Chapitre 30
- Si vous saviez à quel point je me retiens de rire.
Le morceau de trap en guise de fond sonore, la voix trafiquée fait mouvoir le spectre auditif au gré de ses mots, mouvement bien trop paisible pour le sujet abordé, le fond noir semblant l'absorber.
- Ça y est. La police a enfin rendu publique la mort de Tatami, l'adolescente kidnappée.
Un étrange rire robotique ponctue la fin de sa phrase, rendant impossible son identification. Pouffement ? Début de crise de nerfs ? Sincère éclat d'hilarité ?
- Je voudrai dédicacer cette vidéo a tout ceux m'ayant traitée de "sale menteuse", "mythomane", "grosse pute" ou encore de "juive". J'espère que vous n'avez pas trop eu mal à votre orgueil ?
Sur l'écran, une photo de l'adolescente, provenant sans doute d'un de ses réseaux sociaux, se glisse.
- Mais... je peux comprendre que vous vous posiez des questions. Jusqu'ici, je vous ai parlée d'affaires sordides, et mes informations collent toujours étrangement à la vérité, sur des sujets que peu de gens devraient savoir. Alors, je suis quoi ? Une sorcière ? Je possède un alter d'omniscience ? Je travaille dans les services secrets ?
Deuxième rire.
- "Je suce" ? Vous savez que je lis vos commentaires avec grand intérêt ? Entre ceux écrivant que je suis une "waifu", d'autres pensent que Miss Éricorde serait un "Mister" Éricorde. Certains me trouvent également louche, parce que j'irai trop "dans le sens du peuple".
Une photographie de lit rejoint l'écran, à côté de la première.
- Cher "peuple", regardez le monde des élites. Regardez ceux qui protègent les agissements d'un pédophile. Regardez cette police incompétente, menteuse et voleuse d'espoir.
La musique s'emballe.
- Que font les héros ? Où sont NOS héros ?! Pourquoi ces silences, pourquoi ces plaintes contre moi ? Pourquoi ce tas de mensonges pourrissant, pourquoi nous cache t-on la vérité ? Moi, je le sais. Encore une vérité qui ne sera pas bonne d'entendre pour certains, mais il le faut. Pour nous, pour nos enfants, nos amis, nos familles et nos amours. On ne peut plus se voiler la face, la Justice injuste a commit sa dernière erreur.
Le morceau se coupe.
- Tatami a été retrouvée en état d'hypotermie sévère, alors qu'elle était dans son lit, dans une pièce chauffée. Pour rappel, son corps avait déjà absorbée une quantité importante de drogue tranquilisante, quand on l'a retrouvé sur un banc. Pourtant, elle n'avait reçu ni coups, ni blessures, et impossible de connaître en détails ce qui s'est passé, puisqu'elle restait enfermée dans un quasi-mutisme. Sa mort n'a RIEN d'un hasard, tout comme celle de Yo, ou celles du tribunal.
Une image de l'héroïne Mrs.Joke apparaît.
Il n'y a aucun terme sur Terre qui pourrait décrire avec exactitude l'état de son corps.
- Vous vous souvenez d'elle, j'espère ?
Une pause est marquée.
- J'espère que tout ceux lui ayant craché à la gueule lors du "procès Ketsubutsu" se sente fiers d'eux. Paralysée sur près de la moitié du corps à cause de ses brûlures, Mrs.Joke a prise sa retraite, incapable d'exercer sa fonction dans cet état-là. Cependant, elle a conservée son métier de professeur.
Un soupire robotique caresse du bout des ongles les tympans.
- Elle a eu le courage, malgré tout ce qu'on a dû lui dire, d'afficher publiquement sa tête, et ce qu'elle est devenue. Elle est admirable, et... je sais que je dois en faire de même.
Toutes les photographies se retirent de l'écran.
- Lors de la prochaine vidéo, je retirerai ces effets ridicules sur ma voix, et montrerai le vrai visage de Miss Éricorde. Pour toutes ces victimes, tous ces malheurs, tous ces sourds et aveugles mentant honteusement... Justice sera faite. Sans All Might, mais avec la hargne d'un condamné à mort, contre son destin.
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La caméra, portée sur l'épaule, montre un couloir long et droit d'une maison japonaise à priori banale. Tout est sombre, aucune source de lumière, si ce n'est celle de la caméra, ne vient apporter du réconfort au lieu.
- Bon bon bon... Je filme, pour être sûre que quelqu'un retrouve mes derniers instants, si jamais je décède à cause d'un truc bizarre.
Un murmurre féminin. La personne essaye d'être drôle, mais elle paraît surtout mal assurée.
- D'abord Ketsubutsu, ensuite Yuei, et maintenant c'est nous... Oui, tout le monde a dégusté, comme ça.
Un zoom est fait sur le vide abyssale du fond du passage, bête féroce et immobile, immense tas noir qui effrayait encore ceux qui conservaient une âme d'enfant.
- Depuis quelques nuits, j'entend chez moi des bruits étranges qui viennent de ce couloir. Comme des... craquements d'os. Alors, je filme, parce que mes parents disent que je rêve, car eux n'entendent rien.
- Moi, je t'entend très bien.
Coupure.
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