Chapitre 37 Olivia
J'avais aimé.
Pire encore.
J'avais adoré.
Même maintenant couchée dans mon lit, je ne cessais d'y repenser. Je voulais simplement l'obliger à retenir sa respiration, ainsi que le distraire.
J'ignorais si Cole en était conscient, mais il s'était écorché les poings en frappant la porte. J'avais vraiment halluciné en le voyant dans cet état, alors qu'il n'arrivait plus à se contrôler. Sa respiration allait tellement vite qu'il suffoquait. Lorsque j'avais essayé de le toucher pour tenter de le calmer, il m'avait bousculé violemment, mais il ne s'en était pas rendu compte. Je m'étais mangée la poignée de la porte dans mon flanc droit, mais il avait semblé ne rien voir du tout.
Il était effrayé, jamais je n'aurais imaginé le voir dans cet état. J'avais alors compris qu'il était claustrophobe et qu'en plus, il était en train de faire une attaque de panique.
Lorsqu'il s'était laissé glisser le long du mur, j'avais vu des larmes rouler sur ses joues, et ça avait fini par m'achever. Je ne pouvais m'imaginer ce qu'il ressentait, la sensation d'étouffement qu'il devait éprouver. Quoi que... si en fait. Je savais parfaitement ce que c'était de vouloir respirer et de ne pas pouvoir. Je n'étais peut-être pas claustro, mais je connaissais cette sensation, bien malgré moi. Le manque d'air faisait en sorte qu'on perde la vue et jusqu'à même l'ouïe, qu'on entende du moins un bourdonnement très désagréable. Les battements du cœurs augmentaient, ainsi que le flux sanguin.
J'avais essayé de le calmer, en prenant son visage entre mes mains, en tentant de lui parler... mais plus le temps s'écoulait, plus j'avais l'impression qu'il allait s'évanouir. Et tout ça, c'était arrivé à cause de moi, j'en étais consciente. C'était à moi qu'on avait voulu faire ce mauvais coup, pas à lui. Il se trouvait simplement au mauvais endroit au mauvais moment.
Et ce fut prise par cette culpabilité que j'avais plaqué mes lèvres sur les siennes afin de l'aider à retenir son souffle, ayant lu quelque part qu'un baiser pouvait stopper une attaque de panique... cependant, je ne me souvenais plus où.
Après que mes lippes se soient posées sur les siennes, tout s'était embrouillé dans mon esprit, je n'arrivais pas à comprendre ce qui s'était passé, ni les réactions que mon corps avait subies. Pourquoi avais-je fait une chose pareille ? J'aurais pu simplement poser ma bouche sur la sienne comme pour faire un bouche à bouche, mais au lieu de ça, j'avais franchi la barrière.
À ce moment-là, quelque chose en moi s'était lâché et je n'arrivais plus à m'arrêter. Ma langue avait franchi ses lèvres pour atteindre et caresser la sienne... Mais qu'est-ce qui ne tournait pas rond chez-moi ? Comment avais-je pu faire une chose pareille ?
Rien qu'en y repensant, tout mon corps s'enflammait, en commençant par mes joues !
Mais le pire, c'était lorsqu'il avait répondu à mon baiser en m'attrapant avec possessivité par les hanches afin de m'attirer encore plus contre lui. Et je n'arrivais toujours pas à comprendre comment je m'étais retrouvée à califourchon, alors que quelques secondes à peine auparavant, j'étais entre ses jambes.
Heureusement que j'avais repris mes esprits et que je m'étais écartée. Mais je ne m'étais pas du tout attendue à ce qu'il me regarde avec tellement d'avidité, quitte à m'en faire frémir, puis qu'il tente de m'embrasser à nouveau. Ça, ça m'avait foutu la trouille et j'avais posé instantanément ma main sur sa bouche, ne sachant pas quoi faire d'autre car j'étais pétrifiée, me rendant compte de ce que je venais tout juste de faire.
Et lorsque Mr Brown avait débarqué... mon dieu, quelle honte !
