Chapitre 14 Olivia
Je regardais Mr Coleman avec attention et appréhension. Son fils semblait être vraiment en colère et d'après ce que m'avait raconté Ivy à son sujet... il avait de gros problèmes comportementaux. Il avait tout de même tabassé l'un de ses profs ! Ce n'était pas rien !
— À partir de maintenant tu vivras avec nous, dans la maison, répondit le patriarche de manière posée.
Toutefois, je voyais une veine battre à tout rompre au niveau de sa tempe.
Dès que Cole était arrivé, il avait totalement changé d'expression faciale. Avant il semblait doux, affable, alors que là, j'avais la sensation de me retrouver face à un tout autre homme. Son visage était fermé et ses yeux bleus lançaient des éclairs, à l'égal de ceux de son fils.
— Nous avions un deal ! brailla le brun en frappant un grand coup sur la table et en me faisant sursauter au passage.
La coupe de vin de Mr Coleman se renversa et ma mère se dépêcha de tout nettoyer avec un chiffon, avant que le liquide ne s'éparpille partout.
Et pendant ce temps, moi, j'essayais de me faire toute petite. Comment cet homme qui semblait être aussi puissant, permettait à son fils de se comporter de la sorte ? Certes, il était grand et élancé, mais une bonne gifle ne lui aurait pas fait de mal et son père n'était pas assez vieux comme pour ne pas pouvoir lui faire face.
Sans doute ne lui avait-on jamais donné une correction, ce pourquoi il se comportait comme un sale gamin pourri gâté !
— Oui, nous avions également décidé que tu ne sécherais plus les cours or... tu ne fais que ça ! Tu n'as pas respecté ta part du marché, pourquoi respecterais-je la mienne ?
Je vis Cole serrer tellement les mâchoires, que je pouvais presque l'entendre grincer des dents de là où je me trouvais. Ses yeux bleu océan lançaient littéralement des éclairs, j'avais la sensation d'être en présence d'une tempête au bord de mer alors qu'elle était sur le point de se déchaîner.
À cause de mon énervement de la veille, je n'avais pas remarqué ses yeux et s'il n'avait pas été aussi con, j'aurais pu dire qu'il s'agissait sans aucun doute des iris les plus beaux et énigmatiques que je n'avais jamais vu.
Il n'était pas juste en train de faire un caprice, je pouvais lire en lui et en cet instant, le regard qu'il portait sur son paternel, était rempli de haine et... quelque chose d'autre que j'interprétais comme du dégout.
— À partir de maintenant, ce seront Clara et Olivia qui vivront dans la pool house et toi ! Tu occuperas à nouveau TA chambre dans cette maison ! Car au cas où tu l'aurais oublié, tu es mon fils et tant que tu vivras sous mon toit, tu devras te plier à ma volonté ! Suis-je suffisamment clair, Jayden ?
J'aurais pensé qu'ils seraient allés se disputer ailleurs, mais en définitive, ils n'en avaient rien à faire que de parfaits étrangers soient spectateurs de leur engueulade. En tout cas, si je n'étais pas à l'aise auparavant, désormais c'était cent fois pire.
Bon sang ! Il avait fallu que de toutes les personnes probables, ce soit lui Jayden Coleman ? Si je jouais à la loterie, je n'aurais pas autant de chance, pour sûr !
J'aurais dû le deviner. Cole : gosse de riche poursuivi par toutes les filles du bahut. Jayden Coleman : vivait dans la maison la plus ostentatoire de Eastridge Hills... Mais merde ! J'aurais dû faire le lien auparavant ! Alors que j'avais été complètement à côté de la plaque.
— Oui père, finit-il par répondre d'une voix rauque et en baissant le regard.
— Bien, maintenant assieds-toi et mangeons en famille, d'accord ?
Il leva les yeux et nous fixa, ma mère et moi à tour de rôle, avant de pouffer et lâcher :
— Depuis quand dinons-nous avec les bonniches ?
Les bonniches ? Il avait envie de se prendre un autre coup de poing dans la gueule celui-là !
