Chapitre 27


Après cette nuit de repos, nous voilà entrain de rouler ne sachant où on va pourquoi ? Parce que le supérieur ne veut rien, mais absolument rien nous dire. Peut-être que c'est mieux ainsi en faite.

 Comme paysage j'ai droit à une vision de carnages, des cadavres d'animaux jonchent le sol, des cadavres d'hommes parfois et cette puanteur de putréfaction ne me donne même plus de nausées, cela ne devrait pas être normal de s'habituer à une telle situation, mais si j'étais dans l'état de ces pauvres gars, je pense que je n'aimerai pas qu'on me regarde avec dégoût donc je ne le fais pas pour mon propre respect, même si parfois ce sont des Boches. Je remarque qu'il s'agit d'enfants, les Allemands n'ont réellement aucune morale, cette guerre n'en a aucune. 

Nous approchons mi août et je me demande encore quand celle-ci va se finir, apparemment on en a jusqu'à l'année prochaine. Je sursaute quand on me tapote le bras, ma tête se tourne vers l'auteur du geste.


- Oui ?

- Tout va bien ?

- Oh...Euh...Oui.

- Tu m'as l'air soucieux.


On est coupé par le camion qui s'arrête brusquement, je fronce les sourcils. Ce n'est pas normal qu'on s'arrête comme ça. Le supérieur nous fait signe de descendre sous aucun prétexte du véhicule. On entend des voix anglaises parler ce qui me soulage. On est pas à l'abri d'une embuscade. Le véhicule redémarre à mon plus grand soulagement, mais voilà que le supérieur stoppe le camion et nous dis de sortir. Chose qu'on fait et nous voilà pour aller marcher. 

...

La chaleur, toujours cette chaleur, toujours ce soleil qui ne cesse de taper, fatigué je traîne les pieds, nous avons juste quelques gouttes d'eau dans nos gourdes, pour manger nous nous contentons d'un pain rassie volé dans une ferme abandonnée, j'ai mal au pied et au dos. Les lanières de mon sac à dos m'irrite incroyablement les épaules. Je sens quelqu'un me tapoter le dos, je tourne ma tête et interroge mon interlocuteur du regard. Alfred me tend une petite fleur en m'expliquant qu'elle est comestible. Me voilà donc à manger une fleur, bientôt je brouterai de l'herbe comme une vache. Régression de l'être humain. La fleur a bon goût à mon plus grand étonnement. Nous nous arrêtons en plein milieu d'un sentier, le Capitaine, qui nous a rejoint il y a maintenant un petit moment, se retourne pour nous faire face. 

- Bien nous allons rejoindre deux collègues à moi qui nous attend depuis maintenant quelques jours, il soupire, vous allez pouvoir vous reposer et manger, il regarde autour de nous, ils sont habillés en Allemands donc ne tirer pas ! 

Je fais "oui" de la tête tout comme mes camarades. Il revient à sa position initiale et notre marche recommence. Nous allons pouvoir dormir sur nos deux oreilles, manger, oh mon Dieu, Seigneur merci, nous allons pouvoir manger. Nous tournons à gauche pour nous retrouver dans un chemin pas du tout déblayer, il y a quelques ronces, mais elles sont petites heureusement pour moi. Je dégage une branche de ma vue pour que je puisse passé sans encombre, je la lâche, quand j'entends "aie", je me retourne et lâche un petite rire en voyant Ephyre se tenir le nez.

- Ephyre les branches ne sont pas traversables. Lance le Capitaine

D'instinct je dis que c'est ma faute, malgré que cela aurait été marrant de ne rien dire. Ephyre me tape derrière la tête pour se venger, ce qui me fait lâcher un rire discret. Je manque de me prendre le pied dans une racine ce qui fait sourire Ephyre qui n'a pas loupé ma petite scène, en guise de réponse je lui montre mon doigt. en soupirant. 


- Les garçons arrêtez de faire les zouaves merci. Lance le Sergent.

- Laissez William ils sont jeunes c'est normal ! On était pareil à leur âge. Dit le Capitaine.

- Oh oui je m'en souviens.


