Chapitre 20 Olivia
Le gamin qui se trouvait derrière mon siège était sérieusement en train de me les briser !
Ce petit con n'arrêtait pas de donner des coups de pieds et je commençais à en avoir plus que marre. J'avais beau lui lancer mes regards foudroyants, ça faisait rire ce sale mioche haut comme trois pommes !
Heureusement que nous venions d'arriver au pénitencier, sinon j'aurais dit un mot à sa mère, qui n'avait cessé de regarder son portable tout le long. Comment un parent pouvait permettre à son enfant de se comporter ainsi ?
Je soupirai un grand coup et fis une grimace lorsque mon flanc gauche m'élança à nouveau. Les jours avaient beau passer, j'avais toujours aussi mal. Au moins, je pouvais dormir, ce qui était un véritable soulagement. Étant une véritable marmotte, il me fallait mes huit heures de sommeil par nuit sinon au lendemain je ressemblais à un zombie.
En cette journée de samedi, m'étant levée assez tôt pour aller rendre visite à mon frère, j'avais dû prendre deux correspondances. D'abord celle allant de Fairfield à Vacaville, puis ensuite une autre allant de Vacaville au pénitencier. J'étais seule, étant donné que ma mère ne pouvait pas quitter son travail, alors j'étais partie de bonne heure afin d'éviter toute sorte de questions si jamais Piper me voyait filer.
Elle avait tendance à questionner, sans pour autant que ça ait l'air d'un interrogatoire. Je devais admettre qu'elle était plutôt douée pour ça, mais j'étais vraiment une professionnelle de la discrétion... ou pas tant que ça finalement.
En sortant du bus, je me dirigeai vers le bâtiment se trouvant devant moi. C'était là que les prisonniers pouvaient voir leurs familles sous les yeux des gardiens.
Une fois à l'intérieur, je déclinai mon nom et prénom à un surveillant et l'informai du prisonnier auquel je venais rendre visite.
Une femme d'environ d'une trentaine d'années m'accompagna jusqu'à la salle en question, tout en me disant de prendre place et d'attendre qu'on emmène mon frère.
Étant donné que c'était une prison de moyenne sécurité, nous pouvions parler face à face, sans qu'il n'y ait une vitre qui nous sépare. Nous avions même droit au contact physique, certes, il ne pouvait durer très longtemps, mais c'était mieux que rien.
Ce fut donc ainsi que je m'assis et attendis en silence, sous les yeux vigilants de trois gardiens postés à différents endroits de la salle, tandis que d'autres personnes attendaient leurs êtres proches enfermés dans cet endroit.
Je détestais cette prison, à chaque fois que je venais, des frissons me parcouraient littéralement tout le corps et cela devenait pire lorsque j'imaginais mon frère vivre parmi des criminels : des voleurs, des dealers, des escrocs etc. S'il avait été enfermé dans cette prison au lieu dans une de sécurité maximale, c'était parce que le crime duquel on l'accusait était considéré comme mineur, étant donné qu'il s'agissait de légitime défense.
Je poussai un long soupir et fermai les yeux, en m'empêchant de penser à tout ça, étant donné que je ne voulais en aucun cas plomber l'ambiance alors que je venais voir mon jumeau afin de lui changer les idées et non pour le morfondre encore plus.
Certains prisonniers commencèrent à arriver et je fus témoin d'une effusivité d'émotion qui me réchauffa le cœur ainsi que sourire. Mais Alex n'était toujours pas là, alors j'attendis encore, mes pensées cette fois déviant vers la semaine qui venait de s'écouler.
Mercredi, après mon cours de journalisme, j'étais rentrée à la maison seule, sans Cole, et je n'avais rien dit quant à son absence. Lorsque Piper m'avait vu rentrer à la maison le soir, j'avais inventé une excuse comme quoi une amie m'avait déposée devant la zone résidentielle.
Elle m'avait demandé où se trouvait Cole et j'avais tout simplement haussé les épaules, sans donner une réponse concrète tout en allant me terrer dans la pool house afin d'éviter de nouvelles questions que je me verrais obligée d'esquiver.
Le pire, c'était que je me demandais pourquoi je couvrais cette petite ordure de Jayden Coleman ! Ce n'était pas mon genre de me laisser intimider mais... il y avait quelque chose en lui qui me mettait à fleur de peau. Était-ce parce que je trouvais qu'il était violent et imprévisible ? C'était sans aucun doute ça qui me faisait peur.
Et pendant les jours suivants, alors que je pensais que rien ne pouvait arriver de pire, ce débile avait voulu continuer sa farce tous les matins en disant « devoir » m'escorter jusqu'au lycée, pour ensuite, me déposer à l'arrêt de bus le plus proche.
