F*CK ! I LOVE YOU
「
stray kids
comédie romantique, strangers to lovers
trigger warnings : aucun
」
L'amour était tombé sur Lee Minho un mercredi après-midi ; un mercredi comme il en existait des millions.
Un mercredi après-midi caniculaire durant lequel il se tenait derrière le comptoir du café où il travaillait quatre fois par semaine dans sa chemise trop chaude pour la saison.
Les clients se montraient nombreux — plus nombreux que les autres mercredis après-midi du mois — et le souffle de Minho devenait de moins en moins régulier à mesure que les minutes s'écoulaient et que son corps s'activait. Il avait besoin de repos ; de quelques secondes calmes pour passer son visage sous l'eau et reprendre sa respiration. Ses yeux noirs se posèrent sur son patron — un homme aux cheveux poivre et sel dont le sourire chaleureux ne disparaissait jamais — pour réclamer une pause. Minho ne savait pas si l'homme l'ignorait ou si la foule accaparait tant son attention qu'il ne remarquait pas la sueur qui coulait le long des tempes de son employé.
Son espoir d'une pause prochaine disparut à l'apparition d'un nouveau client dont le pantalon ample et le t-shirt affichant un personnage d'un anime qu'il ne connaissait pas rendaient fou de jalousie. C'était un garçon un peu plus jeune que lui et un peu plus petit que lui. Ses cheveux châtains tombaient sur son front et ses oreilles. Ses prunelles décortiquaient avec attention le menu rétroéclairé au-dessus de la tête de Minho. Il affichait une moue concentrée que le serveur se surprit à trouver adorable.
« Bonjour, prononça-t-il de sa voix enjouée de serveur. Que puis-je vous servir ? »
Ses yeux quittèrent le menu pour se planter dans ceux de Minho. Il eut la sensation qu'il lisait en lui comme dans un livre ouvert et il ignorait s'il appréciait cela. Il n'aimait pas la chaleur qui se propageait sur ses joues. Pourquoi rougissait-il ? Ce n'était qu'un client comme il en avait croisé plusieurs dizaines au cours de la journée. Des personnes aux allures de mannequins et des jeunes adultes tout droit sortis de sitcoms arpentaient tous les jours l'établissement. Jamais sa peau ne chauffait de cette façon. Il paraissait plus accessible que la plupart des gens qu'il croisait au travail et son corps ne réagissait jamais ainsi.
« Bonjour, répondit le client en esquissant un sourire communicatif qui ne fit qu'accentuer les rougeurs du serveur. Je prendrais un iced americano à emporter.
— Quelle taille ? demanda-t-il en désignant les différentes tailles de tasses.
— Celle-là — il désigna la tasse de son index — avec un cookie. »
Le serveur acquiesça d'un simple mouvement de tête. Il prépara la boisson de l'inconnu dès qu'il eut réglé la somme. La machine à glaçon ne diffusait pas assez de fraicheur pour que Minho ne puisse se réjouir de sa présence. Il aurait tout donné pour se baigner dans une piscine de glaçon. Il aurait tout donné pour retrouver son appartement climatisé. Des mouvements robotiques d'un professionnel, il prépara l'iced americano. Il sentait le regard de l'inconnu rivé sur son dos. Ses oreilles brûlaient un peu plus chaque seconde. Ses prunelles se rivaient sur lui. Elles suivaient ses mouvements de ses bras avec une attention particulière, comme si elles cherchaient à mémoriser chacun de ses gestes.
Ce n'était pourtant pas le premier client à analyser le moindre de ses mouvements. Minho en avait même connu certains qui ne cessaient de lui poser des questions alors qu'il préparait les boissons commandées. L'inconnu avait au moins la gentillesse de ne pas lui adresser la parole alors qu'il s'activait. Il ne savait même pas s'il aurait été capable d'articuler la moindre réponse tant il avait chaud ! Il ne s'était pourtant jamais senti autant à nu en préparant une boisson. Quelle étrange sensation ! Une fois son café prêt et le cookie glissé dans un emballage papier, il afficha le plus assuré de ses sourires et il se tourna vers l'inconnu. Les yeux de ce dernier rencontrèrent les siens et Minho pria pour que son visage ne se colore pas.
« Voici pour vous, sourit-il avec politesse en lui tendant sa commande.
— Merci beaucoup ! »
Alors qu'il tournait les talons pour s'éclipser de l'établissement, les jambes de Minho se transformèrent en coton. Il dut se retenir au plan de travail pour ne pas s'effondrer sous son propre poids. Depuis l'autre côté de l'établissement, son patron remarqua sa détresse. Ses prunelles brillèrent de cette inquiétude presque paternelle. Sans prononcer le moindre mot, il lui intima de prendre une pause et de manger un morceau pour regagner des forces. Il ne voulait pas qu'il clamse sous ses yeux. Il s'inclina à quarante-cinq degrés pour le remercier. Le rire de son patron résonna dans ses oreilles. Minho se redressa et il s'empressa de glisser le montant du brownie qu'il avait récupéré avant de se précipiter hors de l'établissement. L'air chaud de l'été et un corps le percutèrent de plein fouet dès qu'il franchit le seuil de l'établissement.
Avant même de poser ses yeux sur la personne qui avait le courage de courir dans les rues malgré les températures caniculaires, Minho sentit un liquide glacé s'étendre sur le tissu de sa chemise blanche. Ses prunelles se dirigèrent vers la tache brune qui se propageait sur les fibres et ses sourcils se froncèrent. Il ne pensa même pas à se réjouir de la fraicheur soudaine contre son corps. Il avait nettoyé sa chemise la veille !
« Merde ! s'exclama une voix qui lui parut vaguement familière. Je suis vraiment désolé ! »
Ses yeux noirs quittèrent le tissu taché de son vêtement pour se poser sur la personne qui lui était tombée dessus dès le début de sa pause. Il se trouvait à moins d'un mètre de lui. Ses prunelles tremblantes rivées sur ses vêtements de travail souillé par une boisson caféinée avec des glaçons. Minho reconnut sans aucune difficulté l'inconnu par son t-shirt arborant un personnage d'anime qu'il devinait populaire. Ce café ; il l'avait préparé à peine dix minutes plus tôt. Son regard suivit ses bras nus et s'arrêta sur la tasse en carton presque vide.
« Je suis tellement désolé ! répéta l'inconnu en penchant son corps à quatre-vingt-dix degrés. Est-ce que je peux faire...
— C'est pas grave, le coupa Minho. Ça arrive à tout le monde de tomber.
— Mais votre chemise ? s'inquiéta-t-il en se redressant.
— Je trouverai bien quelque chose pour réparer ça. »
Minho réprima un rire gêné derrière sa main. Il se demanda pourquoi il cherchait tant à le rassurer. Il ne savait pas du tout comment nettoyer une tache de café aussi large, mais il refusait qu'un inconnu se sente coupable pour avoir perdu l'équilibre. Il aurait certainement eu la même réaction si leur situation avait été échangée. Il le comprenait.
« Je vous revaudrais ça ! s'exclama l'inconnu. Promis ! »
Il allait lui affirmer que ce n'était pas la peine, qu'il ne lui devait absolument rien, mais il n'en eut pas le temps. L'inconnu avait disparu dans la foule et Minho aurait pu croire à une hallucination s'il n'avait pas eu cette large tache brunâtre sur sa chemise. Ses prunelles papillonnèrent. Cette interaction lui avait presque paru surréaliste. Lorsqu'il retourna dans le café sans avoir pris une seule bouchée de son brownie ou avoir pu se reposer quelques minutes, son patron le dévisagea avec surprise. Il pouvait lire sur son visage qu'il partageait la même pensée que lui :
« Qu'est-ce qu'il s'est passé ? »
***
Enfoncé dans un cul-de-sac de la capitale sud-coréenne, dans une rue montante qu'aucun être sain d'esprit ne prendrait en vélo, se trouvait l'appartement de Lee Minho. Simple T2 au dernier étage d'un immeuble ancien, il correspondait aux attentes du jeune adulte : pas trop loin d'une station de métro, assez éloigné de l'effervescence de la ville. Il l'avait choisi pour le calme du quartier et son prix abordable en comparaison à la vingtaine d'autres logements qu'il avait visités en déménageant à la capitale. Il aimait son appartement et il n'était pas le seul. S'il en croyait la présence quasi constante de Jeongin et Seungmin dans son logement, ses amis l'aimaient aussi.
Alors lorsqu'il franchit le seuil de la porte, il ne fut pas surpris une seule seconde de voir deux paires de chaussures qui ne lui appartenaient pas dans l'entrée et d'entendre le ronronnement rassurant de la climatisation. Un soupir s'échappa de ses lèvres lorsqu'il se débarrassa de ses chaussures. Elles aussi avaient été mouchetées de café.
Les rires de ses amis l'accueillirent dès qu'il pénétra dans la pièce principale de son appartement. Ils grignotaient des friandises qu'ils avaient achetées sur le chemin et ils échangeaient des blagues comme deux snipers de l'humour. Assis en tailleur sur le canapé, Seungmin pianotait à un rythme inaudible sur les coussins. Il lançait parfois des papiers de bonbons à Jeongin lorsque ce dernier ne parvenait pas à lui arracher une exclamation amusée avec une énième plaisanterie. Les jambes sur le canapé et le dos contre le parquet, le plus jeune tentait d'esquiver les projectiles de son ami. Son t-shirt remontait et dévoilait une partie de son ventre. Cette scène paraissait si habituelle à Minho qu'il ne prit même pas la peine de les saluer. Cela ne servait à rien. Ils avaient déjà les yeux rivés sur sa silhouette et sa chemise tachée de café sec.
