Chapitre 35

Quelques semaines avaient passés depuis la publication de ce fameux direct où Hawks prétendait avoir révélé ma "vraie nature".

Nemuri m'avait dit que les gens n'y croiraient pas, que ça se tasserait après quelques temps. Après tout, je n'étais qu'une enfant et ce n'était pas si grave. Elle savait que ce n'était pas vrai. Que c'était même cruellement faux. Mais pas à ce point.

En effet, la réaction de la population et le déchainement médiatique dépassait tout ce qu'on avait pu voir jusqu'à présent. Tout le monde s'en mêlait, on ne parlait que de ça partout, chacun débattait, argumentait, inventait, créait sa propre hypothèse, sa propre version de l'histoire et défendait son parti, son camps.

Pourtant, moi, personne ne m'avait rien demandé.

J'étais devenue spectatrice de ma propre vie, j'écoutais jour après jour, heure après heure, tous ces gens qui prétendaient mieux me connaitre que le voisin, que l'ami, que le héro, que moi.

Cela avait prit des proportions si énormes que l'on en parlait même à l'étranger, et là aussi des célèbres analystes s'amusaient à décortiquer toute ma vie, mes actes, mes relations afin de pénétrer dans mon esprit et de délibérer sur une fille qu'ils n'avaient même jamais connus.

L'état avait annoncé qu'ils allaient faire un réforme d'urgence pour s'assurer que les établissements dispensaient une éducation correcte, la plupart des filières héroïques avaient fermé temporairement et les anti-alters en profitaient pour demander l'interdiction ferme d'utiliser toutes formes de capacités surnaturels.

Les vilains du moment se disaient motivés par moi et me présentaient comme leur modèle : une vilaine qui fait semblant d'être une héro afin de mieux les tromper et d'accomplir ses desseins, qui plus est, une simple adolescente qui y arrive avec brio, quoi de mieux ? De ce fait beaucoup de citoyens commettaient des actes de vandalismes ou des délits stupides qui partaient d'un simple tag au meurtre dans le seul but de me témoigner leur admiration.

De ce fait, les héros, entre deux interview pour donner leur avis sur ma personne, avaient bien du mal à différencier ces pseudos vilains des citoyens qui manifestaient plus ou moins "pacifiquement" pour prouver mon innocence et demander à ce que l'on me laisse continuer d'exercer ma profession. En effet, eux aussi finissaient arrêté, la raison aux jets d'ordures, insultes ou agressions sur les personnes voir héros du camps opposé.

Heureusement encore, il y avait une partie bien distincte des deux précédentes , celle qui me descendait plus bas que Terre et ne comprenait pas que je ne sois toujours pas incarcéré. Apparemment des cagnottes avaient même été créées afin de soudoyer la police pour qu'elle m'arrête sur le champs ou pour me faire condamner à mort.

Les élèves n'allaient plus à l'école, les travailleurs n'allaient plus au travail, impossible d'étudier ou de travailler dans un tel climat ou tout le monde était divisé. Des émeutes éclataient aux quatre coins du pays, de plus en plus violente, il y avait des blessés, des morts, les quartiers se déchiraient, les familles se séparaient, c'était le chaos.

Et moi, jour après jour, j'observais les gens se battre à mon propos depuis le canapé de l'appartement de Nemuri, je constatais comment la situation dégénérait du coté de la population, comment la plupart des politiques et des héros tournaient et retournaient leur veste afin d'être toujours à l'abri de la vague. 

Tout ça c'était ma faute je le savais bien. Un héro était censé améliorer le climat de la vie des citoyens pourtant, moi qui pensait l'être je faisais tout le contraire.

Pourtant était-ce vraiment entièrement de ma faute tout ce qu'il se déroulait sous mes yeux à travers le petit écran de télévision ?

Après tout, moi, je n'avais jamais demandé à ce qu'on prenne mon parti ou pas !

Les gens n'avaient-ils pas juste décidés de me prendre en comme excuse pour pouvoir décider du bien ou du mal, pour pouvoir juger leurs voisins, critiquer leurs amis ou persécuter leurs collègues ?

Moi, tout ce que je voyais, c'était des inconnus mener une guerre dont ils ne savaient rien.

S'il n'y avait pas eu les héros et les amis que j'ai cru connaitre, j'aurais presque pu regarder ça comme un banal feuilleton TV qui racontait l'arrogance humaine en décrivant des actes qui semblaient très éloignés de la vraie vie.

Mais il y avait ces héros et amis que j'avais cru connaitre, et c'était bien la réalité qui se jouait sous mes yeux.

A présent, les masques étaient tombés, les sourires oubliés, et qui restait-il pour me tendre la main ? Ah ! Bien peu comparé à ceux qui avaient finis par me tourner le dos. Un regard fuyant devant la caméra, un sourire un peu trop crispée, une voix mal assurée qui me défendait sans y croire elle-même, et dès le premier argument adverse, les remparts tombaient, la défense était anéantie, et cet "ami" prétextait une urgence pour se retirer ou rendait les armes directement pour se ranger du coté de la vérité, de la justice.

Du coté de la mort.

Ma mort.

Car si tout le monde reconnaissait qu'il fallait m'arrêter, alors pourquoi pas qu'il fallait me tuer ?

Après tout la complicité d'une héro avec une vilaine pouvait être considérée comme un crime, un crime envers les citoyens et la profession !

Seulement quelques personnes continuaient à me défendre pour ma liberté.

Mount Lady, Nemuri, Hizashi et Rumi.

S'étant pourtant abstenus au départ, Shota, Enji et All Might avaient finis par rejoindre ma cause élevant le nombre de héro me soutenant vraiment pour ma liberté même si elle paraissait impossible à 7.

