Chapitre 10 Cole

Non mais quelle... je n'arrivais même pas à la définir tellement j'étais énervé !

Quoi ? Abruti ? Salopard ? Blaireau ? Cette fille était sérieuse ?!

Elle ignorait donc à qui elle parlait ? J'avais fait tout mon possible pour me construire une sale réputation afin que des gens dans son genre me laissent tranquille, mais à croire qu'elle débarquait d'une autre planète. Tout le monde à Fairfield savait qu'il ne fallait pas me chercher des mouises.

Et non seulement elle m'avait insulté, mais en plus, elle m'avait frappé ! J'en étais toujours aussi pantois.

À cause de cette débile, j'étais en retard.

Ayant reçu un coup de fil d'Alice – la prostitué qui devait me contacter si jamais elle voyait Ronnie –, j'étais sorti du lycée en trombe et voyant qu'il y avait des bouchons, j'avais décidé de sortir par la zone réservée aux vélos.

Et il avait fallu que ce boulet de fille soit là à ce moment précis. Une vraie chieuse ! Si à cause d'elle je ne pouvais pas trouver Ronnie, demain j'allais lui tomber dessus !

Et elle avait osé refuser mon argent... c'était incroyable ! Elle voulait quoi ? Que je me mette à genoux et lui supplie de me pardonner ? Il ne fallait pas pousser le bouchon trop loin, non plus.

J'aurais pu tout simplement me barrer au lieu de descendre de la voiture et lui donner le fric. Mais elle m'avait regardé avec tellement de mépris, que cela m'avait sorti de mes gonds.

Puis alors, en réfléchissant, je me rendis compte de qui il s'agissait. Elle m'avait semblé familière, mais je n'avais pas vraiment fait attention, énervé comme j'étais. Mais avec un peu de recul, c'était vraiment flagrant : c'était la nouvelle, celle dont m'avait parlé Aiden.

Désormais, je connaissais son apparence : grande, élancée, longs cheveux châtain foncé, peau mate, yeux chocolat en forme d'amande, petit nez droit, pommettes saillantes et lèvres en forme de cœur. À partir de maintenant, je ne pourrais plus la rater.

Je tentai d'oublier cette peste afin de me concentrer sur la route. Alice m'avait donné rendez-vous au Parc Lee Bell, j'ignorais si Ronnie serait là. La jeune rousse m'avait seulement dit d'aller la rejoindre au parc, sans plus d'indications, j'espérais tout simplement qu'il ne s'agirait pas d'un guet-à-pents avec son proxénète pour me voler mon argent.

J'y arrivai quelques minutes plus tard, après avoir garé ma voiture dans le parking le plus proche.

Bon sang, mon nez me faisait fichtrement mal ! Cette saleté ne m'avait pas raté !

En avançant dans le parc, ce dernier était rempli d'enfants, ou encore de retraités. Je me détendis, étant donné que dans un endroit pareil, personne ne viendrait me voler, ayant trop de témoins dans les parages.

Non loin de là où je me trouvais, après avoir dépassé les balançoires, je vis Alice assise sur un banc. Il m'avait été assez difficile de la reconnaître, étant donné qu'elle ne portait pas ses vêtements... habituels. Elle était habillée d'un jean, d'un t-shirt banal et ne portait pas une trace de maquillage, pas de perruque blond platine en vue non plus.

En me voyant, elle se leva et vint à ma rencontre.

Elle me sourit de toutes ses dents et j'ignorais pourquoi, mais je ne la sentis pas, quelque chose clochait.

— Bonjour.

— Bonjour. Alors, tu sais où elle se trouve ?

À la suite de ma question, son sourire s'effaça et elle baissa le regard, tout en gardant le silence.

Putain ! Si elle ne savait rien, pourquoi diables m'avait-elle appelé ? Je détestais qu'on me fasse perdre mon temps !

— Eh bien... pas vraiment.

Je serrai les poings ainsi que les mâchoires, essayant de me calmer. Mais j'avais vraiment en horreur qu'on me prenne pour un con !

— Alors pourquoi m'avoir appelé ? m'énervai-je.

À cause d'elle et de ses alertes bidons, j'avais failli écraser quelqu'un !

— J'ai entendu certaines choses, mais j'ignore si elles sont vraies.

Ouais... elle pouvait tout simplement être en train de me raconter des craques pour que je lui donne de l'argent.

— Qu'est-ce que tu as entendu ?

— Tu me pairas ?

Bien évidemment, qu'avais-je dit ? Cette fille ne savait que dalle. Elle me prenait vraiment pour un pigeon ma parole !

— On verra. Quelles infos tu détiens ?