Et voilà comment on est arrivé à ce que les supérieurs nous racontent leurs bêtises, les vieux qui radotent après c'est bien de les entendre parler et rire, mais on s'en fou un peu de ce qu'ils ont bien pu faire parce que maintenant ce sont de vrais coincés sauf pour le Capitaine, lui n'a rien perdu contrairement au Colonel. Pendant qu'ils nous racontent leurs histoires d'avant, nous arrivons devant un petit camp, où nous sommes accueillis par deux soldats. Je les écoute parler. 


- Capitaine nous avons localiser un groupe de Boche pas très très loin. Dit un des soldat.

- Mais c'est une catastrophe Brown ! Lance le Capitaine.

- Apparemment ils ont installés un espèce d'aérodrome. Poursuit le fameux Brown.

- Attendez vous voulez dire qu'il y a un putain d'aérodrome rempli de Stukas prêt à être lâcher à quoi quelques pieds de Dunkerque !

- Oui.

- C'est la catastrophe, il répète cette phrase.

- Que doit-on faire Capitaine ?

- Vous... Nous allons passer une dernière nuit ici pas de feu de camp pas de bruit pas de lumière juste la pénombre on ne doit pas se faire remarquer ai-je été clair ? Nous reprendrons la route pour Dunkerque.

- Bien Capitaine.


Ils partirent à leur poste d'observation. La peur m'envahi peu à peu, à quelques pas de nous se trouve un aérodrome avec des engins issus de l'enfer. Cette armée Allemande fait peur, je n'ai jamais vu ça. Ils sont entraînés, jeunes, combatifs et déterminés à nous tuer ou à tuer tout court. Je plante mon arme dans la terre et m'assois sur le sol, complètement désespéré, je frotte mon visage avec mes mains, je sens la sueur sur mon visage et la souillure, je ne sais même plus a quand remonte mon dernier bain. Je me lève de ma place pour rejoindre le groupe, je me place entre Ephyre et Alfred. Ephyre me donne du pain que je prends, je croque dedans et remarque qu'il est excellent. Nous écoutons les soldats du Capitaine parler de leurs exploits et de ce qu'ils ont vu. La soirée se termine plutôt bien, je ne pense même pas à cette lettre qui a atterri je ne sais où. Nous nous couchons à la nuit tombée.

...

Le lendemain - 9H00 :

Un bruit me réveille , je me redresse doucement en passant une main dans mes cheveux, je regarde le ciel, mes yeux s'ouvrent en grand quand j'aperçois des Stukas nous survoler, d'instinct je réveille tout le monde. 

- Ils reviennent, lance le Capitaine.

En effet, les avions reviennent mais cette fois ci en tirant, je saute au sol et me protège comme je le peux avec mes bras. Je sens des balles percuter mon casque. Je lève la tête, je vais pour me redresser mais on se jette sur moi pour me remettre au sol, je regarde devant moi et vois le missile percuter l'arbre en face de moi. Celui-ci prend feu, sous ordre du Capitaine et du Colonel nous nous regroupons, une fois que nous avons récupéré nos armes nous nous mettons à courir hors de cette forêt. Je manque de tomber au moins deux fois. L'air me manque, j'ai un point de côté, je manque de tomber, je suis rattrapé par Ephyre.

- Aller Harry courage !

Je fais oui de la tête, bouche ouverte, essoufflé je me remets à courir comme un lapin. Nous rejoignons un sentier, les Stukas frappent notre campement. Ils doivent penser qu'on est toujours là-bas, des crétins. Nous arrivons devant une église à moitié en ruine, nous entrons en file indienne, les supérieurs referment les portes pendant que nous nous asseyons, mes membres tremblent, la tête me tourne, je porte mes mains sur mes tempes par chance mes mains sont froides.

...

Dans l'Eglise - 15H 00 :

Cette sirène, ce bruit, cette angoisse hantent ma tête, les supérieurs nous demandent de nous mettre à couvert, une minute après leurs ordres, des missiles viennent s'écraser contre l'Eglise. Des débris me tombent sur la tête, tout ça dans un bruit strident par instinct je pose mes mains tremblantes sur mes oreilles en tanguant d'avant en arrière.

Ma respiration s'accélère, mes tremblements redoublent, je regarde partout autour de moi comme un fou à la recherche de je ne sais quoi pour me calmer, mais rien, des ruines, des missiles hors d'usage. Rien d'autre. Je me mets donc à réciter une prière que j'ai appris à l'école, je tangue toujours dans le même sens.

