Chapitre 27

Mirio_de_Janeiro a rejoint la conversation.

De : Mirio_de_Janeiro
Le Big Duo aimerait prendre de tes nouvelles !
12h20, lu.

CloudKumo a rejoint la conversation.

De : CloudKumo
Oh... C'est gentil...
12h23, lu.

De : CloudKumo
Excusez-moi de ne pas pouvoir être là.
12h24, lu.

De : Mirio_de_Janeiro
Tu sais ce que t'as, en fait ?
12h24, lu.

De : CloudKumo
Pas vraiment. Je me sens lessivé, j'ai mal au crâne, j'ai de la fièvre...
12h26, lu.

De : Mirio_de_Janeiro
Grippe ? On est en décembre, c'est la saison, non ?
12h26, lu.

De : CloudKumo
Je ne sais pas.
Pardon, mais je dois te laisser. Je ne dois pas rester trop longtemps sur mon portable.
12h29, lu.

De : Mirio_de_Janeiro
Ok ^^ Tu reviendras au meilleure de ta forme, j'ai prit tes devoirs !
12h29, lu.

De : Mirio_de_Janeiro
Et... Essayes de réfléchir à ce qu'on s'est dit, ce week-end.
Je sais qu'on s'est pas mal engueulé, mais je ne voulais pas te blesser.

Si tu as des soucis, tu peux en parler, soit à moi, soit à Nejire, tu sais.
12h31, lu.

De : CloudKumo
Oh, ferme ta gueule.
12h31, lu.

○○○●●●

On voit une adolescente assise bien droite sur un grand fauteuil, le regard visé droit devant elle. La caméra ne se focalise que sur sa personne, et le décor derrière elle. On devine une sorte de salon, peut-être un hall d'entrée, décoré avec simplicité mais goût. La lumière est discrète, réveille dans ses cheveux un petit éclat flamboyant.

La rouquine ferme les yeux, et prend une grande inspiration.

- Les autres sont tous parti se laver, on ne risque donc pas d'être dérangés.

Elle essaye de maintenir une respiration calme et contrôlée, ses efforts pour paraître détendue étant trop visibles pour qu'on se laisse duper.

L'écran est balayé, dévoile des fenêtres fermées, signe que l'heure du couché approche.

- Bon, tu peux te dépêcher ? J'aimerai bien partir me doucher, moi.

- NEITO !

La caméra dévoile l'intégralité de la pièce d'un mouvement ample et rapide. Un blond se tient sur un autre fauteuil juste devant l'adolescente, l'air ennuyé, la flegme entourant son être. Une large table en verre sépare les deux meubles, sur laquelle un téléphone est posé.

♤ : Je suis sérieuse, là !

◇ : T'es pas en position pour déconner.

♧ : On doit parler.

☆ : [Reprendre son calme.]

♧ : On doit parler.

L'adolescente s'impatiente :

- Neito, on DOIT parler ! Je suis réellement très inquiète pour toi !

- Ah ? En même temps...

Il se passe une main dans les cheveux, un sourire narquois aux lèvres.

- Qui ne s'inquièterait pas pour moi ?

♤ : Arrête ça !

◇ : Tu me prend pour une conne.

♧ : Je parlais d'autre chose.

☆ : [Ne rien dire.]

♤ : Arrête ça !

- Arrête ça ! ordonne la rousse, en se redressant d'un coup. Ce n'est pas en feignant l'ignorance que l'on va avancer !

Le blond éclate de rire. Un rire distordu, celui de ceux qui ne sont pas sur le plus beau sentier de la vie.

La rouquine se fige.

- T'es vachement plus bavarde que la dernière fois, Itsuka ! Ça t'as bien fait marrer, de m'entendre désespérer dans le vide, cette nuit-là ?

Il se lève à son tour, jete un regard mauvais sur le cellulaire.

- Si mon état te préoccupe tant, pourquoi tu n'as rien dit ?! Pourquoi il faut toujours en arriver à ce qu'un gars passe sous un train pour que les gens se disent "Ah merde, y'avait un problème, effectivement !" !

Son ton monte à chacune de ses phrases, bat la colère à coup d'intonations toujours plus fortes.

♤ : Calme-toi.

◇ : Tu te rend compte de ce que tu dis ?

♧ : Tu penses qu'il n'y a que toi qui souffres ?!

☆ : [Ne rien dire.]

♧ : Et moi ?

