5-Papa

— T'es sublime ! Tu t'embellis de jour en jour !

Je toise mon père qui vient tout juste de me complimenter.

— C'est bon vous êtes tous prêts à y aller?

Ma mère nous a déposé il y a quelques minutes mon frère et moi, chez notre père. Comme tous les samedis on se fait un petit « resto » avec sa « famille » pour ressouder les liens.

Comme je l'ai dit mes parents sont divorcés. Mon père a trompé ma mère il y a cinq ans. Enfin... Elle l'a découvert il y a seulement cinq ans.

Parce que en fait il l'a trompait déjà depuis déjà deux ans.

Et il n'a jamais quitté sa maitresse.

Autrement dit, je me retrouve aujourd'hui avec une belle mère, et une demie-soeur de six ans que je n'apprécie pas du tout: Lila.

Oui, pas de jeu de mot avec Borghini cette fois, ma belle mère ne voulait pas.

Malgré tout, malgré tout le mal qu'il lui a fait, ma mère considère que c'est important que l'on maintienne mon frère et moi de bons liens avec notre père.Parce que nous sommes ses enfants, et leur histoire amoureuse ne nous concerne pas.

Mon cul.

Ca me concerne. Je n'ai pas demandé à me retrouver avec une pouffiasse et une autre soeur. Lee me suffit. Nous étions vraiment la famille parfaite. Mon père était le papa parfait. Je déteste qu'il se donne à une autre famille que la notre.

Mais voilà, je dois me coltiner notre rendez-vous hebdomadaire du samedi. On déjeune au restaurant et on passe la journée chez lui.

Mon frère s'installe dans la voiture précipitamment. Contrairement à moi , il n'a pas vraiment mal vécu la séparation de nos parents. Du moins, c'est vrai qu'au début il était affecté. Mais il ne le montre plus, parce qu'il adore mon père et il a du mal à le voir comme une figure négative. Et puis le feeling est tout de suite passé avec notre belle mère et notre soeur.

Moi comme d'habitude je ronchonne. Je m'installe sur la banquette arrière de la voiture, alors que ma petite soeur Lila m'observe avec attention.

Elle est fan de moi.

Elle m'adore.

Moi? Je ne peux pas la supporter. Je préfèrerais que Lee soit là. Mais bon, ce n'est pas l'enfant de mon père.

— J'espère qu'on mange bien au moins, fais-je sur un ton de vipère.

— Ne t'inquiète pas, je nous ai réservé un super resto.

Ca pour en être un resto, ça en est bien un. Il nous a invité dans un restaurant au bord de la plage à Los Angeles, où la carte m'a l'air bien salée.

Ca c'est tout mon père: nous inviter dans des endroits chics, où l'on peut se faire plaisir. Il a toujours été comme ça, un très bon papa, un homme qui bosse très dur dans la vie pour gâter sa famille, la chouchouter.

Moi je le vois juste comme un hypocrite.

Il a foiré toute notre vie de famille en l'air.

Ca m'énerve qu'il garde le sourire face à sa nouvelle femme. Si au moins ça n'avait pu être qu'un coup d'un soir. Non. Il a complètement refait sa vie avec elle. Comme si ma mère n'était pas assez parfaite.

On s'assied autour de la table et bien sûr ma petite demi soeur insiste.

— Je peux m'assoir à côté de toi Love?

— Non la morveuse, je réponds froidement.

Mon père me réprimande du regard. Quoi ? Ce n'est pas parce que c'est ma demi soeur que je dois l'aimer. Elle n'est pas Lee.

Il faut savoir une chose, Lila m'adore. Je ne sais pour quelle raison elle est fanatique de moi. Moi je la déteste, je ne sais pas si c'est assez clair.

— Allez, faites vous plaisir , c'est moi qui paie , annonce mon père quand le garçon arrive.

Je vais me gêner tiens.

— Alors moi je prendrai du homard avec un soupçon de caviar et sa sauce à la truffe s'il vaut plaît !

Mon père me dévisage tout comme mon frère. D'ailleurs, c'est ce dernier qui m'interrompt.

— Elle plaisante, donnez lui un double cheese burger avec ses frites à la patate douce ! Ca sera pareil pour moi.

— Mais non, j'insiste je...

Mon frère me coupe encore.

— Deux Sprites aussi.

Connard.

J'abandonne. Je souffle sur ma mèche de cheveux qui passe devant mes lèvres.

Après que tout le monde ait commandé mon frère me réprimande, comme s'il était le grand frère dans l'histoire.

