Chapitre 19 Olivia

Je soupirai, agacée et endolorie.

La journée de cours était terminée et contrairement à ce que j'avais pensé, elle s'était déroulée vraiment rapidement. Puis... je n'avais pas vu la tronche de cake de ce débile de Cole, ce qui voulait sans aucun doute dire qu'il avait encore séché.

Je savais que je devrais en parler à son père, mais pour le moment... je m'en sentais incapable. Je ne voulais pas le couvrir et en même temps, je ne voulais pas être une balance.

En sortant de mon dernier cours, je vis les autres élèves se diriger vers les bus, tandis que moi, je pris la direction du cours de journalisme. Je n'en avais pas très envie, mais je ne voulais pas sécher encore une fois, étant donné que je l'avais fait la veille pour le cours de sport.

J'avais choisi cette activité extra-scolaire, désormais, je devais m'y tenir. Il y aurait encore des bus scolaires dans deux heures, à mon plus grand soulagement. Puis plus de points pour la moyenne, ça ne faisait jamais de mal, surtout que je n'étais pas très douée en littérature. Par contre, j'adorais les mathématiques.

Cela pourrait paraître étrange, mais il n'y avait que logique en elles et il m'était vraiment aisé de les comprendre, il n'y avait jamais de surprises. Tout était tel qu'il devait être, lorsqu'on appliquait la formule correspondante. Et c'était quelque chose que je trouvais rassurant.

Parfois, j'aimerais que la vie soit comme les maths, qu'il y ait une formule pour chaque problème, afin de pouvoir l'appliquer et le régler le plus vite possible. Tout serait alors tellement plus simple.

Après avoir suivi le plan de lycée que j'avais encore dans mon sac, je trouvais la salle de journalisme où une bonne dizaine d'élèves étaient déjà arrivés.

Ils discutaient tranquillement, assis devant leurs ordinateurs, d'autres encore appuyés sur le coin de leur table, entamant une conversation avec leur binôme ou avec l'équipe se trouvant à côté.

La salle était équipée avant tout d'un tableau, d'un rétroprojecteur ainsi que d'ordinateurs de bureau, ne semblant pas trop démodés. Certes, ce n'étaient pas les derniers Apple, mais ils passaient amplement, même si je remarquais que la plupart des élèves apportaient leur propre ordinateur portable.

— Je peux t'aider ? me demanda une femme blonde d'environ la trentaine en voyant que j'étais restée debout devant l'entrée de la salle.

— Euh... oui. Je suis Olivia Vega, me présentai-je. J'ai cours avec vous.

— Oh ! Tu es la nouvelle, non ? La photographe ?

Je hochai tout simplement la tête, en tentant d'esquisser un sourire.

— Bien, je suis Bonnie Kowalski et je m'occupe de ce cours. Vu que je ne suis pas professeure, appelle-moi par mon prénom, j'ai conscience à quel point mon nom de famille peut être complexe à prononcer, puis surtout, Mrs Kowalski c'est ma mère, ricana-t-elle.

Elle avait l'air vraiment sympa, je sentais que j'allais me plaire dans ce cours. Ça me permettrait de déconnecter puis de faire ce que j'aimais : de la photographie.

— Viens, je vais te présenter ton binôme.

Comme avait prédit Ivy, j'allais sans doute avoir un binôme qui s'occuperait de l'écriture, tandis que moi je m'occuperais d'illustrer les articles.

Je la suivis et après quelques pas, elle s'arrêta devant un garçon aux traits asiatiques, porteur de lunettes et à la peau plutôt hâlée, ainsi qu'aux cheveux noir corbeau.

— Olivia, je te présente Sojiro Stephens. Soji, voici Olivia Vega, ta nouvelle partenaire.

Le garçon releva le regard de son écran et se tourna vers nous, un sourire au coin des lèvres.

— Au plaisir, dit-il avant de virevolter encore vers l'écran.

Bonnie s'approcha un peu de moi, tout en observant mon camarade.

— Soji est plutôt quelqu'un de perfectionniste, m'avertit-elle, alors patience.

— Je t'entends, Bonnie, ricana-t-il en continuant de taper son écrit.

Cette dernière rigola et me montra la chaise près de mon camarade afin que je m'y asseye, ce que je fis en déposant mon sac par terre.

Bonnie repartit après m'avoir dit que si j'avais des questions ou qu'importe, je pouvais directement m'adresser à Sojiro ou dans le pire des cas aller la voir elle directement. Suite à quoi elle nous laissa faire « plus ample connaissance », pour réutiliser ses mots.

D'autres élèves arrivèrent plus tard et saluèrent Sojiro, tout en me faisant des signes de tête, mais sans pour autant m'adresser la parole.

