Chapitre 32 Olivia


Je me retrouvais dans les gradins du stade de foot, en plein milieu d'une foule excitée qui ne cessait de crier le nom du quarterback de mon lycée : Nathan Hocking, Nat pour les intimes... dont je faisais partie.

Mon petit-ami venait de mener son équipe à la victoire, en donnant toujours et encore le meilleur de lui-même. Les Wildcats de Windward avaient pulvérisé les Eagles de Brentwood, avec un score de cinquante à trente-et-un.

Mon amie Jenny ne cessait de sauter à côté de moi, ce qui me faisait rire. Je n'aimais pas particulièrement le foot, mais depuis que je sortais avec Nat, je venais voir tous ses matchs. Je trouvais que c'était important qu'il voit que je le soutenais, même si je m'ennuyais à mourir. Heureusement que mon amie était une férue de sports et qu'elle m'accompagnait sans rechigner, grâce à elle, je pouvais au moins savoir qui gagnait ou perdait.

Le match terminé, je devais aller voir Nat dans les vestiaires avant de rentrer, lui ayant promis avant que celui-ci ne commence.

Nous quittâmes les gradins, tout comme la foule déchaînée et Jenny partit vers le parking tandis que je me dirigeais vers les vestiaires de l'équipe de foot. Cette fois, le match avait eu lieu à Windward, la prochaine fois ce serait à Brentwood.

— Dit à Nat de ma part à quel point il était génial ce soir ! Allez les Wildcats ! hurla la jeune asiatique en me faisant rire au moment où nous nous quittions pour aller chacune de notre côté.

Je lui fis un clin d'œil et filai, avant de rater les gars.

En me voyant, les gens me souriaient et me félicitaient, tous savaient que je sortais avec Nathan Hocking depuis maintenant près d'un mois. Moi, la petite nouvelle des bas-fonds de Lincoln Heights, sortait avec l'un des gars les plus adulés du bahut. Le mec parfait, comme beaucoup disaient : beau, athlétique, intelligent... Nat avait vraiment tout pour lui, je ne pouvais pas m'en plaindre.

La plupart des filles étaient mes « rivales » et se demandaient ce qu'un gars comme lui avait bien pu voir en moi car décidément, il n'était pas avec moi à cause de l'argent, ça c'était sûr et certain. Ma famille ne détenait pas un seul rond et si je pouvais étudier dans ce bahut, ce n'était ni plus ni moins que grâce à une bourse que j'avais décrochée à cause de mes capacités en mathématiques ainsi que dans d'autres matières.

Je me dépêchai, avant qu'ils ne débarquent tous et ne sortent pas des vestiaires avant une bonne heure. Il était tard, je devais rentrer chez-moi et ma maison n'était pas tout près, ayant plus de trente minutes de trajet à parcourir en voiture. Heureusement que Jenny me ramenait, sinon en bus ça m'aurait pris plus d'une heure.

En arrivant devant les vestiaires, je m'appuyai contre un mur et attendis patiemment qu'ils débarquent, ce qui ne devrait plus tarder.

Plusieurs cheerleaders passèrent devant moi et me reluquèrent méchamment, mais je fis semblant de ne rien voir. Je n'en avais rien à faire de ce qu'elles pouvaient penser, elles étaient jalouses, point à la ligne.

— Ton mec a fait du super boulot ce soir, j'espère que tu sais comment le remercier ! ricana une d'entre elles en me fixant avec insistance.

La gratifier de mon majeur fut ma seule réponse à ses insinuations à deux balles. Elle me rendit mon geste et déguerpit avec ses deux amies.

Nat avait peut-être fait un superbe match, mais cela ne signifiait pas que j'allais écarter les cuisses pour autant. J'avais plus de dignité que ça, contrairement à elles qui perdaient leur culotte à chaque fois qu'un joueur de foot leur adressait la parole. C'était d'un pathétique, franchement...

Puis alors j'entendis plein de boucan et les gars débarquèrent, rigolant et poussant Nat de tous les côtés pour le charrier. Ils avaient l'air vraiment heureux, ainsi qu'euphoriques. Leur joie était vraiment contagieuse.

Ils entrèrent dans les vestiaires tout en me lançant des regards entendus et mon blondinet vint vers moi, le sourire aux lèvres pour m'embrasser sans attendre une quelconque permission de ma part. Et je le laissai faire, même s'il ne sentait pas vraiment la rose après avoir tellement transpiré sur le terrain.

