bras, sans que je ne puisse rien faire pour l'en empêcher. Je me raidis de la tête aux pieds et cessai de respirer, alors que son visage s'enfouissait dans mon cou et que ses mains se baladaient sur mon dos, caressant affectueusement ce dernier. Ce genre de contact aurait dû me révulser, pourtant, c'était tout le contraire. Mon corps semblait vraiment apprécier.

Il huma ma peau et posa ses lèvres dessus avant de la goûter du bout de sa langue, m'arrachant un petit cri que je fis mourir au fond de ma gorge. Je posai mes mains sur son torse afin de le repousser, mais je n'eus pas besoin de faire beaucoup d'efforts, car il se laissa faire.

D'une main légère, il caressa tendrement mes joues qui devaient être aussi rouges que des pivoines. Cole sourit, se pencha vers moi en posant une main sur ma nuque et murmura :

— Ma lionne est si belle.

Mes yeux s'écarquillèrent et mon cœur commença à battre la chamade ainsi qu'à rater des battements en même temps. Bon sang ! Mais qu'est-ce qui m'arrivait ? Pourquoi le laissais-je me toucher et me parler ainsi ? Ça n'avait vraiment aucun sens !

— Cole, tentai-je de me reprendre, tu t'es trompé. Tu vis dans la maison maintenant, tu t'en souviens ?

Un air sombre voila son regard si pétillant puis il raffermit son emprise sur moi, tandis que son autre main alla se placer sur ma hanche, en-dessous de mon t-shirt afin de caresser ma peau nue.

Mon souffle devint saccadé, tout comme les battements de mon palpitant. Pourquoi me faisait-il une chose pareille ? Si ma mère se levait et nous voyait, c'en serait fini de moi. Autant crever tout de suite que d'entendre ses discours moralisateurs pendant des journées entières. Déjà que j'étais punie jusqu'à nouvel ordre à cause de ce qui était arrivé la semaine dernière, je ne voulais surtout pas empirer mon cas.

— Cole, repris-je en avalant ma salive et en posant mes mains sur ses poignets afin qu'il me relâche. Tu es ivre, tu ne sais pas ce que tu fais.

— J'ai un peu bu, ricana-t-il en récupérant sa bonne humeur d'il y a quelques secondes à peine.

Ses yeux brillaient d'une lueur nouvelle et son sourire... était peut-être un peu malicieux, mais il était sincère. Même si je savais que l'alcool était un moyen pour lui de s'autodétruire, je devais bien avouer que j'aimerais le voir heureux comme ça plus souvent. D'ordinaire, il était beau à en tomber par terre, mais son sourire... ce sourire même qu'il était en train de m'adresser, damnerait un saint.

Il se pencha à nouveau sur moi et posa son front contre le mien, les yeux fermés.

Le contact avec sa peau enflammait la mienne, bien malgré moi, et ça m'agaçait vraiment beaucoup. Je le détestais, alors pourquoi m'était-il aussi difficile de le faire pleinement ? Il avait jeté mon collier dans l'évacuation de l'évier de sa salle de bain, juste pour me blesser. Il n'avait pas cessé de me menacer et de s'en prendre à moi depuis que j'étais arrivée dans cette maison. Il ne s'était toujours pas excusé d'avoir failli me renverser et d'avoir détruit mon vélo.

C'était un être hautain et méprisant, qui ne pensait qu'à lui et à son nombril. Ou du moins, c'était ainsi que je voulais le voir, car il m'était sans aucun doute plus aisé de le détester.

Il avait défoncé la tronche d'un connard qui s'en prenait lâchement à une fille en plein couloir. C'était bête de sa part de l'avoir fait, car c'était lui qui s'était fait punir en fin de comptes... mais ça avait été super courageux de sa part d'avoir défendu cette fille. Je ne lui avais pas dit ce jour-là, mais pour une fois, j'avais eu un peu d'estime à son égard. J'avais également trouvé très injuste le fait qu'il ait été le seul à se faire punir alors que l'autre bouffon aurait dû l'être également. Et pour n'avoir rien fait, comme par exemple être allée voir Sheppard pour lui expliquer ce qui était arrivé, je m'étais sentie bien lâche.

On ne s'était pas parlé depuis ces messages échangés, pas même croisés. Je l'avais évité comme la peste, alors pourquoi est-ce que je ne le repoussais pas tout de suite ? Je ne pouvais pas me permettre de retomber dans le même panneau encore une fois. Son tempérament ne me rassurait pas et cette fois, je devais prendre mes précautions. Je le pensais toujours : plus loin je me tiendrais de lui, mieux je me porterais.

Reprenant peu à peu mes esprits, je le repoussai doucement.

— Rentre chez toi, Cole.

— Pardon, dit-il en me lâchant complètement et en redevenant lucide.

Peut-être bien que l'effet de l'alcool commençait à se dissiper. Je ne lui en tiendrais pas rigueur, une fois sobre tout redeviendrait comme avant.

— Va dormir, Cole, soupirai-je en lui tournant le dos.