J'étais partie comme une furie, envoyant Cole balader lorsqu'il avait tenté de me rattraper. Ça m'avait laissé un goût amère dans la bouche, mais je n'aurais vraiment pas pu lui faire face. Je pensais même ne plus jamais pouvoir le faire.
Le fait d'avoir dormi dans son lit à ses côtés quelques jours auparavant n'était absolument rien en comparaison à ce qui était arrivé cet après-midi. Mais pourquoi diables avais-je fait une chose semblable ? Il ne me plaisait pas, c'était tout le contraire même. Il m'irritait au plus haut point et à chaque fois que nous étions confinés ensemble, nous ne pouvions cesser de nous provoquer par des joutes verbales assez violentes. Même si au fond, je devais bien avouer que ça m'amusait, car je ne me mordais pas la langue et lui non plus. Il était un adversaire digne de ce nom, dire le contraire ce serait mentir.
Relax, Liv, ça ne voulait absolument rien dire, ne cessais-je de me répéter en boucle dans ma tête depuis que j'avais quitté le lycée comme si j'avais le diable aux trousses.
J'étais rentrée en marchant et pendant tout le chemin, ce qui s'était passé n'avait cessé de turlupiner. À un moment, j'avais failli traverser la route alors que le feu était en rouge. Heureusement qu'une personne m'avait gentiment retenue par le bras, sinon en cet instant, je serais à l'hôpital... ou pire encore.
Le trajet m'avait pris plus d'une heure, mais cela m'avait aidé à me dépenser ainsi qu'à me calmer. Une fois arrivée à Eastridge Hills, j'étais allée directement à la pool house et je m'étais enfermée dans ma chambre. Depuis, je n'en étais plus sortie, même pour aller diner avec ma mère. À vrai dire, je n'avais pas faim, si je mangeais, je sentais que j'allais tout dégobiller tellement mon corps était nerveux.
Soudain, mon portable se mit à vibrer et cessa presque instantanément. Je venais de recevoir un texto.
Je l'attrapai et vis l'heure : deux heures du matin.
En voyant qu'il s'agissait d'un message de « Blaireau en puissance 10 », mon cœur rata un battement et ma respiration s'arrêta. Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien vouloir ?
Je déverrouillai l'écran de veille et ouvris le message.
Blaireau puissance 10 message envoyé à 01h58
Tu es dans la pool house ?
Je serrai les dents. Est-ce que je lui répondais ou l'ignorais ? Je me décidai rapidement pour la deuxième option et reposai à nouveau mon smartphone sur ma table de chevet. Je ne voulais pas lui parler, même par message.
Mais avant que je n'ai pu compter jusqu'à dix, il se remit à vibrer. Agacée, je le repris et lus son deuxième texto.
Blaireau puissance 10 message envoyé à 02h03
Tu vas m'ignorer maintenant ? Après ce qui s'est passé cet après-midi ? Ou dois-je venir te voir pour te rafraichir la mémoire ?
Je vis rouge. Vraiment ? Sa meilleure méthode en cet instant était de me provoquer en me faisant sortir de mes gonds ?
Je serrai les dents et lui répondis pour qu'il me laisse enfin tranquille, même si mes mains tremblaient et que mon cœur battait à cent à l'heure.
Olivia Vega message envoyé à 02h04
J'ai encore le droit de décider si je te réponds ou non !
Voilà, c'était fait, il pouvait me lâcher la grappe maintenant.
Toutefois, et sans vraiment savoir pourquoi, j'attendais une réponse de sa part, sans doute parce que je savais qu'il voudrait avoir le dernier mot, comme toujours. Mais le temps s'écoula et... ça n'arriva pas.
Alors j'en conclus que j'avais gagné la partie pour cette fois. Il me laissait avoir le dernier mot. Mais c'était me précipiter que penser une chose pareille.
Blaireau puissance 10 message envoyé à 02h10
Tu me rassures, je commençais à croire que tu étais tombée amoureuse de moi.
J'en restai bouche bée en lisant ce message. Non mais quel être imbu de lui-même franchement! Je n'arrivais pas à croire qu'il ait écrit une chose pareille.
