Smile


Tu es mon Amvie. - Stigma-phoild

J'ai toujours été d'nature renfermé. Méfiante. Timide. Associable.

Elle ? J'l'ai rencontré à mon entrée en 4eme. Elle m'faisait peur. Enfin nan, elle m'impressionait. Elle émettait une aura assez écrasante qui m'a immédiatement fait penser qu'elle allait casser la gueule à tous ceux qui oseraient lui parler. Alors j'l'approchais pas.
J'connaissais personne. Enfin si, une autre fille. La connaître est un bien grand mot, c'était plus de vu qu'autre chose et plus sociable tu meur, donc j'étais pas si seule. J'me sentais seule.

Elle ? Trois jours passés, elle avait casser la gueule de personne. Parlait un peu avec tous l'monde. Plus que moi qui pourtant étais dans cet établissement depuis plus longtemps. Quelques personnes la connaissaient déjà. Elle, elle les connaissait pas. Ça l'a faisais rire. J'la voyais parler avec plusieurs personnes d'notre classe et sourire à ces personnes et à chaque pause s'barrer je n'sais où affichant d'nouveau un visage froid et pensif. Dès fois j'la voyais avec deux filles d'notre classe. Pas méchante. Mais pour moi, elle faisait tâche avec ces deux filles. Dans l'sens où elle était pas comme elles. Elle leur ressemblait pas. Elle même elle semblait sans rendre compte. Mais elle souriait. Sinon en général j'la voyais avec une personne que j'connaissais pas. Un gars. Ils riaient vraiment. Elle riait vraiment. Ils étaient bruyant. Beaucoup les regardaient tel des fous. Moi je souriais.
En classe elle parlait quasiment avec tous l'monde, j'l'ai déjà dis nan ? Bref en tous cas elle m'faisait penser à une girouette.
Un jour où elle était avec nous. Elle parlait encore à tous l'monde et souriait encore, à dire tous s'qu'elle pensait sans l'moindre filtre. Elle souriait.

Elle était plus associable que moi.

On parlait d'un sujet bateau mais elle semblait super intéressée et j'crois, en voyant que j'connaissais bien elle à commencé à m'parler. Et j'lui ai parlé. J'lui ais raconté c'qu'elle voulait qu'j'lui raconte. Elle souriait et moi aussi. On a commencé à se parler assez régulièrement mais que d'se sujet bateau.

P'tit à p'tit elle a commencé à traîner avec ma pote sociable et moi, partant cependant toujours au pause pour aller rejoindre le gars. Un jour en revenant vers nous après qu'on l'ai vu faire un câlin et un bisous sur la joue du gars, notre pote sociable lui à demandé si ils étaient ensemble. J'ai pas pu m'empêcher, à leur grande surprise, d'crier, j'crois, qu'nan ils étaient potes enfin en tous cas j'les voyais pas ensemble. Elles m'ont regardé les yeux étonnés. J'me suis sentie gênée. C'était la première fois qu'j'osais m'exprimer d'la sorte. Et puis elle a ri et m'a donné une tape dans l'dos. Quand j'l'ai regardé elle m'souriait et à mimer un vomissement pour nous répondre. J'avais raison ils n'étaient pas ensemble. Tous les autres crétins osaient l'penser bêtement parce qu'ils étaient un garçon et une fille proche. Crétin.

Notre sujet bateau commençait à s'faner. Alors j'commençais à m'sentir mal à l'aise. J'me disait qu'elle devait s'ennuyer avec moi. Qu'on avait rien a s'dire. Qu'en plus j'étais pas tres bavarde. La relou d'service. Heureusement, 'fin j'crois, une autre fille d'notre classe nous a trouvé un autre sujet. On a recommencé à parler. Beaucoup. Et j'ai remarqué qu'à chaque fois qu'on parlait les gens nous suivaient pas. On était comme dans une bulles.
Ce sujet s'est aussi fané. Mais on a réussi à en trouver un autre. Et un autre. Et encore un autre. C'était étrange. J'souriais. J'm'exprimais. J'me liberais. M'dévoilant comme jamais j'l'avais fait avant. M'ouvrant d'plus en plus au monde.
L'seul truc que j'faisais pas c'était lui confier des trucs importants. J'avais pas confiance. En personne. Et un jour on attendait toutes les deux. On parlait pas. C'était gênant. Et j'sais pas comment s'est venu mais on s'est plus ou moins confié. J'lui ai parlé d'un truc de ma vie, d'ma famille dont j'ai un peu honte. Elle m'a écouté. Elle m'a... j'ai pas d'mot à part "conseillé" donc j'dirais conseillé même si la situation n'méritait pas d'conseil vu qu'c'était déjà arrivé. Enfin. Ça m'a fait bizarre. J'avais bien cru comprendre qu'elle était quelqu'un qui pouvait être à l'écoute, mais le vivre était juste... bizarre. Ouai bizarre. J'me suis senti sur un pied d'égalité quand elle m'a raconté elle aussi un truc sur sa famille sur l'même thème que l'miens. J'me suis senti moins à poil. En tous cas ça fait bizarre.
Et voilà on a commencé à plus s'lâcher, à être tous l'temps fourré ensemble. C'était drôle. C'était bien. J'étais bien.