« Il y a eu une guerre au café aujourd'hui ? l'interrogea Seungmin.
— Ou un gamin en vacances a déclenché une bataille de bouffe ? suggéra Jeongin. »
Minho esquiva les questions de ses amis d'un geste évasif de main — celui qui signifiait sans un mot je reviens dans cinq secondes et je vous raconte tout — et il se précipita vers sa chambre pour se changer. Il mourrait de chaud et ses vêtements empestaient le café à plusieurs mètres. Il abandonna sa chemise et son pantalon sur son matelas et les troqua pour un t-shirt deux fois trop grand pour lui et un short de survêtement. Ce n'était peut-être pas la tenue la plus classe au monde, mais il pouvait encore s'habiller comme il le souhaitait dans son appartement. Rien ne l'interdisait de se mettre en pyjama avant 22 heures. Lorsqu'il revint dans le salon, il souleva les jambes de Jeongin pour s'installer sous celles-ci. Les pieds de son cadet s'installèrent contre son estomac et ses orteils cherchèrent à le chatouiller. Les prunelles curieuses de ses amis étrangement silencieux se posèrent sur lui.
« Alors ? s'impatienta Jeongin dont l'orteil se planta dans son ventre. Tu nous racontes pourquoi tu rentres couvert de café ?
— Y'a un gars mignon qui m'est tombé dessus. »
Jamais une phrase aussi courte ne satisferait la curiosité de ses meilleurs amis. Il les connaissait depuis tant d'années qu'il anticipait leur dépréciation des histoires courtes. Ils aimaient les longues histoires pleines de péripéties ; les histoires dignes de films ou séries au scénario surprenant. Son histoire n'était pas de celle-là et il n'y pouvait pas grand-chose. Il ignorait comment broder autour d'une situation aussi simple.
« Tu ne peux pas juste nous dire qu'un gars t'est tombé dessus et t'arrêter après ça, bouda Seungmin en croisant ses bras contre son torse. Il nous faut plus de détails.
— Je n'ai pas plus de détails.
— Alors invente quelques trucs, ajouta Jeongin. Les meilleures comédies romantiques commencent toujours par quelque chose d'un peu cute.
— Pourquoi ça serait une comédie romantique ? la question de Minho ne reçut que des regards pleins d'équivoque en guise de réponse. J'ai rougi comme un débile quand il m'a commandé son iced americano, abdiqua-t-il. »
Ce sourire mutin qu'il ne connaissait que trop bien étira les lèvres de ses cadets. Avouer un truc comme ça revenait à ouvrir les portes de l'enfer. Seungmin et Jeongin allaient chercher à obtenir le plus d'informations à propos de cet inconnu. Et ils parviendraient à lui tirer les vers du nez. Minho en avait déjà conscience. Les quelques détails à raconter se comptaient sur les doigts d'une main, mais ils lui extirpèrent chacun d'entre eux. Le café, la chaleur sur son lieu de travail, l'inconnu au t-shirt d'anime, la pause parce que son patron ne voulait pas gérer une syncope, l'inconnu qui lui rentre dedans avec son café acheté depuis moins de dix minutes, sa fin de pause sans avoir pris une seule bouchée de son brownie — il l'avait dégusté sur le chemin de la station de métro — et c'était tout. Ce n'était pas une histoire fabuleuse digne des plus grandes romances, mais ses meilleurs amis affichaient cette moue satisfaite et contagieuse. Cela leur suffisait amplement.
L'index de Seungmin se posa sur sa joue et la fraicheur de sa peau contre la sienne lui arracha un sursaut. Sa réaction provoqua l'hilarité de son ami alors que Jeongin inventait un rythme dont lui seul avait connaissance contre son abdomen. Minho n'eut pas la force de restreindre ses mouvements. Ça ne le gênait pas plus que ça.
« Tu sais que t'es vraiment adorable quand tu rougis comme ça, remarqua le plus jeune avec malice. On aurait presque envie de te câliner comme un chaton.
— Oh la ferme, gronda-t-il en camouflant ses joues bouillantes sous ses mains. Je ne m'étais même pas rendu compte que je rougissais.
— Tu pourrais chauffer un appartement en plein hiver ou faire cuire un œuf sur avec ta chaleur corporelle, blagua Seungmin. »
Des esclaffements joyeux s'envolèrent dans son appartement comme une mélodie enchanteresse et Minho ne put s'empêcher de rejoindre ses amis dans leur hilarité. Leurs rires communicatifs ne laissaient personne de marbre. Sa tête s'enfonça dans le creux du dossier de son canapé et ses yeux se perdirent sur son plafond alors que son abdomen se soulevait au rythme de ses éclats de rire. Se marrer de cette façon lui donnait encore plus chaud. Il rêvait de la douche froide qu'il prendrait au départ de ses amis. Se précipiter dans la salle de bain lui paraissait comme une envie tentante, mais ses muscles lui refusaient le moindre mouvement et il souhaitait rester avec les deux squatteurs le plus longtemps possible. Puis il avait un peu la flemme.
« Tu vas faire quoi tu le revois ? l'interrogea Jeongin.
— Pourquoi ça arriverait ? renchérit-il.
— Il a dit qu'il te revaudrait ça.
— C'était une réflexion sur le moment, souffla-t-il. Ça veut pas dire que je vais le revoir. Ça sonnait plus comme une formule de politesse dans ma tête.
— Mais dans le cas où il reviendrait pour te rendre ça ? ajouta Seungmin. Tu ferais quoi ?
— Je sais pas trop. Pourquoi j'aurais réfléchi à ça ? »
Les sourcils des squatteurs se froncèrent comme s'ils appartenaient à une seule entité. Son aveu ne leur plaisait pas. Rien n'était moins satisfaisant pour Jeongin et Seungmin. Le plus jeune se redressa sur ses pieds — donnant des coups de pied involontaires dans l'estomac de Minho qui sentit sa respiration se couper — et il s'emparait d'une bouteille d'eau à moitié pleine qui traînait sur la table basse depuis plusieurs semaines. Il la porta à ses lèvres comme s'il serrait un micro hors de prix entre ses mains.
« Nous vous souhaitons la bienvenue dans Cupid's Radio ! clama-t-il d'une voix si forte que ses voisins durent l'entendre comme s'ils se trouvaient en plein milieu du salon. La première radio qui offre des conseils pour les personnes handicapées des sentiments.
— Je t'emmerde, commenta-t-il sans parvenir à camoufler son rictus.
— Aujourd'hui est un grand jour, continua-t-il en ignorant sa remarque. Lee Minho a craqué sur un inconnu dans le café dans lequel il travaille et il refuse de l'avouer à voix haute. Cette rencontre n'a pourtant rien à envier aux plus grandes histoires d'amour. Roméo et Juliette peuvent aller se rhabiller. Jack et Rose peuvent essayer de se serrer sur cette planche. N'est-ce pas très cher ami ? ajouta-t-il en tendant le micro fictif en direction de Seungmin.
— Tout à fait ! s'exclama-t-il en rentrant dans le jeu. Une si belle histoire d'amour. Celle du jeune homme qui travaille des heures dans un petit café de la capitale pour arrondir ses fins de mois et qui finit par rencontrer ce bel inconnu au sourire charmant dont la "maladresse" — il avait osé mimer des guillemets avec ses doigts — le rapprochera inexorablement du serveur un peu ronchon.
— Je ne suis pas ronchon, se défendit Minho dont une grimace peu convaincante animait les traits. Et vous me faites vraiment chier.
— La paille, la poutre, l'œil, ajouta Seungmin en rendant la bouteille — ou le micro – à Jeongin.
— Le bel inconnu en pince peut-être pour notre serveur ronchon — il ignora le regard noir que Minho posa sur lui — et il lui affirme qu'il lui revaudra ça. Mais que pourra-t-il donc se passer ensuite ? Autorisera-t-il notre serveur à lui renverser du café dessus ? Tout le monde à ses kinks après tout, se commenta-t-il. Lui proposera-t-il un rencard dans lequel le café sera proscrit pour conserver des vêtements dans un état parfait ? Echangeront-ils un baiser langoureux digne des plus grandes comédies romantiques ? Ou sommes-nous dans un porno torride ? il esquiva le coussin que Minho lui jeta dessus. Seul l'avenir nous le dira ! Rendez-vous dans notre prochain épisode de Cupid's Radio pour la suite de la romance entre Lee Minho et son bel inconnu qui a vraiment besoin d'un prénom pour des facilités d'écriture. T'as une idée de nom pour l'histoire, Seungmin ?
—I met my love at the coffee shop ? proposa-t-il.
—He split his coffee all over me, ajouta Jeongin. Ça ferait un sous-titre un peu marrant.
— Merde ! Je crois que je suis amoureux, suggéra Seungmin après quelques secondes. Je pourrais brainstormer là-dessus des heures.
— Vos idées sont vraiment catastrophiques, remarqua Minho. »
Cela ne semblait pas déranger ses meilleurs amis. Ils continuèrent de le charrier et de réfléchir à des idées de titres décrivant à la perfection cette histoire d'amour qui n'existait que dans leur tête. Jamais il ne reverrait l'inconnu du café. Cette histoire n'avait même pas commencé qu'ils se faisaient déjà des films. Ils étaient désespérants et Minho les aimait pour ça. Il fallait juste qu'ils ne l'apprennent jamais. Sinon ils se sentiraient surpuissants et ils deviendraient encore plus incontrôlables qu'ils ne l'étaient déjà.
« J'ai envie d'une pizza et d'une bière, prononça Seungmin lorsqu'ils se calmèrent après trente minutes de propositions toujours plus bêtes que la précédente.