Une fois que l'écrivain en herbe qui se trouvait à côté de moi termina de taper le paragraphe ce qui semblait être son prochain article, il se tourna vers moi et me regarda en détail, après avoir enlevé ses lunettes.

— Tu es en quelle année ? me demanda-t-il finalement après des instants de silence gênant.

— Onzième. Et toi ?

— Pareil, maugréa-t-il.

Visiblement, il n'était pas très enchanté que je sois là. S'il était comme Bonnie avait prédit, alors il devait être le genre de personne à vouloir travailler en solo.

— Écoute, je travaille généralement seul, commença-t-il.

Bingo ! Qu'est-ce que je disais ?

— Mais... vu que tu es nouvelle, je vais te laisser ta chance.

C'était moi ou ce mec se prenait trop au sérieux ?

— Peut-être que pour toi ce cours n'est rien d'autre qu'une activité extra-scolaire, mais moi, il peut m'ouvrir des portes pour mon avenir en tant que journaliste.

Ainsi, il voulait vraiment être journaliste ? Voilà qui expliquait pourquoi il semblait être tellement pointilleux.

— Laisse-moi deviner, soupirai-je, tes anciens binômes prenaient ce cours à la légère alors tu as demandé à être tout seul ? Pourtant tu n'as pas l'air d'avoir des problèmes pour sociabiliser...

Il ricana face à ma remarque.

— En effet, j'ai aucun problème pour me fondre dans la masse. Mais ce cours est sans aucun doute celui qui m'importe le plus, alors je t'avertis tout de suite que si tu ne prends pas les choses au sérieux, tu ferais mieux de prendre tes cliques et tes claques et de trouver un autre partenaire journalistique.

— Waouh ! On ne pourra pas te reprocher ton manque de sincérité, ironisai-je.

Sojiro esquissa un sourire et tourna encore une fois son regard vers l'écran, sans pour autant se remettre à écrire.

D'accord... et moi pendant ce temps, j'étais censée faire quoi ?

— Tu as un appareil chez toi ? me demanda-t-il sans même me regarder.

— Oui, j'ai un Reflex Canon EOS 4000D.

— Mouais, fit-il la moue, ça peut le faire. Comment aimes-tu prendre tes plans ?

— Pardon ?

— Bah ouais ! Angle vertical ? Plongée ? Contre-plongée ? Angle horizontal ?

— Je dirais... au pif, avouai-je.

J'avais dit aimer la photographie, pas être une professionnelle. Ce mec se prenait beaucoup trop au sérieux.

Ma réponse le fit pouffer et il eut vraiment beaucoup de mal à contenir son rire.

— Tu as des photos que je pourrais voir ?

— Mais tu t'es cru dans un entretien d'embauche ou quoi ?! m'exaspérai-je à la fin.

J'avais de la patience, mais cette dernière avait des limites. En plus, ce n'était pas le meilleur jour pour venir me chercher des poux, après ce qui m'arrivait depuis deux foutus jours.

— File le fric ! dit quelqu'un dans la salle. Je t'avais dit qu'elle ne tiendrait même pas dix minutes avec toi, Soji.

L'intéressé sourit narquoisement tandis qu'un blondinet se levait de sa chaise pour venir à notre encontre.

Sojiro sortit un billet de vingt dollars de la poche avant de son jean et les lui tendit.

Le garçon le prit, sourire amusé aux lèvres, pour finalement se tourner vers moi et se présenter :

— Moi c'est Kyle. Ne fait pas attention à lui, au fond c'est une crème.

— Va te faire voir ! se marra Sojiro.

Le dénommé Kyle me fit un clin d'œil pour ensuite repartir à sa tâche.

— C'est votre manière de bizuter les nouveaux ?

— On peut dire ça comme ça, Olivia.

— Et je dois t'appeler comment ? Sojiro ? Ou Soji ?

— Tout le monde m'appelle Soji, alors fait comme tu veux. Je m'en fiche un peu.

D'accord... ce mec n'était définitivement pas du tout commode.

Il me saoulait déjà, alors que ça faisait juste quelques minutes que je le connaissais.

Mais j'étais la nouvelle, j'étais celle qui devait faire ses preuves alors... il n'avait pas tout à fait tort, surtout si ce cours était tellement important pour lui.

— Je ne suis pas une pro de la photographie, mais j'aime vraiment ça. Alors je te promets qu'en tant que binôme, tu n'auras jamais de problèmes avec moi. Je suis une bosseuse, je t'assure.

Lorsqu'il tourna à nouveau son regard vers moi, il parut surpris par ma confession. Mais... autant être clairs depuis un début.

Voyant qu'il me contemplait sans ne rien dire, je pris la liberté de commencer à lire le début de son article en me penchant un petit peu en avant afin d'avoir une bonne visibilité.

— De quoi traite ton article ?

Après avoir lu quelques lignes, j'ignorais toujours de quoi il voulait parler.

