Chapitre 38 Cole
Je garai ma Jeep sur E. Travis Boulevard, près d'un restaurant de tacos.
Ce vendredi était vraiment pourri. Mon père était parti ce matin, tout comme les deux morveux après l'école, ces derniers allant passer le weekend chez leurs mères respectives.
J'avais séché la dernière heure de cours, ainsi que les deux de retenue que je me coltinais depuis mercredi, et étais parti chercher Eli à son bahut. Je m'en fichais qu'Olivia balance mon absence à mon père, au point où j'en étais, je n'en avais absolument rien à foutre.
Les choses ne pouvaient pas empirer de toute façon. J'avais réussi à repousser l'échéance de presque un mois, ce qui n'était pas trop mal. Chaque fois que Piper me mettait le grappin dessus, j'avais envie de cesser d'exister. Et le pire là-dedans, c'était que je ne pouvais rien dire, parce que ça se retournerait inévitablement contre moi, elle me l'avait bien fait comprendre. Qui croirait la police ? Une jeune femme récemment mariée, douce et innocente, ou un petit rebelle comme moi qui ne faisait qu'enchaîner les ennuis depuis des années ? Je crois que la réponse était claire et nette.
Lorsque j'avais dit détester les chantages, je n'exagérais rien : je les avais en horreur. Le fait que les gens sachent des choses sur moi et s'en servent à mon encontre... je n'avais connu que ça toute ma vie. Et j'en avais vraiment marre d'être leur marionnette et de me laisser faire.
J'étais sorti d'un enfer sept ans plus tôt pour replonger dans un tout nouveau genre six mois auparavant. J'avais beau me creuser l'esprit pour trouver une solution afin de me tirer de ce mauvais pas, je n'y arrivais pas. À chaque fois, Piper plantait ses griffes plus profondément dans ma chair et il m'était alors impossible de lui échapper. J'avais été pris dans sa toile de veuve noire et désormais, c'était trop tard.
Si je parlais, c'en était fini de moi. Je finirais en taule car après tout, qui voudrait me croire ? Qui pourrait penser que cette belle femme blonde au visage d'ange était le Diable réincarné ? Personne. Elle était rusée comme un renard et si je voulais la faire plonger, elle trouverait le moyen de tourner la situation à son avantage et de me faire paraître coupable. Je l'avais déjà vue à l'œuvre et je savais parfaitement comment elle marchait.
Dire qu'elle était machiavélique serait un véritable euphémisme. Je n'avais pas vraiment les mots pour exprimer tout le mal que je pensais d'elle et ce que je ressentais à chaque fois qu'elle me touchait ou qu'elle...
Je serrai le volant entre mes mains de toutes mes forces, appréhendant tout ce qui arriverait cette nuit. Comme toujours, je snifferais de la coke afin de pouvoir le supporter, elle entrerait dans ma chambre et...
Je fermai les yeux et réprimai une nausée.
— Tu es certain que ça va ? me demanda Eli.
Je battis des paupières et m'efforçai de me reprendre. Ça ne servait à rien d'y penser et de ressasser, je savais ce qui allait arriver et je ne pouvais pas l'éviter alors... autant faire comme si de rien était. J'étais doué pour ça, depuis petit.
— Pardon, tu disais ?
— Tu es certain de vouloir venir avec moi ? Mon frère n'est pas très commode avec... les gens comme toi.
— Les gens comme moi ? Je suis un extraterrestre maintenant ?
— Disons qu'il a les riches en travers de la gorge.
— Tiens ! m'esclaffai-je. Ça nous fait un point en commun !
Elijah devait aller voir son frère après les cours et je lui avais proposé de l'emmener. De toute façon, je n'avais rien de mieux à faire. Je voulais m'occuper l'esprit et rentrer le plus tard possible à la maison. Si possible, ivre mort pour ne rien sentir, sinon je serais obligé de m'en remettre à la poudre blanche qui squattait à l'intérieur du tiroir de ma table de chevet. Ce même petit sachet qu'Olivia avait trouvé quelques semaines auparavant.
— Je suis sérieux, Cole. Diego peut vraiment être un con quand il le veut.
Sa remarque me fit pouffer. Je pouvais être le plus grand connard de tous les temps si je le voulais vraiment.
— Waouh ! Ça nous fait vachement de points en communs, dis-donc ! ironisai-je en ouvrant ma portière et en descendant de la voiture, avant de la claquer et d'attendre qu'Eli en fasse de même.
Il finit par s'y extirper et me rejoignit sur le trottoir.
