Chapitre 36
J'ouvris les yeux avec difficulté. J'avais les membres tout engourdis et surtout j'avais terriblement froid. Je me redressa. J'étais assise sur de la glace entre deux bâtiments, Shoto était étendu inconscient non loin de moi. Soudain je me rappela : mon envie de suicide, la tirade de Shoto qui m'avait faite pleurer comme un bébé, et puis cette traitresse de basket qui me lâchait au moment ou je me raccrochais à la vie.
Faudra peut-être que je change de marque...
Je me releva avec de légers vertiges que j'ignorai pour aller m'assurer de l'état de Shoto.
Moi- Shoto !
Je le secoua de plus en plus violemment inquiète qu'il ne se réveille pas. Et les héros allaient arriver d'une minute à l'autre !
Moi- Shoto ! Réveilles toi !
Finalement, à mon plus grand soulagement, il finit par ouvrir les yeux après quelques instants.
Moi- Faut que tu t'en ailles, les héros vont rappliquer, y a forcément quelqu'un qu'a remarqué un truc qu'allait pas depuis son appart.
Shoto- Tu vas bien ?
Décidément, Shoto était vraiment le seul encore capable de me réchauffer le cœur et ce, malgré son alter qui commençait à me donner la migraine.
Moi- Oui, je vais bien mais faut vraiment partir là.
Shoto- Tu vas retourner chez Midnight ?
Moi- J'y suis bien obligée...
Shoto- Tu... Tu ne voudrais pas partir avec moi ?
Moi- Hein ?
Je me retourna face à lui. Il saignait encore un peu mais ça n'avait pas l'air grave. Seulement c'était à cause de moi qu'il s'était fait ça. Encore une fois je manquais à mes devoirs de héro.
Moi- Tu sais bien que c'est impossible et puis ça ne te servirais à rien de partir avec moi.
Shoto- Mélodie je-
Moi- Shoto ! Tu ne comprends pas ?! Je ne suis plus la même ! Je ne suis plus une héroine !
Shoto- Parce que tu penses vraiment que je restais avec toi uniquement pour ça ?!
Moi- Mais ce n'est pas pour autant que tu vas rester avec une vilaine !
Shoto- Et pourquoi pas ?!
Je me tus subitement choquée de ses propos.
Moi- Nan mais... Nan mais tu t'entends parler ?! Qu'est-ce qui va pas dans ta tête ?! T'es complètement malade !
Shoto- Si ça peut te convaincre de me suivre alors oui, je suis complètement malade !
Moi- C'est n'importe quoi ! Où est donc passé le Shoto rationnel et imperturbable ?! Tu te rends pas compte des conséquences que tu pourrais subir en restant près de moi !
Shoto- Je les assumerais !
Moi- Tu ne sais même pas de quoi tu parles !
Shoto- Eh bah ce sera tant pis pour moi !
Moi- J'accepterais pas de te causer du tort !
Visiblement énervé de mon refus persistant Shoto finit par m'attraper le poignet avant de se mettre à courir vers une destination inconnu.
Moi- Eh arrêtes ! Shoto lâches-moi !
Shoto- Je te l'ai pourtant dis là-haut tout à l'heure, à partir de maintenant, je reste avec toi...
Finalement je me résigna et fini par courir à ses cotés en séchant mes larmes. Je ne comprenais pas. Pourquoi désirait-il tant rester avec moi ? N'étais-je pas devenu effrayante ?
Après un moment, nous arrivâmes en périphérie de la ville, au bout de la plage, dans un recoin qui semblait isolé du monde.
Je m'assis adossée à un rocher et Shoto fit de même quelques mètres plus loin. Le temps avait passé, à présent il faisait bien jour et malgré le fait qu'on soit en Novembre, il faisait relativement doux.
Je ramena mes genoux sous ma poitrine afin d'y poser ma tête. Je me tourna vers Shoto qui semblait m'observer depuis un moment déjà.
Shoto- ... Désolé de t'avoir forcé...
Après quelques instants je lui demanda.
Moi- Tu regrettes ?
Shoto- Non.
Moi- Pourquoi tu t'excuses alors.
Je tourna la tête de l'autre coté.
Shoto- Tu es fâchée ?
