Chapitre 21 Cole
J'avais vu Olivia partir très tôt ce matin, ce que je trouvais étrange étant donné que nous étions samedi.
Elle était partie avant même que sa mère ne se lève pour nous faire le petit déjeuner. Étant donné que je ne dormais pas comme à mon habitude, je l'avais vu s'éclipser en douces, en essayant d'être le plus discrète possible.
Pour ma part, je n'avais pas pris le petit déjeuner avec tout le monde, comme toujours. J'étais tout simplement parti peu après Olivia pour retrouver Ronnie et Eli, qui avait veillé sur elle toute les nuits précédentes, profitant que c'était la semaine où sa mère travaillait à l'hôpital de nuit.
Mais en faisant la route en voiture, je vis Olivia à l'arrêt de bus prendre un en direction de Vacaville. Étrange, qu'est-ce que cette fille pouvait bien aller faire dans la ville voisine ? Surtout à ces heures du matin ?
Je n'étais pas vraiment de nature curieuse, mais avec elle c'était différent. Disons que j'essayais de savoir des choses sur elle au cas où elle viendrait mettre son nez dans mes affaires.
Elle devait me surveiller, pourtant, elle n'était pas allée cafter mes absenses répétées ces derniers jours, mais je n'étais pas assez bête pour lui faire confiance. C'était sans doute une ruse de cette peste de Piper pour me faire baisser ma garde et ça, c'était tout simplement hors de question.
Je pouvais peut-être paraître paranoïaque, mais avec cette femme dans le coin... qui ne le serait pas, franchement ? Elle adorait manipuler et j'étais certain qu'Olivia était à sa botte. Cette idée de m'avoir à l'œil, venait d'elle et non de mon père, je mettrais ma main à couper pour cette certitude.
Jamais au cours de ces sept dernières années, il n'avait eu une idée aussi saugrenue, même avec ses autres épouses. Il avait fallu qu'il ramène cette harpie à la maison et qu'elle commence à tout vouloir contrôler. Moi en premier.
Je savais que c'était une punition pour l'avoir évitée ces dernières semaines, ayant tout fait pour ne pas me retrouver seul avec elle alors que mon père, ma sœur et mon frère étaient absents.
Elle me torturait, plantant ses griffes sans que je ne puisse protester, pour avoir ce qu'elle voulait.
Je me demandais encore comment la situation avait fait pour dégénérer de la sorte et le pire, c'était que personne ne semblait s'en rendre compte. Si j'en parlais, personne ne me croirait, on me prendrait pour un dingue, pour une mauvaise langue voulant juste foutre en l'air le cinquième mariage de son paternel.
Et d'ailleurs... je ne pouvais tout simplement pas en parler, cette garce avait trouvé le bon moyen de pression pour me faire taire, même si cela signifiait que je mourais à petit feu dans mon silence, tout comme sept ans plus tôt.
Mais, je m'efforçai de ne pas y penser, sinon, je ne m'en sortirais pas. Et j'avais bien mieux affaire que penser à Piper et à tous ses sales plans pour pourrir mon existence déjà bien pourrie de base.
Je fis un arrêt rapide au Starbucks pour acheter trois frappuccinos à emporter, ainsi que des muffins, pour ensuite reprendre ma route afin de rejoindre le motel où Ronnie séjournait.
Après avoir garé la voiture sur le parking, je montai au premier étage des appartements et toquai à la porte 201, où j'attendis quelques secondes avant que mon ami ne vienne m'ouvrir.
Il n'avait pas l'air trop fatigué, malgré tout ce que je lui avais demandé de faire pour moi pendant ces trois derniers jours.
J'avais séché tous les jours et je m'étais arrangé pour que la direction n'appelle pas mon père en envoyant un mail bidon depuis son compte. J'avais dit être parti voir ma mère en Floride pour des raisons personnelles, connaissant ma situation familiale, je savais que jamais ils ne diraient quoi que ce soit. Et d'une certaine manière, je savais qu'Olivia tiendrait sa langue, mais j'étais certain que ça ne durerait pas longtemps.
