Chapitre 31:

Il est midi et je viens de passer une heure avec Sylan. Une délicieuse heure.
Je suis revenu en cour ce matin, il n'y avait aucun morceau de papier dans mon casier et je n'ai croisé personne de désagréable.

Mes heures de libre du jour ne correspondent pas avec celles du reste du groupe, ce midi je mange seul avec Zeb. J'attends qu'il sorte de son cour m d'anglais renforcé pour pouvoir entrer dans la cantine.

Ayant pas mal de temps à perdre, je regarde la paume de main où la cicatrice que m'a fait cette lame demeure indélébile.

Une de plus une de moins....

Je baisse les yeux doucement,chaque partie de mon corps en est recouvert.

J'ai peur de la réaction de Sylan au moment où il les découvrira...
Si jamais il est dégoûté et qu'il decide de me_

-Coucou  monsieur le penseur de rodin.

Je sursaute à l'entente de la voix de Zebulon.

-Le penseur de rodin? J'étais loin d'avoir la position du penseur de rodin.

-Ouep, mais tes sourcils foncés et ta moue contrariée méritaient cette comparaison.

Nous entrons dans la cantine et faisons passer nos cartes sur le bippeur pour attraper nos plateaux.

-Si tu le dis, au fait, ce matin j'y ai pas pensé mais merci de m'avoir apporté les cours d'hier.

-De rien, t'es mon ami, ça me semble naturel. D'ailleurs... un de ces jours ça te dis qu'on se fasse une sortie en ville?  Genre aller au ciné, se manger un Mcdo...

-C'est une proposition de rencard?

-Imbécile, bien-sûr que non, je ne voudrai pas me mettre entre ton Sylan d'amour et toi! Juste une sortie entre potes.

À l'entente du nom de mon petit copain, je souris comme un benêt. Je crois qu'il me manque déjà alors qu'on s'est quittés il y a moins de dix minutes. J'aimerais pouvoir l'avoir contre moi tout le temps, le serrer contre moi, glisser mon nez dans son cou et humer son parfum à en perdre l'odorat.

-Ça y est, c'est officiel, nous avons perdu Nael.

Je glousse et lui mets un coup de coude dans les côtes.

-Oh mon dieu! Je crois que j'ai perdu trois côtes sous la puissance de ton coup! Ah bah non en fait: t'as une frappe de mouche.

Zeb, sans vouloir te vexer, je n'ai utilisé qu'une infime partie de ma force.  Hélas, dire ça à voix autre ce serait donner le bâton pour me faire battre.

Nous nous installons à une table dans le réfectoire.

-Bon, arrête tes blagues nulles, comment ça va toi dans la vie en général?

-Quoi? Tu me demandes ça?

-Bah tu me parles jamais de toi, il faut bien que j'apprenne des trucs sur le mystérieux Zeb.

-Nael... tu n'es pas le mieux passé pour me dire ça, tu es une boule de mystère à toi seul.

-Quoi?

-Et bien, tu me parles de toi vaguement et tu changes de sujet plus vite que ton ombre, tu ne me parles jamais de ton passé, de ta période de collège. Je n'ai même pas encore parlé du nombre de cicatrices incalculable sur le corps.

-Attends? Comment tu sais ça?

-Gros bêta je suis avec toi en cour de sport, tu te change dans les vestiaires juste à côté de moi.

-Ah, je n'avais pas songé à ce détail.

-Ouep, et puis tu ne t'es même pas aperçu que les gens parlaient  pas mal de toi dans le lycée?

-Quoi?

-Mec! Je suis pas le seul à être dans les vestiaires quand tu te changes! Tous les autres gars ont vu ton corps aussi, et les gens parlent. Y'a pas mal de filles qui sont en "crush" sur toi, le côté froid et mystérieux les attire irrésistiblement.

-Froid et mystérieux?

-Ouep, un peu comme tes deux frères, à vous trois vous êtes des fantasmes de la gente féminine.

-Mais quel côté froid?

-Mec, t'as recalé trois ou quatre filles en mode: aller, dégage, j'suis pas intéressé.

-Quoi mais je n'ai pas.... Oh... Mais... Elles se pointaient en face de moi et elles bégayaient et elles me faisaient perdre mon temps.

-Et bah, ce que tu as pris pour d'insignifiants détails étaient des filles qui en pinçaient toi.

-Ah.

-Comme tu dis.

-Zeb..... dis moi, tu n'aurais pas légèrement détourné le sujet initial?

-Le sujet initial? Quel sujet initial?

-On parlait du fait que tu ne ma parlais jamais de toi.

-Oh...

-Plus sérieusement, Zeb... on est potes, parles moi un peu de ta vie...

