Chapitre 9

-Je t'ai inscrite au concours de danse nationnal. Les éliminatoires se feront dans trois semaine. Je te veux présente dans mes cours tous les prochains jours, compris?

Cette nouvelle venait de me tomber sur la tête aussi brutalement qu'une balle de golf. Et ça fait mal, croyez-moi, j'en ai déjà fait l'expérience, provoquant l'immense désespoir de mon père à mon égard.
Toutes fois, cette information ne franchit pas tout de suite le portail de mes oreilles. Ce n'est qu'en voyant le regard entendu de Nathanaël que je compris enfin le sens de ces mots.

Je maudissais mon entraineuse, qui avait le chic de prendre des décisions me concernant sans me demander mon avis.
Nathanaël leva un sourcil, signe évident qu'il m'attendait au tournant. Quand il s'y mettait, il pouvait être aussi strict que ma professeure.

-Allez, au travail! Ordonna Maria Parker d'une voix tonnante.

Je soufflai et commençai malgré moi les étirements que j'avais appris par coeur. En face de moi, Nathanaël en faisait autant. Malgré moi, je me mis à regretter le temps où notre amitié aurait pu braver n'importe quelle tempête, mais je me rattrapai bien vite, me rappelant que cette époque appartenait maintenant à mon passé, et que, comme mon père me le répétait si bien:
《 le passé est une succession d'évènements qui sont faits pour être oubliés》

L'entraîneuse mit la musique en marche, et nous voilà entrain de répéter inlassablement des pas que nous avions appris par coeur depuis le jour de mon inscription au concours.

Malheureusement, quand il m'arrivait d'y penser en dansant, une frayeur sans précédent s'emparait de moi, et j'en venais à oublier comment mettre un pied devant l'autre.

-Concentre-toi, Hope! On dirait que tu te noies, et non pas que tu es en train de danser!

La voix de ma professeure me rappela à l'ordre et je pris garde à ne pas me tromper durant les minutes qui suivirent. Mais je n'y arrivait qu'à moitié. Quand Nathanaël me prenait la main pour me faire tourner, ce n'était pas la vingtaine de pirouettes qu'il me faisait faire qui me déconcentraient, mais le doux effluve de printemps qui émanait de lui. Une odeur qui me faisait revenir des années en arrière, à l'époque où nos rires résonnaient encore dans l'air du parc où nous nous retrouvions souvent, lui et moi.

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Je rangeai mon débardeur dans le sac et tirai la fermeture, puis je mis un manteau avant d'endosser mon sac et de m'apprêter à partir.

Alors que je me dirigeais vers la porte, quelqu'un m'arrêta en plein élan et je me retournai pour entrevoir mon partenaire qui me regardait d'un air résigné.

-Attend, fit-il, quelqu'un veut te parler.

Je me dévissai la tête pour voir cette personne, mais quand j'aperçus enfin une touffe de cheveux blond, je me retounai immédiatement et ouvris la porte. Infortunément, Nathanaël en avait décidé autrement; il m'agrippa le bras, m'empêchant de partir.

-S'il te plait, Hope, fit une voix.

Je continuai à me débattre pour pouvoir m'en aller.

-C'est à propos de ton père, finit-elle par ajouter.

Cette fois-ci, je me liquéfiai sur place, incapable de prononcer mot.

-Je...

Il marqua une pause, visiblement mal à l'aise.

-Je ne voulais pas que tu l'apprennes par un autre intermédiaire, mais, leur bateau a explosé ce matin.

Pendant un long moment, la terre arrêta de tourner, mes jambes se dérobèrent sous moi, et j'eus de la peine à me retenir de hurler.
Mes parents étaient censés revenir aujourd'hui.
Maintenant ils ne reviendraient jamais.

-Il est parmi les personnes portées disparues.
-Qui te l'a dit? Réussis-je à articuler.
-Mon père.

Évidemment, son allié dans l'affaire devait être le premier au courant, mais mes pensées n'arrivaient pas à dériver de la vision d'horreur qui s'imposait à moi à chaque fois que j'essayais d'interpréter ce qui aurait bien pu arriver. Toutes fois, je restai dubitative face à une telle information.

-Je suis désolé, fit-il.