Grâce à ce mail, j'avais pu avoir un peu de répit, mais la semaine suivante, je devrais me présenter aux cours coûte que coûte. Les premiers jours étant passés pour la cure, Ronnie devrait désormais rester seule la journée et la nuit. Je continuerais à venir la voir après le lycée, mais je ne pourrais plus être à son chevet, sinon je risquais le camp de redressement et depuis là-bas, je ne pourrais vraiment pas l'aider.
— Salut mec, bien dormi ? me demanda Eli, ce à quoi je répondis par un sourire narquois, étant donné qu'il savait parfaitement que je ne fermai pas l'œil depuis plusieurs nuits.
Jusqu'à ce que la fatigue me gagne et que je dorme pendant plusieurs journées d'affilée, comme d'habitude en fait.
— Ce serait plutôt à moi de poser la question, murmurai-je en voyant que Veronica dormait à poings fermés. Ça s'est bien passé ?
— Elle a eu quelques tremblements et nausées à cause de l'abstinence, mais dans l'ensemble, elle gère plutôt bien. Tu es là bien tôt, je t'attendais pour 10h, s'étonna-t-il en me laissant passer et en fermant la porte derrière moi.
— Je n'avais rien à faire, alors je suis venu te relever.
— Ça va, je peux rester. De toute façon, je ne veux pas rentrer à la maison.
— Comment ça ? m'étonnai-je.
Eli n'était pas du genre à ne pas rentrer, étant bien différent de moi.
— Diego m'a envoyé un message hier soir. Il compte passer à la maison et il préfère parler avec ma mère sans que je ne sois là, ne voulant pas m'impliquer au cas où ma mère ne serait pas disposée à parler avec lui.
Je voyais, le grand frère voulait retourner à la maison et il ne voulait pas qu'Eli se voit mêlé à une dispute, ce qui risquait forcément d'arriver en connaissant le caractère de feu de Mrs Fuentes. Eli et moi nous amusions à l'appeler « la femme dragon », à cause de sa main dure.
— Je vois.
— Je voudrais vraiment qu'il revienne. Surtout qu'il a un travail maintenant, il a arrêté de dealer. Il me l'a promis.
— Et tu le crois ?
Il sursauta face à ma question, que je trouvais pourtant légitime.
— Diego n'oserait jamais me mentir, tu m'entends ? Il a eu une période difficile et s'il a fait tout ça, c'était pour subvenir à nos besoins. Il a payé pendant deux ans ce qu'il a fait, désormais c'est un homme libre et il mérite qu'on lui donne une deuxième chance.
Je trouvais que c'était trop simple. Arrêter de dealer après être sorti de prison ? C'était tout bonnement impossible.
— Et dans quoi travaille-t-il ? demandai-je, vraiment curieux à ce propos.
— Dans la construction. Il a trouvé ce travail la semaine dernière.
— Et ça fait combien de temps qu'il est sorti du trou ?
— Un mois. Pourquoi tu me poses cette question ?
Il semblait agacé par mon interrogatoire.
— Où a-t-il créché jusqu'à maintenant ? Vu qu'il n'est pas rentré chez-vous et qu'il n'avait pas de travail pour se payer un logement ?
Elijah me foudroya du regard, comprenant parfaitement que je doutais de son frère aîné. Après tout, la police l'avait retrouvé avec un kilo de coke dans le coffre de sa moto, ce n'était pas rien.
— Chez un pote.
— Et ce pote...
— Arrête ça tout de suite, marmonna mon ami entre ses dents et en perdant patience. Diego a arrêté, et d'ailleurs, toi tu achètes bien de la coke, non ? Qu'est-ce que ça peut bien te faire ?
— J'espère vraiment qu'il a arrêté, répondis-je en faisant omission de ce qu'il venait de dire. Et que ta mère le laissera revenir, je sais qu'il te manque.
Il sembla se détendre et me sourit amicalement, pour ensuite me donner un coup au niveau de l'épaule tout en buvant une gorgée de son café.
Mon ami m'avait beaucoup de fois parlé de son frère, par conséquent, je savais à quel point il tenait à lui et le fait que sa mère le renie le blessait vraiment, car il avait l'impression de devoir choisir entre deux membres de sa famille.
Mais lorsque quelqu'un dealait et se retrouvait en prison pour en ressortir quelque temps après, il était vraiment difficile de se défaire des mauvaises habitudes. J'espérais de tout cœur que Diego avait arrêté ses activités illicites, sinon Eli en prendrait un sacré coup.