— Tu t'es prise pour Lana Givenchy ou quoi?

J'hausse les épaules.

— Quoi? C'était juste un plat à cent trente dollar ! C'est rien ! C'est bien moins que briser une famille en entier.

Mon père frappe son poing sur la table.

— Love? Je pensais qu'on avait dépassé ça.

Crétin, il n'y a que toi qui a dépassé ça. Je ne vois d'ailleurs pas pourquoi Liam n'est pas dans mon camp. Lui aussi il a beaucoup pleuré à la séparation des parents.

Sa nouvelle femme ne sait pas trop où se mettre, comme à chaque fois que j'aborde ce sujet.

Je ne réponds pas, je boude dans mon coin.

Il y a des samedis comme ça, des samedi ou je me tais, je profite du repas sans me plaindre et je regarde mon père profiter de son bonheur. Il y en a d'autres où je peux être une véritable peste.

— Love? Reprend mon père. Sérieusement, je veux juste qu'on passe un bon moment ensemble, on ne se voit pas souvent.

Eh bien j'aimerais ne pas le voir tout court.

Je passe le reste du repas à bouder, tout le monde discute sauf moi qui pique dans mon assiette sans oser regarder le bonheur des autres.

— Love ? Pourquoi t'es triste? Me demande ma petite demi soeur morveuse.

— Mêle toi de tes affaires.

— C'est à cause de ton amoureux?

Je lâche un léger rire. Je ris du nez. On va vraiment en parler?

— Il t'a fait du mal ton amoureux? Papa dit toujours qu'il ne faut pas s'attarder sur un amoureux qui te fait du mal.

—Ah bon? Il a vraiment dit ça? Je rigole doucement.

C'est l'hôpital qui se fiche de la charité.

— Tu sais moi j'ai un amoureux, il s'appelle Christian ! Et il a huit ans ! C'est un grand !

— Je m'en fous la morveuse, réponds-je tout en piquant mes frites avec ma fourchette.

Tout d'un coup elle fait la moue avec sa bouche. Comme si je l'avais vexée. Pauvre chérie.

— T'es méchante Love, fait-elle en croisant les bras.

Je l'ignore. Je n'en ai rien à foutre qu'elle puisse me trouver méchante.

Elle me fixe alors je souffle.

— Quoi?

— Il a vraiment dû te faire mal ton amoureux.

Oh je vais la coller cette gamine.

— Ton amoureux ? Entend mon père. T'as un amoureux Love? Je ne savais pas.

Eh voilà.

Je roule des yeux.

— Non, papa.

Je réponds sèchement parce que je n'ai pas envie d'en parler du tout.

— Oh aller, plaisante t-il. T'as vingt ans, t'as bien eu un petit amoureux, c'est l'âge.

Merci de me rappeler que je suis anormale papa. C'est toi qui m'a brisée depuis le premier jour. C'est toi qui a brisé toute mon histoire avec Thomas. Si cela se trouve, Thomas serait mon petit ami aujourd'hui.

Ca, je ne le lui balance pas à la gueule, même si j'aimerais. Parce que je n'ai encore jamais réussi à lui avouer combien il m'a fait mal en brisant tout avec Thomas.

— Merci de me rappeler que je ne suis pas normale, Papa.

Je réponds ça, sur un ton très piquant, avec un faux sourire et je me lève.

— Mais Love, je n'ai pas dit ça. Pourquoi tu te lèves?

— Tu m'excuses, je n'ai plus faim.

Je rejette ma serviette de table et je me lève.

— Tu vas où? Souffle t-il.

— Arrête de contrôler ma vie, je ne contrôle pas la tienne.

Je sais qu'il essaye de bien faire. Mais voilà quoi qu'il fasse, il le fait mal. Je préfère prendre de l'air pour respirer.

Je cherche les toilettes. Cet hamburger m'a véritablement donné envie de chier. Oui, chier est le mot approprié.

Désolée de ne pas être classe.

Émotionnellement parlant, je ne saurais me situer. Je ne suis pas forcément triste, mais juste énervée. Enervée que rien n'aille comme je le souhaite. Je suis toujours accrochée à l'idée de notre ancienne famille.

Alors que je prends mon temps au toilettes, je décide de me rendre sur instagram pour me changer un peu les idées. Je vois que Thomas a rajouté du contenu à sa story. Comme à chaque fois mon coeur bat un peu. Oui, ça fait cinq ans que l'on se s'est pas vus. C'est idiot d'en être toujours là, mais bon...

