— Désolé mon mignon, mais je ne l'ai pas vue, me répondit la prostituée en me lançant un sourire aguicheur. Mais si tu veux, je peux m'occuper de toi...

Elle tenta de me caresser la joue, mais avant qu'elle ne me touche, je reculai d'un pas. Sa proposition m'énerva car je n'étais pas là pour acheter des faveurs sexuelles, j'étais dans cet endroit de malheur parce que la personne que je cherchais avait disparu et que j'ignorais où elle pouvait bien se cacher.

Cela faisait deux jours désormais que je la recherchais et personne ne semblait l'avoir vue. Il fallait l'avouer : Ronnie était douée pour devenir invisible.

— Tu recherches Fletcher ? dit une voix féminine.

En tournant mon regard vers la droite, je la vis. Elle était adossée contre un mur, portant tout simplement une veste où je pouvais parfaitement voir son soutien-gorge. Pour le bas, elle ne portait qu'un string et des collants effilés, ainsi que des talons astronomiquement hauts. Je me demandai comment elle faisait pour marcher avec ce genre de choses aux pieds.

Je m'approchai alors d'elle afin de pouvoir la distinguer sous cette couche épaisse de maquillage. Elle portait également une perruque. Bien qu'avec toutes ces fanfreluches, elle ne semblait pas dépasser les vingt ans.

— Tu sais quelque chose ?

— Cela se pourrait.

Je n'avais pas de mal à piger ce qu'elle essayait de me dire : pas d'argent, pas d'infos. Je connaissais plutôt bien le monde de la nuit, là où il y avait des drogues, du sexe etc... je n'y étais pas étranger. Alors je savais ce qu'elle voulait.

— Combien ?

— Cent dollars.

J'arquai un sourcil. Même la meilleure des infos de tous les temps ne valait pas cent putains de dollars !

Mais j'avais vraiment besoin de retrouver Ronnie et en plus, pour moi cent dollars, ce n'était que dalle... même si j'avais l'impression de me faire escroquer.

Je soupirai et sortis de la poche arrière de mon jean deux billets de cinquante pour ensuite, les tendre à la femme.

Une fois qu'elle eut l'argent en main, elle l'examina à la lumière d'un lampadaire, comme pour s'assurer que je ne lui refilais pas de faux billets. Elle devait faire ça à chaque fois qu'un « client » la payait, pour ne pas avoir à se faire tabasser par son mac.

— J'ai vu Fletcher.

J'attendis qu'elle continue, mais elle avait l'air de vouloir se faire désirer.

— Où ça ?

— Entre Dover Avenue et E. Travis Boulevard. Mais c'était il y a deux nuits.

— Qu'est-ce qu'elle faisait ?

— À ton avis, mon chou ? ricana-t-elle. Je l'ai vue monter dans la voiture de plusieurs hommes en même pas deux heures. Il faut le dire, Fletcher est très expérimentée. Pendant son absence, elle a été très sollicitée.

Je soupirai d'agacement. Mais pourquoi Ronnie retournerait-elle faire le trottoir ? C'était totalement débile ! Je lui avais trouvé un travail bien dans une épicerie. Elle avait un bon salaire, un endroit où loger... alors pourquoi bordel de merde irait-elle faire le tapin ?!

— Quel est ton nom ?

— Pour le savoir, il faut payer.

Je serrai les dents encore une fois et sortis un billet de vingt dollars de ma poche, qu'elle m'arracha pratiquement des mains.

— Dixie, mais tu peux m'appeler comme tu le désires.

Et cette fois, elle commença à me caresser le bras. Sans aucune pitié, je la repoussai.

— Ton vrai nom, insistai-je. Et arrête de me draguer. Je t'ai payé alors réponds à mes questions ou rends-moi mon argent.

J'étais sérieux. Je détestai lorsqu'une femme me faisait du rentre dedans ou se montrait insistante, et par-dessus tout, je détestais qu'on me prenne pour un pigeon.

La fille sembla reprendre son sérieux et baissa le regard.

— Alice, répondit-elle en changeant totalement sa voix.

Auparavant, elle utilisait un ton aigu et mielleux, qui se voulait sensuel. Désormais, elle parlait avec sa véritable intonation et je pouvais par conséquent voir que jusqu'à maintenant, elle ne faisait que jouer un rôle afin de se faire du fric. En voyant que je n'allais pas rentrer dans son jeu, elle avait complètement changé de comportement.

Puis ensuite, elle enleva sa perruque blond platine et je découvris une jeune fille avec des cheveux roux et courts. Alors je me rendis compte qu'elle était vraiment jeune et qu'elle essayait de paraître plus âgée, un peu comme Ronnie lorsque je l'avais trouvée.

— Veronica n'avait pas l'air d'aller très bien.