Olivia Vega message envoyé à 02h10
Aimer un rat crevé dans ton genre ? Mon style c'est plutôt Elijah.
Eh bim ! Dans sa face, ça allait bien le calmer.
Blaireau puissance 10 message envoyé à 02h11
LOL que tu es innocente en plus d'aveugle. Tu n'es et ne seras jamais le genre d'Eli. Fait-moi confiance, ce serait perdre ton temps, ma petite Olivia.
Ma petite Olivia ? Il avait bu ou c'était quoi son foutu problème à ce blaireau ? Et pourquoi ne pourrais-je pas être le genre de fille qui plait à Elijah ? Ça s'était bien passé entre nous samedi dernier, selon moi, le courant était super bien passé. D'ailleurs, qu'est-ce qu'il pouvait en savoir ? Il avait été soûl tout le long.
Je ne répondis pas à sa dernière provocation et mis mon téléphone en mode avion, afin qu'il ne me dérange plus. Je le reposai sur ma table de nuit et cette fois, je m'obligeai à dormir, même si mon esprit luttait pour me refaire vivre ce qui s'était passé cet après-midi avec Cole.
Alors, après je ne sais combien de temps, submergée par la fatigue, je sombrais enfin.
***
Mon uniforme du country club consistait en une chemise blanche, un gilet d'homme bleu marine avec le blason des lieux en haut à gauche, un pantalon de la même couleur que le gilet et des chaussures plates noires. Fort heureusement, je n'avais pas à porter de nœud papillon, mais on m'obligeait à rassembler mes cheveux en une queue de cheval haute.
Je fermai la porte du casier du vestiaire et enfilai mes chaussures. Ce serait ma troisième journée de travail.
J'avais déjà pris quelques repères, mais j'étais encore un petit peu paumée sur certains points. Par exemple, normalement le club fermait à dix-sept heures, mais samedi comme il y aurait une cérémonie de mariage ainsi que les festivités respectives, tous les serveurs devaient rester jusqu'à tard dans la nuit car il y aurait plus de deux cents invités. Nous devrions préparer les tables, la décoration de la salle ainsi que le lieu de la cérémonie. Certes, les heures supplémentaires seraient payées et même si je ne travaillai pas ce samedi matin, j'ignorais si je pourrais aller rendre visite à Alex. Avec tout ce qui se passait, j'avais vraiment besoin de lui parler.
J'avais vraiment envie de le voir, mais avec mes horaires, je ne savais pas si entre le trajet vers Vacaville ; le temps que je passerais avec lui ; celui de l'attente du bus et le retour vers Fairfield, je pourrais arriver à temps au country club. Surtout que les horaires de visites étaient à partir de dix heures, pas avant, sinon ça m'aurait bien arrangé.
Je me consolai en me disant que je pourrais toujours l'appeler par téléphone pour prendre de ses nouvelles. Même si les entretiens téléphoniques ne duraient que quelques minutes, c'était toujours mieux que rien. Il faudrait que je m'en contente, même si cela ne me faisait pas plaisir.
— Olivia ! m'appela Shirley depuis l'entrée des vestiaires.
Cette jolie rousse s'occupait de moi le temps que je m'accommode totalement à mon nouveau travail, m'aidant à prendre mes repères. Puis j'étais certaine qu'elle me surveillait sous les ordres de Mr Reeves, apparemment, il y avait eu un scandale à peine un mois plus tôt. Trois serveuses auraient volé des clients, et selon ce que j'avais entendu, il était question d'argent et même de bijoux. Voilà pourquoi trois postes étaient à pourvoir, même si pour l'instant seulement deux avaient été occupés.
L'autre nouvelle s'appelait Veronica, une belle petite brune avec des yeux d'un bleu presque violets. Nous nous étions rencontrées pour la première fois mardi, alors qu'elle travaillait toute la journée.