— Félicitations ! dis-je une fois qu'il se sépara de moi. Et aussi de la part de Jenny, elle a dit que tu avais été top !

Nat ricana, leva les yeux au ciel, me serra dans ses bras en enfouissant son visage dans mon cou et me leva dans les airs pendant quelques instants.

— Merci beaucoup, répondit-il en me lâchant et me regardant d'un air amusé. Et toi, tu as aimé le match ?

— De ce que j'ai compris, oui.

Il se marra et déposa un autre baiser sur le coin de mes lèvres.

— Tu viens à la fête de Spencer ?

Il y avait toujours une fête après les matchs, surtout quand ils gagnaient. Cela ne faisait qu'un mois et demi que j'avais intégré Windward, mais j'avais déjà été invitée à plus de six fêtes, ces dernières ayant lieu les vendredi et les samedi. On pouvait dire que les week-ends étaient toujours bien remplis. C'était d'ailleurs dans l'une d'entre elles que j'avais fait la connaissance de Nat et qu'il avait commencé à s'intéresser à moi.

— Non, je dois rentrer.

— J'espère que tu plaisantes ! On est vendredi et il est à peine vingt-et-une heure !

— Je sais, mais aujourd'hui ma mère m'a demandée de rentrer tout de suite après le match.

— Tu n'es pas très drôle comme fille, bouda-t-il en faisant une petite tête de chien battu. Alors tu dois venir demain à la fête de Cassie.

Cassie McAndrews était la capitaine des cheerleaders et contrairement à d'autres filles de l'équipe, elle était plutôt sympa, pas comme ses pestes de camarades.

— Je passe te chercher, décida-t-il à ma place.

Je ne rigolai que de plus belle. Lui ? À Lincoln Heights ? Je n'attendais que ça. Un petit riche dans son petit bolide traverser les dangereuses rues de mon voisinage... ça promettait.

Toutefois, je devais bien avouer ne pas aimer qu'on décide pour moi, étant du genre têtue et très indépendante. Ce fut surtout son ton qui me fit un peu tiquer, mais... j'en faisais sans aucun doute tout un plat pour rien. Il voulait simplement passer du temps avec moi, c'était sans doute ça.

— Je verrai bien, ricanai-je en le poussant pour qu'il me laisse enfin partir.

Mais le visage de Nat se transforma : il ne me regardait plus d'un air pétillant, heureux, non, c'était tout le contraire. Ses yeux lançaient des éclairs, tandis qu'il serrait les mâchoires à s'en péter les dents ainsi que les poings, sans détourner la vue une seule seconde.

Une peur primaire s'empara de tout mon être, faisant en sorte que tout mon corps se mette en état d'alerte, alors que les poils de ma nuque se hérissaient en sentant ses prunelles noires sur moi, tel un prédateur guettant le moment opportun pour bondir sur sa proie afin de l'achever.

Mon cœur se mit à battre à toute allure, pompant le sang à travers mes artères à une vitesse folle. Qu'est-ce qui se passait, bon sang ?!

Je n'arrivais plus à bouger, mon corps était pétrifié et le temps semblait s'être arrêté. Je n'entendais plus rien, pas même un simple son, tout était muet, il n'y avait que nous deux ainsi que cette peur qui s'était emparée de moi.

Ce fut à ce moment-là, que tout le décor autour de nous changea en un claquement de doigts et Nat disparut sous mes yeux. Je me retrouvai alors dans une pièce sombre devant un miroir éclairé, en train de contempler mon reflet.

Comment étais-je arrivée là ? Qu'est-ce qui se passait ?

Mon reflet commença à changer progressivement sous mes yeux, se couvrant d'hématomes. Mon visage était écorché, mon œil droit enflé et mon haut de pyjama déchiré, laissant voir des ecchymoses au niveau de ma clavicule et mon torse.

Mes yeux se remplirent de larmes et la sensation d'avoir deux mains autour de mon cou en train de m'asphyxier m'empêcha de respirer.

Et en regardant mes mains, je remarquai qu'elles étaient pleines de sang...

***

Mes paupières s'ouvrirent et le cauchemar cessa. Un souvenir mélangé à un cauchemar pour être exacte.

Ma respiration était saccadée et je sentais encore des larmes rouler sur le coin de mes yeux. Je posai alors une main sur mon cœur, ce dernier battait à cent à l'heure et j'avais peur qu'il ne s'arrête d'un coup.