Pour toute réponse, je déglutis, les larmes aux yeux. Sans un regard en arrière, je me mis à courir. Je ne m'arrêtai pas, je courais encore et encore, tout le chemin jusqu'à la maison, et là enfin, je me permis de respirer. Là encore, l'attitude du personnel attira mon attention, et, inévitablement, confirma les propos tenus par Noah. Cette fois-ci, j'éclatai en sanglots.

Je montai les marches quatre à quatre, essayant tant bien que mal d'ignorer les regards pitoyables des domestiques, et m'enfermai dans ma chambre. Là, je laissai libre cours à ma peine, et versai toutes les larmes de mon corps sur mon oreiller qui en fut vite mouillé. Le silence de la propriété était déchiré par mes sanglots incessants, et le mouvement s'était arrêté pendant un long moment.

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Deux semaines s'étaient écoulées depuis la disparition de mon père. Deux semaines déjà. Et maintenant, j'avais plus que jamais la conviction que son départ avait un rapport avec ce qu'il trafiquait.

Alors, dans un éclair de lucidité -ou de stupidité- qui aurait mérité qu'on y consacre un talk-show entier sur la chaine Lifetime, j'avais organisé une sorte de réunion avec les personnes concernées par cette affaire. En l'occurence, moi, ma meilleure amie, et Noah.

Devant nous sur la table basse en bois d'ébène du petit salon côté Nord de la propriété, les fameux dossiers me narguaient avec hautaniété.

La pièce était plongée dans un nouveau silence, et chacun de nous regardait l'autre, moi essayant de ne pas rire du ridicule de la situation. Trois adolescents murés dans un interminable silence, regardant craintivement quelques papiers.

Dit comme cela, ça avait de quoi provoquer l'hilarité générale.

-Qu'est-ce qu'on fait ici? S'impatienta Athéna.
-Tu t'y connais en informatique, fis-je.
-Bien sûr, pourtant tu le sais, pourquoi me poses-tu la question?
-Ce n'était pas une question, c'était une affirmation, corrigeai-je. J'aurai besoin de toi.
-Et lui, qu'est-ce qu'il fait ici? Reprit-elle.

Décidément,  ma meilleure amie ne manquait pas de cran.

-Il est concerné. Répondis-je tout simplement.

Je pris une longue inspiration, et me mis à expliquer du mieux que je pouvais la situation telle qu'elle était, en essayant d'attirer leur attention sur l'incohérence des évènements qui s'étaient produits ces derniers jours.

Et, finalement, la remarque d'Athéna me fit retomber sur  terre:
-Attend ma vieille, t'es complètement parano!
-Très bien, répondis-je, nous allons voir ça. Suivez-moi.

Je les escortai jusqu'au bureau de mon père, et j'ouvris la porte sans difficulté. Athéna en resta bouche bée, elle aussi savait que l'antre de mon père était censée être impénétrable.

-Attend, souffla-t-elle, ne me dis pas que tu as...
-Si, affirmai-je en soupirant, j'ai forcé la serrure.

Derrière moi, Noah haussa un sourcil, les yeux écarquillés. Ceci dit, son comportement était justifié car quiconque aurait vu celle que j'étais au quotidien aurait eu la même réaction.

Le bureau n'avait pas été touché depuis le jour où je m'y étais introduite sans permission, autrement dit, il était plus que bordélique.

Je posai l'amas de papiers sur une table et allumai l'ordinateur de mon père. J'avais découvert le code un jour où j'essayais de parler à mon géniteur, qui était trop occupé avec un de ses clients.

-Ce sont des transactions, fit Athéna, rien d'incroyable.
-D'énormes transactions, dis-je.
-Mais c'est normal, ton père est à la tête d'une énorme société.
-Athéna, mon père n'enverrait jamais une telle quantité d'argent à un particulier, surtout que ça date d'il y a à peine deux jours.

Un silence suivit ces paroles.
-Ça tient pas la route, dit finalement Athéna.
-Pourtant la date est bien claire! J'ai cru que je devenais folle lorsque je suis tombée sur ça.
-Très bien, soupira Athéna, mais je ne comprends toujours pas en quoi Noah est concerné.
-Les transactions sont à l'intention de la société de ton père, fis-je à l'intention du garçon.

Il eut un mouvement de recul en entendant mes paroles.

-Donc, soit ton père est encore vivant et sa mort n'est qu'un énorme mensonge, soit quelqu'un a trouvé le moyen de mettre la main sur sa fortune...

Je passai une main dans mes cheveux et me massai ensuite les tempes: on n'était pas près de sortir de cette affaire...

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