Chapitre 38
Le vide.
Un long champ noir à perte de vue. Pas de musique d'ambiance, ni de bruitage. Juste un silence de mort.
En vue à la première personne, la caméra dévoile une porte en bois défoncée, au gond à moitié arrache, flottant dans ce lieu qui n'a ni début ni fin. Déformée par des trous et fissures diverses, craquelée, écaillée, brisée, pourrisante presque sur place d'immondice, aucun esprit un tantinet logique n'oserait toucher à cette ruine.
Au final...
C'est moi, le méchant de cette histoire ?
Cette voix, si familière, est celle du personnage. D'un souffle, elle brise le silence de son ton hésitant, remettant en doute certaines de ses actions, son propre passé.
Il regarde son téléphone. Dix pourcents de batterie.
Ma barre de vie.
Elle est... très basse, et je ne peux pas la restaurer.
Il n'existe aucun moyen de "récupérer" ce que tu as déjà perdu.
C'est plutôt réaliste, n'est-ce pas ?
À chaque fois que j'ouvre ce portable,
Je joue avec mon existance, et celles des autres.
Ça ne m'amuse pas.
Il avance vers la porte, dans un mouvement rappelant point par point la façon dont le "jeu" a commencé.
Si je suis là, c'est parce que je l'ai cherché.
J'ai parcouru, de mon plein gré, les abîmes, pour au final me faire poursuivre, et m'échapper par une fenêtre.
Tout ça, je l'ai fait pour des raisons particulières. Pour quelqu'un d'autre que moi.
Je n'ai pas envie de me souvenir de tout ça. Du tout.
J'aimerai effacer toutes ces horreurs de ma mémoire,
Me dire que ça n'a été qu'un mauvais rêve.
Un cauchemar d'enfant.
Derrière la porte, une lumière éclatante.
Mais aucun secret ne doit le rester pour toujours.
Ma tête est sur le point d'exploser.
Le casse-tête est fini.
La main tremblante, il ouvre la porte vers son passé.
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On entend des sons lointains, l'écho d'une vieille chanson oubliée. Le noir néant est remplacé par des nuances douces-orangées, celles qui naissent à travers nos paupières, quand on ferme les yeux face au Soleil.
J'aimerai que tu fasses un dernier effort, je te prie. Pour mes beaux yeux.
Toujours cette même voix, peut-être un peu plus posée.
C'est une petite charade, sans grande difficulté. Tout le monde peut la résoudre, Denki compris.
Même si tu m'assures du contraire, je te la dirais quand-même.
Commençons !
Mon premier est le deuxième pronom personnel sujet anglais.
Mon second est la première syllabe du mot "gâteau".
Mon tout est celui qui te parle en ce moment-même.
Tu as trouvé~☆ ?
Les paupières s'entrouvrent, laissent voir l'herbe verte, l'ombre offerte par le chêne juste au-dessus de lui. Un jeu de lumière entre le solaire et la pénombre, multitudes petites taches de rousseurs claires, filtrées avec le branchage, qui s'échouent sur le sol comme d'autant d'étoiles.
Pas d'inquiétude, je sais que tu es assez "méfiant",
Que tu ne me fais pas confiance.
Je ne suis pas en mesure de te certifier si mon éclat te paraîtra honnête.
Sache pourtant que... Qui sait ?
Peut-être que tu... que tu pourrais, dans une moindre mesure, essayé de... me comprendre ?
La voix a baissé de plusieurs tons, les derniers mots s'approchant du murmurre.
Les yeux s'ouvrent en grands, dévoilant un immense jardin, d'où fleurissent aux quatres coins capucines, lavandes et cosmos. Des papillons se posent sur certaines, des abeilles voguent entre leurs pétales.
L'épisode du rasoir a dû te marquer, non ? Au moins un peu.
Mes poignets vont bien.
Je sais ce qu'Izuku a fait.
J'ai honte.