Elle croisa les bras sur sa poitrine et se mordit la lèvre inférieure. Je sentais qu'elle était en train d'inventer un mensonge de toute pièce, c'était sûr et certain même. C'était comme si je pouvais voir son cerveau travailler.

— Apparemment, elle aurait un nouveau mac. Un certain Milano, connu pour être assez brutal. Ce serait lui qui lui fournirait de quoi se piquer.

— De l'héroïne ? marmonnai-je, les dents serrées.

— Non, de la désomorphine.

Mon cœur s'arrêta de battre quelques instants en entendant le nom de la drogue en question. Communément appelée Krokodil, il s'agissait d'une drogue artisanale. Les nombreux sous-produits acides et toxiques endommageaient les tissus situés à l'endroit des injections, rendant la peau piquée semblable à celle des crocodiles, pour finalement, conduire à la putréfaction. Ensuite, le corps pourrissait tandis que des plaques verdâtres venaient le recouvrir pour finalement s'attaquer aux organes.

J'en avais plusieurs fois entendu parler et avec une seule dose, on était condamnés. La durée maximum d'une personne ayant consommé juste une fois cette saloperie était de deux ans, car le corps n'expulsait pas le produit.

J'espérais sincèrement qu'elle était en train de me raconter n'importe quoi, car si c'était la vérité, Ronnie était vraiment condamnée. Et si cette fille avait osé me mentir, je lui ferais amèrement regretter.

Si cela se trouvait, elle essayait de me tendre un piège pour m'inciter à rendre visite à ce Milano pour que je me fasse tabasser et ensuite récupérer l'argent de ma dépouille. Elle avait beau parler d'un sujet très sérieux, je ne la croyais pas pour autant.

Je savais lorsqu'une personne mentait et elle... elle m'en avait tout l'air. Pas de contact visuel, voix qui n'était pas continue... elle était clairement en train de se foutre de ma gueule.

— Je peux avoir l'argent maintenant ? demanda-t-elle en évitant mon regard.

J'ignorais quel âge cette fille avait. Dix-sept ans comme moi ? Un peu plus âgée ? Mais elle devrait avoir honte d'essayer de me tromper comme ça, surtout si elle connaissait vraiment Ronnie comme elle le prétendait. Ou alors m'avait-elle trompée depuis le début ? Avait-elle seulement vu mon amie ?

— Je ne vais rien te donner du tout alors que tu viens de me donner des infos bidon, répliquai-je d'une voix rauque.

Elle releva le regard et écarquilla les yeux, totalement bouche bée. Elle essaya de répliquer, mais je levai la main afin de la faire taire, ne voulant pas entendre ses piètres explications. Elle s'était jouée de moi, croyant qu'elle avait affaire à un pigeon, or il était vraiment difficile de m'escroquer. Peut-être bien que mon père était un connard de première, mais s'il m'avait bien appris une chose c'était à ne pas me laisser arnaquer. Et on pouvait dire que j'avais du flaire, contrairement à lui.

Cinq épouses et la seule qui l'avait vraiment aimé, il s'en était débarrassé comme d'une vieille chaussette sale, la seule que je n'ai jamais apprécié en réalité. Il l'avait remplacée par cette sale harpie qui arpentait les couloirs de la villa sans ne rien faire de ses journées, mise à part bronzer au bord de la piscine et gaspiller l'argent de la famille, se prenant pour la maîtresse des lieux alors qu'elle n'était personne. Une simple fille qui par sa jeunesse et sa beauté avait tapé dans l'œil de mon géniteur.

Je détestais cette femme, pourtant, j'étais obligé de la tolérer, bien malgré moi.

— Je suis...

— Ne t'excuse même pas, assume tes actes. Ça ne sert à rien de dire que tu es désolée, surtout quand tu ne l'es pas. Je t'avertis : ne m'appelle plus jamais, ou tu le regretteras amèrement. 

Puis je fis demi-tour et m'en allai.

J'en avais vraiment marre que les gens pensent que parce que j'étais riche, ils avaient le droit de me voler, me mentir pour me faire de la peine ou des choses semblables. C'était l'une des raisons pour laquelle je n'avais pratiquement pas d'amis et que je n'en avais rien à faire des filles qui me couraient après, la seule chose qui les attirait, c'était le pognon de mon paternel. S'ils me connaissaient vraiment, ils ne voudraient rien savoir de moi, je n'avais aucun doute là-dessus.

Qui voudrait se lier avec une âme brisée ?

Personne sain d'esprit en tout cas. 

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Voilà! J'espère que ce chapitre vous a plu ! 

On se trouve SAMEDI pour le chapitre 11, du PDV de Liv cette fois ! 

Bonne fin de semaine à tous ! 

Tamar. 

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