Il reste la seule personne pour qui j'ai éprouvé un jour quelque chose de fort.

Je clique sur sa story, et je constate qu'il est avec sa copine. Ils se sont pris un hôtel ensemble pour quelques jours. Génial.

Je quitte rapidement la story pour ne pas me blesser plus.

Je sors des toilettes, mais j'hurle quand j'aperçois un garçon devant moi. Lui aussi prend peur puisqu'il hurle en retour .

C'est des toilettes de Dame non?

Je suis si surprise que j'en perds mon portable des mains. Il glisse et s'écrase contre le sol.

Merde.

— Putain mais c'est des toillettes de Dames on peut pas être tranquilles !

— Justement, c'est des toilettes d'homme, me répond le jeune homme en face.

Quoi?

Alors je suis si maladroite que ça? Comment j'ai pu me gourer bordel?

— C'est pas possible? Répété-je.

—Bah...

Il me montre le panneau.

Fait chier.

Tellement idiote Love.

Je m'abaisse immédiatement pour récupérer mon téléphone portable. Mon coeur se brise quand je constate que l'écran l'est aussi. Fait chier. C'était un iPhone XS que j'ai eu il y a trois mois en plus.

— Je suis désolé, fait quand même l'homme en face de moi.

— T'inquiète c'est pas de ta faute, réponds-je même si c'est complètement de sa faute!!!!

Dégoutée, je me relève avec mon téléphone brisé. Je constate les dégâts. Un coté de l'écran ne fonctionne plus. Je suis vraiment dans la merde. J'avais prévu de mettre mes économies pour me financer un voyage au bout du monde, pas m'acheter un autre iPhone !

Oh mais j'ai l'idée du siècle. Pourquoi ne tomberais-je pas tout simplement amoureuse d'un riche? Comme ça problème réglé!

— Wow, il est vachement amoché, fait-il.

Sans blague.

Je reviens à la réalité. Il n'y a pas de riche mari qui m'en paiera un second.

J'ignore le garçon, je m'apprête à sortir des toilettes quand il m'interpelle.

— Attends t'as oublié ça.

Comme une cruche, je n'avais pas vu qu'à cause du choc, une carte avait glissé de ma coque. C'est une toute petite carte de la France que Thomas m'avait donnée, je ne l'ai jamais lâchée.

Je la récupère, mes joues rougissent. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis heureuse de ne pas avoir perdu cette petite carte.

— Euh ouais, merci, réponds-je véritablement confuse.

Je remonte un peu plus mon regard lui et je lui souris.

— Tu t'appelles Love non?

Je suis piquée au vif. Comment sait-il?

— Comment tu le sais? Fais-je méfiante.

— On est en cours d'économie ensemble.

Ah.

J'étais tellement prise par mon histoire de téléphone que je n'ai même pas fait attention à qui se trouve en face de moi. Je prends le temps de le dévisager pour vérifier si je le connais.

Et je me demande comment j'ai pu rater à la fois dans mon cours un garçon aussi mignon, et tout simplement depuis ces dernières minutes.

Exactement mon genre. Un brun aux yeux marrons clairs. Si je devais le comparer physiquement à quelqu'un à l'instant je dirais Noah Centineo.

Il n'est peut-être pas aussi baraqué, mais son sourire ses petites fossettes me font beaucoup penser à lui.

— Désolée, ça me dit rien.

Je dis ça en me retournant et en fuyant.

Alors bon, je ne sais pas pourquoi j'ai fuis. Mais j'ai fuis.

Je sais que je suis une gamine quand il s'agit de parler à des mecs mignons, mais là, j'ai vraiment paniqué.

Et puis comment connait-il mon nom sérieusement ? Je ne sais même pas comment il s'appelle.

Si cela se trouve, c'est juste un psychopathe. Un mignon psychopathe quand même.

Pour être bizarre, ça l'était.

***

— Love?

Je m'apprêtais à rejoindre ma maison quand mon père m'interpelle. Il nous a redéposé chez Norte mère en voiture, mais visiblement il veut me parler avant.

Je souffle lourdement.

Je vois qu'il est embêté. Comme tous les bons papas qui aiment leurs enfants.

Je me rapproche sans rien dire.

— Love, tu peux pas tout le temps agir comme ça... Si c'est vraiment pas facile dit le moi, je ne te forcerai pas à venir. Mais c'est juste le moyen que j'ai de profiter de vous ensemble tu vois...

— Mais moi, je veux pas qu'on soit ensemble, soupiré-je. Je veux juste Liam, toi, maman et moi. Et Lee.