D'un coup je sens quelqu'un attraper mes deux joues, toujours aussi paniqué je lève les yeux pour regarder mon interlocuteur, il s'agit de mon frère, je l'entends très peu toujours dans ma démence. Comment va-t-on survivre ? Comment va-t-on rejoindre Dunkerque ? Je tape ma tête avec mes mains comme si j'étais possédé. Je le sens attraper mes mains et me lancer d'une voix claire. J'en peux plus de tout ça. 


- Harry petit frère calme toi ! C'est moi Ephyre reprends toi ! 


Il me donne une énorme claque que je sens passer. Celle-ci a le don de me calmer mais pas complètement, je le regarde apeuré, cette guerre va nous rendre fou. Ephyre me sert dans ses bras, les supérieurs viennent nous voir et l'aide à me calmer, j'entends les voix rassurantes des soldats et de mes supérieurs, ce qui me permet de me reprendre intégralement.

Ma respiration autrefois saccadée redevient peu à peu normale, j'entends mon frère me chuchoter des "c'est ça calme toi", "chut", " c'est fini ils sont partis". Je m'accroche à sa chemise, les supérieurs décident de nous laisser seuls en famille. Ephyre attrape un crucifix qu'il a dû repérer pendant ma crise. 


- Regarde c'est fini ! Harry je te promets qu'on va gagner d'accord ?Je fais oui de la tête. 


Après ma crise, je m'endormis épuisé par ces jours derniers, par chance les supérieurs ont décidé de nous faire partir un peu plus tard.

...

Je suis réveillé par le Capitaine qui m'informe que nous partons, je me relève difficilement, un peu patraque. Je remets mon paquetage sur mon dos, mon fusil ainsi que mon casque pour ensuite suivre le groupe. Je suis devant Ephyre et derrière Alfred. Nous marchons dans un silence de plomb et la peur au ventre. Nous regardons le ciel, des Stukas passent toutes les heures au dessus de nous, direction Dunkerque selon le Capitaine. Nous allons tout droit à la mort j'ai l'impression.

Le soleil est a son pic, la sueur et la souillure se mélange sur mon visage, nous marchons tellement lentement qu'un Allemand aurait pu tous nous tuer. Ce qui est bizarre c'est que les Stukas ne nous bombardent pas alors que nous sommes à leur portée, ils préfèrent aller à Dunkerque, la question est pourquoi ?

Je pense qu'une fois arrivé à Dunkerque, nous auront la réponse. Je l'espère. Car c'est interminable bruit de moustique m'irrite. La fatigue nous rend un peu exécrable, nous entrons dans une marre de boue de quoi bien nous salir encore plus, on me tapote le dos pour ensuite me pointer Alfred, je l'aperçois entrain de ramasser une boule de boue.


- On va se marrer, me chuchote un gars prénommé Neal.


En effet, Alfred étale la boue sur ses mains, il se déplace à pas de loup rapide, je ne sais pas si on peut dire ça mais je ne sais pas comment le dire pour que vous me comprenez. Alfred arrête le Colonel et lui colle ses mains sur les joues, ce qui a le don de tous nous faire marrer sauf la victime bien entendu. 


- Soldat vous venez de faire une grave erreur.

- William ils s'amusent comprend les regarde le pauvre Harry a même disjoncté et puis je dois dire que ce maquillage vous va très bien. Dit le Capitaine en rigolant.

- Mais Colonel ne dit-on pas que la boue donne la peau douce ? Demande Ephyre ironiquement.

- Vous voyez qu'ils ont intelligent. Le Capitaine nous sourit, tout à fait mon garçon c'est bien la boue qui donne la peau douce comme un bébé.

- Aha donc ne vous plaignez pas ! Dit mon frère mort de rire.

- Bon bon d'accord vu que tout le monde semble être contre moi, lance le Colonel amusé.

C'est dans la bonne humeur et grâce à Alfred que nous repartons dans cette joie, parce que sinon ça serai plat. La boue recouvre mes ranger et le bas de mon pantalon. Les bras en l'air pour protéger l'arme, je me mets à sourire, on dirait des singes, nous sortons de cette boue pour revenir sur un chemin de terre.