Nous avançâmes droit devant nous pendant quelques mètres, avant de tourner à gauche dans Dover Avenue et continuâmes notre route avant de nous arrêter devant un immeuble à trois étages. Ce n'était pas le seul du coin, d'autres bâtiments se dressaient tout au long de la rue, les uns plus délabrés que les autres. Il y avait des tags sur les façades, des fenêtres cassées ou colmatées, des gens qui hurlaient avec une allure plutôt louche et des prostituées au niveau de chaque portail, alors qu'il faisait encore jour. On était bien loin d'Eastridge Hills ici, c'était comme franchir une ligne invisible ou entrer dans une autre dimension.
L'immeuble devant nous était tout en briques rouges et semblait solide, quoiqu'assez ancien également, mais était en meilleur état que ceux l'entourant. Si déjà la journée, les lieux me semblaient peu fréquentables, je ne pouvais m'imaginer ce que ce serait une fois la nuit tombée.
En plus, il y avait également une odeur à rat crevé et à égouts dans l'air qui était très désagréable. J'avais l'impression d'avoir fourré mon nez dans une fosse septique. Ces effluves étaient vraiment nauséabonds.
En nous approchant de l'entrée du bâtiment, lorsque nous montions les marches, je vis des seringues par terre. Décidément, c'était pire que ce que je pensais. Diego vivait dans une repère de junkies ou quoi ?
Eli fit semblant de ne rien voir et s'engouffra dans le bâtiment, dont la porte d'entrée était ouverte. Niveau sécurité, on repassera !
Si l'odeur à l'extérieur était désagréable, à l'intérieur, ce n'était pas mieux. Un arôme de pisse vint chatouiller mes narines et je retins ma respiration afin de ne pas tourner de l'œil. Bon sang, mais comment des gens pouvaient vivre dans ce genre de conditions ? Sans doute trop défoncés ou bourrés, les gens qui squattaient ces lieux se fichaient de faire leurs besoins dans les cages d'escaliers.
Mon ami alluma la lumière et... il ne se passa rien. Génial ! Devoir avancer à l'aveuglette dans ce genre de lieux, c'était ce que j'aimais le plus au monde.
Agacé, je pris mon portable et allumai la lampe-torche pour savoir plus ou moins où nous mettions les pieds.
Diego créchait chez un ami selon les dires d'Eli – un certain Drake qu'il ne semblait pas vraiment apprécier –, le temps que son travail dans la construction lui rapporte quelque chose et qu'il puisse louer un appart ailleurs.
Nous montâmes jusqu'au troisième étage et ne croisâmes personne, mis à part des odeurs plus étranges les unes que les autres et dont je n'avais pas envie d'en connaître la provenance.
Il y avait six appartements par palier et Eli s'arrêta sur le troisième sur la droite. Il appuya sur le bouton de la sonnette, mais comme celle-ci ne retentit pas, il toqua à quatre reprises, d'abord deux coups, une pause de deux secondes et encore le même nombre de coups. Tel un code qui avertirait son frère qu'il s'agissait de lui.
— Tu savais que ton frangin vivait dans un taudis pareil ? lui demandai-je.
— Non, j'ignorais même qu'il puisse y avoir ce genre de quartier à Fairfield. À côté, le Grace Hall c'est un hôtel cinq étoiles.
Soudain, j'entendis des loquets tourner à trois reprises et la porte s'ouvrit sur une version d'Eli un peu plus grande. Tous deux avaient la peau hâlée et les yeux clairs, ceux de mon ami étaient bleu-verts et ceux de son frère verts. Et tandis que mon complice avec les cheveux noirs courts, son frangin les avait châtain foncé mi-longs, ondulant sur les pointes. Ils se ressemblaient et en même temps pas tant que ça. L'aspect de leurs mâchoires était similaire, tout comme la forme de leurs yeux, mais leurs nez étaient très différents. Celui d'Eli était busqué et celui de Diego droit.
À travers son t-shirt à manches courtes, je pouvais voir des tatouages arborer ses deux biceps. Il portait également un anneau à sa narine gauche ainsi qu'un autre sur son lobe d'oreille gauche. Son regard se posa sur son frangin et finalement sur moi. Il me scruta de la tête aux pieds et arqua un sourcil avant de se tourner une nouvelle fois vers Eli.
— Qu'est-ce que tu fais là, Elijah ?
Sa voix était rauque et profonde, très différente de celle de son frère. J'y décelai également pas mal de colère. Nous avions un autre point commun, semblerait-il.
— Tu vas me laisser dehors ?
Diego serra les mâchoires et s'effaça pour nous laisser entrer.