— J'ai plus rien dans mon frigo.
— On commande, proposa Jeongin. Je commence aussi à avoir la dalle.
— C'est sûr que ça creuse de dire des conneries, se moqua Minho. »
Le coussin abandonné à l'autre bout de la pièce rencontra son visage et le propulsa au fond du canapé. Il n'avait pas vu Jeongin s'emparer de l'arme moelleuse et il n'avait pas eu la moindre chance d'esquiver l'attaque soudaine de son ami. C'était vraiment un coup bas.
***
Lee Minho mentirait en affirmant qu'il n'avait pas espéré une seule seconde croiser le chemin de l'inconnu qui lui avait renversé son café dessus. Ses yeux guettaient l'entrée de l'établissement dès que la porte s'entrouvrait. Il ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une pointe de déception en apercevant une autre personne que son inconnu. Il ne cessait de pester contre ses meilleurs amis qui lui avaient mis cette stupide idée de romance dans l'esprit. Jamais il n'aurait autant guetté la présence de son inconnu maladroit s'ils n'avaient pas planté la graine de cette idée dans son esprit ; une graine qui ne cessait de germer. Son sourire communicatif ne quittait pas son esprit avant même de retrouver ses amis. C'était toujours plus simple de les accuser de ses pensées parasites.
Un jour. Deux jours. Trois jours.
Ils s'enchaînèrent sans qu'il n'aperçoive la silhouette de l'inconnu. Il commençait une nouvelle journée ; un autre mercredi après-midi particulièrement chaud. Il avait accepté de ne jamais revoir la silhouette à la fois familière et inconnue lorsque celle-ci se dessina dans l'embrasure de la porte.
Son inconnu à la maladresse attendrissante portait un sac à dos bleu électrique sur ses épaules et un t-shirt qui affichait le logo d'un groupe de punk rock britannique. Il lui adressa un signe timide de la main et s'approcha du comptoir avec sa démarche sautillante. Minho sentit son cœur s'accélérer et ses joues chauffer à mesure que ses pas les rapprochaient. Seungmin et Jeongin allaient encore se moquer de lui lorsqu'il rentrerait du travail. Il pouvait en mettre sa main à couper. C'était toujours comme ça avec eux de toute façon. Il manifestait leur amour en le charriant. L'inconnu s'arrêta devant le comptoir et il lui adressa un sourire si resplendissant que Minho ne put s'empêcher de lui retourner.
« Bonjour ! s'exclama-t-il avec un enthousiasme qui désarçonna le serveur. Je vais prendre la même chose que la dernière fois. Et cette fois, je ne le renverserai pas. Promis !
— Ne pas faire de promesse que l'on n'est pas certain de tenir, lui conseilla Minho en se tournant vers la machine à café.
— Je suis sûr de ne pas le renverser — il devina l'amusement dans sa voix — parce que je ne prends pas ma boisson à emporter. »
Minho jeta un rapide regard par-dessus son épaule et il le vit tapoter son sac à dos avec une fierté attendrissante. Il allait certainement devoir se battre pour trouver une place assise parmi toutes les personnes qui discutaient autour d'une boisson fraîche et ceux qui pianotaient sur le clavier de leur ordinateur portable. Il faudrait se faire une place à une table déjà occupée.
« Je vous apporterai la commande à une table, lui assura-t-il sans se défaire de son sourire. Allez trouver une place. »
Un hochement de tête silencieux lui répondit et Minho l'observa slalomer entre les tables pour trouver une place disponible. Près de la fenêtre, à l'autre bout de l'établissement, se trouvait une table inoccupée que le serveur n'avait pas remarquée. Derrière le comptoir, il ne l'apercevait pas vraiment. Il la devinait plus qu'autre chose. Il déposa la boisson, le cookie et le terminal de paiement sur son plateau. Ses pensées se focalisèrent sur chacun de ses pas et sur son équilibre. Il ne souhaitait pas renverser la boisson de ce pauvre client pour la seconde fois. Ce serait un peu idiot de lui rendre la pareille ainsi.
La bouche de l'inconnu forma un O parfait en le remarquant traverser la salle. Minho évitait les clients qui se levaient pour rejoindre les toilettes ou qui se balançaient sur leur chaise avec une adresse questionnable. Ses joues se colorèrent lorsque les applaudissements de l'inconnu l'accueillirent au niveau de la table. Il déposa le plateau sur la table et posa sa commande devant son client au sourire si magnétique.
« Vous avez le sans contact ? l'interrogea-t-il lorsqu'il le tendit le terminal.
— Juste ici, acquiesça Minho en désignant la partie supérieure de la machine. Merci beaucoup.
— Attendez ! l'arrêta-t-il alors que le serveur tourna les talons pour retourner vers la caisse. Est-ce que vous pouvez prendre une pause de quelques minutes ? »
Le serveur jeta un regard vers le comptoir désert. Contrairement à la semaine précédente, les clients ne se pressaient pas et il n'avait pas besoin de courir aux quatre coins de l'établissement pour répondre à leurs demandes. Son regard croisa celui de son patron et il devina à l'éclat de ses prunelles qu'il n'avait pas besoin de se précipiter derrière la caisse pour reprendre son travail dans la seconde. Il pouvait se permettre une pause.
« Ça devrait pouvoir se faire, affirma-t-il en s'installant sur une chaise disponible. »
Un sourire étira les lèvres et se propagea au regard du maladroit inconnu. Minho n'avait jamais aperçu de sourire si large et il se demanda s'il lui faisait mal aux joues. Un silence paisible s'installa entre eux ; le genre de silence qui naissait entre deux personnes qui ne se connaissaient pas et qui cherchaient à trouver un sujet de conversation. Le serveur observa le garçon dont il ignorait le prénom remuer les glaçons au fond de son verre.
« Vous avez pu récupérer votre chemise ? demanda-t-il après quelques secondes. Celle sur laquelle j'ai renversé du café ? précisa-t-il.
— Oui, lui assura-t-il. Ça arrive plus souvent qu'on ne peut se l'imaginer.
— Vraiment ? »
L'étonnement de l'inconnu lui arracha un ricanement discret. Minho commença à lui conter quelques anecdotes sur sa propre maladresse. Il lui décrivit en détail le jour où une machine en fin de vie avait manqué d'exploser. Il s'était retrouvé moucheté de grains de café. Il avait eu la peur de sa vie sur le moment. La peur ressentie sur le moment avait été remplacée par de l'amusement. Et s'il en croyait le rire cristallin qui s'échappait de ses lèvres, son récit divertissait l'inconnu.
« Je pensais pas que ce genre de situation était possible ! ria-t-il en essuyant une larme fictive sous ses yeux. J'avais l'impression que les machines n'explosaient que dans les films ou les dessins animés.
— Je pensais aussi ! clama Minho. J'avais tort. Je fais toujours attention aux bruits inquiétants des cafetières depuis ce jour. Parce que ma chemise était vraiment foutue. Je n'ai jamais été capable de la récupérer. Ça avait laissé des petits trous.
— Un vrai coup de la malchance, blagua l'inconnu.
— C'est le cas de le dire. »
Ils échangèrent un sourire complice. Minho se surprenait à apprécier leur conversation. Il se sentait léger et son cœur palpitait avec allégresse dans sa poitrine. Il se fichait pas mal du rougissement de ses pommettes. Il appréciait même cette sensation de chaleur qui se propageait de ses joues à ses oreilles. Depuis combien de temps ne s'était-il pas senti aussi bien ? Deux ans ? Trois ans ? Il ne s'en souvenait pas et il s'en fichait désormais. Il ne se souciait que de cet inconnu dont les lèvres entouraient la paille pour déguster la boisson caféinée.
« Je m'appelle Jisung, se présenta-t-il après avoir lu une longue gorgée d'eau.
— Minho.
— Je sais. C'est écrit sur ton badge, affirma-t-il en désignant l'insigne doré attaché sur son vêtement. Est-ce que ça serait malvenu de demander votre numéro de téléphone ?
— Si tu me tutoies, je te le donne. »
Minho ne savait pas d'où venait cet élan de courage soudain. Il se sentait capable de tout. Il se sentait capable de flirter avec cette personne qu'il ne connaissait pas sans s'inquiéter de la moindre réaction négative de sa part. Jisung accepta de le tutoyer et l'amusement de sa voix accentua les agréables rougeurs sur ses joues. Ils échangèrent leur numéro et continuèrent de discuter quelques minutes. Ils parlèrent de tout et de rien ; surtout de rien à vrai dire. Puis les yeux de Jisung se posèrent sur un point fixe dans son dos.
« Je pense qu'il va falloir que tu y retournes, il désigna la porte où quatre silhouettes venaient d'apparaître d'un geste de la tête. Je t'envoie un message. »
Minho se sentait léger comme une plume lorsqu'il regagna l'arrière de la caisse. Même un client particulièrement désagréable n'aurait pas pu le faire quitter son petit nuage de bonheur. Il craquait pour une personne qu'il connaissait à peine. C'était idiot, mais il ne pouvait pas s'en empêcher. Jisung lui plaisait plus qu'il ne l'avouerait jamais. Il lui plaisait beaucoup plus qu'il ne l'avouerait jamais.