Si seulement il  savait que je le considère comme mon meilleur ami. J'ai peu d'ais, beaucoup de frères et sœurs mais peu d'amis, on peut les compter sur les doigts d'une main, mais Zeb est celui avec lequel j'ai le plus d'affinité, le plus de complicité. Pourtant, je ne sais rien de lui, en dehors du fait qu'il soit humain et qu'il ait des parents d'ethnies différentes.

-C'est pas intéressant.

-J'm'en fous. La seule chose que je sais de toi c'est que ta mère est américaine et ton père français. T'as jamais voulu délivrer une seule information après que tu m'ai dit ça.

-Tu veux vraiment savoir?

Il semble soudain attristé et mon cœur se serre à cette vision, je regrette presque de lui avoir tiré les vers du nez. Presque.

-Oui... Zeb, je veux savoir.

Je le vois soupirer doucement.

-J'ai perdu mon petit frère un moi avant d'arriver ici. Il avait quatorze ans et il était harcelé par les brutes de son lycée.

Je le regarde hochant doucement la tête pour l'inciter à continuer. Je dois bien avouer que je ne m'attendais pas à une telle information.
J'ai la soudaine impression que jusqu'ici il portait un masque de joie de vivre. Ses traits me semblent soudain tirés et fatigués.

-Il n'avait rien dit, il ne disait jamais rien. Et un jour, on l'a retrouvé mort dans la salle de bain. Il y avait du sang partout, il s'était taillé les veines. Suite à ça, ma famille s'est décomposé, mes parents ont entamé une procédure de divorce et ils ont oublié que j'existais, alors je suis parti, loin, et j'ai pensé que le Canada était une bonne destination. Je déteste les abrutis qui se permettent d'harceler, de malmener et de ridiculiser injustement.

Son regard est baissé en direction de son plat de pâtes qu'il remue lascivement avec sa fourchette.

-Zeb... Je... je n'avais pas le droit de t'obliger à parler de ça.

-Tu ne m'a forcé à rien, ça m'a même fait du bien, je me sens un peu plus léger.

Je le vois essuyer les petites larmes qui bordent les extrémités de ses yeux.

-J'ai'impression d'un peu mieux te cerner maintenant. Ça explique toutes ces fois où j'avais la sensation que ton sourire était artificiel. Mais aussi ton côté surprotecteur d'avant-hier matin.

-Tu veux dire quand tu t'es blessé avec la porte de casier?

Il me lance un regard sous entendant qu'il n'a pas crut une seule seconde à mon mensonge.

-Euh... oui, oui....

-Au fait, c'est à ton tour... Je veux savoir d'où viennent ces cicatrices.

-Ok, ok, quand j'étais petit, ma famille habitait en France. Mes frères et moi devions avoir cinq ans, nous jouions dans la petite foret juste devant la maison, et il y a eu un accident. Je me suis perdu et j'étais incapable de trouver mes frères. Je suis tombé dans un ravin, j'y suis resté inconscient pendant plusieurs jours, j'étais dans un sale état et mes parents ont eu la peur de leur vie.

-Oh, je m'entendais à un truc du genre: "J'ai eu une période rebelle, je passais mon temps à me battre, ouais, j'étais un tug..."

-Et bien non!

-Mais alors pourquoi tu ne parles jamais de toi?

-Bah j'ai rien inintéressant, ma vie est banale.

-Ta vie est banale

-Oui

Presque, à quelques petits coups de couteau, kidnapping, loup garous, sorciers, et arcs-bouteurs près...

-Mais... Dans la vie d'un beau  gosse comme toi, il doit se passer plein de trucs...

-Et bien non.

-Je suis sûr qu'il se passe des trucs géniaux mais que tu ne t'en aperçois même pas!

-Si tu le dis...

Je lui fais un petit sourire. 

-Toi, pourquoi tu es encore là?

Je clignes des yeux dans l'incompréhension et tourne la tête vers la gauche en direction de la grosse brute qui vient de me parler. Il se tient droit en bout de table me fusillant de ses yeux marrons

-Quoi?

Son visage est dur et carré, il semble s'évertuer à dégager une aura d'alpha écrasante qui pèse peu à peu sur ma nature d'oméga.

-Tu devrais plus être là.

-Quoi? Pourquoi?

Il tourne la tête vers Zeb et grimace.

-Je ne peux pas dire ça devant, lui.

-Quoi mais....

Mon cerveau finit par saisir qu'il refuse de parler devant un humain.

Je soupire doucement et me lève en attrapant mon plateau pour le débarrasser.

-Nael? Il se passe quoi?

-Rien ne t'en fais pas, Je vais régler cette histoire.