Un coup d'œil à droite, et l'on remarque un livre d'images posé aux côtés du personnage. La double-page présente un impressionnant dessin d'un château de saphir, dont les murs sont escaladés de roses grimpantes. Le tout est porté sur un nuage, flottant au-dessus d'une vallée torturée par des griffes de ronces.
C'est beau, n'est-ce pas ?
Un château dans le ciel...
Une main pâle d'enfant se pose sur la représentation.
Qui refuserait de vivre dans un lieu comme celui-ci ?
Une construction bâtit d'une seule pierre précieuse, provenant d'une larme d'un ange,
qui est le refuge de tout ceux qui se sentent mis de côté.
Tout ceux qui se sentent "différent", "pas comme les autres".
Les inadaptés.
L'écran s'assombrit.
- Yuga !
Sortant de la gauche de l'écran, une petite femme vêtue de manière élégante apparaît dans le cadre de vue.
Son visage est barré d'épais traits noirs formant une croix brouillonne.
Dessinée à la va-vite par une main pressée et peu experte, elle colle à la peau, à la chair, au sang. Elle se mouvoie parfois, comme une animation en deux frames, sans jamais laisser entrevoir quoique ce soit.
- Mon bijou, préviens-moi, quand tu pars dans le jardin !
Seule sa bouche, avec ses lèvres maquillées d'un élégant violet glycine, est distinguable. Cela sublime l'éclosion d'un sourire apaisé sur ce visage coupé en deux, à la partie camouflée, aux yeux secrets.
C'est ma maman.
Elle est belle, non ?
La jeune femme s'assoit à ses côtés, réarrangeant les pans de sa coquette robe à pois.
Elle remarque le livre, ses pages découvertes, jaunies, écornées à force d'être tournées.
- Tu le relis encore ?
Son interrogation force les traits sur son visage.
Une bref bascule de l'angle de vue de haut en bas démontre que le personnage hoche la tête.
Elle se penche vers l'ouvrage, tapote du bout de son ongle manucuré les coups de crayons vieillis, effacés peu à peu par le temps, sur le grain du papier.
- C'est un très joli château, mais on doit vite se sentir seul et isolé, au ciel...
- On sera pas seul ! s'exclame d'un coup l'enfant, le ton marqué par l'évidence même. Tout ceux qui veulent y aller, parce qu'ils ont des problèmes pas drôles, ils pourront y rester ! Et même que comme le château est super grand, on pourra être plein !
Son enthousiasme enfantin et puéril, exagéré mais pourtant si pur, affecte la voix de sa mère, s'attendrissant de la même manière que si on lui présentait une portée de chatons.
- Oh, je vois ! Et on peut redescendre, si l'on veut ?
Elle trace des lignes invisibles de son doigt sur le dessin, son esprit vaguant aux myriades de réponses auxquelles pourrait créer un enfant.
- Oui ! Pour ça, faut juste prendre l'ascenceur du ciel ! Et quand tu veux remonter, tu pinces les nuages, et tu escalades jusqu'à arriver tout en haut !
Le rire de la femme s'élève, bref, doux, protecteur envers ce morceau de bonheur qui l'appelait "maman".
Je vivais dans un cadre parfait pour une enfance heureuse, non ?
Le grand jardin, le beau temps, la lumière...
Tout était présent pour polir le plus beau des diamants, pour qu'il puisse offrir un éclat inégalé.
Hélas, il y avait deux ridicules petits problèmes.
Le premier ?
Son timbre se moue en un chuchotis confié à une oreille curieuse.
Ceux qui m'ont prit pour une poupée,
Et...
Une détresse lancinante perce à travers sa gorge.
La malédiction de voir au-delà des "limites" de ce mon-
Le son du jeu grésille à la fin de la phrase.
- Oh, mon chéri, comme tu as une imagination débordante !
Le rire de la mère se répète dans un automatisme, alors que les couleurs du jardin et les gentils insectes se ternissent de plus en plus.
- Mon chéri, mon chéri...
La voix de la mère se tord en un écho, doucereux poison, redisant encore et encore ces deux petits mots. La croix s'étend peu à peu vers le reste de son corps, se change en ombre, paralyse l'enfant.