Mon sang se glaça dans mes veines, en appréhendant le pire.

— Comment ça ?

— Elle avait l'air d'être ailleurs, totalement défoncée. J'ai essayé de la rattraper, de l'aider et c'est là que j'ai vu des marques de piqures sur ses bras. Elles avaient l'air récentes.

Je fermai les yeux, serrant mes poings et mes dents de frustration.

Bordel de merde ! Elle s'était shootée à l'héroïne, je la pensais pourtant clean depuis deux mois, depuis que je l'avais sortie de la rue.

— Tu es son copain ?

— Non ! répliquai-je.

— Un client inquiet alors ?

— Je n'ai jamais couché avec elle, marmonnai-je entre mes dents, vraiment dégoûté par ses insinuations.

Je n'avais jamais touché Veronica, j'avais simplement voulu l'aider, la sortir du merdier dans lequel elle se trouvait depuis toujours. Mais à croire que j'avais échoué, j'aurais dû plus la surveiller au lieu de la laisser vivre sa vie sans m'immiscer.

Elle n'allait définitivement pas bien et je devais la retrouver à tout prix. Mais si Ronnie ne voulait pas être trouvée, je n'avais aucune chance. Il me fallait de l'aide et pas celle des flics, pour être tout à fait honnête. Il était hors de question qu'ils la trouvent, sinon ils l'enverraient encore en maison d'accueil.

— Donne-moi ton téléphone, lui ordonnai-je.

Alice fronça les sourcils, pour finalement hocher la tête et me le céder.

— Si jamais tu la revoies, je veux que tu m'appelles immédiatement, l'informai-je en introduisant mon numéro ainsi que mon nom dans ses contacts. Tu seras récompensée pour ce service.

Je savais que si je ne lui promettais pas quelque chose en échange, elle ne m'avertirait pas si elle croisait Ronnie.

Puis je lui rendis son téléphone.

— D'accord... Cole, dit-elle en lisant mon nom sur son écran. Je te tiendrai au courant si jamais c'est le cas.

— Bien.

— Dis ! m'arrêta-t-elle alors que je commençais à m'en aller. Si tu n'es pas son copain et si tu n'es pas un client inquiet... pourquoi la chercher ? Elle te doit de l'argent ?

Sa dernière question m'arracha un sourire amer. Non, je n'étais pas son copain. Non, je n'étais pas un client inquiet. Et non, elle ne me devait pas d'argent. J'étais... quelqu'un avec des recours qui tentait de l'aider, tout simplement.

— Rien de tout ça.

— Les anges gardiens existent-ils donc ? continua-t-elle. Si c'est le cas, Ronnie a de la chance.

— Prend soin de toi, Alice.

Elle remit sa perruque en me souriant, pour ensuite se diriger vers une voiture qui s'approchait du trottoir, tandis que je m'éloignais en m'enfonçant dans l'obscurité de la nuit des quartiers malfamés de Fairfield.

Il était déjà deux heures du matin et j'ignorais où continuer à chercher. J'avais passé mes deux dernières journées à demander aux gens du coin s'ils l'avaient vue... et Alice avait été la seule à me donner une réponse plus ou moins concrète.

Cela faisait une semaine que je n'avais pas eu de nouvelles de Ronnie et là, j'étais vraiment très inquiet. Désormais plus qu'avant en sachant qu'elle se piquait à nouveau et qu'elle était retournée faire le trottoir. Elle était seule, sans avoir personne pour la protéger, étant donné que j'avais payé son proxénète pour qu'il ne l'approche plus.

Je n'y comprenais plus rien. Encore une semaine plus tôt, elle me disait à quel point elle était contente d'avoir trouvé un travail décent... alors pourquoi ce revirement ? Je n'arrivais pas à la saisir.

Il s'était forcément passé quelque chose qui l'avait conduite à écouter ses démons et à retomber dans les filets de son passé.

Mais quoi ? Telle était la question.

Et je comptais bien avoir une réponse à cette dernière.

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Ce chapitre est dédié à AmaraDeguelin pour avoir été la première fan de Cole, après juste lui avoir raconté quelques petits détails sur lui. 

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Premier chapitre du point de vue de Cole! Qu'en avez-vous pensé? 

Je sais que je n'ai pas révélé grand chose à son sujet, que ce soit sa force de caractère, ses traits physiques etc... mais c'est fait exprès. Tout comme Liv, je vais essayer de vous le faire découvrir tout au long de l'histoire. 

Pourquoi pensez-vous qu'il aide cette fille? Je pense que lors des chapitres suivants vous comprendrez mieux pourquoi je vous pose cette question. 

En tous cas, j'espère que ce chapitre vous a plu et que vous avez envie d'en apprendre plus sur Cole. 

Le chapitre 4 suit de près ^^