- Parce que tu crois qu'il n'y a que toi qui souffre ?! s'emporte la rouquine. Tu penses que je me suis sentie comment, quand j'ai reçu ton appel ? Tu crois que je me sentais bien ? Tu pensais que j'étais en état de prononcer une seule PUTAIN de phrase ?!

- ÉPARGNE-MOI TES CONNERIES, MERDE ! T'AS JAMAIS TENTÉE D'EN PARLER DE NOUVEAU !

- MAIS TU TE MOQUES DE MOI ?! J'AI ESSAYÉE D'ABORDER LE SUJET PAR SMS, MAIS TU N'Y A JAMAIS MIS DU TIENS !

- À DEUX HEURES DU MATIN, MEUF ! hurle l'adolescent. JUSTE PARCE QUE MADAME A FAIT UN CAUCHEMAR, POUR S'ASSURER QUE TOUT SON JOLI PETIT MONDE ÉTAIT ENCORE LÀ, PARCE QUE T'ES TELLEMENT ÉGOÏSTE QU'IL FAUT ATTENDRE QUE TON BONHEUR PARFAIT SOIT MENACÉ POUR QUE TU FASSES ENFIN QUELQUE CHOSE !

♤ : PARDON ?!

◇ : C'est toi, l'égoïste !

♧ : LÀ, c'est l'hôpital qui se fout de la charité !

☆ : [Reprendre son calme.]

◇ : C'est toi, l'égoïste !

- DE NOUS DEUX, C'EST TOI, L'ÉGOÏSTE ! Tu ne penses qu'à TOI ! La tristesse des autres, leurs peines quant à ta disparition ? Tu t'en fous ! Tu penses que tu es quelqu'un de tellement secondaire dans ta propre vie que tu n'en a rien à faire de ce que les autres peuvent ressentir ! Tu penses à nous, à ton avenir, à toutes ces belles choses qui t'arriveront un jour ? NON, puisque tu préfères envoyer tout ça paître, à cause de problèmes dont tu te refuses à me parler !

- T'es en train d'insinuer que le suicide est un acte égoïste, là ?!

- Je n'ai jamais dit ça ! se défend t-elle. Tu ne prends que ce qui t'arranges !

- Ah ah, pauvre Yo ! Il devait vraiment ne penser qu'à sa pomme pour FILMER SON SUICIDE !

- CE N'EST PAS COMPARABLE !

- ET POURQUOI ÇA NE LE SERAIT PAS ?

- PARCE QUE TOI, T'AS JUSTE TOUT POUR ÊTRE HEUREUX !

Neito se tut d'un coup, comme si la phrase l'avait giflé.

Il semble chercher ses mots, se rassoit tel le porteur de mille syllabes prononcées trop tard sur son fauteil, silencieux et mort.

On aurait dit une poupée de porcelaine.

Non...

C'était une poupée de porcelaine. Sa peau aussi pâle que la lune cache bien quelques immenses cratères de souffrance.

Plus qu'une fissure, et tout volera en éclats.

Itsuka se hâte à le rejoindre de l'autre côté de la table, un peu pâlote.

- Tu ne comprends pas... murmurre t-il, l'air ailleurs.

♡ : Expliques-moi, alors.

☆ : [Ne rien dire.]

☆ : [Ne rien dire.]

La déléguée se tait.

- Oui, tu ne comprends pas, affirme t-il. Ça doit être pour ça que tu as hurlée. Et maitenant, tu te tais, comme la dernière fois, parce que tu sais que malgré tous les regards que tu me jetes au self, malgré tous tes efforts pour paraître "bien"... Tu ne sais pas, et ne le sauras jamais.

Il rit, perdu.

- Tes mots qui ne nous sont pas addressés, il y en a plein. C'est peut-être pour ça que Yo s'est rendu muet pour toujours. Mais je déteste ton silence, pourtant.

Elle ferme une nouvelle fois les yeux.

《 Vois où la passivité t'as emmenée.

C'est trop tard, maintenant. 》

Lorsqu'elle les réouvre, il n'y a plus personne. Elle reprend le téléphone qui trône sur la table de verre fragile, l'allume.

- Il est midi, pense t-elle tout haut.

Pourtant, les rideaux sont encore fermés. Elle les tire.

Un croissant lunaire se dissimule dans le ciel, sur un tapis d'étoiles.

●●●○○○

Sur la photo envoyée, une feuille de papier froissée, où on voit un smiley triste dessiné à la va-vite à côté de la lettre Z barrée.

"Fais un effort, enfin ! Le français, ça s'apprend !"

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