À chaque fois qu'il s'adressait à moi, il était mauvais et hautain, me regardant de son sale petit air suffisant que je détestais tant.
Il n'était pas allé en cours pendant tout ce qui restait de semaine, mis à part le matin quand nous partions pour le lycée, je ne l'avais plus vu, ayant séché du mercredi au vendredi. J'aurais dû aller voir Mr Coleman et tout lui balancer, juste pour bien l'emmerder. J'en avais marre qu'il m'appelle « la chieuse », « conchita » ou qu'il fasse des insinuations par rapport à ce qui était arrivé le jour où il m'avait balancé dans la piscine. Il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour me mettre mal à l'aise et le pire, c'était qu'il y arrivait à la perfection ce con !
Mais je ne voulais pas avoir plus de problèmes que nécessaire. S'il ne voulait pas aller en cours, ce n'était pas mon problème... du moins, c'était ce que je pensais jusqu'à ce que Piper la veille vienne me questionner directement dans la pool house, sous le nez de ma mère. Je me demandais si Cole n'aurait pas un deal avec quelqu'un de l'administration, parce qu'il semblerait que ses parents ne reçoivent aucun appel du lycée concernant ses absences, ce qui était tout de même très bizarre.
Toutefois, j'avais réussi à garder mon sang froid, alors que je racontais plein de mensonges. Mais désormais, c'était fini, je ne le couvrirais plus. Je ne devais en aucun cas lui montrer qu'il me faisait peur ou que je me sentais intimidée par lui. Non, je devais lui faire comprendre que j'étais au-dessus de tout ça et que je n'en avais rien à faire de lui, étant donné que c'était la vérité.
Il se montrait tellement blessant franchement, je me défendais, mais à la longue c'était compliqué. J'avais l'impression de me retrouver devant quelqu'un dénué du moindre sentiment, la seule chose que je percevais en lui c'était haine et colère. Envers son père, sa belle-mère et toutes les personnes habitant le manoir, dont moi bien entendu. Il ne me connaissait pas, pourtant il me haïssait déjà.
Il me stressait, trouvant qu'il n'était pas une personne stable, je devais toujours être sur le qui-vive, n'arrivant pas à me décontracter lorsqu'il était dans les parages. J'ignorais quel genre de problèmes psychologiques il pouvait avoir, mais je n'avais pas du tout envie de les découvrir... ou peut-être bien que si. Je ne cessais de me demander quel genre de soucis pouvait avoir un gosse pourri gâté comme lui pour se comporter ainsi.
En tout cas, j'avais eu ma dose de garçons violents dans ma vie, alors devoir me tenir près de cette bombe à retardement ne me plaisait guère. Ma mère ne semblait pas s'en rendre compte, mais...
L'arrivée de mon frère me sortit de mes contemplations et je me levai pour aller le serrer dans mes bras. Ça me faisait toujours bizarre de le voir dans cette combinaison bleue qui faisait office de tenue de prisonnier.
Alex enfouit son visage dans mon cou et soupira à fond, tandis que ses bras protecteurs m'entouraient, retrouvant enfin le cocon qui me manquait tellement ces derniers mois.
C'était la première fois que je venais lui rendre visite toute seule, alors je n'avais pas réellement pu parler avec lui. Même si ici nous ne pouvions pas parler franchement, à cœur ouvert, étant donné le nombre d'oreilles indiscrètes qui trainaient.
— Séparez-vous ! nous ordonna un gardien.
Bien qu'à contrecœur et en grognant discrètement à l'égard de l'homme, mon frère me lâcha, pour ensuite s'asseoir en face de moi, tout en allongeant la main afin de prendre la mienne.
Je lançai un bref coup d'œil vers le garde qui désormais regardait ailleurs et pris la main de mon frère.
Alejandro me sourit de toutes ses dents pendant que je le contemplais dans les moindres détails. Il avait l'air d'aller bien, peut-être semblait-il un peu plus fatigué par rapport à d'habitude, mais il n'avait pas mauvaise mine pour autant.
— Comment tu vas, hermanita ?
Je haussai les épaules, n'ayant pas envie de lui raconter mes problèmes. Comparés aux siens, les miens n'étaient absolument rien du tout. Je devais gérer ça toute seule, je pouvais le faire parfaitement.
— Très bien.
Son emprise sur ma main se resserra et il me foudroya du regard, sachant pertinemment que j'étais en train de lui cacher quelque chose. Ce qui en définitive était bien vrai.
— Ce n'est pas parce que je suis en prison que tu ne peux plus me raconter tes problèmes.
— Ce n'est rien, je t'assure, mentis-je en replaçant une mèche de mes cheveux derrière mon oreille.