— Ça parle de l'histoire de la ville, plus particulièrement du Grace Hall, l'ancien lieu de réception où la ville donnait de grandes fêtes, qui est abandonné depuis la fin des années cinquante et qui fait désormais partie du patrimoine, mais qui est occupé par des personnes sans abri.

Je fronçai les sourcils, me paraissant très étrange qu'un lieu considéré comme patrimoine de la ville puisse être occupé par des sans domicile fixe.

— Et la mairie le permet ?

Soji soupira et se redressa sur son siège, afin de me montrer quelques photos d'anciens articles parus dans la presse à ce sujet. On y voyait des gens dormant dans des tentes faites avec de couvertures ou avec des cartons. Il s'agissait pour la plupart de personnes ayant au-delà de cinquante ans. Ou du moins, c'était ce qu'il en paraissait.

— Disons qu'il vaut mieux qu'ils soient là, plutôt qu'ailleurs. Mais d'après une source sûre, le maire cherche à les virer, mais pour l'instant il n'a pas eu gain de cause auprès des tribunaux. Il ne peut pas ordonner à la police de déloger ces gens sans l'accord du tribunal.

— Les déloger pour les reloger où ?

— Aucune idée. Je pense qu'il ne pense même pas les reloger du tout.

Quel connard ! Si ces personnes étaient là sans faire de mal à personne, pourquoi devait-il s'en mêler ? Surtout si cet endroit ne servait plus à rien ?

Tout ça m'intéressait bien. Ce type savait chercher ses articles. Au moins, il ne parlait pas de la bouffe de la cantine ou encore de l'équipe de football ou de baseball du bahut... bref, on voyait bien que le journalisme - le vrai -, c'était son truc et qu'il prenait tout ça très au sérieux - trop peut-être ?

— Et qui est ta source ?

Il arqua un sourcil et soupira, pour ensuite se gratter nerveusement l'arrière de la tête.

Quoi ? Est-ce qu'il avait une source fiable ou pas ?

— Ma mère. C'est la secrétaire du maire.

Je faillis éclater de rire, alors pour éviter de le faire, je portais une main à ma bouche, afin de cacher le petit sourire qui commençait à naître au coin de mes lèvres.

— Donc... c'est autour d'un dîner de famille que tu as eu vent de ces informations ? me moquai-je.

Sojiro me lança un regard mauvais, pour ensuite soupirer, agacé et tourner le visage à nouveau vers l'écran, tout en remettant ses lunettes.

— Moque-toi tout autant que tu veux, la nouvelle, mais cet article peut me rapporter gros...

— En te servant de ta pauvre mère, le coupai-je. Es-tu conscient que là tu joues avec une information privilégiée ? Que penserait ta génitrice en apprenant que tu comptes te servir d'elle pour commencer à te faire une place dans le monde journalistique ?

Là, il retombait un peu dans mon estime, je devais bien l'avouer. Se servir de la sorte des propos de sa mère à ce genre de fins... je ne trouvais pas ça très éthique, puis surtout... elle pourrait avoir de gros problèmes à cause de lui, pouvant aller jusqu'à perdre son travail.

— J'ai de la chance que ce ne soit pas ma génitrice dans ce cas, marmonna-t-il en se remettant à la tâche.

Ainsi, il était adopté. Une chose que je savais sur lui.

Mais quand bien même ce n'était pas sa mère biologique, je trouvais ça vraiment limite.

Toutefois, je devais bien avouer que ce que le maire comptait faire était vraiment injuste. Il devait sans doute y avoir des conflits d'intérêts là-dedans. Qu'est-ce qu'il gagnait en expulsant ces sans abri ? Sans doute quelque chose. Je doutais énormément qu'il le fasse pour le bien de la ville.

— C'est quand qu'on va faire les photos du Grace Hall ?

Il cessa de taper et me regarda à nouveau, avec beaucoup d'attention.

— La semaine prochaine. Pendant ce temps, tu peux m'aider à rédiger cet article. Tu es douée en écriture ?

— Je peux toujours essayer.

— Bien.

Puis un petit sourire étira ses lèvres avant de retourner à son ordinateur, voyant que je prenais cette tâche vraiment au sérieux.

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Voilà, j'espère que ce chapitre vous a plu !

J'espère que vous avez aimé rencontrer Soji, par la suite, il sera plutôt présent dans le quotidien d'Olivia, vu qu'ils vont faire une équipe de choc (faut le dire lol)

On se retrouve SAMEDI pour le chapitre 20, où un autre personnage fera son apparition. Il a déjà été nommé et il est très présent dans les pensées d'Olivia et elle le décrit comme étant son âme soeur (je me doute que vous savez de qui il s'agit lol). Donc ce sera encore une fois un point de vue d'Olivia.

Bonne fin de semaine tout le monde !

Tamar 😘

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