- Mon adorable chaton...
Une voix d'homme.
Sa main se tend vers l'écran.
La scène se déchire dans un hurlement.
Le paysage craquèle en code binaire bugé disfonctionnel, puis s'étend sur plusieurs mètres, avec d'éclater sous une simple phrase :
《 Je ne fais que mon travail. 》
ChARGeMENT
MENT.
MENT.
MENT.
MENT.
MENT.
MENT.
htTps://frŕxdp3.a.m.wIkipeD(o)ia.org/wikI/Tsutomu_Miyazaki
MENT.
MENT.
MENT.
MENT.
MENT.
MENT.
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UOY EVOL I
NETTIK
RAIL.
Écran noir.
Est-ce que tu vas bien ?
La voix est faible, mais reste audible.
Moi, pas du tout.
Je déteste ce qui est en train de se passer.
Entrer dans des fichiers dit "interdits", c'est l'assurance d'avoir des problèmes.
Des problèmes de la part de la personne qui est chargée de surveiller tout ceci.
Elle s'exprime avec des guillemets. Je sais que tu la connais.
Elle se nomme Nanala.
Ce dont tu viens d'assister, c'est à une tentative de me faire partir d'ici.
Je n'ai pas vécu cette scène. Elle a simplement modifié les fichiers, pour paraître effrayante.
Elle sait que nous sommes là.
Elle a un œil sur tout... sauf sur les abîmes.
Ce terme, tu as du l'entendre plusieurs fois.
Ne t'inquiètes pas, je t'expliquerais tout en temps et en heure.
Tu dois te demander pourquoi je me suis placé dans une histoire de la sorte.
Pourquoi je fais tout ça ? Alors que je suis loin d'être le plus vaillant ?
Alors que tout ce que je souhaite, c'est d'effacer les mauvais moments de ma mémoire ?
Il est vrai que je pourrai juste... laisser les autres avec leurs problèmes.
Vu que je ne suis pas concerné, pourquoi m'occuper de la peine des autres ?
Tu connais déjà la réponse, n'est-ce pas ?
Ce ne serait pas une attitude digne d'un héros.
J'imagine que ça doit te faire rire.
Ce genre de déclaration, combien de fois as-tu pu les entendre ?
Ces phrases toutes faites, qui, à force d'être répétées, ne veulent plus rien dire.
Les phrases en plastiques. Sans valeur.
Les vrais mots coûtent beaucoup en bouche,
Et le silence vaut plus que mille de ces mots d'argents.
Mais ça, tu le sais déjà.
Rassure-moi, tu disposes de plus de neurones que ce pauvre Denki ?
Tu es au moins aussi intelligent que moi, je le sais, ah ah...
Ce n'est pas drôle.
Un soupir résigné s'entend.
J'aimerai encore gagner du temps, en parlant de sujets bâteaux,
Parce que ça m'évite de revivre certaines choses.
Tu peux le comprendre ?
Mais on n'échappe jamais à son passé.
Il est temps que j'assume.
J'assumerai mes fautes.
Mon erreur.
Mon éclat.
Mon masque de paillettes.
Des claquements de pas retentissent, montrant que le personnage avance.
Dans un monde où les alters existent, il n'y a plus aucune place pour la magie et le paranormal.
Tout est explicable, justifiable, certifiable, pour n'importe quel esprit cartésien.
Tout a une explication logique et scientifique.
Tout a un début, un milieu, une faim.
La question est la suivante :
Ce qui ne peut pas exister est-il une maladie ?
Si oui, je t'en prie, dis-moi qu'un remède existe,
J'en ai assez d'être malade !
Il s'arrête.
Le syndrôme de l'adulte m'a atteint par bien des vagues,
Je rejette ce qui me conduit sur cette voie,
J'ai été contaminé par cette terrible pandémie,
Que j'essaye de vaincre à tout prix.
Son bras se tend vers l'infinie noirceur.
Les fantaisies de l'enfance n'ont plus raison d'être,
Il suffit de lever la tête et regarder dehors pour s'en apercevoir.