Revoir Nat à travers mes rêves... c'était vraiment cruel. Mon subconscient était un véritable salaud qui prenait plaisir à me torturer avec de souvenirs qui se terminaient en cauchemar.

Je savais que ce n'était pas réel, que Jenny, Nat et les autres faisaient partie de mon passé, mais c'était tellement réaliste... j'avais même senti jusqu'à ses lèvres s'écraser contre les miennes. Et elles me donnaient littéralement la nausée.

Le visage de mon amie s'imposa à moi et je ne pus m'empêcher de penser à elle. Je ne l'avais pas revue depuis... le jour fatidique. Après ce qui était arrivé, elle avait complètement coupé les ponts avec moi, en même temps que je quittais ce lycée de bourges de malheur. Elle me manquait, même si je m'interdisais de penser à elle car ainsi, c'était beaucoup plus simple pour moi d'aller de l'avant : ne jamais regarder en arrière.

Jenny et moi avions vraiment sympathisé au cours de ces quelques mois de ma scolarité à Windward, mais après l'incident avec Alex... elle m'avait évitée comme la peste, comme tout le monde en réalité. Toutefois, je ne lui en voulais pas et lorsque j'étais partie de Los Angeles, je lui avais écrit une lettre sans pour autant lui dévoiler où j'allais.

Avoir un frère en prison faisait de toi une personne non-fréquentable selon beaucoup de monde, même si ce frère en question se retrouvait derrière les barreaux injustement. Les bourges ne voulaient pas comprendre et ils ne le feraient jamais.

Je voudrais monter dans une DeLorean DMC-12, faire un retour en arrière de huit mois et éviter une rencontre afin de changer le cours de mon histoire et de celle de ma famille, comme dans le film Retour vers le futur. Mais c'était bien beau de rêver, ce genre de choses n'arriveraient jamais. Dans cette vie, nous n'avions qu'une opportunité à chaque fois, impossible de revenir en arrière pour la changer. Et les choix que j'avais fait... m'avaient conduite ici et mon frère en prison.

Rapidement, les paroles de mon jumeau me revinrent en mémoire et je m'efforçai de placer tout ça dans un recoin de mon esprit pour ne plus y penser. Ni aux souvenirs, ni au cauchemar, ni à rien ayant un lien avec mon passé.

Ce fut alors que je revins à l'instant présent et que je me rendis compte que ma tête était posée sur une surface dure mais irradiant une chaleur très intense.

Où étais-je déjà ?

La surface bougea et je me relevai d'un bond en prenant conscience d'où je me trouvais : c'était la chambre de Cole et il... il tenait ma main droite dans la sienne, nos doigts étaient même entrelacés, tellement, que je ne les sentais plus. Merde ! J'avais dormi dans son lit, ma tête posée sur son torse, main dans la main...

Mon cœur fut pris de panique et assez abruptement, je me défis de son emprise, ce qui me valut de me ramasser par terre. Mais étrangement, ça ne sembla pas le réveiller. Il continua à dormir en se plaçant cette fois sur son flanc gauche.

À genoux par terre et avec mes bras appuyés sur les matelas, je l'observai, yeux écarquillés et n'en croyant toujours pas ces derniers.

Bon sang... mais comment avais-je fais pour m'endormir dans son lit ?

Puis ce qui était arrivé la veille me revint en pleine poire : Cole ivre mort qui ne cessait de faire l'imbécile et qui avait fini par dégobiller tripes et boyaux sur lui et sur moi alors que je venais à peine de le faire entrer dans sa chambre. Je l'avais emmené à sa salle de bain et il avait continué à gerber pendant pas mal de temps, s'en mettant toujours partout.

Je lui avais enlevé ses fringues et les avais rincées sous le jet d'eau de sa douche avec les miens après l'avoir couché dans son lit. Je me souvins aussi d'avoir remarqué plein de cicatrices sur son dos. Sans vraiment m'en rendre compte, je les avais effleurées doucement alors que plein de questions se bousculaient à l'intérieur de ma tête. Puis j'en avais vu également sur son torse, mais ce n'était rien comparé à celles se trouvant sur ses omoplates ou au niveau de sa colonne.

Mon cœur se serra dans ma poitrine alors que je l'observais, dormant paisiblement. Avec quoi lui avait-on infligé ça ? Et surtout... qui ? Ces marques semblaient dater, ce n'était pas quelque chose de récent, toutefois ça m'avait choqué. Lui avait-on fait ça lorsqu'il était un gamin ? Ou s'était-il infligé ça lui-même ?