Nous étions toutes les deux sous l'aile de Shirley, mais Veronica avançait beaucoup plus vite que moi, passant plus d'heures dans ces lieux. Elle avait toujours un sourire collé sur le visage, même si ses beaux yeux bleus avaient l'air relativement tristes. Elle ne parlait pas beaucoup non plus et avait l'air d'être très timide. À côté d'elle, j'étais une extravertie née.
— Oui ?
— Tu veux bien te dépêcher ? Tu es assez en retard comme ça.
Je retins un soupir d'exaspération et me contentai de hocher la tête, ainsi que d'arborer un sourire sur mon visage. Règle numéro un du country club : toujours garder le sourire. Chaque employé devait garder un rictus de niaiserie, c'était écrit dans le contrat que j'avais signé lundi. Il devait également être aimable avec les membres du club et toujours leur parler avec respect et égard.
Je pouvais respecter ces règles aisément, mais que se passerait-il si quelqu'un me cherchait des mouises ? Devrais-je sourire tandis que je me ferais incendier ? D'après Mr Reeves, oui.
Les membres étaient vraiment très importants et la direction prenait très à cœur le fait de les choyer, ce n'était pas pour rien qu'ils payaient une somme exorbitante tous les mois.
J'avais dû appeler un taxi une fois arrivée à l'arrêt de bus, étant donné que j'avais évité Cole de toute la journée et que de toute façon, il était collé jusqu'à la fin de l'année pour avoir tabassé un mec en plein couloir la veille.
Voilà pourquoi j'étais en retard, parce que mon moyen de transport à l'aller était en retenue.
Nous sortîmes des vestiaires et Shirley se dirigea vers la salle servant de lieu de réunion, là où des femmes prenaient le thé ou où des hommes buvaient un bon scotch en fumant un cigare alors qu'ils lisaient la presse écrite. L'endroit était calme et les gens semblaient joyeux ainsi que respectueux envers les personnes qui travaillaient ici.
On voyait bien qu'ils exerçaient des métiers de haut rang, comme médecins, avocats ou encore politiciens. Shirley m'avait dit que le maire de Green Valley venait tous les vendredis jouer au golf et siroter un bon bourbon. Il s'asseyait toujours au comptoir du bar et voulait qu'on le laisse tranquille pendant qu'il était en tête à tête avec son verre.
C'était des gens pétés de thunes et ils sponsorisaient d'autres gens pétés de thunes pour qu'ils puissent entrer dans le club. Bref, on n'allait pas trouver un travailleur de classe moyenne dans ces lieux, c'était sûr et certain. Même pour avoir un travail dans le country club, il fallait que quelqu'un te sponsorise. Mon sponsor était Piper, quant à Veronica, j'ignorais qui l'avait aidée à obtenir le job, mais sans doute quelqu'un du club.
C'était vraiment un système très sélectif. Il fallait montrer la taille de son portefeuille à au moins quarante membres avant de pouvoir entrer dans le cercle.
— Tu vas t'occuper de servir le bar. Tu ne peux pas préparer les boissons, Jimmy le fera, dit-elle en me signalant le barman qui était en train d'essuyer un verre de whisky derrière le comptoir. Ne touche pas aux bouteilles, si tu en casses une, elle te sera déduite de ta paye. Et crois-moi, ces alcools sont l'équivalent de trois mois de salaire pour toi, m'avertit-elle encore une fois.
Elle me l'avait déjà dit lundi et mardi, je supposais qu'elle me le répéterait jusqu'à ce que ça rentre dans ma tête ou qu'elle change tout simplement de disque.
Ainsi, je pris place à côté du bar et attendit à ce que quelqu'un vienne me demander quelque chose.
Après quelques minutes, un groupe de quatre femmes entra et alla se poser en terrasse. Shirley les reçut, ce sourire si affable collé sur les lèvres et elles s'assirent à une table sous la véranda.
J'observai ma supérieure, en voyant le maintient de son corps, la façon dont elle semblait s'adresser à elles. Un peu plus et elle leur aurait embrassé les pieds. Je détestais le fait de devoir servir les autres, surtout les plus riches.