En voyant m'agiter, ma mère me saisit la main sous la table, afin de me calmer. Il aurait pu choisir d'autres mots pour nous qualifier, comme « domestiques » ou encore « personnel », mais non, il avait fallu qu'il emploie le mot « bonniches ».
Ce n'était rien d'autre qu'une saleté de petit riche qui ne respectait rien ni personne. Je m'en fichais s'il me manquait de respect, mais il n'avait pas intérêt à mal traiter ma mère parce que sinon je n'hésiterais pas à lui rentrer dedans !
— Cesse de te montrer provocateur et assieds-toi ! continua son père, en perdant à nouveau patience face au comportement irrespectueux de son fils.
Il s'exécuta dans le silence, mâchoires toujours serrées et observa en un premier temps ma génitrice et ensuite, il en fit de même avec moi, mais cette fois, en prenant tout son temps.
La manière dont il me détaillait... me donna des frissons. Le malaise ne cessait de monter de plus en plus. Me reconnaissait-il au moins ?
Peut-être qu'avec un peu de chance...
Et puis quoi encore ?! Je n'avais rien fait de mal ! Je n'en avais rien à faire s'il me reconnaissait ou non !
Mais je ne pouvais m'empêcher de m'agiter, de plus en plus gênée en sentant ses prunelles insistantes sur moi. J'essayais d'y faire abstraction, mais c'était bien trop dur. Je détestais qu'on me fixe et il devait bien le voir, car il avait l'air d'y prendre un malin plaisir lorsqu'en relevant le regard, je le vis esquisser un sourire malsain. Qu'est-ce que ce tordu avait en tête ? Je doutais énormément qu'il ait dit son dernier mot.
— Vous vous connaissez ? demanda Mr Coleman en me faisant redescendre sur Terre.
— Oui...
— Non, répondit Cole en prenant sa fourchette en argent et en commençant à la faire jongler entre ses doigts.
Je serrai les dents. Il me connaissait parfaitement, j'en étais sûre. Le nier n'était qu'une façon à lui bien mesquine de me diminuer.
— Vous ne vous êtes pas croisés au lycée ?
— Elle est du genre banale, pourquoi devrais-je me souvenir d'elle ?
Je ne dis pas un seul mot, mais mon regard ne disait qu'une seule chose : connard.
C'était un connard de la pire espèce et je n'aimais pas me frotter à ce genre de personnes. En plus avec son foutu tempérament à la noix, il vaudrait mieux pour moi que je reste le plus loin possible de lui. Je ne voulais pas d'ennuis, mais quelque chose au fond de moi me disait que ça n'allait pas être aussi simple.
— Pourquoi ne pouvaient-elles pas vivre dans la demeure comme les autres auparavant ? renchérit le « petit maître » en parlant de nous comme si nous étions invisibles ou tout simplement pas là. Toutes mes affaires sont dans la pool house...
— Tu n'en as pas besoin, l'interrompit Piper en prenant les devants et en commençant à servir tout le monde. J'ai fait déplacer tes vêtements ainsi que tes affaires personnelles dans la grande chambre du premier étage. Penses-tu avoir suffisamment de place ? ironisa-t-elle.
— Elle n'est pas...
— Je l'ai aménagée pour toi. Si tu venais plus souvent à la maison Jayden, tu n'aurais pas ce genre de surprises.
Ce fut alors que je remarquais une chose : il ne répliquait pas, alors qu'il avait tenu tête à son père. Pourquoi se dégonfler au moment de répondre à sa belle-mère ? Surtout que cette dernière était tout au plus huit ans plus âgée que lui.
Je trouvais cela... vraiment bizarre. Surtout que ses paroles ne collaient pas avec son regard plein de haine.
— Mais...
— Peut-on diner tranquillement ? reprit le père. Tu es en train d'agiter Joey !
En effet, le petit garçon semblait vraiment nerveux et commençait à se tortiller sur sa chaise, ne tenant plus sur place et ayant l'air de vouloir partir. Il n'était pas le seul, j'avais vraiment une de ces envies de me casser de là...