Les sorcières ne font plus peur à personne.
Ses doigts se posent sur une surface plane, invisible.
Maintenant, ce n'est plus la peine de savoir se battre, pour être "fort".
D'un geste vif, il marque une série de chiffres, gravées dans ce qui ne peut être vu, s'exprimant dans un néon fade.
4.
On ne peut pas tous être "nous".
C'est une réalité que j'ai dû accepter.
8.
Si j'avais pu être ce "moi",
Cet idéal que je me suis fixé,
Rien ne serait arrivé.
2.
C'est pourquoi je crois que je suis pas le "gentil héros", dans cette histoire.
J'ai provoqué des choses horribles.
J'aurai beau courir mille ans, je ne pourrai rattraper mes erreurs.
9.
Je m'excuse d'avance,
Pour l'éclat et les louanges.
"Je" suis né pour ça.
Mais pas moi.
4.
En entrant un simple mot de passe, combien de secrets nous tendent les bras ?
L'ensemble s'illumine une brève seconde d'une lumière terne, avant d'être dévorée en une suite infinie de zéro et de un.
Être "fort", de nos jours,
C'est savoir jouer avec les règles,
Et tant pis si on triche.
IDENTIFICATION CONFIRMÉE.
LANCEMENT "DAIJOBU, DAIJOBU".
Merci, cher délégué.
Grâce à tes lunettes, tu as fini par bien exécuter ta mission :
Aider tes camarades.
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01110000
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☆⊙[\◇\930\●[□¡49302♧\¡¡°
00100
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Le personnage se réveille allongé sur un canapé en cuir, la vision floue. On devine avec peine qu'on se retrouve dans un salon plutôt spacieux, amménagé avec goût, grâce aux formes accrochées sur les murs ressemblant à des tableaux. On distingue peu à peu les contours d'un canapé, d'une table basse où repose un objet grisâtre, uniforme. Quelque chose semble remonter la tête par rapport au reste, comme si elle reposait sur un coussin.
Un léger coup d'œil au-dessus, et la femme à la croix brouillonne réapparait, ramenant sa main dans les cheveux du protagoniste, tout en recalant le crâne du plus jeune sur ses genoux, basculant l'angle vers la gauche.
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours vu les adultes de cette façon.
Pour moi, c'était normal. Je ne m'étais jamais posé la question avant,
Les adultes ne possèdaient pas d'yeux, c'était un fait aussi banal que la couleur du ciel.
Discutes-tu souvent du pourquoi de la bleuté du ciel ?
Non, puisque c'est normal. Et ce qui est normal est rarement discuté.
Je croyais que tous les autres enfants voyaient les adultes de cette manière.
Je pensais que c'était un détail anodin.
- Tu veux sortir jouer, Yuga ?
La question fut posée sur un ton doux et affectueux.
♤ : Oui !
☆ : J'ai pas envie...
♤ : Oui !
- Oui maman !
Tu le vois.
Je le vois aussi.
Parfois, ces symboles, ces petites phrases, quand je souhaitais faire quelque chose, apparaissaient.
Selon ma volonté, je choisissais telle ou telle option, parce que je croyais qu'elles représentaient toutes les nuances de mes actions possibles. Qu'elles démontraient la manière dont je pouvais agir dans chaque situation où elles apparaissaient.
Et même...
Je ne ressentais pas "l'envie" de savoir si, au lieu de dire oui ou non, je pouvais faire une sieste, ou cuisiner un gâteau avec ma maman.
Ce qu'on me présentait, c'était tout ce que je pouvais faire.
Les seuls "droits" qui m'étaient concédés.
Je pensais encore une fois que... c'était normal, pour les autres, de voir ce que je voyais.
Une poigne sans violence redresse la tête du personnage.
- D'accord, fais attention à ta ceinture, surtout !
- Je l'aime trop pour l'abîmer ! lance le garçon en descendant à toute vitesse du canapé.
Quoiqu'il se passait, je souhaitais de tout mon cœur être comme les autres enfants.