Une autre femme entra dans la salle et je reconnus Piper, qui en me voyant vint vers moi, l'air vraiment heureuse de me trouver là.
— Comment se passent ces premiers jours de boulot ? demanda-t-elle en s'asseyant à un tabouret. Tu te plais ici ?
— Oui, c'est très... joli.
Même si c'était le mot « snob » qui m'avait effleuré l'esprit. Je comprenais désormais parfaitement pourquoi Cole semblait le détester.
— Tu t'y habitueras. Au début, ça m'a aussi fait très bizarre, désormais, j'adore cet endroit.
Je fronçai les sourcils. Ainsi, par ce qu'elle venait de dire, j'en déduisis donc qu'avant son mariage avec Mr Coleman, cette femme n'avait jamais mis les pieds dans un lieu de ce genre. Ce qui voulait donc dire, que contrairement à son époux, elle n'avait alors pas un seul rond. Quel était donc son métier avant son mariage ? Car visiblement, elle ne travaillait plus désormais.
— On se voit à la maison, finit-elle en me faisant un clin d'œil complice, en se levant et en se dirigeant vers la terrasse rejoindre celles qui devaient sans aucun doute être ses amies dans ce club.
Toutes commandèrent des thés glacés, à deux reprises et Shirley exauça le moindre de leurs désirs.
Selon elle, elles attendaient que leurs maris aient fini leurs parties de golf ou de tennis. Mais certaines étaient juste de là pour une petite réunion entre amies en plein milieu de semaine.
Le weekend, les lieux étaient bondés et par conséquent, il y aurait plus de travail. La semaine était relativement tranquille, alors que le samedi et le dimanche, les membres venaient se détendre après une longue semaine de durs labeurs.
Je regardai l'horloge se trouvant de l'autre côté de la salle et constatai avec soulagement qu'il ne me restait plus que trente minutes de service. Je mourais d'envie de rentrer chez-moi.
Ce fut alors que Mr Reeves débarqua, l'air renfrogné et demanda à voir Shirley en privé dans son bureau.
— Tu vas aller t'occuper de ces dames, dit-elle en me montrant le petit groupe de Piper. Je veux que tu les dorlotes, ce sont des personnes très importantes pour ce club. Plie-toi au moindre de leurs désirs.
Je hochai la tête et me dirigeai vers elles, avec mon plus beau sourire collé sur le visage. Je remarquai alors que la belle-mère de Cole était déjà partie, sans même que je ne le remarque.
Lorsqu'elles me virent arriver, elles m'examinèrent comme si je n'étais rien d'autre qu'un insecte, mais je pris sur moi et ravalai mes propos.
— Bonsoir mesdames, désirez-vous autre chose ?
— Oui ! dit une femme aux cheveux courts et blonds.
Elle portait des lunettes de soleils, une robe qui semblait être d'un grand couturier ainsi que des petites boucles d'oreilles en diamant que devaient coûter une véritable petite fortune.
— Mon fils fait quelques longueurs dans la piscine. Va le voir et dis-lui de terminer rapidement. Nous voulons partir.
Je la regardai un peu surprise par sa demande. J'étais serveuse, pas messager. Mais je gardai toutefois en tête ce que Shirley m'avait dit : « plie toi au moindre de leurs désirs ». Je me rendais bien compte que travailler ici signifiait être tout et n'importe quoi à la fois. Un de ces jours, je serais peut-être même cadis, qui sait ?
— Très bien, j'y vais tout de suite. Quel est son prénom ?
— Oh, il est le seul à utiliser la piscine en cet instant. Tu ne pourras pas te tromper de personne.
Je m'efforçai de lui sourire et une fois que je leur tournai le dos, je levai les yeux au ciel, agacée comme jamais.
Je sortis rapidement du manoir et me dirigeai vers la piscine, qui se trouvait à quelques mètres plus loin, devant descendre une petite pente pour l'atteindre.
Effectivement, il n'y avait qu'une seule personne dans l'eau, personne d'autre aux alentours. Sa serviette était posée sur un hamac et ses tongs au niveau de l'escalier de la piscine.