Il soupire.

— Tu sais très bien que c'est pas possible.

Je baisse la tête en soupirant à mon tour.

— Je veux plus venir les samedis, annoncé-je.

Il m'observe doucement pour vérifier si je suis réellement sérieuse.

— C'est tout réfléchi, je rétorque devant son incompréhension.

Il met un temps à réfléchir. Il pourrait s'agacer de mes airs de princesse, mais il ne dit rien. Il sait que s'il s'énerve je m'énerve.

— D'accord, on va en reparler. Mais tu n'oublies pas que je t'aime hein?

Je roule des yeux. Il me force à venir lui faire un câlin. C'est bien parce que je ne le vois pas souvent que j'accepte. Je ne suis plus une gosse.

Je le relâche rapidement pour regagner notre vraie maison. J'y vais presque en courant.

— On est rentré!

A peine ai-je le temps d'ouvrir complètement la porte de chez moi, que Lee me saute dessus. Du moins, elle me saute aux pieds. Je rigole, je la porte à ma hauteur.

— Coucou mon amour! Tu vas bien?

Elle est trop belle avec ses deux chignons et ses petites dents qui poussent. Elle c'est ma vraie soeur, pas Lila. Je la fait tourner dans tous les sens et elle rigole.

— Alors c'était bien cette journée avec votre père? demande ma mère en train de se goinfrer d'une glace devant la télévision et ses télénovelas.

— Sacrément bien ! lance Liam.

— Sacrément bien de la merde, poursuivis-je.

Ma mère roule des yeux, comme si ça ne la surprenait pas d'entendre cela de ma bouche.

— D'ailleurs, maman, j'ai pété mon Iphone, fais-je véritablement désolée.

— Quoi déjà? Répond t-elle presque agacée.

— J'ai pas fait exprès.

— Tu fais jamais exprès.Ca va faire quatre fois en deux ans Love.

Roh. Ca va, ce n'est pas tant que ça...

Je n'arrive pas à lire mes messages sur mon iphone alors je récupère mon ordinateur dans ma chambre. C'est là que mon coeur manque de rater un sursaut.

" Adrian HAMILTON vous demande ne ami".

Quoi?

Je clique sur l'invitation et je remarque qu'il s'agit du garçon de tout à l'heure.

J'y ai pensé toute l'après-midi. J'ai agis comme une cruche d'ailleurs. Ca se sentait qu'il aurait aimé me parler, ou je ne sais pas... Maintenant qu'il m'a ajouté en amie je me demande si je dois dire quelque chose.

Bon c'est vrai, il m'a juste dit " Tu t'appelles Love?" « On est dans la même classe » Il n'y a pas de quoi en faire tout un plat. Mais j'ai l'impression que si tout à foiré la dernière fois avec Elijah c'est parce que je n'ai pas été assez entreprenante et que je n'ai pas capté tous les signaux.

C'était sûr, pour me parler comme il l'a fait, il me kiffait depuis un moment. Et je ne m'en suis jamais rendu compte. Quand je l'ai fait, son ex a débarqué. D'ailleurs, d'après Valentine, je mets trop de barrière. Elle me dit que je paraît intimidante comme fille au premier abord.

« Intimidante » moi? Ca m fait rire d'entendre ça.

Je me dis que ce message à Adrian ne m'engage à rien. Je dois juste m'excuser pour mon comportement un peu brutal.

"Il vaut mieux avoir des remords que des regrets".

Après, certes j'ai trouvé mon comportement brutal, mais l'a t-il trouvé lui aussi? Si cela se trouve il a trouvé la chose normale, et c'est pourquoi il me demande en amie; Si je m'excuse devant lui pour un truc normal, peut-être que là il me trouvera anormale? Ou complètement tarée même?

Bordel.

Comment ça fonctionne un mec.

Mais dans un autre sens, il a quand même fait l'effort de m'ajouter en ami.

Est-ce que cela veut dire qu'il me kiffe bien?

Bon sang Love! Il t'as juste dit "Tu t'appelles Love" c'est tout! Pas " Veux-tu m'épouser".

Et puis, si je lui envoie un message, il va peut-être croire que je m'imagine tout un tas de choses non? 

Je m'arrache les cheveux devant mes pensées.

Bordel, Shut up Love. 

***

YO 

COMMENT VOUS ALLEZ?

😁Votre avis sur ce chapitre?

Bon allez, encore un garçon haha 

😜Le dernier ou pas? 

Votre avis sur la relation de Love avec son père?

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