***
Ses meilleurs amis l'accueillirent dès qu'il poussa la porte de son appartement. Il n'eut même pas le temps de retirer ses chaussures que deux paires de bras l'emprisonnèrent dans une étreinte chaleureuse. Minho eut la furieuse envie de se téléporter à l'autre bout de la pièce, juste sous la climatisation et son air frais qui le débarrasserait de la fine couche de sueur recouvrant sa peau. Le futur inventeur de la téléportation procrastinait depuis tant de temps qu'il doutait que ce soit possible un jour et Minho se retrouvait obligé de rester dans une situation qui ne lui permettait pas de baisser la température de son corps. Il ne fit pourtant pas le moindre mouvement pour s'échapper de l'étreinte de ses meilleurs amis. Il n'avait pas l'énergie de se débattre et il mentirait en disant qu'il détestait l'instant. Ce n'était pas agréable, mais il ne passait pas un horrible moment.
« Tu pues, remarqua Jeongin en éloignant son visage de sa nuque.
— Je ne me rappelle pas avoir demandé un câlin en entrant dans mon appart, renchérit-il sans prendre la peine de camoufler son amusement. J'avais pour plan de foncer sous la douche. »
Minho les sentit acquiescer silencieusement avant que leurs muscles dénouent leur emprise autour de son corps. Il entrevit les cheveux fraichement décolorés de Jeongin et son sourire si large qu'il cherchait à rejoindre ses oreilles avant de poser ses prunelles sur Seungmin dont la curiosité brillait dans les yeux. La soirée allait être longue et divertissante. Il pouvait déjà en mettre sa main à couper. Un discret soupir s'échappa de ses lèvres alors qu'il zyeutait avec envie la porte de la salle de bain.
« Vous me laissez prendre une douche ? les implora-t-il. Après je réponds à toutes les questions que vous voulez.
— Tu comptes t'enfuir par la fenêtre ? »
Un sentiment de méfiance animait la voix de Seungmin et le serveur le dévisagea comme s'il venait d'une autre planète. Il y avait bien une fenêtre dans sa salle de bain, mais sa taille ne permettait même pas à un petit chien de se glisser dans son appartement. Aucun être humain ne pourrait imaginer s'échapper par cette minuscule ouverte qui ne lui servait que d'aération occasionnelle.
« Je peux pas passer par ma fenêtre, l'informa-t-il. Pourquoi tu t'imagines un truc comme ça ?
— J'ai vu un film, expliqua Seungmin. Le gars se transformait en contorsionniste pour s'échapper par une petite fenêtre. C'était vachement impressionnant. »
J'ai vu un film.
Cette courte phrase répondait toujours aux questions surprenantes de Seungmin. De son temps d'apnée supposé alors qu'il n'en avait jamais fait de sa vie à la possibilité de boire de l'eau de mer sans mourir, toutes les interrogations trouvaient leurs origines dans cette phrase lorsqu'on les lui demandait.
Est-ce que Minho aurait tenté une fuite pour échapper à leurs questions s'il en avait eu la possibilité ? Peut-être. Il imaginait déjà un interrogatoire tournant autour du mystérieux inconnu du café. Il était devenu leur sujet de railleries préféré. Puis le serveur se doutait qu'ils avaient remarqué son sourire béat dès qu'il avait franchi le seuil de son appartement. Rien n'échappait à leurs yeux de lynx. Minho se fraya un chemin entre leurs corps pour se diriger vers la salle de bain.
« Tu pourrais au moins nous dire si l'inconnu du café est revenu, bouda Jeongin.
— Il est venu, avoua-t-il en se glissant dans la pièce. »
La porte claqua derrière. Le son ne parvint pas à camoufler les exclamations enjouées de ses amis dans l'autre pièce. Minho les imaginait sautiller joyeusement dans le salon comme deux enfants dont le vœu se réaliserait. Cette réflexion lui arracha un ricanement étouffé alors qu'il se débarrassait de ses vêtements. L'eau glacée ruissela sur ses épaules. Jamais il n'avait été aussi heureux de prendre une douche froide. Il avait l'impression que les moteurs en surchauffe de son esprit retrouvaient une température normale. Il aurait pu rester une heure sous cette agréable pluie artificielle. Il aurait pu attendre que sa peau se fripe sous l'humidité de la pièce et laisser ses amis mariner dans leur impatience.
L'humidité de la pièce se répandit dans le séjour dès qu'il eut enfilé un pantalon de survêtement et ouvert la porte. Il découvrit ses amis avachis sur le canapé. Ils s'échangeaient la dernière bière de son frigo et discutaient avec un calme inhabituel. Minho eut presque envie de se pincer pour s'assurer qu'il n'était pas tombé dans les pommes en prenant sa douche. Puis les regards avides de nouvelles informations de ses amis se posèrent sur lui.
« T'as décidé que les t-shirts ne servaient à rien ? le charia Seungmin.
— Je suis chez moi, lui rappela-t-il en se dégageant une place entre eux sur le canapé. Je fais encore ce que je veux. »
Une main baladeuse se glissa sur sa peau et chercha à lui arracher des esclaffements. Il restreint les mouvements de Jeongin en entourant son poignet de ses doigts. Son cadet possédait ce petit plaisir. Il ne pouvait pas s'empêcher de chatouiller ses proches dès qu'il en avait l'occasion. Minho conserverait ses poignets dans l'étau de ses mains et il ne les lâcherait pas tant que le sourire de son cadet relevait du machiavélisme pur. Même cette moue boudeuse qui provoquait l'abdication de quiconque croisait sa route ne parviendrait pas à le faire craquer.
« Tu sais que ça ne marche pas sur moi ? lui rappela-t-il en esquissant un rictus amusé.
— Il est pas drôle, bouda Jeongin. En plus tu laisses Seungmin boire toute la bière.
— Elle est vide. Puis on n'est pas ça à la base.
— Parce que vous venez ici pour des raisons particulières ? s'étonna Minho avec une pointe de sarcasme. Je pensais que vous aimiez juste le quartier et ma compagnie.
— Aussi, admit le plus jeune. Mais tu as dit que tu l'avais revu.
— Et tu ne nous feras pas oublier ça. »
La situation n'avait pas changé. Minho connaissait seulement son prénom et son propre téléphone se souvenait de son numéro pour lui. Jisung était toujours un illustre inconnu ; un inconnu avec une identité et une possibilité de le contacter. Le jeune adulte savait pourtant qu'il ne ferait jamais le premier pas. Ce n'était pas son genre. Les sourires de ses meilleurs amis ne s'étaient jamais montrés aussi larges. Il ne s'était jamais autant senti comme un adolescent amoureux. Son cœur manqua un battement lorsque la main de Jeongin s'échappa de son emprise pour s'emparer de la bouteille en verre.
« Nous vous souhaitons la bienvenue dans Cupid's Radio ! s'exclama-t-il avec gaité avant que Minho ne puisse le retenir. La première radio qui offre des conseils pour les personnes handicapées des sentiments. Aujourd'hui est un jour à marquer au fer rouge ! Lee Minho a récupéré le numéro et le prénom de son bel inconnu.
— Tout à fait ! Seungmin imitait à la perfection un commentateur sportif. Mais il reste une question ! Lee Minho aura-t-il les couilles de faire le premier pas et de lui envoyer un message ?
— J'en doute, continua le mauvais animateur radio. Si sa vie était une comédie romantique, il attendrait patiemment que son prince charmant fasse le premier pas. Et il va certainement attendre que le beau Jisung lui envoie un message en premier. »
Ses amis continuèrent de se moquer de lui avec gentillesse jusqu'à ce que les blagues s'assèchent sur leur langue. Ils s'écroulèrent sur le canapé, exténués d'avoir autant plaisanté. Minho ne put s'empêcher de les trouver attendrissants. Ils ne changeraient jamais. Le serveur appréciait le côté facétieux de leur personnalité. Ils ressemblaient à deux chats joueurs. Un sourire étira ses lèvres alors que les coussins du canapé aspiraient son corps et le plongeaient dans un état proche de la somnolence. Seuls les rires de ses amis l'empêchaient de sombrer dans les bras accueillants de Morphée. Minho se rendit compte qu'il s'était assoupi quelques secondes seulement lorsque les doigts de Seungmin se glissèrent dans ses cheveux.
« On va y aller, l'informa-t-il. Jeongin a préparé un truc à manger si jamais t'as faim dans la soirée. Tout est dans ton frigo.
— Merci, souffla-t-il d'une voix rauque de sommeil.
— Et n'oublie pas d'envoyer un message à Jisung, le charria le plus jeune depuis l'entrée où il remettait ses chaussures. T'en meurs d'envie. »
Ses amis disparurent derrière la porte de son appartement. Un silence lourd s'imposa dans la pièce et Minho se sentit incapable de replonger dans le monde des rêves malgré la fatigue qui ankylosait ses muscles. Il se redressa avec difficulté et il s'empara de son téléphone abandonné sur la table basse. Plusieurs notifications s'affichèrent sur son écran. Il les parcourut rapidement et fit disparaître celle qui ne l'intéressait pas d'un geste du pouce. Son doigt s'arrêta au-dessus d'un nom : Jisung. Il lui avait envoyé plusieurs messages. Minho ne put retenir sa curiosité et il pressa la notification.
De : Jisung
[Vous a envoyé une pièce jointe]
Je te présente Nemo et Casper.
Je sais qu'ils n'en ont pas l'air sur la photo, mais ce sont de vraies boules d'énergie.
Deux adorables chats se dessinaient sur la photo que Jisung lui avait envoyée. Un chat blanc aux longs poils dormait sur le dos et Minho n'eut absolument aucune difficulté à imaginer ses pattes parcourues de spasmes alors qu'il rêvait. Le second était un minuscule chaton et il dormait en boule au creux d'un plaid douillet. Un sourire attendri étira les lèvres de Minho.
A : Jisung
Ils ont l'air particulièrement sereins
De : Jisung
Ils le sont...
Quand ils dorment
A : Jisung
Tu me donnes envie de revoir mes chats
De : Jisung
Tu peux pas les avoir chez toi ?