Une partie des élèves de la seconde A voulaient également ma liberté pleine et entière mais la majorité se prononçait plutôt pour une courte peine qui n'affecterait pas ma carrière. Je riais intérieurement de leur naïveté. Après être passé par la prison, un héro ne pouvait évidemment plus pratiquer, et vu toutes les retombés de mes actes, on n'allait certainement pas me sanctionner d'une peine plus faible que la prison.

Je pensa à ma mère, celle qui allait aggraver ma peine de ses actes, mon père qui devait être terriblement déçu, Takeo qui devait indéniablement rester dans le déni, Yoko qui devait être heureuse vu qu'on ne risquait plus de se remettre ensemble.

Je pensa à Daisuke et Aya dans le café qui avaient du éteindre la télé pour ne pas que Akihiro et Hanako me voient si pathétique, je pensa à Aoi qui devait redoubler de vigilance pour ne pas se faire capturer.

Finalement il valait mieux ne pas penser à tout ça...

Je me leva, enfila une veste et ouvris la porte pour aller prendre l'air avant de tomber nez à nez avec Shoto en me faufilant dans le couloir.

Shoto- Mirashi...

Moi- Shoto...

Je détourna la tête ne voulant pas croiser son regard surement plein de pitié.

Moi- Qu'est-ce que tu fais là.

J'avais parlé sèchement mais en même temps à quoi s'attendait-il en venant ici ?

Shoto- ... Tu sortais ?

Moi- Vu tout ce qu'il y a en ce moment je me contente du toit.

Shoto- Oui évidemment... Je... Je peux rester avec toi ?

Je me retourna et commença à grimper les escaliers avant de répondre.

Moi- Pourquoi ?

Je continua de marcher, seule, il n'avait pas de réponse.

Il faisait frais, après tout le soleil n'était pas encore levé, bien que ça ne saurait tarder, le ciel se teintant de rose-doré. Je m'approcha du bord et contempla au loin la ville silencieuse.

Encore une journée qui commençait. Une journée qui me rapprocherait de l'issue finale, qu'elle soit heureuse ou fatale.

Enfin je savais très bien que ça finirait mal. Pourquoi est-ce que je continue d'attendre ? Après tout, je sais très bien qu'il n'y a plus rien à espérer.

Et puis je regarda la vide.

Après tout, pourquoi ne pas en finir maintenant ? 

J'en ai assez d'attendre dans la file de la mort, je ne l'ai jamais fait mais autant couper la queue, je sais que plein de gens le font pour ne pas perdre de temps.

Et puis en un instant je fus debout sur le rebord, surplombant le vide qui me séparait du bitume plus bas.

Ce sera une bonne chose de faite.

Shoto- Ne sautes pas !

Je sursauta en entendant le cri et voulu me retourner par réflexe mais je perdis l'équilibre et commença à basculer dans le vide.

Attends, je vais vraiment tomber accidentellement comme ça, avant même d'avoir pu savourer l'image de Hawks dépité de ne pas avoir pu me tuer de lui-même ? Enfin, c'est vrai que c'était pas non plus forcément nécessaire...

Mais je ne tombais pas.

Evidemment, les héros, ça ne peut pas laisser quelqu'un partir tranquillement...

Moi- Lâche moi.

Shoto- Hors de question !

De toute façon il ne tiendrait pas, il ne m'avait rattraper que de justesse, grâce à mon pied gauche qui avait apparemment eu envie de rester un peu plus longtemps en l'air que l'autre.

Moi- ... Tu me fais mal.

Shoto- Donne moi la main.

Moi- Non.

Et puis je remarqua qu'il pleurait. C'était la première fois que je le voyais pleurer.

Moi- Nan mais je rêve ! C'est quoi c'te drama queen ! Tu vas pas pleurer pour une fille que tu connais à peine quand même !

Shoto- Que je connais à peine ?! Je croyais qu'on était proche toi et moi !

Moi- C'est pas ce que t'as dit au journaliste. Tu te souviens ? T'as rien dis du tout. Tu les a laissé parler sur moi comme s'ils me connaissaient alors que t'étais mon meilleur ami de mon age.

Shoto- Ce qui se dit sur toi ne t'as jamais intéressé, je n'allais pas perdre de temps à déblatérer sur toi alors que tu n'y trouverais aucun intérêt !

Et alors qu'il essayait avec peine de me remonter sans mon consentement je finis par lui poser à nouveau la question.

Moi- Pourquoi ? Pourquoi t'es là alors que beaucoup me haïssent, pourquoi tu me sauves alors que tu sais très bien que ça ne t'apporteras rien de bon, pourquoi tu ne me laisses pas mettre un terme à tout ça alors que tu sais que c'est pour le mieux ?!

Shoto- Que c'est pour le mieux ? Est-ce que tu le penses vraiment ?

Sa voix se brisa tandis que je me mis moi aussi à pleurer, épuisée de tout.

Shoto- Mélodie... T'as encore plein de choses à vivre, tout ça c'est qu'une passade, une chose qui peux arriver à tout le monde, ça s'oublie, se répare ou s'efface, ce sera comme tu voudras ! Et si c'est trop pour toi alors tu peux pleurer, crier, chanter, tant que ça te soulage ! Si t'es en colère contre moi, parce que j'ai rien dis à la télé ou même juste parce que je suis un héro, comme ceux qui te persécutent, eh bah tu peux me frapper, m'ignorer et même me détester si t'en a envie mais te gâche pas, tu vaux bien mieux que ça, ne pars pas, ne sautes pas s'il te plait...

Et puis je me mis à sangloter bruyamment comme je ne l'avais pas fais depuis enfant.

Shoto- Ça va aller, moi je reste avec toi...

Alors lui tendis la main mais lorsque je me redressa mon pied glissa dans ma chaussure mal serrée et je tomba dans le vide.

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