✎ Chapitre 22 : Un aveu qui mérite réflexion
Je demeurai silencieuse, attendant que Shoto 2.0 reprenne la parole.
-Tu te souviens quand on a été forcés de changer de planque, hier ? m'adressa-t-il.
-Euh... ouais ?
Pourquoi appeler ça une planque ? Ce n'était pas comme s'ils étaient des criminels recherchés dans le monde entier, au même titre que l'alliance des supervilains...
-On a réussi à en trouver une nouvelle, sauf qu'on ne va pas pouvoir y rester longtemps !
Hein ?
-Pourquoi ?
-Parce qu'il va falloir qu'on quitte la ville !
Face à cette annonce pour le moins bouleversante, mes yeux devinrent rond comme des soucoupes. Comment ça, lui et le reste de la classe A comptaient partir de Musutafu ?
-Quoi ?! m'exclamai-je, complètement déboussolée.
Il ne pouvaient pas tout abandonner de cette façon ! Qu'en était-il de leur famille, qui les chérissait tant ? De moi, qui ne me voyais pas vivre sans eux ? Du lycée Yuei, qui était chargé de leur enseigner le métier de super-héros ?
Ah oui, c'est vrai. J'avais oublié que Shoto ne voulait plus en devenir un !
Oui, ce flot de révélations sans queue ni tête avait le don de m'agacer.
En réponse à ma réaction tout sauf indescriptible, le garçon aux cheveux bicolore poussa un léger soupir.
-Les magasins ne font que se vider depuis hier, ça n'arrête pas ! Du coup, on commence à manquer en nourriture !
Mais...
-Rentrez chez vous, non ? lui dis-je, ne comprenant même pas pourquoi ils avaient fugué, à la base. Vos parents doivent encore avoir de quoi manger !
Shoto 2.0 se mit à ricaner.
-Sois pas bête, T/p ! Il y a plus personne chez nous, haha !
-Ah bon ?
Alors là, il venait de me perdre encore plus que je ne l'étais déjà...
-Bah oui ! répondit-il, comme si c'était évident. Mon daron en a eu marre de rester enfermé chez lui, du coup il s'est tiré avec mes frères et sœurs. Je suppose qu'il est parti s'amuser un peu, si tu vois ce que je veux dire !
Nan, j'vois toujours pas.
-C'est la même chose pour le reste de la classe, reprit-il. Tout le monde est parti, donc on a fait de même. Et quand on s'est trouvés, on a décidé qu'on resterait ensemble. Un peu comme un gang, quoi !
Honnêtement, je ne voyais pas une once de logique dans ses propos.
-Le souci, c'est que les p'tits groupes comme le nôtre se font de plus en plus nombreux ! On commence à se chamailler pour des planques, des vivres, etc. Et les conflits de ce genre, ça finit rarement bien.
Ne sachant toujours pas précisément comment me comporter en sa présence, je me contentai de hocher la tête.
-Bref, c'est pour ça qu'on veut s'barrer ! De toute façon, y a plus rien qui nous retient ici !
Sympa...
-Quoique, sauf peut-être une chose !
Je levai à nouveau les yeux dans sa direction, interloquée. Mon prétentu petit copain m'offrit un sourire dragueur, sachant pertinemment que j'avais compris ce qu'il voulait dire par là.
-Sérieux, tu veux vraiment pas nous accompagner ?
Il tenta d'imiter un chien battu, en vain...
-Je sais pas, répondis-je en soupirant.
Et c'était la vérité.
Shoto et la classe A étaient les personnes desquelles je me sentais le plus proche, si bien que je ne désirais absolument pas les voir partir. Je ne savais pas qu'est-ce que je deviendrais sans eux. Peut-être que je n'arriverais même pas à me remettre de leur départ...
Mais d'un autre côté, je ne leur faisais pas plus confiance que la veille.
Que faire lorsque les seules personnes en qui l'on avait confiance s'apprêtaient à nous abandonner, en plus d'avoir radicalement changé de tempérament ?
Ça, c'était la seule question -parmis toutes celles que je m'étais posées- qui avait pour effet de serrer douloureusement mon cœur.
-Je te laisse y réfléchir tranquillement, finit-il par déclarer. Je t'attendrai ici même, demain, à la même heure ! Ça t'va ?
-D'accord...
Un ange passa.
Ayant profité de ce silence pour inspecter le paysage, je constatai que le lycée Yuei était toujours dans le même état. Parsemé de graffitis immatures et saccagé au niveau des fenêtres, seule la foule qui l'entourait avait disparu.
C'est déjà ça...
Soudain, la question que j'avais oublié de lui poser la veille me revint en mémoire.
-Au fait, Shoto... ajoutai-je, avant de me tourner de nouveau vers lui. J'avais quelque chose à te demander hier, mais j'ai zappé.
-Je t'écoute !
Je laissai échapper un soupir.
-Avant-hier, je t'ai envoyé un message pour savoir si tu voulais qu'on se retrouve le lendemain. Sauf que tu ne m'as pas répondu, tu m'as seulement lâché un vu. Pourquoi ?