A : Jisung
Mon appart est trop petit pour trois chats
Puis je suis dans une résidence qui interdit les animaux de compagnie
Même si je suis certain que ma voisine a un caniche
Les messages s'enchaînèrent avec naturel. C'était comme s'ils continuaient ces mille sujets de conversation qu'ils avaient arrêtés lorsque Minho avait dû reprendre son travail. Ils discutèrent de tout et de rien — surtout de rien — jusqu'à ce que le serveur tombe de fatigue. Minho s'endormit sur son canapé avec un sourire serein étirant ses lèvres. Il n'avait pas pris une seule bouchée du plat préparé avec amour par Jeongin.
***
Plusieurs jours s'écoulèrent ; plusieurs jours durant lesquels Minho et Jisung ne cessèrent de s'envoyer des messages. Ils partagèrent tant d'instants figés de leur vie respective que Minho ne le considérait plus réellement comme cet inconnu maladroit qui lui avait renversé son café dessus. Ils s'étaient rapprochés ; tellement rapprochés que Seungmin et Jeongin paraissaient impressionnés par l'évolution de leur relation. Ses amis ne cessaient de lui faire remarquer qu'ils flirtaient d'une façon attendrissante lorsqu'ils captaient un message par-dessus son épaule et ils pariaient déjà sur la date de leur premier baiser. Minho chassait leurs remarques par de ridicules gestes exaspérés. Il ne savait pas vraiment où il se trouvait dans ses envies. L'idée d'un rendez-vous avec Jisung ne le dérangeait pas plus que ça. C'était même tout le contraire. Il se refusait cependant de se perdre dans de faux espoirs et de se retrouver avec leur cœur brisé sans même avoir été en couple. Alors il ne cédait pas aux sous-entendus pleins d'espoir de ses meilleurs amis et il continuait de partager des instants figés de sa vie avec Jisung.
La silhouette de Jisung se dessina dans l'embrasure du café deux semaines après leur rencontre. Il portait un nouveau t-shirt au logo d'un groupe — Minho se félicita de reconnaître celui de Boston et il remercia son père pour avoir tant écouté l'album de la pochette dessiné sur le torse de Jisung — et il affichait un sourire qui cherchait à rejoindre ses oreilles. Le barista lui adressa un signe discret de la main avant de reporter son attention vers son client. Son esprit voguait loin alors qu'il prépara une boisson chaude — étrange choix pour la saison, mais il se retint d'articuler la moindre réflexion — que lui avait demandée une adolescente qui passait deux fois par mois. Son esprit n'était plus avec les habitués ou les nouveaux venus dans le café. Il cherchait les centaines de raisons qui avaient pu pousser Jisung à se présenter dans l'établissement. Son cœur battait la chamade dans sa cage thoracique. Il battait si fort que ses pulsations l'assourdissaient. Ses cheveux cachaient la pointe cramoisie de ses oreilles et il se remercia d'avoir oublié de prendre un rendez-vous chez le coiffeur.
Minho répondit aux demandes des clients dans un état second. Ses mouvements mécaniques s'appliquèrent à reproduire leur volonté et sa voix articula ces mots qu'il prononçait comme un robot programmé. Puis Jisung s'arrêta devant lui. Une aura solaire enveloppait son corps et sa simple présence éclipsait toutes les autres personnes présentes dans l'établissement. Il n'existait plus qu'eux dans cette bulle intime au milieu d'une foule.
« Salut Minho ! le salua-t-il avec un enthousiasme qui lui arracha un sourire.
— Salut ! répondit-il. Je te prépare un iced americano ? »
Un acquiescement silencieusement lui offrit une réponse et sa carte bancaire s'écrasa sur la borne de sans contact. Minho s'activa derrière le comptoir pour lui préparer sa boisson. Il sentait le regard brûlant de Jisung rivé sur ses épaules. Il dut se concentrer pour que ses mains ne trahissent pas ses tremblements. Il lui fallut quelques courtes minutes pour terminer la boisson et il la tendit à Jisung. Il espérait que la tasse ne témoigne pas de la moiteur de ses paumes. Leurs doigts se frôlèrent moins d'une seconde, mais ce simple contact de leur peau eut l'effet d'une décharge électrique pour le barista.
« Dis Minho, l'interpella-t-il.
— Hum ?
— Ça te dit de m'accompagner quelque part après ton travail ?
— Euh... il espérait que sa surprise ne se lisait pas trop sur ses traits. Pourquoi pas. Je termine dans deux heures. Ça te fera pas trop long à attendre ?
— Ne t'inquiète pas pour ça ! son enthousiasme arracha un rire discret à Minho. Je me trouve avec place et on se retrouve dès que t'as terminé de bosser. »
Minho n'eut pas le temps d'acquiescer que la silhouette de Jisung slaloma entre les tables, ses yeux balayant les tables à la recherche d'une place libre. Avant même qu'il ne puisse s'installer sur une chaise et sortir un livre ou un ordinateur de son sac à dos, un couple s'arrêta devant Minho. Aussi vite que la sensation de travailler s'était éclipsée avec la présence de Jisung, elle revint dès qu'ils lui commandèrent un thé glacé et un iced latte. Ils se jetaient des regards amoureux qu'il n'aurait pas pu s'empêcher de considérer comme affreux quelques mois plus tôt.
« Vous vous regardez aussi comme ça, remarqua la voix de Seungmin dans son esprit.
— Sauf que vous vous roulez pas des pelles au coin d'une rue déserte, compléta celle de Jeongin. Pas encore. »
Minho secoua la tête pour faire disparaître les voix de ses amis. Leur présence ressemblait à celle des anges et démons minuscules que l'on voyait parfois flotter au-dessus des épaules des personnages de dessins animés. Sauf que dans son cas, il se retrouvait avec deux démons facétieux qui ne cessaient jamais de le charrier pour son malaise face à ses propres sentiments. Son rendez-vous avec Jisung s'apparentait-il à un rencard ? Cela voulait-il dire qu'ils allaient commencer à sortir ensemble ? Se tiendraient-ils la main ? S'embrasseraient-ils à la discrétion des passants ? Minho se posait toutes ses questions qui n'avaient pas tant de sens. Jisung voulait certainement flâner dans les rues avec un nouvel ami. Minho se prenait trop la tête. Il ne savait même pas s'il plaisait à Jisung, mais il ne pouvait pas s'empêcher de se faire des films.
***
Ses nombreux questionnements occupèrent son esprit jusqu'à la fin de sa journée de travail. Ils l'avaient tant distrait qu'il eût plusieurs fois manqué de s'ébouillanter. Si son patron ne l'avait pas ramené sur terre en l'interpellant, il se serait retrouvé avec une brûlure au deuxième degré. Il n'avait aucun doute là-dessus.
Les intonations de son patron annoncèrent la fermeture de l'établissement et chassèrent les quelques personnes encore présentes. Seul Jisung resta assis sur sa chaise. Son casque le coupait du monde et ses yeux ne quittaient pas l'énorme livre dont Minho n'arrivait pas à voir le titre. Il dut percevoir du mouvement et releva la tête brusquement. Leurs yeux se rencontrèrent. Il n'en fallut pas plus pour que le serveur eût l'impression des hésitations de son palpitant. Fallait-il s'arrêter de battre ou s'emballer ? Son organe avait choisi un mélange des deux qui lui coupa le souffle. Ce n'était pas une sensation très agréable.
« Vous devez partir, l'informa son patron d'une voix calme lorsqu'il eut dégagé une oreille de son casque. On va fermer.
— Il est avec moi, le prévint Minho. Il peut rester là le temps que je nettoie les tables ?
— Je peux aider s'il faut ! ajouta Jisung en esquissant un sourire poli. »
Les yeux rieurs de son patron firent la navette entre leurs deux silhouettes. Un sourire étira ses lèvres et il hocha la tête comme s'il avait compris quelque chose que Minho ignorait. Avait-il compris un message inaudible dans son balancement nerveux sur ses pieds ? Captait-il des secrets inavoués dans les prunelles de Jisung ? Le barista fronça les sourcils. A quoi pouvait-il bien penser ?
« Je m'occupe du rangement.
— Vous êtes sûr ? risqua Minho.
— Oui, lui assura-t-il. Filez avant que je ne change d'avis ! »
Il ne fallut pas une seconde supplémentaire pour que Minho fonce dans la salle du personnel pour récupérer ses affaires — et troquer sa chemise pour un t-shirt plus confortable — et pour rejoindre Jisung à l'extérieur de l'établissement. Il l'attendait, adossé contre un poteau, sa main droite servant de visière. Il était beau ainsi. Il ressemblait presque à un personnage que l'on retrouverait dans une publicité pour un produit dont il ignorait encore tout. Sa beauté magnétique s'intensifia lorsqu'un sourire si large qu'il rendait l'astre diurne obsolète étira ses lèvres. D'une démarche soudainement incertaine, Minho s'approcha de lui. Il s'approcha de cet inconnu qui n'en était plus vraiment un. La main droite de Jisung quitta sa position pour s'enrouler autour de son poignet dès qu'il parvint à son niveau.