Cole se contenta de se mordre la langue et de prendre sur lui, tout en obéissant à son paternel.
La pièce fut plongée dans un silence de plomb, ce qui rendit l'instant encore plus insupportable. On n'entendait que les bruits des respirations plus ou moins agitées. Et moi, j'entendais mon cœur battre la chamade à chaque fois que les yeux de ce salaud se posaient sur moi pour me foudroyer sur place.
On me servit la purée de pommes de terre ainsi que des haricots verts puis une cuisse de poulet rôtie dans mon assiette. Quant à Cole, il se servit juste des haricots verts et de la purée...
D'ailleurs... comment devais-je l'appeler ? Cole ? Jayden ? Non ! Je n'allais tout simplement pas m'adresser ou penser à lui !
Nous commençâmes à manger, mais il fallait se l'avouer : le voir m'avait carrément coupé l'appétit et l'avoir en face de moi me donnait la nausée. C'était peut-être une réaction extrême de ma part, mais je n'aimais pas ce mec et savoir que nous allions vivre ensemble... ça me retordait les tripes.
Je ne le sentais vraiment pas. Je ne le connaissais pas, mais j'avais vu suffisamment de sa personne pour savoir que JAMAIS je ne pourrais m'entendre avec lui. C'était une évidence grosse comme le manoir dans lequel nous nous trouvions !
Ce n'était rien d'autre qu'un crétin qui se croyait tout permis, tout ça parce que son paternel était blindé ! J'avais déjà eu affaire à des types comme lui et cette fois... je ne me ferais pas avoir. J'allais prendre mes précautions.
— Donc ! Olivia ! dit Mr Coleman en me ramenant à l'instant présent. D'après Piper, tu es en onzième année, non ?
— Oui monsieur, répondis-je en me focalisant sur lui et en tentant de ne pas dévier mon regard vers son fils.
— Et tu as déjà fait des connaissances ? continua-t-il en coupant sa viande.
J'esquissai un sourire sans le vouloir en jetant un coup d'œil à Cole, ce dernier se mordait la lèvre inférieure alors qu'il me pénétrait du regard. J'eus alors soudainement vraiment envie de me marrer un peu.
— Oh...eh bien... je m'attendais à mieux.
— Comment cela ?
Je tournai alors totalement mon regard vers le garçon aux yeux bleu océan se trouvant devant moi.
— Eh bien... j'ai fait la rencontre de personnes plutôt... antipathiques ? Est-ce le mot approprié ?
Cole releva les yeux de son assiette, l'air anxieux. Bizarrement, sa réaction m'amusa énormément, il ne voulait sans aucun doute pas que son géniteur apprenne qu'il avait failli me rouler dessus, qu'il avait eu un comportement exécrable et qu'en plus, il ne s'était pas excusé, ne montrant pas une once de regret.
— Ils ne t'ont pas bien accueillie ? questionna Piper, vraiment surprise. Je croyais pourtant qu'Amber McCall devait te servir de guide...
— Oh si, Amber m'a très bien accueilli, mentis-je. C'est juste qu'hier en fin de journée... j'ai dû faire face à un gros blaireau.
— Liv ! s'offusqua ma mère, comme si j'avais dit la plus grosse insulte de tous les temps.
Au moins, je n'avais pas dit « connard », « salopard » ou encore « fils de pute », pourtant ces mots avaient effleuré mon esprit, mais il y avait un enfant de sept ans à table. Alors je m'étais tout simplement mordue la langue.
Mr Coleman éclata de rire, tandis que son fils esquissa un sourire carnassier à mon égard, l'air de dire : « Attend un peu que nous soyons seuls, tu vas comprendre ta douleur ».
— Clara, votre fille est vraiment très sympathique ! Cela faisait longtemps que je n'entendais pas cette expression.
Piper ricana à son tour, mais contrairement à son époux, elle sonnait faux.
— Bien, jeune fille ! Maintenant que tu vis ici, j'ai une mission à te confier.
Je fronçai les sourcils. Qu'est-ce que cet homme pouvait bien me vouloir ?
Puis il se tourna vers Cole.