En ce moment, il était à l'autre bout, mais il revenait déjà vers moi, alors j'attendis quelques secondes, les bras croisés sur ma poitrine en l'observant faire des brasses. Une fois arrivé au bord, il sortit la tête de l'eau et prit une grosse goulée d'air, avant d'enlever ses lunettes de piscine.
Je reconnus alors ces cheveux blonds et ce sourire en coin de tombeur.
— Salut, sale garce, dit Aiden.
Bordel, je n'avais vraiment pas de bol.
Je pris une grande inspiration et fis abstraction du fait que j'avais envie de le noyer pour lui dire ce qu'on m'avait demandé de lui transmettre.
— Ta mère te dit de mettre un terme à ta trempette. Elle veut partir, alors magne-toi.
— J'ignorais que les boniches avaient le droit de parler ainsi aux membres du club, ricana-t-il en se nageant vers l'escalier et en sortant.
Il secoua la tête afin de se débarrasser de l'eau dans ses cheveux, me rappelant un chien après son bain.
— Je suis une serveuse, pas une boniche, répliquai-je sans perdre mon sang froid.
— Je croyais pourtant que tu venais d'une saga de boniches, se marra-t-il. Ta mère est une bonne, sans doute ta grand-mère l'était-elle aussi. Et désormais, toi. Tu dois être fière de perpétuer la lignée de boniches à laquelle tu appartiens.
— T'en as pas marre de t'entendre débiter tout ce tas de conneries ? rétorquai-je, vraiment à deux doigts de lui foutre mon poing dans la tronche.
Je n'avais toujours pas oublié que c'était lui qui nous avait enfermés dans la chambre noire. Je n'avais pas de preuves, mais je n'étais pas débile, après tout il m'avait menacé lundi même.
— Oh ! Je t'ai vexée ? Dommage pour toi.
Je levai les yeux encore une fois au ciel et me retournai, n'ayant pas envie de répondre à cet échange débile qui avait pour seul but de me mettre en rogne.
— C'était bien hier ? me demanda-t-il d'un air sardonique.
Je me stoppai et me retournai lentement, les dents et les poings serrées, faisant vraiment tout mon possible pour ne pas me jeter sur lui et le foutre un bon coup en plein nez. J'étais certaine que c'était une véritable chochotte.
— Oui, j'ai adoré me faire enfermer dans une petite salle sombre, ironisai-je.
À cause de toi j'ai dû embrasser Cole, pensai-je en le foudroyant du regard.
— Content que tu aies pris ton pied, répondit-il en prenant sa serviette et en frottant ses cheveux alors qu'il passait à côté de moi. La prochaine fois, je m'enfermerai avec toi et on prendra notre pied ensemble.
Puis il me fit un clin d'œil qui me retourna les tripes. Il pouvait toujours courir. Si cela devait arriver, il ne voudrait surtout pas se retrouver avec moi dans un espace confiné. Il ressortirait de la salle eunuque.
— Tu peux toujours rêver, ça ne coûte rien, réfutai-je avant de m'en aller comme une furie en retenant ma colère, sans prendre la peine d'écouter le reste de sa connerie.
Si j'avais pu, je lui aurais refait le portrait, quitte à me faire virer. Mais je ne voulais pas mettre Piper dans une situation compromettante, alors que c'était elle qui m'avait décroché ce job. Ce ne serait pas très reconnaissant de ma part, je lui ferais perdre la face devant le reste des membres du club et cela nous attirerait des problèmes à ma mère et à moi.
Pour le coup, je devais être réfléchie et ne pas laisser mes émotions me submerger, même si j'avais vraiment envie de faire ravaler sa joie à ce débile profond.
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Voilà! J'espère que ce chapitre vous a plu !
On se retrouve MERCREDI 17H pour la publication du chapitre 38, qui sera un point de vue de Cole et où on rencontrera un personnage qui a déjà été mentionné à plusieurs reprises mais qui n'est pas encore apparu.
Je vous souhaite à tous un très bon week-end ! 😘
Tamar.
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