Je ne répondis pas. Puis je l'entendis se lever et peu après je le senti s'asseoir tout près de moi, avant de passer ses bras autour de moi.
Shoto- J'ai eu peur que si je te laissai partir comme ça à cet instant, je n'aurais plus jamais eu l'occasion de rester à tes cotés...
Moi- Tu sais donc que j'irais forcément en prison.
Je le senti hocher la tête. Je soupira.
Moi- Pourquoi tu veux tant que ça rester avec moi. C'est vraiment stupide.
Shoto- J'ai entendu dire que l'amour n'avait pas de sens.
Moi- Sois raisonnable un peu. J'avais plein d'autres amis qui m'aimaient autant que toi voir même plus et dont je n'ai plus de nouvelles depuis quelques temps. Je sais que tu fais de ton mieux pour comprendre comment fonctionnent les relations mais je crains que tu ne te sois trompé sur ce coup là : il n'y a pas besoin de s'investir à ce point pour une banale amitié. Pour Shota, Enji ou Nemuri je comprends, ça fait longtemps qu'on se connait mais avec toi c'est quand même récent. Fais attention, pour une amitié, si tu en fais trop tu finiras par le regretter... Amitié est un mot bien trop large qui ne permet pas de savoir avec précision à quel point tu es proche de quelqu'un.
Il ne me répondit pas. Après tout il avait peut-être besoin de temps pour assimiler ce que je venais de lui expliquer.
Les minutes passèrent et puis les heures les succédèrent sans qu'aucun de nous parle. Nous étions blotti l'un contre l'autre, contemplant les vagues qui allaient et venaient en face de nous, dans notre bulle, nous étions bien...
Je finis par m'assoupir et quand je me réveilla, le soleil se couchait, teintant le ciel de mille teintes orangées qui se reflétaient en scintillant dans la mer. Shoto étais en train de manger un onigiri qu'il avait du aller acheter dans une supérette du coin et quand il vit que je m'étais réveillée il me tendit un sac en plastique qui en contenait d'autres ainsi que d'autres snacks en tout genre.
Shoto- Il y a de la glace au citron vert au fond.
Moi- Merci.
Nous mangeâmes silencieusement avant que Shoto ne prenne la parole.
Shoto- J'ai bien réfléchi à ce que tu m'as dis ce matin, et je crois que cette fois, c'est toi qui fais erreur.
Moi- Ah oui ?
Je roula des yeux légèrement agacée qu'il ose remettre en cause mes propos alors que je savais très bien ce que je disais puisque je le vivais en ce moment même.
Moi- Alors éclaires moi s'il te plait, j'ai besoin de ta sagesse.
Il souffla du nez amusé de ma réaction.
Shoto- Je n'ai pas dis que tu avais entièrement tort ne t'inquiètes pas, je n'oserais pas. Non, à vrai dire, ce que tu as dis m'a paru très pertinent, et je pense que tu as raison : il faut bien savoir à quel point son amitié est profonde ou pas avant d'agir avec quelqu'un. Et bien que tu avais des amitiés bien ancrées, seule une poignée de tes amis s'est levée pour toi. Pourtant, moi qui ne te connais pas depuis vraiment longtemps j'ai agi inconsidérément juste pour rester un peu plus avec toi. J'en ai donc déduis que tu avais tort sur un seul point mais qui fait toute la différence : tu me considères comme un ami mais pas moi.
Moi- ... Nani ?
Shoto- Je t'aime. De manière amoureuse je veux dire.
Au début je ne compris pas exactement, c'était comme si l'on avait déconnecté mon cerveau, j'étais complètement dans le flou et puis peu à peu mes neurones se réveillèrent et avec eux mes joues qui se mirent à rougeoyer tandis que je me mis à bégayer, ne sachant même pas quoi dire. Je finis par me lever brusquement avant de m'accroupir face à la mer un peu plus loin en me tenant les cheveux pour me cacher comme si je venais soudainement de rajeunir mentalement d'une dizaine d'années.
Shoto- Mélodie ?
Moi- Ne t'approches pas !
Le pauvre, il devait être perplexe, ne devant pas comprendre ce qui m'arrivait d'un coup. Et je ne pourrais pas non plus lui fournir de réponses car je n'en avais tout simplement pas.
Shoto- Tu as tes règles ?