Une fois à l'intérieur, la lumière éclairait la pièce. Il semblait être seul, n'ayant pas de signes de quelqu'un d'autre dans les parages.
Le petit salon se résumait à un canapé miteux à moitié défoncé et à une télévision datant d'au moins le début des années 2000. La cuisine était ouverte sur le salon et était composée d'un frigo dans un état déplorable, d'une plaque de cuisson sur un plan de travail et d'un micro-ondes qui semblait avoir vécu des jours meilleurs.
Il y avait également une pièce ouverte de l'autre côté du salon où trainait un matelas par terre. L'intérieur de l'appartement reflétait parfaitement le genre de personne qui l'habitait.
Diego s'assit sur le canapé, saisit le paquet de cigarettes ainsi que le briquet qui se trouvaient sur la petite table basse en bois et s'en grilla une.
Lorsque je le regardais, j'avais l'impression de voir le reflet sombre d'Elijah. Les deux frères se ressemblaient pas mal physiquement, même si je me doutais que ce n'était pas pareil niveau caractère. Puis sans aucun doute, ces années passées au trou l'avaient rendu encore plus indocile qu'il ne l'était déjà. Du moins, c'était ce dont Eli m'avait fait part une fois.
— Qu'est-ce que tu reluques comme ça, gringo* ? me demanda-t-il en me foudroyant du regard.
— Eh ! C'est mon pote, alors tiens-toi tranquille !
L'aîné soupira et leva les yeux au ciel, avant de porter une nouvelle fois la clope à ses lèvres et d'en tirer une autre taffe.
— Alors comme ça, c'est toi Jayden Coleman ?
— Faut croire, marmonnai-je.
Sa question me surprit un peu, j'ignorais qu'Eli lui avait parlé de moi. Mais surtout, je sentais une sorte de reproche dans le ton de sa voix. Je venais à peine de le rencontrer, pourquoi m'en voudrait-il ?
— Je ne... te voyais vraiment pas comme ça. Je m'imaginais un gringo bien snob habillé de marque, avec son petit sweat-shirt en laine Lacoste posé sur les épaules, dit-il d'un sourire railleur.
— C'est bon, arrête ton baratin, soupira Eli, agacé par le comportement de son frère. Comment peux-tu vivre dans un taudis pareil ? Si maman te voyait...
— Comme si elle en avait quelque chose à foutre ! Tu crois que ça me plait de vivre ici ? Je déteste, alors garde tes réflexions pour toi, hermanito**.
Il semblait à bout de nerfs, alors certes, les remarques d'Eli devaient le mettre en rogne. Franchement, qui vivrait dans ce trou par choix ?
— Où est Drake ?
— À ton avis ?
— Tu sais que tu peux encore te faire coffrer seulement pour crécher chez un dealer ?
Ainsi ce Drake était aussi dans le monde du dealing. Je ne ferais pas de réflexions, comme me l'avait si bien fait remarquer une fois Elijah, je n'étais pas le mieux placé pour juger ce genre d'activités.
— C'est ça ou aller crécher sous un pont.
Mon ami s'assit, l'air abattu sur le canapé à moins d'un mètre de son frère. Il avait le regard perdu, semblant réfléchir à quelque chose comme si sa vie en dépendait.
— J'essayerai de convaincre maman. Donne-moi juste un peu de temps.
— Laisse tomber, soupira l'ainé en s'affaissant contre le dossier pété du sofa. Tu sais combien les femmes mexicaines sont têtues. Elle ne va pas en démordre et de toute façon, je touche mon premier salaire demain. Trois cent dollars pour six jours de travail, je ne vais pas m'en plaindre. D'ici un mois, je pourrais sans aucun doute avoir assez d'argent pour louer quelque chose, loin de ce quartier de malheur.
Ouais, s'il avait de la chance que quelqu'un veuille lui louer quelque chose. Généralement, les gens étaient très réticents vis-à-vis des anciens taulards, même si ces derniers s'étaient rachetés une conduite.
— Il lui faut juste un peu de temps, tenta Eli d'excuser leur mère.
— Elle a eu deux ans ! J'ai payé pour mon crime, je ne sais pas ce qu'elle veut de plus !
Il n'avait pas tout à fait tort. Puis si comme disait Elijah, il avait vraiment cessé ses activités illicites, je ne comprenais vraiment pas pourquoi leur mère ne voulait même pas le voir en peinture.
— Tu sais bien comment elle est...