« Que... »
Ses mots moururent sur ses lèvres. Jisung l'embarqua dans les rues de la ville sans un seul mot. Minho ignorait tout de leur destination, mais il avait décidé de faire confiance à Jisung. C'était peut-être une erreur monumentale. Il n'en avait rien à faire. Il n'existait plus que les rues indiscernables de la capitale et le rire mélodique de Jisung. Il aurait pu rester des heures à se laisser porter par ce son comme s'il n'en existait plus. Jamais Minho ne se l'avouerait, mais il était déjà complètement mordu de Han Jisung. C'était un peu ridicule. Ils ne se connaissaient pas tant que ça et il ne croyait même pas à coup de foudre. Il se réalisait sans doute un film complet dans son esprit. Les rues pavées défilèrent et se mélangèrent sous ses yeux. Puis le goudron se raréfia à mesure qu'ils gravissaient les hauteurs de la ville. La nature reprenait sa place et remplaçait les buildings. Ses pieds foulèrent un chemin de terre entre des arbres dont les feuilles vertes les protégeaient des rayons brûlants du Soleil.
Minho ne savait pas du tout où ils se trouvaient. Il n'avait jamais mis les pieds dans cette partie de la capitale sud-coréenne.
« Il veut peut-être te poignarder quarante-deux fois, supposa la voix de Seungmin dans son esprit. J'ai vu dans une série que ça symbolisait la pénétration pour certains tueurs en série.
— Où alors il veut te baiser contre un arbre. »
Un nouveau mouvement de la tête chassa les voix envahissantes de ses amis de son esprit. Pourquoi devait-il entendre leurs intonations taquines alors que la paume de Jisung réchauffait son poignet et provoquait l'incontrôlable affolement de son cœur dans sa cage thoracique. Leurs pas finirent par ralentir. Les arbres s'écartèrent de son champ de vision, dévoilant un vieux banc en bois et une vue saisissante sur toute la ville. Les doigts de Jisung libérèrent son avant-bras et le barista put s'approcher de la barrière en bois. Il posa ses mains sur la rambarde. Sa mâchoire se décrocha alors qu'il s'abreuvait du paysage magique qui s'offrait à lui. Jamais il n'avait imaginé les immeubles si petits ! Une brise caressa son visage et dégagea son front.
« C'est vraiment magnifique.
— Vraiment magnifique. »
Il se retourna vers Jisung.
Jisung et ses yeux brûlants.
Jisung et ses yeux rivés sur lui.
« Je me suis dit que ça te plairait, lui sourit-il alors que Minho sentait ses joues prendre des couleurs.
— Comment t'as trouvé cet endroit ?
— Je me promène beaucoup. »
Il ne prononça pas un mot de plus, préférant garder cette aura mystérieuse. Puis il se laissa tomber sur le banc. Le bois émit un son peu rassurant sous son poids, mais cela ne semblait pas le déranger plus que ça. Il devait avoir l'habitude. Il invita Minho à le rejoindre en tapotant sur l'assise avec énergie. Une grimace peu assurée déforma ses traits. Le regard envoûtant le convainquit sans qu'il eût à articuler le moindre mot. Il sentit le bois s'affaisser sous son poids et il ferma les yeux. Il refusait de se voir tomber. La chute ne vint jamais. Il souleva les paupières une à une, comme pour s'assurer qu'il ne se trouvait pas assis à même le sol, et tourna la tête vers Jisung. Ce dernier l'observait avec amusement.
« Tu pensais que le banc allait s'effondrer sous notre poids ? se moqua-t-il gentiment.
— Il fait un bruit pas rassurant aussi, grimaça Minho en lui donnant un léger coup d'épaule.
— Il peut supporter bien plus que le poids de deux êtres humains assis si tu veux mon avis. »
Son rire avait l'effet d'une brise estivale, la même qui avait caressé son visage quelques minutes plus tôt. Minho aimait entendre ce rire. Il aurait aimé l'entendre chaque seconde de vie jusqu'à son dernier souffle même si ça le rendait terrifiant. Sa réflexion provoqua le rosissement de ses pommettes. Il se sentait un peu idiot.
« C'est à ce moment-là qu'ils s'embrassent langoureusement dans les comédies romantiques. »
Encore une remarque absurde que la voix de Jeongin formulait dans son esprit. Depuis que ses amis avaient transformé ses relations, ils ne cessaient d'entendre leurs intonations dans son esprit. A croire qu'il devenait complètement fou. Son regard fuit celui de Jisung pour se poser sur le paysage. Le Soleil commençait sa lente descente derrière les bâtiments. Ses rayons réfléchissaient derrière les immeubles et créaient un halo lumineux autour de la ville. Il avait l'impression de se retrouver face à un de ces paysages de carte postale qu'on vendait aux touristes par milliers.
« Je me sens tellement bien, souffla-t-il.
— Je me sens tellement bien avec toi, admit la voix de Jisung. »
Minho tourna la tête vers son guide et leurs yeux se rencontrèrent. Deux orbes marron étaient rivés sur lui comme s'ils découvraient encore et encore le plus rare des trésors. Puis avant que Minho ne puisse assimiler la proximité de leurs corps, la distance entre eux s'amenuisa encore un peu. Chaque centimètre emballait son cœur. Puis les lèvres de Jisung se posèrent contre les siennes. Ce ne fut que l'espace d'une seule seconde. Leurs lippes se caressèrent. Un picotement se propagea sur les muscles du barista. Son visage se colora. L'espace entre leur visage se creusa.
Une insupportable incertitude assombrit les prunelles de Jisung. Il ne put la supporter. Son corps réagit avant même que son cerveau ne formule un ordre cohérent à ses muscles. Ses mains enveloppèrent les oreilles de Jisung et ses lèvres se plaquèrent contre les siennes avec force. Les sensations différaient de ses relations précédentes. Leurs lèvres créaient une danse qui n'appartenait qu'à elles et la langue de Jisung rencontra la sienne dans une explosion. Ils étaient en parfaite harmonie. Toutes les questions anxieuses quittèrent son esprit. Il n'existait plus rien en dehors de Jisung et lui. A bout de souffle, ils s'éloignèrent. Front contre font, leurs sourires se répondaient. Minho sentait la respiration hachée de Jisung contre son visage et ces frissons familiers qui parcoururent son corps.
« J'espère que je pue pas trop de la gueule, blagua Jisung. Parce que ça craindrait vraiment de te demander de sortir avec moi alors que j'ai une haleine de putois.
— Tu veux sortir avec moi ? s'étonna Minho en s'éloignant. Pourquoi ? demanda-t-il alors que Jisung acquiesçait d'un mouvement silencieux de la tête.
— Parce que tu me plais ? tenta-t-il. J'ai l'impression que c'est comme ça que se font les choses normalement. On se plaît mutuellement puis on franchit le pas en demandant à l'autre de sortir avec nous. Tu veux pas ?
— Non ! Enfin si ! paniqua-t-il. Si ! Je veux bien sortir avec toi.
— Chouette ! »
Puis les lèvres de Jisung effleurèrent les siennes, son rire cristallin caressa sa peau. Minho aurait voulu que cet instant ne s'arrête jamais.
***
Être en couple avec Han Jisung ne changeait pas beaucoup de choses à sa vie.
Il s'était imaginé un grand bouleversement. Un bouleversement qui ressemblait à un tsunami et qui changerait son quotidien. Aucun cataclysme ne se produit. Il partageait désormais son temps libre entre les deux squatteurs qui lui servaient de meilleurs amis et le maladroit qui avait troqué sa casquette d'inconnu par celle du petit-ami. C'était étrange de penser à Jisung de cette façon. Il ne s'était pas imaginé en couple depuis qu'il avait quitté les bancs du lycée. Sa dernière relation sérieuse datait de cette époque et il n'avait pas vraiment eu l'occasion de sortir avec des gens depuis. Il avait bien eu quelques relations ici ou là, mais rien de comparable à ce qu'il vivait avec Jisung.
Tout était différent avec Jisung.
Sa présence amplifiait par cent chacune de ses émotions et il renfilait les baskets de l'adolescent apprenant à aimer pour la première fois de sa vie. Ils se racontaient des histoires sur leur passé, commentaient les films qu'ils avaient vus ensemble ou non, riaient tant qu'ils se mettaient à pleurer, s'embrassaient et recommençaient. Sans que Minho ne s'ennuie une seule seconde.
« Tu veux passer chez moi ? lui proposa-t-il après une journée de travail.
— Tu veux vraiment que je vienne chez toi ? s'étonna Jisung.
— Ouais. Tu vas sûrement croiser Jeongin et Seungmin, précisa-t-il. Parfois je me demande s'ils passent pas plus de temps dans mon appart que moi. »
Pourquoi avait-il eu cette idée ?
Cette pensée parasite traversa son esprit alors qu'il poussa la porte de son appartement et que deux paires de chaussures ne lui appartenant pas apparurent sur le sol. Il entendit le son de la télévision dans l'autre pièce et les commentaires enjoués de ses amis. Leurs voix s'atténuèrent alors qu'ils percevaient sa présence. Et comme deux chats qui attendaient le retour de l'humain qui les nourrissait et leur offrait des gratouilles derrière les oreilles, ils se précipitèrent vers l'entrée.
« C'est lui ? s'enthousiasma Jeongin en s'emparant des mains de Jisung. Je suis Jeongin ! se présenta-t-il. Tu n'imagines même pas à quel point Minho nous a parlé de toi.
— A ce point ? s'amusa-t-il en jetant un regard en coin à son amant.
— Ignore-le, lui conseilla Minho en dépassant ses amis. Il raconte n'importe quoi.
— Je suis presque déçu.
— Je suis Seungmin, l'accueillit ce dernier, et n'écoute pas ton copain. Il nous a vraiment beaucoup parlé de toi. »
Une expression espiègle anima les traits de Jisung qui se débarrassa de ses chaussures avant de le rejoindre sur le canapé. Il s'installa contre lui et laissa tomber sa tête contre son épaule. Minho sentait ses cheveux caresser la peau de sa nuque et son odeur caféinée. Ils furent rapidement rejoints par Seungmin et Jeongin dont les traits n'avaient jamais autant respiré la malice. Seungmin enserrait quatre bières pleines et un décapsuleur entre ses mains. Il les posa sur la table basse avant de se mettre en tailleur à même le sol.