Moi- Pardon ?! Mais c'est quoi ce raccourci sans aucun sens ?!
Shoto- Désolé-
Moi- T'es vraiment qu'un imbécile, un idiot, ouais, t'es complètement bête !
Je me maudis intérieurement en continuant à l'insulter à chaque fois qu'il voulait prendre la parole. J'avais envie de m'enterrer tellement je faisais n'importe quoi, c'était moi qui était complètement stupide !
Mais aussi, Shoto abusait à me dire des trucs comme ça avec sérieux alors qu'il ne le ressentais certainement pas réellement ! C'était à cause de lui que j'avais perdu tout mes moyens !
Moi- Shoto, il y a une grande différence entre l'amour-amour et l'amour-amitié !
Shoto- Je sais.
Moi- Alors tu ne peux pas m'aimer de manière amoureuse, c'est impossible !
Shoto- Moi j'en suis capable.
Moi- N'importe quoi !
Shoto- Mais si je t'assures que je t'aime comme ça, c'est même grâce à ce que tu m'as dis tout à l'heure que j'en suis convaincu.
Moi- Mais ce que je voulais te dire tout à l'heure c'était que tu pouvais me laisser sans te sentir coupable, pas que tu étais peut-être amoureux de moi !
Shoto- Mais je le suis.
Je me tapa la tête contre le sable. C'était n'importe quoi ! Je n'arrivai même plus à me contrôler et je n'arrêtais pas de crier !
Shoto- Mélodie, ça...Ça va ?
Moi- Non ça va pas !
Shoto- Je peux faire quelque chose pour toi ?
Moi- Non parce que t'es incapable de comprendre ! Tu vois, y a des trucs que des amoureux peuvent faire mais pas des amis ! Exemple très simple, tu ne pourrais pas m'embrasser - sur la bouche je veux dire - parce que seules des personnes amoureuses le peuvent !
Shoto sembla réfléchir quelques secondes avant d'affirmer.
Shoto- Je peux le faire. Certes je ne saurais certainement pas bien m'y prendre, mais je pourrais le faire. Tu vois que je t'aimes. Et toi, tu ne voudrais pas m'aimer ? Je crois que ça me rendrait très heureux.
Cette fois ci c'était trop, je me releva et me mis à courir dans la direction opposé à Shoto, mon cerveau en surchauffe, incapable de penser correctement.
L'ayant semé, je m'assis par terre à nouveau lucide, ma fuite m'ayant calmée.
Mais qu'est-ce que j'avais fais ?!! J'étais réellement si stupide ?!! A présent, j'aurais beaucoup trop honte pour lui faire face ! Mais pourquoi diable avais-je réagi de la sorte ?!
Et puis soudainement, la réponse vint fleurir dans mon esprit sans que je l'y ai autorisé.
Peut-être que moi aussi j'aimais Shoto ?
Rien que d'y penser, je sentais à nouveau mon cœur s'emballer telle une de ces héroïnes de shojo.
Shoto- Mélodie ?
Je l'entendis se mettre à courir m'ayant repéré.
Shoto- Mélodie ! Tu m'as fais peur à partir comme ça !
Il était légèrement essoufflé et surtout, il me paraissait soudainement un peu trop beau pour mon pauvre cœur.
Shoto- On retourne là où on était ? Là on n'est plus très loin de la route.
J'hocha la tête et tandis que l'on se mit à marcher le long de la mer, je lui pris timidement la main, encore toute rouge. Et même si nous étions de toutes façons seuls, je lui répondit en murmurant.
Moi- Je crois que finalement je t'aime bien aussi. Je veux dire, de manière amoureuse, tu vois ?
Il hocha la tête et je vis quelques rougeurs lui colorer les joues également.
Ce fut la plus belle soirée de ma vie, bien qu'on parlait peu, on était à deux et ça me suffisait. Nous nous endormîmes dans les bras l'un de l'autre et ce fut la plus belle nuit de ma vie car j'avais quelqu'un qui m'aimait et que j'aimais en retour contre moi.
Et puis le lendemain, alors que nous étions parti nous ravitailler à la supérette, notre petite bulle de bonheur éclata soudainement, bien trop rapidement.
Hawks- Mélodie Mirashi, vous êtes en état d'arrestation.
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