À voir l'expression qu'il affichait, ma suggestion semblait lui être complètement sortie de la tête. Pour ne rien arranger, il n'avait pas l'air d'en avoir grand chose à faire.
-Ch'ais pas, répondit-il d'un air désintéressé. À mon avis, j'ai dû être appelé juste après l'avoir lu. Et après, j'ai oublié.
Mon cœur se serra d'avantage.
-Ah, ok...
Ce n'était pas un simple message qu'il avait ignoré. Non, c'était même le seul et unique moyen que je pouvais employer pour communiquer avec lui, et inversement. Shoto savait pourtant mieux que personne ce que je traversais. Il était au courant des actes atroces que mes parents avaient commis par le passé, ainsi que de ce qu'ils avaient mis en place dans le but de m'isoler du reste du monde. Alors comment se faisait-il qu'il se montre aussi... détaché, de la triste réalité à laquelle nous faisions face ? À croire que ce qu'il pouvait advenir de moi, si nous coupions les ponts, lui était parfaitement égal !
Mais d'un autre côté, cet étrange Shoto semblait tenir à ce que je vienne avec lui et les autres membres de la classe A...
-Qu'est-ce ce que je représente pour toi, au juste ? l'interrogeai-je.
Cette question avait franchi mes lèvres sans me laisser le temps d'intervenir. Mais quelque part, ce n'était pas plus mal. Si ses sentiments à mon égard s'avéraient avoir changé, mieux valait que j'en sois informée. Et ce, dans l'immédiat. Je ne voulais en aucun cas rester enfermée dans une bulle d'incertitude pour l'éternité.
Contrairement au genre de réactions que le Shoto d'avant-hier aurait pu avoir, celui-ci ne sembla pas déstabilisé le moins du monde. Au contraire, il avait même l'air quelque peu amusé par mon interrogation.
-T'es ma meuf, c'est aussi simple que ça !
Merci, je suis au courant...
J'aurais préféré recevoir une réponse plus détaillée, plus profonde, plus sincère. Mais ça n'avait pas été prévu au programme, visiblement.
-Hé, Roméo et Juliette ! lança une voix, provenant de derrière moi.
Je fis volte-face, ayant l'impression de connaître la personne qui venait de nous interpeller.
-Alors, ça gaze ? ajouta une autre, toute aussi familière à mes oreilles.
À seulement quelques mètres de nous, se tenaient plusieurs élèves de la première A. Les deux personnes ayant prononcé ces phrases n'étaient autres que Momo et Katsuki, accompagnées de Denki et de Hagakure. Ils semblaient tout aussi métamorphosés que le reste de la classe, comme j'avais pu le constater la veille.
La fille à la queue de cheval avait l'air de sortir tout droit des enfers, et je n'exagère même pas. Vêtue d'un sweat parsemés de motifs flammes et d'un jean sombre et troué, elle avait l'air d'une dure à cuire. Et le collier punk qui entourait son cou n'arrangeait clairement pas les choses.
Katsuki était quant à lui habillé d'une chemise ringarde et d'un pantalon aux douces couleurs, style qui ne collait pas le moins du monde avec sa personnalité.
En ce qui concernait Denki et Hagakure, ils n'avaient pas non plus l'air normaux. L'un portait des fringues dignes d'un élève modèle, tandis que l'autre -pourtant si... féminine, de base- était vêtue comme une racaille on ne peut plus virile.
-J'ai l'impression qu'on dérange, fit remarquer Pikachu.
-On s'en bat les couilles, grogna la fille à l'alter d'invisibilité. Ils auront le temps de s'baiser plus tard.
-Pas de souci, les gars ! les rassura Shoto 2.0. On avait fini de parler, de toute façon !
-Ah, ok.
Le malaise s'emparant de moi, je décidai de clore cette discussion, pour le moins catastrophique à mes yeux. J'informai donc mon soit-disant petit copain que j'allais rentrer -étant donné que Dabi s'était éclipsé sans laisser de traces, je n'avais plus rien à faire ici-. Alors que je m'apprêtais à remonter sur mon véhicule, le garçon aux cheveux bicolore m'interpella une dernière fois :
-Au fait, beauté, je sais conduire une mobylette, moi ! Donc si t'as besoin d'un conducteur, un de ces quatre, tu sais vers qui te tourner !
Je hochai la tête, signe que j'avais pris connaissance de cette information, avant de me tailler avec pour objectif de rentrer chez moi saine et sauve.
__________________________________
Hey ! Comment ça va ?
J'espère que ce chapitre t'a plu ! Si c'est le cas, n'hésite pas à voter, à commenter et à partager ;3
Tu peux aussi me donner des conseils d'écriture, ou bien tout simplement me dire ce que tu as pensé de ce chapitre !
Vous imaginez même pas à quel point j'ai eu du mal à boucler ce chapitre mdrrr
Pourtant, il était pas si compliqué que ça à écrire...
Ça promet, étant donné que le plus dur reste à venir 💀
Changer le caractère des personnages, c'est très délicat par contre... Mon cerveau refuse de les imaginer comme ça 🤣 Et vous, ça vous le fait aussi ?
Bref, je vous laisse ! Biz !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top