« Bonne chance avec Minho, le charria Jeongin qui n'avait pas bougé d'un iota. Tu vas en avoir besoin. »
Le plus jeune esquiva un projectile — certainement un capuchon de bouteille qui s'était perdu entre les coussins du canapé — que Minho lança dans sa direction. Son hilarité s'accentua. Les oreilles plus rouges qu'une tomate mure, il chercha à camoufler son visage derrière l'épaule d'un Han Jisung mort de rire.
« Je pense que c'est plutôt lui qui a besoin de chance, vu comment je suis gauche, ria-t-il. En espérant ne provoquer aucun accident mortel ! clama-t-il en soulevant la bière que Seungmin lui avait glissée entre les mains. »
Ils trinquèrent. Les conversations enjouées et les rires inondèrent l'appartement. Minho observa son amant discuter avec les deux personnes qui partageaient son quotidien. Le courant passait bien. C'était comme s'il avait toujours été présent dans leur groupe. Il répondait avec vivacité aux plaisanteries de ses amis. Ils discutèrent même d'une série animée dont il ignorait tout. Minho n'en regardait pas beaucoup. Il se contenta de les écouter, un sourire aux lèvres, jusqu'à ce que les conversations se tarissent. La fatigue s'emparait des corps et ses meilleurs amis finirent par quitter l'appartement.
Ils étaient seuls.
Dans son appartement.
Cette réalisation le frappa. Il avait invité Jisung sur un coup de tête parce qu'ils n'avaient pas envie de le quitter. Il n'avait pas pensé une seule seconde qu'il resterait plus longtemps que ses amis. Et s'il en croyait le poids de sa tête contre son épaule, il ne comptait pas partir.
« Ils sont marrants, remarqua Jisung en posant ses lèvres contre sa nuque.
— Ils sont exubérants et exténuants, corrigea Minho en s'étirant comme un chat. J'ai plus d'énergie.
— On va se coucher ? »
Minho acquiesça et se redressa. Ses muscles étaient lourds. Il tendit une main à Jisung pour l'aider à se redresser. Ce dernier trébucha en se propulsant vers l'avant et s'écroula contre son torse. Le visage contre son torse, il s'esclaffa. Son rire vibra contre sa peau. Il remarqua que sa maladresse les tuera un jour et se blottit contre lui. Minho l'enlaça. Ils marchèrent de façon étrange jusqu'à la salle de bain où il tendit une brosse à dents neuve à son petit ami et jusqu'à la chambre. Ils n'avaient pas détaché une seule seconde leur étreinte. Ce n'était pas la plus agréable, mais il refusait de s'éloigner. Ils ne se séparèrent que pour abandonner leurs vêtements sur le sol. Ils étaient de nouveau enlacés lorsque leurs corps se lovèrent dans le matelas. Les lèvres de Jisung déposaient des myriades de baisers sur son torse comme s'il cherchait à dessiner des constellations.
« Je m'étais dit qu'on coucherait peut-être ensemble ce soir, murmura Jisung contre sa peau, mais j'ai juste envie de dormir.
— Moi aussi, bâilla Minho. Une autre fois ? »
Il claqua un rapide baiser sur les lèvres de son amant. Son souffle régulier s'écrasait contre sa peau et il l'entraînait dans les bras accueillants de Morphée. Rien ne pourrait le rendre plus heureux que se trouver entre les bras de Jisung pour une nuit. Il se sentait serein, à sa place.
***
Un nuage.
Lee Minho avait la sensation qu'un nuage de douceur l'avait enveloppé au cours des dernières semaines. Jisung et lui avaient passé tant de temps ensemble qu'il avait l'impression que le garçon était un prolongement de son âme. Ses mains et ses lèvres avaient laissé sur sa peau d'invisibles marques délicates qui provoquaient une chair de poule familière sur son épiderme. Il avait tant embrassé le creux entre ses omoplates et sa nuque qu'il avait l'impression que la forme de sa bouche était tatouée à même son corps.
Il lui arrivait parfois de croire que leur rencontre et les rendez-vous qui suivirent n'étaient que le fruit de son imagination ; un rêve qui ne s'arrêterait jamais tant qu'ils ne décideraient pas de se réveiller. Han Jisung était son âme sœur. Ça lui apparaissait comme une évidence. Il ne croyait même pas en ces trucs débiles, mais il voulait bien faire une exception pour Jisung. Il n'avait jamais été autant mordu de quelqu'un et cela le terrorisait parfois. Si quelqu'un lui annonçait qu'il était amoureux aussi peu de temps après leur rencontre, il aurait certainement pris ses jambes à son cou. Ce n'était pas le cas de Jisung. Enfin Minho ne lui avait pas encore dit qu'il était amoureux de lui. Il le pensait si fort qu'il était certain que son copain l'avait compris. Il se demandait si les pores de sa peau suintaient l'amour et la niaiserie.
« T'es encore dans tes pensées, remarqua la voix de Jisung. »
Son visage au-dessus du sien lui adressa un sourire amusé. Il sentait ses mains dans ses cheveux alors que sa tête reposait sur ses genoux. Ils avaient regardé une série dont il se fichait pas mal du scénario et il avait fini par s'endormir sur les jambes de Jisung. Ses mains avaient massé son cuir chevelu et ses doigts avaient démêlé ses mèches comme s'il manipulait des fils de soie. Il n'en avait pas fallu plus pour que Minho se laisse plonger dans une somnolence agréable. Le serveur se redressa sur ses coudes et posa un rapide baiser sur les lèvres de son petit-ami avant de retrouver son oreiller de fortune.
« Je réfléchissais, murmura-t-il.
— À quoi ? s'enquit Jisung dont la curiosité lui arracha un sourire.
— À tout. À nous. »
Un sourire étira les lèvres de Jisung et les yeux de Minho se portèrent instinctivement sur celles-ci. Il pourrait passer des heures à les embrasser, sans se lasser une seule seconde. Il pourrait se laisser mourir de faim juste pour avaler ses baisers. Il était à des millions d'années-lumière de pensées que sa bulle était sur le point d'exploser.
À quel moment cela avait-il commencé à merder ? Quel moment était à l'origine de ces larmes se confondant avec la pluie torrentielle ? Minho se sentait bien incapable de donner la moindre réponse à cette question. Pour lui tout avait commencé quelques heures plus tôt.
D'inquiétants nuages noircissaient le ciel et ils ne présageaient rien de rassurant. Ses yeux quittèrent les formes cotonneuses pour se porter vers la silhouette de Jisung à quelques mètres de lui. Ce dernier lui faisait de grands signes d'une main et traînait une grosse valise de l'autre. Pourquoi avait-il une valise ? Minho l'ignorait et cette question le poussa à froncer les sourcils. Il avait un mauvais pressentiment. Son cœur se serra à chacun des pas que son petit-ami faisait dans sa direction. Le bruit de la valise roulant sur l'asphalte rejoignait celui de ses pensées. Une terrible migraine se préparait derrière ses yeux et il ne se sentait pas capable de l'affronter.
« Pourquoi tu m'as appelé pour venir ici ? demanda-t-il à Jisung alors qu'il parvenait à son niveau.
— Je voulais te dire au revoir avant de partir. »
Les sourcils de Minho cherchèrent à se rejoindre dans leur froncement. Comment ça partir ? Il n'avait pas une seule fois entendu Jisung parler du moindre départ depuis qu'ils s'étaient mis ensemble au début de l'été. Le serrement de son cœur lui arracha une grimace hideuse et il ne parvint pas à camoufler l'amertume de ses traits. Il le sut, car les traits de Jisung se montraient plus inquiets qu'ils ne l'étaient habituellement.
« Quelque chose ne va pas ?
— Je savais pas que t'allais partir. »
Il avait craché ces mots sans le vouloir. Jamais il n'avait pensé que son ton puisse se faire si sec et cassant. Il se sentit immédiatement coupable d'avoir prononcé de tels mots et sa culpabilité ne fit que s'accroitre en lisant les dégâts de ses paroles sur Jisung. Il avait créé un espace entre eux qui n'existait pas quelque seconde plus tôt. Une première goutte de pluie noircit le bitume. Ils l'ignorèrent.
« Je te l'ai dit la semaine dernière, lui fit remarquer Jisung. Je te l'ai même dit plusieurs fois.
— Pas assez ! lui reprocha-t-il en élevant la voix.
— Tu vas vraiment jouer le pauvre type là ? s'énerva son petit-ami. Tu vas jouer le pauvre type alors que je pars dans trois heures ? »
Trois heures.
Trois courtes heures.
Un battement d'ailes, et Han Jisung ne serait plus présent dans sa vie. Et il se disputait avec lui comme un gamin. Mais sa fierté l'empêchait de s'excuser. Foutue fierté. Foutue douleur qui martelait son cœur dans sa poitrine. Il se sentait comme une merde, mais il ne parvenait pas à prononcer la moindre syllabe. Les gouttes s'écrasaient autour d'eux et elles semblaient l'ignorer. Un soupir s'échappa des lèvres de Jisung qui tourna les talons.