Mais il m'attrapa à nouveau par la main, comme toujours, tendrement. C'était quelque chose qui me déroutait énormément chez-lui, il avait beau se comporter comme un véritable salaud avec moi, jamais il ne m'avait fait mal physiquement, contrairement à...

Je balayai cette idée ridicule de mon esprit. Ça ne servait à rien d'y penser, je savais ce qui arrivait lorsqu'on fricotait avec des personnes psychiquement instables. Et je n'étais pas près de recommencer.

— Je ne veux pas rentrer, me confia-t-il d'une voix brisée.

Je fronçai les sourcils. Pourquoi ne voudrait-il pas le faire ? Il devait sans aucun doute être bien plus soûl que je ne le pensais.

J'attrapai son poignet délicatement et me rendis soudain compte d'une chose qui aurait dû me frapper depuis le début.

— Tu as conduit ?

Il nia et prit une grande inspiration.

— Non, j'ai pris un taxi.

Je soupirai, soulagée qu'il n'ait pas pris le volant. Ça aurait été très imprudent, non seulement pour lui, mais pour le monde l'entourant.

— Je suis cinglé, mais pas à ce point, ricana-t-il.

Et je ne pus m'empêcher de l'imiter. Je n'arrivais pas à établir son niveau d'ébriété. Il avait l'air soûl, mais pas autant que la semaine dernière. Il était plus tranquille aussi et il ne chantait pas des chansons du Roi Lion, ce qui était un bon signe.

— Laisse-moi entrer, s'il te plait.

Décidément, l'alcool le rendait poli, ce qui était drôle en réalité. Mais c'était une mauvaise idée de le faire entrer, même s'il restait sur le canapé. Au matin, ma mère le trouverait et j'aurais le droit à tout un interrogatoire, et c'était la chose que je voulais éviter le plus au monde.

— Liv, susurra-t-il d'une voix de velours alors qu'il se rapprochait de moi et que sa main remontait le long de mon bras, me donnant l'impression qu'une plume m'effleurait et me faisait frémir de la tête aux pieds.

Je relevai les yeux vers son visage et remarquai qu'il me dévorait complètement du regard, provoquant chez-moi cette sensation intensément délicieuse au niveau de mon ventre.

— S'il te plait, ne me force pas à aller là-bas. Demain, j'irai, je te le promets. Mais aujourd'hui, je ne pourrai pas le supporter.

J'ignorais de quoi il voulait parler, mais il semblait désespéré et à deux doigts de fondre en larmes, comme deux jours auparavant, lorsque des larmes de panique s'étaient échappées de ses beaux yeux bleus.

Ce garçon était un véritable mystère pour moi et je me demandais si j'arriverais à le percer à jour. Je me doutais que ce serait impossible, car lui et moi, ne serions jamais amis, c'était une évidence. Mais cela ne m'empêchait pas de m'interroger à son sujet, à mon plus grand désarroi. 

Jurant entre mes dents et me maudissant pour ce que j'allais faire, je l'attrapai par la main et il enlaça ses doigts aux miens alors que je le faisais entrer, pour ensuite, fermer la porte derrière moi.

***

Sachant Cole dans le salon, je n'avais pas pu fermer l'œil de ce qui restait de nuit. Je m'étais tournée et retournée dans mon lit, tandis qu'une tonne de questions plus loufoques les unes que les autres fusaient dans mon esprit.

Mon cœur aussi me jouait des sales tours. Il était lourd, impatient, et je détestais ça, tout simplement parce que mon cœur d'artichaud m'avait déjà fait faux bond par le passé, en jetant son dévolu sur la mauvaise personne. Alors désormais, je ne lui faisais tout simplement plus confiance. L'Olivia actuelle était plus cérébrale que l'Olivia sentimentale du passé, celle qui croyait encore à l'amour avec un grand A. Mais lorsqu'un garçon t'interdisait de faire certaines choses, de voir ou de parler à certaines personnes et qu'il devenait jaloux dès que tu n'étais plus sous son contrôle... ce n'était pas de l'amour.

Je n'avais pas fait attention à ces petits détails qui désormais me paraissaient pourtant évidents, car après tout, les choses s'étaient déroulées très vite. Les ordres sous forme de proposition ; le fait qu'on décide à ma place ; des remarques sur mes vêtements ; le fait qu'il veuille savoir où j'étais lorsqu'il n'était pas dans les parages... je n'avais pas donné d'importance à ce genre de signes, qui pourtant étaient clé. Mais le jour où il m'avait presque cassé le bras parce que je ne voulais pas faire ce qu'il disait, ce jour-là, au lieu de me plier à sa volonté, j'avais mis un terme à notre relation.

Oui, Nathan Hocking était un démon déguisé en ange et je m'en étais rendue compte trop tard, au moment où j'étais dans ses filets et qu'il pensait que je lui appartenais. Mais ayant toujours été très indépendante, il ne m'avait pas été difficile ou même déchirant de couper les ponts. Mais cela n'avait pas suffi pour qu'il arrête, en réalité, ça n'avait fait qu'empirer son comportement maniaque. Et je l'avais payé cher, très cher même.