Un jour on s'est retrouvé a s'confier plus que prévu. À "vider notre sac". En seconde. Ouai 2ans après notre rencontre. On avait lâché toutes les barrières. J'ai pleuré. Elle a pleuré. J'ai compris qu'elle était bien plus fragile que s'qu'on pouvait voir, que s'qu'elle nous montrait. Plus fragile qu'un papillon, et aussi dense que d'la fumé. Qu'la fumé d'un join. J'ai compris qu'toutes les pensées qu'j'avais vis à vis d'elle, de nous et notre amitié bizarre, étaient pensées par elle aussi. Elle avait les même craintes, les même angoisses. Et j'nous ais trouvé bête à chialer comme les pimbêches qu'on aimait pas. Mais ça m'a tellement fait du bien d'lui dire tous ça. Et j'crois qu'à elle aussi.
Par contre j'avoue qu'le lendemain j'étais angoissée. J'savais pas si on pouvait en parler ou oublier cette discussion trop "intime". Alors j'me suis tue et fais comme si rien n's'était passé. Jusqu'à c'que tout à fait par hasard elle reparle de c'moment en s'foutant d'ma gueule parce que j'avais chialer la première. Sale pute. Enfin. Ça m'a quand même fait sourire j'ai compris qu'on pouvait en parler comme on voulait. Qu'c'était pas un sujet tabou. J'avais compris après cette discussion qu'j'avais plus d'importance pour elle que j'me l'imaginais. C'était sincère. C'était simple. J'allais bien.

On a continuer à renforcer cette bulle qu'on s'était créée. S'entourant au fur et à mesure d'potes tous plus différent les uns qu'les autres qui respectaient cette bulle, qui s'en moquaient.
J'me suis surprise à l'inviter chez moi. Beaucoup d'fois. Pourtant dieu sait qu'j'aime pas ca. C'est dans ces moments-là qu'on s'confie. Qu'on s'ouvre au monde qu'on emmerde. Qu'on l'refait à notre manière. Qu'on rit. Qu'on reste dans un silence apaisant. J'me prend plus la tête sur nos silences. J'crois qu'elle si. Elle me l'a dit. Elle est plus méfiante. Moins confiante envers elle. Plus rêveuse. Plus malheureuse que moi.

5 ans qu'nous sommes ensemble. Dans cette amitié bizarre. Elle sourit toujours. Elle gueule toujours pour rien. Elle parle toujours aussi mal. Elle parle toujours trop. Elle m'écoute toujours autant. Elle rêve toujours. Elle pense toujours. Elle souffre toujours. Elle se sens toujours seule. Alors que moi, moi j'vais bien. J'me sens plus seule. Et j'ose espérer que lorsque nous sommes ensemble, elle pense plus. J'ose espérer qu'elle s'évade.

J'ose espérer qu'elle respire.

Et puis c'est con mais on a commencé à fumer. Elle avait déjà fumé avant qu'on s'rencontre à cause de mauvaises fréquentations, m'avait-elle dit mais avait arrêté. Et elle a recommencé avec moi en commençant notre premiere année d'université.
Un jour, on attendait. On fumait. On parlait pas. L'train est arrivé. En s'levant elle a perdu l'équilibre. Elle s'est retenu. J'l'ai regardé inquiéte et intrigué. Elle a ri comme une dinde, s'est frottée les yeux et est monté dans l'wagon.

_J'me suis juste relevée trop vite.

Et j'ai ri avec elle.

C'est cool les études supérieures. Les amphi', m'ont toujours fait rêver. À elle aussi. Mais j'ai pas compris, à un cour comme les autres, quand elle s'est arrêté en entrant dans l'amphi pour notre premiere heure de l'aprem, comme si elle le découvrait pour la première fois. Ses yeux m'ont perturbé. Si vide mais rempli à la fois. Rempli d'nostalgie. D'une certaine tristesse. D'un certain désespoir.
Vide de pensées. De rêves. Et de toutes les conneries qui faisaient d'elle s'qu'elle était. Et puis cette conne elle a ris. Légèrement. Amère. Et puis elle est simplement allé s'asseoir.

Une semaine plus tard, j'crois. Elle était bizarre. Enfin j'l'ai capté qu'après. Genre agité. Fatigué. Elle a beaucoup soufflé. Elle a pas arrêté d'se frotter les yeux. Elle respirait fort. Elle transpirait.

_Bordel t'as un début de gastro ou quoi ?