— Non, je l'ignore, il est là le problème ! Je n'ai pas commencé à vendre de la drogue à seize ans par plaisir ! Au cas où tu l'aurais oublié, après que ce salopard se soit barré avec sa stripteaseuse, maman a vraiment été au fond du trou, croulée sous les dettes et par une sacrée dépression. Pendant deux mois, on s'est nourris à base de riz, de pâtes et rien d'autre. Alors, excuse-moi si j'ai voulu faire en sorte que la situation s'améliore ! Certes, ce n'était pas la meilleure manière, mais j'essayais d'aider. Et encore une fois, j'ai payé pour mon crime, alors qu'elle tourne la page, parce qu'à la fin, c'est moi qui ne vais rien vouloir savoir d'elle !
J'avais l'impression d'être en trop dans la pièce, à vrai dire, je n'avais rien à foutre ici. C'était une conversation entre frères, je me tapais tout simplement l'incruste.
— Dit pas ça, ça va lui passer. Il lui faut juste du temps.
— Elle a eu deux putain d'années ! Qu'est-ce qu'il lui faut de plus ? La dernière fois, elle ne m'a même pas laissé rentrer dans la maison. Elle m'a dit de dégager, que son fils était mort. Sais-tu seulement ce que ça m'a fait ?
Mrs Fuentes pouvait vraiment être cruelle, en effet. Je pouvais plus ou moins le comprendre, même si je détestais ma mère. J'étais dans la capacité de me mettre à sa place et d'imaginer ce qu'il pouvait ressentir.
— Tu ne peux pas rester ici, Jake.
J'arquai un sourcil. Pourquoi tout à coup il l'appelait ainsi ?
— Tu crois vraiment que ça me plait de crécher dans cette piaule avec un taré comme Drake, sachant que tôt ou tard, il va m'attirer des ennuis ? Je déteste, mais je n'ai pas le choix. Je viens de sortir de taule et les gens n'aiment pas savoir ça au moment d'embaucher. Si Drake ne m'avait pas accueilli, je serais sous un pont à l'heure qu'il est.
Eli poussa un long soupir et me regarda.
J'avais eu tort de juger Diego la dernière fois, de penser qu'il n'avait pas quitté le monde de la drogue. Je m'étais comporté comme un con cette fois-là, en remettant en doute les dires d'Elijah. Son frère voulait s'en sortir, mais personne ne lui donnait un coup de main, pas même sa propre mère. Quant à mon ami, il faisait ce qu'il pouvait, mais il n'avait pas vraiment les moyens.
— Écoute, lorsque tu iras louer un appartement, si on te demande de donner une garantie, donne mon nom, lui proposai-je. Je peux me porter garant pour toi.
— Pourquoi ferais-tu une chose pareille ? me demanda-t-il, l'air suspicieux. On ne se connait pas et j'ai été un pauvre con avec toi tout à l'heure.
Je haussai les épaules comme pour enlever de l'importance à la chose.
— Tu es le frère de mon meilleur ami et j'ai les moyens de t'aider, alors pourquoi pas ?
Il nous regarda Elijah et moi à tour de rôle, toujours avec ce regard méfiant, et lança :
— Vous sortez ensemble ?
Je faillis m'étouffer avec ma propre salive alors que mon ami éclata de rire à s'en faire mal au ventre, tandis que Diego ne cessait de nous fixer de son air circonspect.
— Cole est tout aussi hétéro que toi ! Donc non, on est juste amis. D'ailleurs, il n'est pas mon genre.
Le message échangé quelques jours auparavant avec Olivia me revint en mémoire et sans même le vouloir, j'esquissai un sourire. Décidemment, je n'étais le genre de personne. J'allais finir par me vexer à force !
— Pardon, je ne voulais pas t'offenser, s'excusa Diego, visiblement gêné d'être arrivé à cette conclusion.
— Ça va, ça aurait pu être une possibilité, admis-je.
— Non, ricana Eli, ça n'aurait pas pu en être une. Tu as besoin d'aller chez l'ophtalmo, mon pauvre Jake.
Nous pouffâmes à l'unisson et l'ambiance sembla se détendre, surtout venant de la part de Diego, qui ne semblait plus aussi tendu qu'avant.
Il se leva, alla au frigo et sortit trois bières. Il nous en donna une à chacun et retourna s'asseoir à la même place que précédemment.
Nous les bûmes au calme, tranquillement, discutant de tout et de rien. Enfin, c'était surtout Eli et Diego qui parlaient, moi, je me contentais d'écouter attentivement. Mais le sujet de conversation avait dévié de leur vie familiale à quelque chose de beaucoup plus banale, comme la vie de tous les jours. L'aîné parlait de son boulot, bien qu'il soit dur et très physique, il le trouvait très gratifiant. Il ne cacha pas à son frère que c'était difficile et que la facilité de ses anciennes activités qui l'avaient conduit en prison lui manquait.