— Je veux que tu aies à l'œil Jayden. Vous vivez dans la même maison et vous allez au même lycée. Je veux que tu me fasses des rapports à son propos.
J'en restai totalement bouche bée. Quoi ? Devoir surveiller ce connard ? Il était sérieux ? Il en était tout simplement hors de question !
En plus, ce n'était pas très malin de me demander ça devant son fils. N'aurait-ce pas été mieux de m'en avoir parlé en privé ? Sans qu'il ne se doute de rien ?
— Ça ne te suffit pas de m'avoir enlevé la pool house que je dois en plus me coltiner une putain de baby-sitter ! aboya-t-il en se levant brusquement de table et en faisant basculer sa chaise par terre.
— La liberté que je t'ai accordé jusqu'à maintenant est terminée, Jayden ! Je ne peux pas faire confiance à quelqu'un qui ne tient jamais ses promesses !
Cole serra les poings jusqu'à ce que ses jointures deviennent blanches, puis il relâcha la pression, alors que sa respiration ne devenait que de plus en plus saccadée. L'image d'un taureau me vint alors à l'esprit.
— Tu veux à ce point pourrir ma vie ?
Puis il lança un regard en coin à sa belle-mère, mais personne ne sembla le remarquer mis-à-part moi.
— J'essaye de te venir en aide, figure-toi ! Je veux que nous redevenions une famille !
Son fils éclata alors de rire, avant que je n'aperçoive des larmes éphémères au niveau de ses yeux, qu'il balaya d'un geste rapide de la main.
— Mais quelle famille ?! Arrête de me faire rire ! Tu avais une famille ! Et tu... Tu n'en as jamais rien eu à foutre !
Il prit sa coupe en cristal et l'envoya valser contre le mur. Cette dernière éclata en mille morceaux, sous mon regard ébahi tandis que son père et sa belle-mère ne semblèrent y donner aucune importance.
Ce garçon avait un gros problème comportemental. Ivy avait raison sur toute la ligne. Définitivement, quelque chose ne tournait pas rond chez-lui.
Cela faisait longtemps... que je n'avais pas eu peur et j'étais à deux doigts de me mettre à trembler, luttant contre mon esprit afin que certains souvenirs ne refassent pas surface en cet instant. Je ne tenais pas à me mettre à frémir et à pleurer devant de parfaits inconnus. Tout, mais pas ça.
Ce fut alors que Cole prit ses cliques et ses claques et s'en alla, tout en fracassant la porte de la salle à manger en un bruit assourdissant, faisant les murs de cette dernière trembler.
Les secondes passèrent, instants pendant lesquels je m'abstins de respirer afin de trouver un rythme cardiaque normal et pour me tranquilliser.
Et Mr Coleman se tourna vers moi, un sourire sur le visage, alors que j'étais totalement livide. Comment pouvait-il me sourire alors qu'il venait d'avoir une énorme engueulade avec son fils ? N'en avait-il rien à faire que ma mère et moi ayons assisté à une telle dispute ?
Je ne comprenais définitivement pas les riches !
— J'ai vraiment besoin de ton aide, Olivia. Me feras-tu cette faveur ?
J'ignorais quoi répondre, je ne voulais pas et en même temps, je me voyais très mal refuser. Comment le pourrais-je ? J'étais mise au pied du mur. Les mots me manquaient pour décrire ce que je ressentais en cet instant.
Mon cœur battait la chamade et l'idée de devoir fliquer Cole me rendait malade !
— Elle le fera, Mr Coleman, répondit ma mère à ma place.
Je virevoltai vers elle, les yeux écarquillés.
— Bien, ce sera donc ainsi. Olivia, je te fais confiance et j'espère que tu me tiendras vraiment au courant de tout ce que Jayden fera.
— Je trouve que c'est une merveilleuse idée, renchérit Piper, en souriant de toutes ses dents.
Bon sang, dans quel merdier est-ce que je m'étais encore foutue ?
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Voilà! J'espère que ce chapitre vous a plu!
On se retrouve SAMEDI pour la suite.
Bonne fin de semaine!
Tamar 😘
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