Chapitre Final
Il s'est assis sur le banc de l'abribus, rien de plus. Le ciel est gris de nuages, et l'air, lourd.
À ses côtés, Izuku marmonne, comme à son habitude. C'est la seule chose qui n'a jamais changé, il croit. Ce sont des petites phrases, des suites de mots, il entend lapin, chat et grenouille, des cliquetis et les piafs là-haut.
Ils sont deux. Ils sont seuls.
- Tu ne pars pas ni en deltaplane, ni en montgolfière ? demande Izuku, en gribouillant quelque chose d'illisible dans un petit carnet rouge, l'énième qu'il sortait de son gros sac posé ses pieds.
- Je t'ai déjà dit, j'ai perdu mon permis. Une collision avec un OVNI, c'est un retrait direct.
- Pardon, c'est ma mémoire qui me joue des tours.
- Ça ne va pas mieux ?
- Ah si si, je te rassure ! Ce sont juste des petits oublis. Mais...
Il relève la tête de ses notes, cherche ses mots, le regard dans le vague. Il commence à articuler une première syllabe, quand trois jeunes viennent s'installer sous l'abribus.
- Allez, la séance va bientôt commencer !
- Elle commence dans une heure, Nejire, et puis tu vas encore piquer dans mon pop-corn.
- Demande à Mirio de s'assoir entre nous, alors !
Le-dit Mirio se retrouve déjà coincé entre les deux, quoiqu'il paraisse détendu et habitué de la situation. Il salue Izuku, lui parle de pudding, puis retourne bavarder avec ses deux acolytes.
- Il y a plus de monde que d'habitude, remarque Izuku. Avant, il n'y avait que nous deux.
- Les choses ont changées, au-cas-où tu ne l'aurais pas remarqué.
- Les choses et les gens.
- Les gens sont les mêmes.
- Les mêmes en plus heureux. Si j'avais des souvenirs, je pourrais te le démontrer avec certitude, mais la ville respire la joie, en ce moment. Quelque chose de merveilleux s'est passé, j'en suis sûr !
Un temps passe. La discussion du trio à côté d'eux prend une autre tournure.
- Du coup t'as vraiment failli brûler ta maison, Nejire ?
- Non ! Enfin oui, mais c'était un simple départ de feu, rien de méchant !
- Comment crées-tu un départ de feu avec... du mochi ?
- Pas avec, Tamaki, mais parce que !
- C'est-à-dire ?
- Un vieux truc que j'ai entendu il y a des lustres. Un rituel pour appeler un fantôme ou quelque chose du genre. Il faut lui donner du mochi, mais j'ai surtout l'impression qu'il s'agit d'un esprit pyromane.
- Tu es sûre que ce n'est pas parce que tu as placé une source de chaleur à côté d'un objet inflammable, lors de ton rituel ?
- Tu réfléchis trop, Tamaki.
Mirio rit, Izuku aussi, le bruit est apaisant, presque trop doux.
- Izuku !
Ils tournent la tête, voit Ochako arriver en courant, suivi de près par Mina et Tsuyu.
- Tu pars sans dire au revoir ?
- Ah ! Heu...
Il se tortille, gêné.
- On rigole, ajoute Mina. On voulait juste te souhaiter bonne chance pour ton départ.
- Tiens, kero.
Un petit paquet cubique, enveloppé dans du papier cadeau rose bonbon.
- Ne l'ouvre qu'en dernier recours, sinon gare à toi ! lance Ochako dans un rire.
Izuku range le paquet dans son sac, pendant que les trois jeunes filles s'installent sous l'abribus.
- Je vais voir ma tante, commence la brune, je ne la connais pas beaucoup, j'espère que ça va bien se passer !
- Oh, ta tante ? La mienne est tellement autoritaire, je suis dég de passer mes prochaines vacances d'été avec elle ! râle la rose.
Les deux se tournent vers Tsuyu, qui n'avait rien dit.
- Et toi, Tsuyu, pourquoi tu pars ?
- Je vais assister au concerto de mon petit frère. Ça va faire... quelques temps que je ne l'ai pas vu, avec le reste de ma famille.
- Vous allez être tous ensemble, alors ? Trop bien !
Tsuyu sourit, Mina s'active sur son téléphone à montrer une vidéo d'une grenouille qui joue du piano "comme ton frère !" tandis qu'Ochako regarde les horaires de bus.
Malgré le brouhaha qui commence à s'installer, Izuku recommence à lui parler, soudain inquiet.
- J'ai l'impression d'avoir oublié quelque chose de très important.
- Si c'est le four, je l'ai éteint.
- Non, pas ça, je veux dire... ça fait comme...
Le jeune homme gribouille à la va-vite dans un carnet, puis lui présente le résultat.
- Comme... ça !
- Une rivière ?
- Quelque chose par rapport à se méfier de l'eau qui dort.
- Et c'est pour ça que tu pars ?
- Oui, je sens que je dois faire quelque chose ! Je... quelqu'un m'attend. Je dois l'aider.
Le bus arrive sur ses mots, comme pour lui couper la parole. Il le voit se lever de sa place, comme tout le reste de l'abribus, alors qu'il reste assis. Izuku est gentil, il laisse tout le monde passer devant, rentre en dernier, et se retourne une dernière fois vers lui, alors que les portes du bus se referment.
- Tu m'emmèneras faire un tour en montgolfière, quand tu auras récupéré ton permis !
Il hausse les épaules, Izuku sourit, et le bus repart sans lui, sous le ciel gris.
♡̶ ̶:̶ ̶[̶A̶t̶t̶e̶n̶d̶r̶e̶]̶ ̶ ̶
̶☆̶:̶ ̶[̶P̶a̶r̶t̶i̶r̶]̶
Il va prendre le train, finalement.
○○○●●●
De : Eijiro
Ça va ?
19h33, lu.
De : Eijiro
J'ai tenté de t'appeler, mais tu réponds pas, donc...
19h34, lu.
De : Eijiro
Quelque chose ne va pas ?
19h34, lu.
De : Eijiro
Si tu as des problèmes, tu peux m'en parler, tu sais. Je ne te jugerai pas.
19h35, lu.
De : Vous
Hey
19h36, lu.
De : Vous
Désolé de ne pas avoir décroché plus tôt. J'étais occupé, ma vie est un peu en bordel en ce moment.
19h36, lu.
De : Vous
Mais je pense que sur le long terme, je vais m'en sortir. J'y crois.
19h36, lu.
De : Vous
C'est une histoire de dingue. Faut que je te raconte.
19h37, lu.
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