Il m'observa pendant quelques secondes sans ne rien dire, se concentrant sur mon visage. Alex avait tendance à dire que j'étais un livre ouvert pour lui, pire encore ! Qu'il pouvait lire dans mes pensées, tout comme j'arrivais à le faire.
La connexion entre jumeaux était vraiment très particulière et je savais que ce n'était pas le cas de tous, mais lui et moi étions vraiment unis. Nous étions pour ainsi dire les deux faces d'une seule et même pièce, cette comparaison nous ayant toujours plu.
— Je te connais par cœur Liv. Qu'est-ce qui se passe dans cette maison ? Ces personnes sont-elles mauvaises avec toi et maman ?!
— Non ! me précipitai-je en voyant qu'il était à deux doigts de se lever.
Je pris son poing fermé entre mes deux mains et le lui caressai tendrement jusqu'à ce qu'il relâche la pression et se tranquillise, n'ayant aucune envie d'attirer l'attention des gardes.
Lorsqu'il s'agissait de ma mère ou de moi, Alex était capable de tout. Voilà pourquoi je ne voulais surtout pas qu'il s'inquiète pour moi.
— Ça va, tout va bien avec Mr et Mrs Coleman, c'est vraiment de bons patrons...
— Mais ? Je sens qu'il y a un « mais » quelque part, me coupa-t-il.
Comme il avait raison.
Si je ne lui parlais pas de Cole, il n'allait pas me lâcher, alors autant tout déballer en essayant d'amoindrir la chose.
— Le fils aîné... j'ai eu un accrochage avec lui au lycée, avant même de savoir qu'il s'agissait du fils de Mr Coleman, soupirai-je. Il a un sérieux problème comportemental.
Il était tout simplement hors de question de lui dévoiler que mon vélo avait fini sous les roues de sa Jeep. Il n'avait pas besoin de savoir tout ça, je me passerais bien des détails.
— Que veux-tu dire par-là ? s'impatienta-t-il alors que je sentais qu'il titillait sa jambe sous la table, ne lui manquant plus qu'à se ronger les ongles.
— Eh bien... il est du genre colérique et n'a aucune empathie.
— Tant que tu te tiens éloignée de lui... c'est quoi le problème ?
— Le problème est que Mr Coleman veut que je le tienne à l'œil au lycée et que je lui fasse des rapports à son sujet. Et maman a accepté à ma place.
Mon frère arqua un sourcil et fit tout son possible pour ne pas pouffer.
— Maman a fait une chose pareille ? Pourquoi donc ? Elle a perdu l'esprit ou quoi ?!
Je soupirai, ne sachant vraiment pas quoi lui répondre. J'étais d'accord avec le fait de se faire tous petits et ne pas causer de soucis, mais là, ça dépassait absolument tout ce dont nous avions discuté. La manière dont elle m'avait balancée à la gueule du loup... je n'arrivais pas à la saisir.
— Qu'est-ce que ce gars t'a fait ? Il t'a touché ?!
— Non !
Bon... il m'avait balancé dans la piscine, mais je me passerais bien de lui raconter ce moment-là.
— Il ne me veut pas dans ses pattes, alors... il m'a menacé.
Alex se mordit à plusieurs reprises sa lèvre inférieure, jusqu'à ce que je vois une petite goutte de sang s'y échapper. Il ne dit plus rien pendant un long moment, se contentant de fixer un point invisible au-dessus de ma tête, alors je sus qu'il était en train de réfléchir à la situation, à la façon de me venir en aide depuis ce trou.
— Il m'a dit que si je le pourrissais, il n'hésiterait pas à me rendre la pareille multipliée par mille.
— Et tu as peur, en déduisit-il.
— Je ne parlerais pas de peur... c'est juste qu'il est instable, je ne sais donc pas à quoi m'attendre de sa part. De plus, il est mauvais et hautain avec moi, vraiment méprisant. Et le pire dans tout ça... c'est que je ne peux pas répliquer.
C'était ça qui me tuait le plus, je voulais me défendre, lui dire ses quatre vérités, mais le travail de ma mère était vraiment important et à cause de ce que je dirais à ce petit con ou non... tout pouvait basculer et je n'avais pas envie de partir en laissant Alex derrière. Ce travail était vital, nous avions en plus un endroit gratuit où loger, que demander de plus ?
Je n'avais pas d'autre choix que de me mordre la langue et rester tranquille.
— Ne te laisse pas marcher dessus, Olivia ! s'énerva-t-il.
— Mais maman...
— Au diable maman ! Écoute, ce n'est pas elle qui doit le supporter, c'est toi ! Alors ouvre grand tes oreilles, d'accord ?
Il avait raison, c'était facile pour ma mère de me dire de rester tranquille alors qu'elle n'avait pas à subir cet abruti. Elle ne pouvait pas se mettre à ma place ou s'imaginer pourquoi le fait qu'il pète un câble me paralysait ou m'empêchait même de respirer.