Mais pourquoi étais-je resté à ses côtés alors que j'aurais dû prendre mes jambes à mon cou au moment où je l'avais fourré dans son lit ? Tout simplement parce que je craignais qu'il ne s'étouffe avec son vomi si jamais les nausées reprenaient. Alors j'avais enfilé un de ses t-shirts que j'avais trouvé dans l'un de ses nombreux tiroirs et je m'étais assise à côté de lui, en l'observant et attendant que le temps passe pour m'assurer qu'il allait bien et ainsi pouvoir rentrer l'esprit tranquille chez-moi. Mais la fatigue avait dû avoir raison de moi et j'avais fini par m'endormir.

Pourtant c'était bizarre, car il portait un t-shirt et lorsque je l'avais couché, il était torse nu, ce qui voulait dire... qu'il s'était réveillé en pleine nuit et qu'il m'avait vue ! Mais dans ce cas, comment pouvais-je être encore vivante ? Il m'avait même couvert avec sa couette... Toute cette situation était vraiment très bizarre et ça me faisait paniquer davantage.

Merde ! C'était catastrophique ! Je devais déguerpir avant qu'il ne se réveille à nouveau et que je ne doive lui faire face. Avec un peu de chance, il aurait oublié cette nuit, ce qui ne serait pas étrange vu la quantité d'alcool qu'il avait ingurgitée.

Je me levai et me ramassai encore une fois en me prenant les pieds dans la couverture qui était tombée avec moi. Je me débarrassai d'elle et fonçai à la salle de bain, priant pour que mes vêtements soient secs et essayant de faire le moins de bruit possible.

Heureusement pour moi, c'était le cas... ou plus ou moins pour être exacte. Mon pantalon et mon t-shirt étaient encore un peu mouillés, mais ça suffisait amplement pour que je les enfile et rapplique de l'autre côté du jardin. J'ignorais quelle heure il était, néanmoins il valait mieux qu'il ne soit pas trop tard, sinon j'allais avoir de sérieux problèmes avec ma mère si elle ne me retrouvait pas dans mon lit. Et si jamais on me voyait sortir de la chambre de Cole, je me retrouverais vraiment dans le pétrin, sachant pertinemment ce que les gens penseraient.

Je sortis de la salle de bain sur la pointe des pieds, déposai le t-shirt que je lui avais emprunté sur un coin du lit et me dirigeai vers la porte. Je tournai tout doucement la clé dans la serrure et lorsque j'entendis un « clic », je l'ouvris et sortis, pour ensuite soupirer de soulagement avant de parcourir les corridors du manoir, descendre les escaliers, longer le hall ainsi que l'immense salon, pour finalement me retrouver dans la cuisine. Heureusement pour moi, il était sept heures trente – comme il était marqué sur l'horloge au-dessus du frigo – et tout semblait très calme.

Je sortis finalement dans le jardin et retournai dans la pool house, en traversant la pelouse telle une fusée alors que les aspergeurs étaient allumés.

En entrant chez-moi, j'étais trempée de la tête aux pieds.

— Je peux savoir où tu étais, jeune fille ?!

La voix de ma mère derrière moi me fit sursauter et je la vis, habillée d'un pyjama ainsi que d'une robe de chambre, installée sur une chaise de la cuisine, mains posées à plat sur la table et me foudroyant du regard. Flûte ! J'étais vraiment dans de beaux draps.

— Euh... je...

— J'ai passé toute la nuit à t'attendre, Olivia ! s'énerva-t-elle en se levant telle une furie. Jayden est rentré, mais pas toi !

Donc, elle avait vu la voiture mais ne nous avait pas vus nous... c'était un soulagement. Surtout qu'elle ignorait que nous nous étions rendus à la même fête. Je ne tenais en aucun cas à ce qu'elle apprenne que j'avais dormi dans sa chambre. Si déjà moi, je flippais à mort, alors elle... elle en ferait toute une histoire. Alors je devais vite inventer quelque chose.

— Désolée, la fête s'est un peu éternisée et je suis allée dormir chez mon amie Ivy.

En espérant que cette explication la contente... mais c'était mal la connaître, bien évidemment. Elle reviendrait à la charge tant que sa colère ne serait pas apaisée, autant dire que j'allais passer un sale quart d'heure ou plutôt, une très sale journée.

— Tu avais promis de rentrer à minuit !

Et techniquement, je l'avais fait... sauf qu'elle ne le savait pas.