Nous traversons le chemin pour atterrir dans un champ, l'herbe est aussi sèche que nous, la nature a perdu son éclat, cette guerre nous tuera tous et moi le premier, je pense. Oui j'ai peur, pas de mourir, mais de voir mon frère ne pas s'en sortir autant que moi, il mérite la vie. Nous apercevons un convoi, le Capitaine me demande d'aller vérifier notre position.

Je rejoins la foule de passants, toujours uniquement rempli de femmes et d'enfants, mais pas d'homme. Cela me choque encore, j'aperçois une jeune femme, m'approche et lui fais signe de stopper sa marche pour se décaler du rang. Elle s'exécute, je racle ma gorge et demande en lui montrant ma carte.


- Parlez-vous anglais ? Je demande en Français mauvais.

- Oui Soldat, dit-elle dans ma langue.

- Oh Comment cela se fait-il ?

- Je suivais une formation d'infirmière avec des bonnes sœurs Soldat mais nous avons été dispersée et la je rejoins un autre couvent.

- Sans escorte ?

- Oui Soldat que voulez-vous qui m'arrive ?

- Et bien je ne sais pas sûrement les Allemands qui pourraient venir bombarder i...


Je suis coupé par un Stuka nous survole et se met à tirer sur la foule tenant toujours la carte, je prends la jeune femme et nous jette dans le fossé en terminant ma phrase, elle me remercie du regard. Une fois que l'avion est passé nous revenons tous sur le chemin enfin pour les survivants.

- Vous êtes sure de vouloir rester dans le rang ?

- Et laisser ces pauvres gens ? Oui je suis sûre Soldat.

- Courageuse je vois, je souris en coin. Bien où sommes nous alors? Je demande pour revenir au sujet.

- Entre Capelle-la-Grande et Coudekerque-Branche Soldat.

- Donc pas loin de Dunkerque, je souris. Merci. 

Je rejoins mon groupe qui lui est toujours à sa place initiale, le Capitaine me frappe la tête en me demandant de ne plus draguer, qu'on a pas le temps pour ça, je ne vois pas du tout où il veut en venir, y a une grosse différence entre draguer et être courtois avec une demoiselle, je lui explique qu'elle est nonne et que en plus je vais être père et que je suis heureux dans mon couple, il se met à rire et s'excuser pour la frappe. Après je le comprends j'ai mis un moment pour lui parler, mais c'est à cause de l'avion aussi et elle parlait anglais donc je ne galérais pas et ça c'est plutôt cool. 

...

Nous reprenons la route, en repensant la claque, je veux dire que ça fait quand même un moment qu'on a pas vu de jeunes femmes, donc c'est humain je crois d'être légèrement en manque, je ne suis pas un obsédé mais cette guerre ouvre trop bien l'adrénaline. 


- Vous imaginez les gars dans quelques années on parlera peut être de nous. Dit Neal.

- On parlera surtout de ta grosse tête, lance Ephyre tandis que Alfred reçoit une merde d'oiseau sur la tête je décide de m'approcher.

- Alors Alfredou comment vas-tu ?

- Euh bien et toi ? Il hausse un sourcil.

- Très bien. Dis moi tu te fais une nouvelle coloration de cheveux ?

- Euh non. Il tâte ses cheveux et remarque la merde, bande de cons enlevez moi ça.

Je ris en arrachant une feuille pour l'aider à s'essuyer la tête, c'est vraiment dégueulasse ce que je fais enfin ce que nous faisons, les autres sont morts de rire ça je peux vous le garantir. Nous arrivons devant un vieux moulin, le Capitaine nous informe que nous passerons la nuit dedans. Nous nous installons dans le calme, j'aide toujours Alfred, la merde veut pas se décoller, le Capitaine nous aident en coupant la mèche qui est remplie de merde, heureusement que c'est une petite mèche et pas une grosse touffe le pauvre. Il regarde ses cheveux pleins de caca de piafs comme si c'était un enterrement, je lui souris amusé, il m'en colle une derrière la tête en me traitant de con, il se met à rire de sa bêtise et nos bêtises.

Nous regardons le soleil se coucher en silence, pendant que le Colonel allume le feu. Histoire de nous éclairer. On se disperse les tours de gardes, par rapport à ma crise je suis en compagnie de Brown, nous avons notre tour à cinq heures du matin dans un long moment. Je m'endors très rapidement, épuisé par ma journée.

...

Fin du chapitre 27. Le chapitre 28 Arrive dans la même journée.
















Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top