-Nael, dis... si jamais t'avais des problèmes tu me le dirais hein? tu parlerais?

-Oui, ne t'en fait pas.

Je ne peux simplement pas parler de ces problèmes là.

-Ok, on se voit-tout à l'heure?

-Oui, on se voit en cour de maths

-A tout à l'heure...

Je vois à sa tête qu'il est soucieux, j'espère sincèrement qu'il ne va rien faire de stupide.

Je jette un dernier coup d'œil à mon ami avant de sortir de la cantine escorté par la grosse brute blonde. 

-De quoi voulais tu parler?

-Avance, suis moi.

-Tu m'as prit pour ton chien? 

Je m'arrête de marcher en plein milieu de la cour. Contrarié il fronce les sourcil et s'approche de moi dangereusement.

Il se retrouve face à moi et je m'aperçois que malgré sa carrure impressionnante, il est légèrement plus petit que moi, ce qui le rend tout de suite moins effrayant. J'ai conscience que ce n'est pas un critère, une personne de très petite taille pet faire très mal, mais je me dis qu'en cas de problème, c'est un désavantage de moins.

Déjà qu'il est très musclé, si en plus il est gigantesque, je ne donne pas cher de ma peau.

Je clignes des yeux à plusieurs reprise me rendant compte que j'ai toujours tendance à oublier un détail: Je suis un arc-bouteur.

Finalement, sa masse musculaire ne lui servira pas à grand chose. 

Je lève les yeux aux ciel en voyant sa face prendre une teinte cramoisie provoquée par la colère.

 -Bon, ok, je viens.

Il m'accorde un regard plein d'énervement et reprend sa route m'ayant cette fois sur les talons.

Il cherche sans doute à m'emmener dans un endroit désert, discret et sans oreilles curieuse, or, cela m'arrange: je me vois mal me mettre à faire voler des choses en plein public si jamais la situation part en sucette.

Quand nous arrivons derrière le gymnase, je sens le traquenard arriver, il y a plusieurs personnes sur place.

C'est là qu'au centre du groupe face à moi j'aperçois Grindan. Je me sens soudain moins bien, je dois être livide alors qu'une panoplie de souvenir me revient en mémoire.

-Alors? Comment ça va depuis le temps?

Je déglutis, les mains tremblantes et je recule d'un pas, soudain moins confiant.

-Qu'est... Qu'est ce que tu fais là?

-T'as aimé mes petits mots et mon enveloppe?

Tout les liens se créent enfin dans mon cerveau et je percute enfin.

En sachant de quoi cet homme est capable, je me rends compte que la situation est bien plus grave que ce que je pensais à l'origine. Un frisson de terreur me parcourt et je fais une fois de plus un pas en arrière. Je heurte le torse de la brute qui m'a amené dans ce merdier et il m'immobilise.

-Ce que je voudrai savoir, Nael, c'est la raison pour laquelle tu n'es pas mort, même pour une petite coupure... Tu n'aurais pas du pouvoir guérir.

-J'ai mes petits secrets... Laissez moi partir...

-Te laisser partir? Tu rigole j'espère? Tu vas venir avec nous et on va reprendre les choses depuis le début.

Je me tends soudain et sors de la léthargie dans laquelle m'avait peu à peu plongé la peur. Si jamais ils m'enlèvent à nouveau, je suis certain d'y rester, ils ne me laisseront pas m'en tirer comme la dernière fois. Les choses seront même pire: ils savent ce que je suis maintenant et je leur servirait d'arme, d'objet.

Je ne suis pas invisible, j'ai beau être un arc bouteur, je ne peux pas tout faire, la télékinésie a ses limites.

Une émotion qui ne m'appartient pas vient s'insinuer en moi, tout d'abord, je ne comprends pas, mais l'évidence finit par me sauter aux yeux. Sylan. Il a capté mes émotions et a saisit la situation, il est anxieux, inquiet.

Je comprends rapidement qu'il compte me rejoindre. Il ne sait pas encore ou je suis, nous captons nos sentiments mais nous ne faisons pas de télépathie... Ou  du moins, pas lui.

Je me sens soulagé et je reprends mon calme plus facilement, je vais me débarrasser de ces gars, je vais retrouver mon petit copain et on va rejoindre la meute. L'union fait la force.

-Lachez le!

je sursaute à l'entente de cette voix.

Il a fait quelque chose de stupide.

Je sens un coup de vent et me rends compte qu'avec son orientation ils ne sentiront pas son odeur d'humain. Peut-être que finalement, les choses ne vont pas si bien se passer que ça...

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2216 moooots! je me dépasse récemment! incroyable!!!!

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