— Je n'ai pas vu le temps passer, m'excusai-je. Il se faisait tard et Ivy m'a proposée de rester dormir chez-elle. Je ne voulais pas t'inquiéter, voilà pourquoi je suis partie aussi tôt, pour rentrer avant que tu ne t'aperçois de mon absence.

Heureusement, j'étais une très bonne menteuse et faire semblant était l'un de mes passe-temps préférés dernièrement.

— Tu aurais pu prévenir ! Pourquoi as-tu un téléphone sinon ?

— Je n'avais plus de batterie, mentis-je.

Ma mère me regarda d'un air méfiant, puis vint à mon encontre, les nerfs à fleur de peau. Tout ça arrivait à cause de Cole, pourquoi devais-je me retrouver dans la mouise par sa faute ? Si seulement il n'avait pas bu comme un trou, nous n'en serions pas là.

— Tu es punie, m'annonça-t-elle.

Je soupirai, vraiment agacée. Je n'avais plus dix ans pour me faire punir de sortie pendant une semaine, je pensais avoir nettement dépassé cet âge.

Toutefois, je me mordis la langue afin de ne pas aggraver mon cas. Règle numéro 1 du guide de l'enfant : ne jamais énerver sa mère déjà bien énervée de base, sous peine de prendre lourd. Et je tenais à ma liberté.

— Jusqu'à quand ?

— Jusqu'à ce que je le décide ! Franchemen, Olivia, après tout ce qui s'est passé ces derniers mois, tu oses me faire inquiéter de la sorte ?

Je savais qu'elle avait raison et j'aurais aimé lui dire que j'étais bien rentrée avant minuit mais que j'étais restée dormir au manoir... mais ça, c'était tout simplement hors de question. Elle flipperait grave et se ferait de fausses idées sur ma relation avec le fils de son patron, pour ensuite me faire la morale comme elle savait si bien le faire et ça, c'était la dernière chose dont j'avais envie.

— Toi et ton frère vous voulez ma mort !

Sa remarque me blessa, même si je la comprenais. Ces derniers mois avaient été très éprouvants, mais surtout pour elle, ayant dû gérer la mise en prison d'un de ses enfants, sa perte d'emploi et... moi.

Elle s'approcha un peu plus et me renifla.

— Tu as bu de l'alcool ?

— Non.

Ce qui, depuis le début de notre conversation, était la première vérité qui sortait de ma bouche. Je n'avais pas touché ne serait-ce qu'une seule goutte d'alcool lors de cette soirée.

— Bien, va prendre une douche et ensuite tu vas venir m'aider au manoir. Ce sera ta punition pour aujourd'hui.

Fait chier ! Je ne tenais pas à croiser Cole, ce serait vraiment trop gênant, que ce soit pour ce matin ou tout ce qui était arrivé alors qu'il était ivre mort.

— Je réfléchirai au reste de ta punition plus tard.

Je soupirai une dernière fois et me dirigeai vers la salle de bain, mais ma mère mit un point d'honneur à me faire comprendre à quel point mon comportement la révulsait.

— Tu me déçois énormément, Liv.

Je pris cette remarque comme un coup de poignard, mais je ne répliquai pas et m'engouffrai dans la salle d'eau, pour refermer instantanément la porte derrière moi et m'appuyer contre elle tandis que mes yeux se remplissaient de larmes.

Quoi que je fasse... elle serait toujours déçue. Ça avait toujours été ainsi. J'avais beau m'être faite accepter dans une école huppée grâce à mes capacités, ça n'avait pas suffit à avoir son approbation. Rien ne suffisait pour la contenter.

Je l'aimais de tout mon cœur, mais j'avais toujours l'impression de ne jamais être assez, de toujours la frustrer, que ce soit par mes mots ou mes actions.

Si j'étais morte ce jour-là, plein de soucis auraient alors été évités, alors peut-être qu'elle ne serait plus désenchantée. 

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Voilà! Je suis enfin de retour après quatorze petits jours de pause pour pouvoir écrire à mon aise et avancer dans mes deux histoires :)

J'espère que l'attente n'a pas été trop longue et que vous avez aimé ce chapitre.

Donc, on se retrouve MERCREDI 17h pour la publication du chapitre 33, qui serait un point de vue de Cole et je préviens d'avance qu'il sera plus long que la normale. Je ne le couperai pas en deux parties, je n'en vois pas l'intérêt, ça casserait tout simplement le rythme.

Je vous souhaite à tous un bon week-end !

Tamar 😘

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