_T'es con, j'crois c'est la ménopause qui commence. J'ai des bouffées d'chaleur.

_Ah ça expliquerait beaucoup de choses.

Elle a ri et on s'est d'nouveau remis à écouter l'cour.
Elle s'est penché vers son sac au bout d'une vingtaine de minutes. Elle a juré. Elle a toussé. Elle s'est levé. J'l'ai regardé faire. Elle a commencé à monter les marche de l'amphi qui nous a toujours fait rêver. Elle a glissé. Son crâne s'est cogné à une table. Son crâne s'est terminé sur l'coin d'la marche.

Elle est tombé. Elle est resté inconsciente.

Ça a été foudroyant. Elle le savait. Elle m'l'a pas dit. Pour pas m'inquiéter ? Par crainte ? Par égoïsme ? J'sais pas. En tous cas maintenant ça m'étonne pas d'elle. J'me rend compte que même si elle parlait tout l'temps. Qu'elle savait pas fermer sa bouche parce qu'elle aimait pas les silences. Et qu'elle semblait tous l'temps raconter sa vie. Bah en fait nan. Elle n'a que très rarement raconter les choses importantes. Elle s'est gardé d'raconter les choses grave d'sa vie bien caché. Une excellente comédienne. Un parfait contrôle d'son faciès et d'ses émotions. J'ai d'la chance. Elle s'est jamais servi d'ce talent pour s'servir des gens. J'en suis sûr. Et même après avoir traîné heure 24 avec elle j'ai rien vu venir. Rien relevé. Décrypté. Lu. Dans son attitude. J'ai pas vu la détresse. J'ai pas vu le désespoir qui l'habitait et la rongeait au fil du temps. J'la déteste. J'me deteste ! J'ai rien vu et elle... elle est tombé là, juste devant moi. J'ai pas su quoi faire ! Quoi dire ! J'ai même pas osé la toucher ! J'ai juste assisté. Assisté à son départ dans l'ambulance. Assisté à l'attente d'un médecin pour savoir c'qui s'passait. Assisté à des parents qui arrivent et qui affichent un air grave. Assisté à cette conne qui t'sourit complètement défoncé quand tu rentres dans sa chambre, branché d'partout, un masque d'respiration sur la bouche et qui ose t'sortir en riant qu'j'avais raison pour la gastro ! Sale conne !

J'entend qu'ça. Sa respiration. Elle résonne encore lorsque j'suis seule chez moi l'soir. Ça m'tue. Elle m'tue. Enfin, ca m'est venu après. Maintenant qu's'est passé.

Elle m'a dit qu'c'est juste qu'elle était asthmatique et qu'dès fois avec la fatigue, le stresse, et un manque de nourriture elle pouvait faire des espèces de crises, avec des malaises. Bien-sûr. Alors j'l'ai fait bouffer quand elle est rentré chez elle. Pâle comme un cu. Cerné comme un d'ces vampires à deux balles. Essoufflé comme un chameau. Et elle souriait. Elle prenait pleins cachets. J'posais pas d'question. Elle souriait.

Tu m'as bien pris pour une conne.

Dis-moi. Qu'est-c'que t'as ressenti quand t'es tombée ? Qu'est-c'que t'as pensé quand tu m'as sorti t'as connerie d'l'asthme et d'la fatigue ? Qu'est-c'que t'as ressenti quand j't'ai forcé à bouffer parce que tu m'avais dis qu'tu prenais plus l'temps d'te nourrir ? Hein ? Dis-moi ? Qu'est-c'que t'as ressenti quand s'est arrivé ? Quand t'as compris qu'c'était inutile de lutter ? Qu'est-c'que t'as pensé quand tu m'as vu tout de noir vêtu ? Est-c'que ça t'as fait quelque chose de n'pas m'voir verser une larme à cette cérémonie ? Est-c'que tu t'en es voulue d'm'avoir vu devenir folle une fois chez moi ? J'espère. J'te déteste. Mais j'me déteste encore plus. J'ai rien vu venir. J'ai pas chercher à savoir la vérité. Pourtant j'ai toujours sû qu'tu m'avait menti...
T'as tenu qu'deux semaines avant d'cracher l'morceau en tombant à nouveau. Cette fois-ci t'as pas pu m'mentir. Ton corp s'est jamais relevé. T'as même pas eu à m'sortir une nouvelle excuse. Un nouveau mensonge. T'as pas pu garder ton secret.

Enfin si tu l'as gardé jusqu'à la Fin.

C'est pour cela que j't'applaudis. Et je t'applaudirai d'avantage, car tu nous as enfin rendu à nos origines. À notre "nous" intérieur.
Enfin, à la Fin, j'ai retrouvé ma nature renfermé. Méfiante. Timide. Associable.

Et toi ?

Tu as arrêté de sourire.

.Stigma.

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