Je le désirai du plus profond de mon âme.
Je savais déjà que mon alter était défectueux. Je savais déjà que j'étais défectueux.
Je suis mal "né".
Pourquoi mon pouvoir n'était pas "correct'?
Pourquoi tout le monde était à l'aise dans son corps, sauf moi ?
Pourquoi je ne pouvais pas maîtriser cette PARTIE de moi ?
C'était mon corps sans être mon corps,
Quelque chose qui agissait de sa propre volonté, qui me faisait mal et qui devait être contrôlé.
Ce n'était pas "moi",
Si ce "moi" était partagé par mon alter, alors je n'étais pas normal.
Être normal, c'est ne pas s'inquiéter en permanence de ce que notre corps peut faire,
Par crainte de blesser.
Personne ne veut être ami avec quelqu'un qui n'est pas normal.
L'écran s'obscurcit un instant, avant que les couleurs ne renaissent d'un coup dans des sillons, signalant un changement de décor.
Retour au jardin, l'enfant joue avec une balle, près de cosmos, que le vent s'amuse à caresser. Aucun nuage ne menace l'horizon, et le soleil est encore loin de son zénith.
Là.
Tout va se jouer ici, dans quelques instants.
Le ballon rejoint le ciel et le quitte de manière régulière et à force variable, le personnage s'amusant à le propulser en l'air. Parfois, il s'agite, se précipite à droite ou à gauche pour récupérer l'objet dans les bras, afin de perpétrer son score imaginaire, dans un sport fictif où l'objectif est de comptabiliser le plus de rattrapages, sans que la balle ne touche le sol.
La sphère passe souvent devant le soleil, et, telle une éclipse, cache l'astre derrière elle, et sa lueur qui blesse les yeux. Le jeu des perspectives est là : on croirait le jouet plus grand que l'étoile, qui elle semble tenir entre le bout des doigts. Si on tend la main, on pourrait la décrocher de sa place, et la placer ailleure, là où la vie était plus sombre.
La balle s'envole une nouvelle fois.
Trop haut, trop loin, trop jeune.
Elle touche le Soleil, le bouscule, le chasse ailleurs. Voilà qu'il tombe ! Il chute à la manière d'une bille que l'on glisse dans sa poche, sourd, lourd, cours.
La balle retombe en douceur sur l'herbe fraîche, plume d'oiseau-mot.
Le vent s'est tu, tue.
Dans un coin du ciel, à la bordure de la vision, un minuscule trou noir remplace l'astre.
L'enfant tend la main, pour effleurer ce fragment de mystère.
À cet instant, je me croyais dans un rêve.
Tout était si... flou. Je rêvais. Je rêvais de cette réalité.
Ce bout de rien, il le retire de sa place, à la façon d'une épingle sur un mur, le coule sur la paume de sa main. Il ne brille pas, ne transmet que le chant du néant, son silence.
Le petit garçon le laisse tomber, car il en avait l'habitude. Il le lâche comme il a lâché l'espoir d'être juste "lui".
L'étrangeté touche le sol, tandis que d'autres touchent le fond. Elle s'expend sur la terre, telle une tâche d'encre sur une feuille. L'enfant recule d'un pas, dans l'impasse.
Il n'y a plus rien autour. Le monde s'est figé.
Deux choix à décider.
♤ : Être normal.
☆ : Espoir.
☆ : Espoir.
Je sais que je répète que je suis un cas "à part",
Mais en même temps... on pourrait se ressembler, sur certains points.
L'enfant coupe sa respiration.
Cette impression d'être figé, pas fait pour ce monde. Je sais que tu l'as déjà connu.
Je le sais, puisqu'on se comprend.
On se comprend, parce qu'on est semblable.
Il avise cette promesse qui s'étend à ses pieds.
Nous ne sommes ni un reflet, ni les deux faces d'une même pièce.
Je suis le résultat d'une œuvre qui n'aurait jamais dû naître,
Et toi...
Yuga saute.
Toi, tu as le choix.
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