« Je voulais juste te dire au revoir, sa peine faisait trembler sa voix. »
Puis il s'éloigna sans que Minho ait le courage de le retenir. Pourquoi ne l'avait-il pas retenu ? Il se posa la question alors que l'averse alourdissait ses vêtements et que ses larmes singeaient les gouttes. Des sanglots silencieux agitèrent ses épaules alors qu'il regagnait son appartement en courant. Il n'avait plus qu'une seule envie : se réfugier sous sa couette et ne plus en sortir pour les prochains jours. Il courait sur la pluie, son cœur brisé et ses larmes pour seule compagnie. C'était un putain de cliché de comédie romantique ! Il n'aurait pas pu vivre un truc qui n'arrive pas dans ce genre d'histoire ?
« Minho ! l'interpella une voix familière qu'il ignora dans sa course.
— Lee Minho ! cria une nouvelle voix. »
Elles continuèrent de l'appeler ; des trémolos tremblant sous l'émotion. Mais il ne se sentait pas capable de s'arrêter. Il avait besoin de rentrer, de se retrouver seul et de pleurer toutes les larmes de son corps sous sa couette. Ses pieds se prirent dans une irrégularité de la route et il perdit l'équilibre. Ses genoux raflèrent le goudron et ses mains ralentirent sa chute. Une grimace déforma ses traits alors que la douleur se propageait dans son corps. Il ne voyait pas clair, mais il était presque certain que son jean était foutu et que ses genoux étaient en sang. Deux silhouettes s'accroupirent à son niveau. Il reconnut les corps de Seungmin et Jeongin sans percevoir clairement leurs corps.
« Il se passe quelque chose ? s'inquiéta Seungmin dont le parapluie protégeait leurs corps de la pluie.
— Il va partir ! sanglota-t-il.
— Qui ? s'étonna le plus jeune. Jisung ? »
Il parvint à arracher un acquiescement entre deux sanglots étouffés contre l'épaule de Jeongin. Les bras de ce dernier enveloppaient ses épaules comme pour le protéger du monde. Ses larmes détruisirent son t-shirt épargné par la pluie, mais le plus jeune ne paraissait pas s'en inquiéter. Il se contentait de lui prononcer des paroles rassurantes à l'oreille pour calmer ses sanglots. Ils restèrent dans une position peu confortable durant plusieurs minutes. Les passants, protégés de leur parapluie coloré, jetaient sur eux des œillades circonspectes et accéléraient le pas en passant proche de leurs silhouettes. Puis les sanglots de Minho se calmèrent et il parvint à se remettre sur ses jambes.
« T'es amoureux de lui, affirma Seungmin. T'es fou amoureux de lui.
— Je pense, avoua-t-il. Mais il va partir.
— Pas si tu l'en empêches. »
Jeongin affichait un sourire encourageant. Lui demandait-il de rejoindre son copain sur le lieu de son départ pour le retenir ? Faire plus comédie romantique n'était pas possible. Mais Minho mentirait s'il affirmait ne pas en avoir envie. Il mourrait d'envie de retrouver les bras de Jisung. Il mourrait d'envie d'agripper sa veste pour le retenir.
« Ne le laisse pas partir, lui intima Jeongin. Fonce le retrouver.
— Je sais même pas s'il a pris l'avion ou le train, gémit-il.
— Sûrement un train, remarqua Seungmin. Je le vois pas partir à l'autre bout du monde perso. »
Il n'avait pas tort. Il fallut encore quelques encouragements de la part de ses amis pour que Minho trouve le courage nécessaire pour s'éloigner de son logement. Ses jambes s'activèrent malgré la douleur qui déchirait ses muscles. Mais il s'en fichait. Il voulait seulement retrouver Han Jisung et l'empêcher de le laisser tomber comme une vieille chaussette orpheline. Il ignorait combien de temps il courut. Il savait seulement que sa respiration se faisait courte lorsque la gare apparut dans son champ de vision. Un rictus entre la peine et la joie se dessina sur ses traits alors qu'il slalomait entre les futurs passagers à la recherche du corps de son petit-ami. Il allait baisser les bras et se remettre à pleurer quand une voix prononça son nom dans son dos.
« Minho ? »
Les yeux de Jisung s'écarquillèrent lorsqu'ils remarquèrent son état déplorable. Minho ne savait pas à quoi il pouvait ressembler, mais cela ne devait pas être glorieux. Entre l'averse qu'il s'était prise et sa chute monumentale, il devait paraitre fou. Cela expliquait certainement toutes les œillades méfiantes des personnes autour d'eux.
« Ne pars pas, l'implora-t-il dans un murmure entre deux respirations hachées.
— Quoi ?
— Ne pars pas ! répéta-t-il plus fort. »
Il s'était attendu à un refus catégorique et une remarque acerbe de la part de Jisung. Il le méritait bien. Il avait été un vrai con. Mais il ne reçut rien de tout ça. Il n'eut pour seule réponse des prunelles curieuses posées sur lui et une moue d'incompréhension. Puis il y eut ce rire ; ce rire clair et soulagé. Pourquoi riait-il ? Il avait dit quelque chose de drôle ?
« Tu sais que je ne pars que deux semaines ? lui fit remarquer Jisung.
— Je... Euh... balbutia-t-il sans parvenir à camoufler les rougeurs sur ses joues. Non ? sa voix n'avait été qu'un minuscule couinement. »
Un sourire attendri étira les lèvres de Jisung qui se mit sur la pointe des pieds pour déposer un rapide baiser sur sa joue. Il lui ébouriffa les cheveux de sa main libre et Minho ne se sentit que plus idiot. Il n'avait pas compris. C'était de cette visite familiale que Jisung n'arrêtait pas d'aborder depuis quelque temps. Minho s'était persuadé à tort que ses parents vivaient aussi en ville. Il n'avait pas imaginé une seule seconde qu'ils pouvaient habiter à plusieurs centaines de kilomètres.
« Je me sens bête, avoua-t-il en passant ses mains éraflées dans ses mèches brunes. C'est juste que je suis amoureux de toi et que je ne supportais pas l'idée de ne plus jamais te voir. »
Les yeux de Jisung s'écarquillèrent de surprise et les joues de Minho se colorèrent alors qu'il prenait conscience de ses mots. Il venait de lui dire qu'il était amoureux de lui. Et ça ne l'avait pas gêné une seule seconde. Il n'avait pas réfléchi avant de parler. Un nouveau rire quitta les lèvres de Jisung. Ce rire clair et communicatif que Minho aimait tant. Puis il plaqua ses lèvres contre les siennes. Ça dura moins d'une seconde. Elles s'étaient à peine frôlées, mais cela avait suffi pour que le cœur de Minho s'emballe dans sa poitrine.
« Moi aussi je suis amoureux de toi, ria-t-il contre ses lèvres alors qu'une voix annonçait les départs des trains. Mon train arrive en gare. On se voit dès que je reviens, lui promit-il. En attendant, rentre chez toi, laisse Jeongin et Seungmin te soigner, et rêve de moi. »
Minho l'observa s'éloigner de lui. Un sourire large ne quittait plus ses lèvres et si ses genoux ne lui avaient pas fait souffrir le martyre, il aurait sautillé jusque chez lui. Il n'en était cependant pas capable. Il gagna la station de métro la plus proche. Il ne savait pas comment il avait pu courir jusqu'à la gare.
« T'es vraiment pas croyable. »
Ce furent les premiers mots que prononça Seungmin lorsqu'il avait regagné le confort de son appartement. Son ami lui avait empoigné le coude et il l'avait forcé à s'asseoir sur son canapé. Il lui intima de ne surtout pas bouger — le moindre de ses mouvements était réprimandé par des œillades assassines — et d'attendre que Jeongin revienne des courses. Il se plaignit de l'absence de gaze et de désinfectant. Sa trousse à pharmacie laissait vraiment à désirer, mais Minho ne prenait jamais le temps de faire des courses.
« L'amoureux est de retour ? s'enquit le plus jeune dès qu'il franchit la porte de l'appartement.
— Oui, répondit Seungmin, et il a l'air de planer depuis qu'il est rentré.
— L'amoureux n'est pas sourd, leur fit-il remarquer.
— Mais il ne sait visiblement pas marcher, se moqua Jeongin en tendant un coton imbibé de désinfectant à Seungmin.
— Aïe ! se plaignit-il.
— Évite de t'écrouler par terre la prochaine fois que tu comprends mal quelque chose, lui conseilla son ami.
— On va devoir fermer Cupid's Radio, geint Jeongin en se laissant tomber sur le canapé. Il n'y a plus rien d'intéressant à raconter maintenant que le scénario de la comédie romantique est terminé.
— Alors que je suis certain d'avoir encore des millions de trucs à vivre avec Jisung, sourit Minho. Aïe ! Pourquoi t'appuies si fort ?
— Désolé, s'excusa faussement Seungmin. C'est les paroles niaises. Ça me fait perdre la raison. »
fuck i love you
comme souvent le titre m'apparaît bien avant d'écrire le moindre mot de mon histoire. je savais juste que j'avais envie d'écrire une comédie romantique un peu bête. je ne pourrais même pas vous dire d'où vient ce titre. certainement d'une chanson parce que la plupart de mes titres viennent de chansons (ou de bleach).
sachez que j'imaginais une courte histoire à la base. lorsque je me suis concentrée sur l'idée d'une romance principalement centrée sur l'humour, je me disais que le one shot avoisinerait les 5K mots. il en fait plus du double. donc il n'est pas si court que ça. j'espère qu'il reste quand même marrant à lire sinon ça veut dire que j'ai loupé toutes mes ambitions.
je pense que j'en suis fière. il est exactement comme je le voulais même si je n'ai pas pu mettre toutes mes idées dedans. il y en avait beaucoup et je n'avais pas envie de transformer ça en une histoire de plus d'un chapitre. mais les idées qui sont dans la version finale sont celles dont je suis le plus fière.
j'espère que vous avez apprécié votre lecture !
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top