Le fait de vivre avec un dealer ne devait pas l'aider non plus, je me doutais que ce dernier le poussait à reprendre ses anciennes activités. Après tout, le travail était moins dur et l'on gagnait beaucoup plus.
— Et sinon, dit Eli pour changer à nouveau du sujet, tu as trouvé la fille que tu cherchais ?
Diego se figea sur place et posa son regard sur moi, pour me sonder de son air suspicieux.
— Oui, je l'ai retrouvée, avoua-t-il sans me quitter des yeux.
Sérieusement, c'était quoi son problème ? Je pensais que tout était ok entre nous ? Pourquoi me scrutait-il ainsi ? Je n'avais pas ouvert la bouche une seule fois depuis tout à l'heure et j'avais à peine bougé, me contentant d'écouter bien sagement les deux frères blablater de tout et de rien.
— L'ancien camarade de cellule de Jake lui a demandé de veiller sur sa petite sœur, me confia mon ami. C'est sa sœur ju...
— Eli ! s'énerva Diego en le coupant en plein milieu de sa phrase. Ferme-la, tu veux ?
Son visage se décomposa, vraiment surpris par sa réaction.
— C'est un secret ?
Le frère d'Elijah soupira, fortement contrarié et se leva, pour ensuite se diriger vers la porte et l'ouvrir.
— Je crois qu'il est temps pour vous de partir. Drake va bientôt revenir et il n'aime pas trouver des intrus chez-lui.
Mais quelle excuse bidon pour nous faire jarter !
Mon ami et moi nous regardâmes et finîmes par nous lever pour sortir. Une fois le seuil de la porte d'entrée franchit, je me tournai vers Diego.
— Mon offre tient toujours. Si tu as besoin, je peux me montrer garant pour toi au moment de louer un appartement.
J'étais vraiment sincère, ça ne me coûtait rien. Toutefois, je vis de la suspicion dans son regard. Je n'arrivais pas à voir de quoi il s'agissait, mais dès le début, il avait semblé avoir une dent contre moi. Je me souvenais la manière dont il avait prononcé mon prénom et mon nom de famille, ainsi que la façon dont il avait essayé de me rabaisser en faisant référence à mon statut social.
C'était la première fois que je le voyais de toute ma vie, mais lui, il semblait déjà me connaitre. Et la façon dont il me regardait désormais confirmait mes dires.
— Merci, mais je crois que je vais m'en passer, répondit-il avec dédain.
Elijah se raidit à côté de moi et foudroya son frère du regard. Il devait sans doute se dire qu'il était complètement taré de refuser mon aide. Mais s'il préférait vivre dans ce trou à rat, ça ne regardait que lui après tout.
— Comme tu veux, répondis-je tout simplement en haussant les épaules et en mettant les mains dans mes poches.
S'il était aussi débile pour refuser mon aide, libre à lui.
— Ce n'est pas contre toi, mentit-il en contemplant son frère, mais... je préfère ne rien devoir à personne.
Je hochai la tête et serrai les mâchoires. Et en plus, il me prenait pour un con. Pourquoi agissait-il ainsi ? C'était à cause de l'argent de ma famille ? Si ça avait été le cas, il aurait dû en profiter et non refuser. Non, c'était quelque chose d'autre, mais j'ignorais quoi.
— Allons-y, Eli, dis-je en m'éloignant de l'appartement et en prenant les escaliers après avoir allumé la lampe-torche de mon portable.
Je voulais par-dessus tout sortir de cet immeuble dégueulasse et me barrer loin de ce quartier pourri. J'ignorais où, mais surement pas chez moi.
D'ailleurs, je n'allais pas rentrer de toute la nuit. Piper ne m'aurait pas aujourd'hui, je m'y refusais. Elle devrait attendre à demain.
Ce soir, je voulais m'amuser tout simplement et ne penser à rien d'autre. Peut-être que mon sort demain serait pire, mais qu'importait ? J'avais déjà atteint le point de non-retour de toute façon.
Il ne pouvait y avoir rien de pire que ce qu'elle me faisait déjà subir.
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LEXIQUE
Gringo : appelation utilisée par les mexicains (ou les latino/hispaniques en général) pour désigner les américains.
Hermanito : petit frère
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Voilà ! Diego est enfin présenté !
J'espère que ce chapitre vous a plu, la suite arrive SAMEDI MIDI comme toujours et le chapitre 39 sera un point de vue d'Olivia.
Bonne fin de semaine à tous !
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