Voilà pourquoi je ne faisais plus confiance aux sentiments. Afin de me protéger moi et ceux qui m'entouraient, je ne pouvais plus me permettre de faire les mêmes erreurs. Je n'en avais pas le droit. Pas après tout ce qui s'était passé.

Cole me bouleversait, je n'allais pas dire le contraire, mais c'était tout simplement car je ne savais pas à quoi m'attendre de sa part. Il était toujours aussi imprévisible, mais plus de la façon dont je pensais auparavant. Depuis la fête chez Greg, il y avait quelque chose de différent. Nous nous prenions le bec, certes, mais c'était presque devenu comme un jeu entre nous. Il me provoquait, je lui rendais la pareille et vice-versa. C'était bizarre, mais c'était ce que je ressentais.

Peut-être était-ce une tactique pour que je baisse ma garde et ainsi se venger pour lui avoir fait du chantage avec son journal. Mais là, en réalité, j'étais arrivée à un point où je n'en avais rien à faire, jamais je n'avais eu l'intention de le lire ou même de le publier si jamais il m'avait fait un coup tordu. J'en aurais été incapable même s'il avait été un véritable salaud avec moi.

Alex dirait que j'étais idiote de gaspiller une opportunité comme ça pour le contrôler, mais ce n'était pas mon genre et je n'allais pas faire quelque chose que je n'aimerais pas qu'on me fasse. C'était aussi simple que ça en réalité.

Le collier que mon frère m'avait offert était vraiment très important pour moi, mais il n'empêchait que cette petite vendetta entre Cole et moi ne rimait à rien. Nous pourrions unir nos forces afin de nous soutenir. Je ne voulais pas parler d'amitié, mais de respect et d'entraide. Ni plus ni moins.

Pourquoi être ennemis alors que nous pourrions devenir alliés ?

Désormais, les premières lueurs du jours filtraient à travers la fenêtre de ma chambre, l'illuminant presque entièrement.

Je me demandais comment est-ce que j'allais faire pour tenir le service cet après-midi et ce soir, je devrais sans aucun doute carburer au café pour pouvoir faire mon job jusqu'à tard dans la nuit. D'ailleurs, je devrais appeler un taxi pour pouvoir rentrer, à partir de dix-huit heures, les bus ne circulaient plus.

Je me redressai sur le matelas et séparai ma table de chevet du mur. Scotché à l'arrière de ma table de nuit, se trouvait le journal de Cole que j'avais ingénieusement caché deux semaines auparavant. Je le décrochai et sans faire exprès, il s'ouvrit et tomba par terre, entre la paroi et la table.

Je me souvenais encore de la première fois où je l'avais tenu dans mes mains, le jour où il était tombé de sa cachette. Ça faisait désormais trois semaines. Pourtant j'avais la sensation d'être au manoir depuis plus longtemps que ça, alors qu'en fait pas du tout. Pas même un mois s'était écoulé depuis.

Je me penchai en avant et le rattrapai, mais quelque chose tomba de l'intérieur des pages. Je refermai le carnet et ramassai ce qui était resté par terre. Une fois devant mes yeux, je découvris qu'il s'agissait d'une photo.

C'étaient deux enfants, dont l'un ressemblait énormément à Cole. Il devait avoir entre huit et dix ans, si mes calculs étaient exacts. Je me retrouvai alors à sourire tendrement devant sa petite bouille de gosse. Quant à l'autre enfant sur le positif, il s'agissait d'une fille qui lui ressemblait étrangement. Ils se tenaient de la main et semblaient vraiment complices.

Quelque chose dans cette image fit frémir mon cœur, mais j'ignorais quoi. Qui était cette petite fille ? Il ne pouvait s'agir de Cayley, à l'époque elle devait encore avoir près de cinq ans. Alors qui était-elle ? Cole avait-il d'autres frères et sœurs ? Peut-être bien que sa mère ou le mari de sa mère avaient des enfants ? Non, ça n'avait pas de sens, s'ils étaient demi-frères, ils ne se ressembleraient pas autant !

Puis en posant le cliché sur le lit, je remarquai qu'il y avait quelque chose d'écrit à l'arrière, mais c'était flou, comme si l'encre s'était décolorée.

Je l'approchai une nouvelle fois de mes yeux et lus clairement :

« Les deux faces d'une seule et même pièce », Amara et Jayden, été de leurs 9 ans.

La photographie m'en tomba des mains en comprenant parfaitement ce que cette phrase signifiait, mon frère et moi aimant nous définir de la même façon.

Cole a une sœur jumelle, pensai-je totalement abasourdie.  

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Voilà! Olivia sait ! Mais pas tout quand même 😉

J'espère que ce chapitre vous a plu, tout comme le petit rapprochement entre Liv et Cole. 

On se retrouve MERCREDI 17H pour la publication du chapitre 40, qui sera plutôt long et un point de vue de Cole en plus. 

Je vous souhaite un très bon week-end ! 

Tamar. 😘

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