— Ne montre jamais tes faiblesses, d'accord ? Même si tu es morte de trouille, car ce mec n'hésitera pas à s'en servir contre toi. Tu ne peux pas te permettre le luxe de paraître faible, suis-je bien clair ? S'il te menace, tu lui rends la pareille !
— Mais comment ?
J'ignorais comment faire avec ce type ! Il semblait se foutre d'absolument tout, comme s'il n'avait rien à perdre ! Je pouvais très bien rapporter à son père, mais une fois qu'il ne serait plus là, Cole me le ferait payer au centuple !
— Du chantage, dit Alex comme si c'était une évidence. Trouve sa faiblesse et exploite-la. Un secret ou n'importe quelle chose du genre !
Puis alors, je tombais sur l'évidence. Comment avais-je pu oublier une chose pareille ? Mais bien entendu ! J'avais eu la réponse sous le nez depuis une semaine ! Bon... plutôt dans un tiroir.
— C'est quoi cette tête ? Une idée vient de germer dans ton esprit ? se moqua-t-il gentiment de moi.
— Son journal, murmurai-je.
— Quoi ?
— Cole...
— Quoi ? Cole Coleman ? C'est une blague j'espère ! Mais c'est quoi ce jeu de noms pourris ?! se moqua-t-il.
— Son nom est Jayden Coleman, mais tout le monde l'appelle Cole, hormis sa famille, lui expliquai-je. Bref ! Ma chambre dans la pool house était la sienne et le premier jour, après m'être couchée sur le lit, j'ai entendu quelque chose tomber. Je me suis par conséquent baissée et après avoir tâté sous le lit à l'aveuglette, j'ai déniché son journal intime. Depuis, il poirote dans le tiroir de ma table de chevet.
Je me disais que s'il l'avait caché là, c'était pour que personne ne le trouve et donc... qu'il y avait sans aucun doute des choses qu'il tenait à garder secrètes.
Un sourire machiavélique élargit les lèvres de mon jumeau.
— Et... tu l'as lu ?
— Non, bien sûr que non ! m'offusquai-je. Pour qui me prends-tu ?
Il roula des yeux, exaspéré.
— Parfois tu es vraiment innocente, Liv ! Ce journal, tu vas le lire et tu trouveras sa faiblesse à l'intérieur, pour ensuite, lui faire ravaler sa joie ! Me suis-je bien fait comprendre ?
Je n'aimais pas ça. Peut-être bien que c'était un connard, mais je n'avais aucun droit d'empiéter sur sa vie privée. Je n'aimerais pas qu'on me le fasse, surtout qu'un journal intime, c'était vraiment très personnel. La personne couchait souvent ses pensées les plus profondes, les plus obscures et... je n'avais pas vraiment très envie de connaître les méandres du cerveau de Jayden Coleman !
— Je ne peux pas faire ça, soufflai-je.
— Et pourquoi ça ? Lui il ne se gênerait pas, crois-moi !
— Je ne veux pas entrer dans sa tête. Je trouverais un autre moyen.
Alejandro me regarda sévèrement, pour ensuite se détendre et soupirer un grand coup, sans pour autant cesser de m'observer de ses yeux sombres, si semblables aux miens.
— Ne lui montre jamais tes faiblesses, d'accord ?
— Promis.
— Et s'il dépasse les bornes... je...
— Ne t'inquiètes pas, le coupai-je, ne voulant surtout pas qu'il pense des choses pareilles. Je sais me défendre.
Il attrapa à nouveau ma main et enroula ses doigts aux miens, alors qu'il me regardait de cet air préoccupé qui était bien le sien : sourcils froncés tout en se pinçant la lèvre inférieure.
— Liv, je ne veux pas que ce qui s'est passé la dernière fois se reproduise. Même si tu dois l'avoir à l'œil, tiens-toi le plus loin possible de lui.
J'aurais vraiment aimé, mais je ne voyais pas comment alors que je vivais sous le même toit, que nous allions au même lycée ou encore qu'il m'accompagnait tous les jours jusqu'à l'arrêt de bus... Mais le fait d'être proche de lui physiquement, ne voulait pas dire pour autant être proche de lui mentalement.
— Promets-moi de faire usage de cette carte que tu as sous la main si nécessaire.
— Te lo prometo.
*******************************
Voilà! Premier chapitre où apparait Alex!
Qu'en avez-vous pensé? Surtout du conseil qu'il donne à Liv?
En tout cas, j'espère que le chapitre vous a plu.
On se retrouve MERCREDI pour le chapitre 21, qui sera un point de vue de Cole.
Bon week-end à tous !
Tamar 😘
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