Soudain, Ronnie se leva du lit, les cheveux ébouriffés tandis que mon ami et moi étions assis sur des chaises, en train de parler calmement de tout et de rien.
Elle nous fit un petit coucou de la main et partit aux toilettes, où elle s'enferma pendant une bonne quinzaine de minutes.
Veronica n'avait pas un trop mauvais aspect. D'ici une semaine, elle serait comme neuve et elle pourrait commencer à travailler. Je lui avais trouvé un autre job, cette fois au country club de Green Valley, où elle serait serveuse, ayant entendu dire qu'ils avaient viré trois d'entre elles parce que certains vols avaient eu lieu pendant leur service, ce qui ne donnait pas une très bonne image du club. Alors, elles s'étaient tout simplement faites virer, sans même savoir si elles étaient coupables, ayant servi de boucs émissaires.
Tout ça, je le savais parce que trois nuits auparavant, Piper nous avait soûlé avec cette affaire pendant le diner – vu qu'elle était membre du Country Club de Green Valley –, se sentant soulagée de ne pas avoir été victime de ces vols mystérieux.
Du coup, je m'étais rendu le jour suivant jusque là-bas – vu que j'étais aussi membre même si je n'y avais jamais mis les pieds – et j'avais proposé sa candidature. Et vu la réputation de ma famille, elle avait été prise sur-le-champ, même si j'avais prévenu qu'elle ne pourrait pas commencer avant au moins dix jours, ils n'avaient pas répliqué une seule seconde.
— Pars dans l'après-midi, me conseilla Eli. Repose-toi, tu reprends les cours lundi et ce serait bien si tu n'en ratais plus aucun à cause du sommeil en retard.
Il n'avait pas tort, même si je savais que je ne pourrais pas dormir étant donné que mon corps n'était pas suffisamment fatigué pour ça, je ne me sentais pas au bord de l'épuisement. Mais peut-être qu'avec un coup de main de mon ami Téquila, je pourrais enfin trouver un sommeil apaisant, sans rêves pour me torturer pendant mon temps de repos.
Eli avait raison et en plus, Ronnie était entre de bonnes mains, je n'avais pas de quoi m'inquiéter sachant que jamais mon ami ne tenterait quoi que ce soit à son égard. À vrai dire, il y aurait plus de chances qu'il tente quelque chose envers moi, étant donné qu'il était homosexuel.
Généralement, les gens ne le croyaient pas lorsqu'il définissait son orientation sexuelle, car il était plutôt discret, n'aimant pas se faire remarquer, mais il aimait vraiment les hommes.
Pour rassurer Ronnie, j'avais dû le lui dire, même si mon ami n'aimait pas vraiment qu'on crie son homsexualité sur tous les toits, trouvant que c'était d'ordre privé. Mais là, je n'avais pas vraiment eu le choix et heureusement pour moi, il l'avait bien pris.
Et au cours de la journée, je me rendis compte que tous deux s'entendaient vraiment bien, s'alliant même pour m'enquiquiner, ce que je trouvais vraiment amusant. Veronica souriait et rigolait à gorge déployée en écoutant les histoires d'Eli sur son grand-père, un homme pour le plus spécial et que je n'aurais pas vraiment aimé rencontrer.
La jeune fille semblait aller mieux à chaque journée qui passait, sentant qu'elle voulait vraiment sortir du trou dans lequel elle s'était engouffrée une deuxième fois.
Son rire cristallin était vraiment magnifique, me rappelant des souvenirs que j'aurais préféré garder enfouis au plus profond de moi. Ils étaient vraiment beaux, voilà pourquoi ils me blessaient atrocement.
Finalement, je partis en fin d'après-midi, laissant Ronnie entre les mains de mon meilleur ami, qui me jeta presque de la chambre, voulant à tout prix que je me repose.
En plus, Patrick et Piper seraient absents, étant donné qu'il y avait un gala dieu ne sait où pour dieu sait quoi... je m'en fichais, la seule chose qui importait c'était qu'ils ne seraient pas là pour m'emmerder.
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Voilà! J'espère que ce chapitre vous a plu !
On se retrouve SAMEDI MIDI pour la publication du chapitre 22, qui sera un point de vue d'Olivia.
Bonne fin de semaine à tous !
Tamar 😘
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