Chapitre 9
Un matin comme les autres. Elle se réveilla, comme d'habitude, la tête là où ça faisait mal. Pour rester polie.
Elle se redressa, sortit avec pénibilité de son lit bien chaud, pour aller affronter la réalité: il faisait froid, et ses cheveux étaient beaucoup plus frisés que d'habitude.
Signe qu'il allait neiger aujourd'hui. C'était sa mère qui avait un jour fait le rapprochement, il y a des années, mais elle s'en souvenait toujours parfaitement. Quel pouvoir de merde, sérieux.
Elle s'habilla lentement, étant encore une fois la dernière dans le dortoir, même Annie s'était réveillée un peu plus tôt. Une tempête de neige allait s'abattre sur leur caserne, c'était maintenant sûr et certain.
Elle se débattit, comme d'habitude, une bonne dizaine de minutes avec ses sangles d'uniforme, avant de sortir de son dortoir, maintenant beaucoup plus réchauffée. Elle n'avait jamais été une grande frileuse, après tout. Sortir de son lit avait toujours été compliqué, voilà tout.
L'arrivée dans le réfectoire, pour le petit-déjeuner, se fit les yeux à moitiés ouverts pour la jeune Willie, et les bras ballants. Elle ne vit même pas qu'elle venait de bousculer un autre soldat, un jeune garçon, auprès duquel elle s'excusa mollement.
-Pardon madame.
Le pauvre garçon n'eut même pas le loisir de répliquer, car non seulement Willie était à présent hors de portée de toute forme de protestation, mais également car ses propres amis étaient à présent morts de rire, ayant entendu haut et fort ce que venait de dire la rousse.
Cette dernière, de son côté, n'accorda pas davantage d'attention à la situation, s'affaissant sur sa place habituelle, aux côtés de Reiner, Bertholdt, Jean et Marco, tapant son front contre la table et restant ainsi, s'apitoyant silencieusement sur son sort.
Ayant visiblement retenu la leçon depuis la dernière fois, Jean ne se risqua même pas à dire quelque chose. Si c'était pour se reprendre un "ta gueule" dans les dents, il préférait s'abstenir. Willie ne semblait pas du tout d'humeur, de plus.
D'ordinaire, elle n'était jamais commode au réveil, mais, cette fois-ci, elle était deux fois plus énervée. Mais, le pire, c'est que personne ne savait pourquoi.
Après un long silence, ce fut Marco qui se décida à parler, toute la tablée tournant des yeux à la fois apeurés et admirateurs vers le garçon aux taches de rousseurs.
-Heu... Ça va...? Je... Je veux pas te déranger, mais tu as oublié quelque chose...
La rousse, les yeux toujours plissés de sommeil, redressa le nez et regarda le brun comme si une deuxième tête venait de lui pousser, le menton toujours posé sur la table en bois. Il osait lui parler, alors qu'elle était sur le point de trucider n'importe qui si l'occasion se présentait?
La question qu'il avait posée, cependant, méritait que l'on s'y attarde. Voyons voir...
Elle s'était levée, avait enfilé son uniforme, avait certes oublié de faire son lit mais cela était habituel, s'était rendue dans le réfectoire pour prendre son petit déjeuner...
Ah!
Ses yeux s'ouvrirent d'un seul coup et elle se redressa en un éclair, alors qu'elle réalisait qu'elle avait effectivement omis quelque chose de très important. Bordel...
Où était son petit déjeuner?
Aaaaargh.
Elle allait vraiment devoir se relever, là tout de suite? Non. Elle avait la flemme, et puis elle n'avait pas si faim que ça...
Un gargouillis abominable, provenant directement de son estomac, lui fit réaliser que ses paroles étaient totalement fausses. Et merde. Si même son propre corps était contradictoire et ne se faisait pas passer les infos correctement, elle n'était pas sortie de l'auberge.
En jurant à voix haute, sortant des insultes toutes plus travaillées les unes que les autres, la rousse se releva, se traîna jusqu'à la cuisine pour chercher son repas, la mort dans l'âme. Elle recueillit quelques regards intrigués sur son passage, mais s'en ficha comme de sa première chemise.
Elle n'était vraiment pas d'humeur. Pourquoi? Elle ne savait pas. Elle avait juste envie de retourner se coucher, de se blottir dans ses couvertures et de dormir jusqu'à n'en plus pouvoir. Mais non, à la place elle allait devoir s'entraîner au corps-à-corps toute la matinée.
Foutue vie.
En revenant vers sa table, son plateau en main et les yeux à moitié fermés, elle ne put de ce fait pas réagir au moment où quelque chose, qu'elle identifia ensuite comme étant une personne, fut quasiment projetée sur elle, qui ne put esquiver.
Résultat, elle se retrouva bien vite les quatre fers en l'air, de même que la personne qui venait de lui rentrer dedans. Tous deux, bien évidemment, étaient couverts de lait auparavant contenu dans le bol de Willie, et du pain gisait un peu partout autour d'eux.
Et cela, étonnamment, réveilla Willie d'un coup sec. Avec une fureur inégalée, la jeune fille poignarda du regard le connard qui avait osé la faire chier aussi tôt le matin, surtout lorsqu'elle n'était pas d'humeur.
Elle ne fut qu'à moitié surprise lorsqu'elle tomba nez-à-nez avec Eren, terrorisé. Comme toujours, il s'était battu avec Jean en plein milieu du repas, et n'avait rien trouvé de mieux que de le faire dans les pattes de Willie.
L'instant suivant, avant que quiconque n'eut le temps d'intervenir, toujours hagards de ce qui venait de se passer, la rousse furibonde attrapa son plateau de ses deux mains, et n'hésita pas une seule seconde à l'abattre sur la tête d'Eren, encore et encore.
Elle avait besoin de passer ses nerfs sur quelque chose, et Eren était tombé au mauvais moment. Le garçon, peu désireux de se faire tabasser de la sorte, protesta un instant, et fini par prendre ses jambes à son cou, poursuivie par une furie aux yeux bleus orageux à travers le réfectoire.
Tout le monde était mort de rire, s'étouffant dans leurs propres larmes à force de s'esclaffer, mais Willie n'en avait strictement rien à faire. Tout ce qui comptait, pour l'instant, c'était de venger son repas ruiné.
Elle était couverte de lait en plus de cela, bordel de merde. Déjà que ses cheveux frisaient à cause de la neige, voilà qu'ils étaient trempés à présent! Eren allait payer.
Et ce n'était pas Mikasa, qui s'était elle-même mise à courir derrière Willie afin de protéger Eren, qui n'allait pouvoir la stopper. Eren n'avait qu'à courir.
Vite. Très vite.
Très très vite.
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Après une course poursuite endiablée, Willie avait néanmoins dû se résigner à aller changer de vêtements dans la précipitation, n'ayant même pas le temps de reprendre un petit déjeuner avant de devoir entamer sa journée.
Résultat... Affamée, énervée et épuisée, elle avait dû se rendre sur le terrain d'entraînement, seulement pour apprendre qu'ils avaient effectivement droit à du corps-à-corps aujourd'hui.
Il commençait même à neiger, bizarrement.
La journée devenait de plus en plus moisie, pensa-t-elle en se rendant compte de sa situation. Cependant, alors que tout semblait aller pour le pire, une lueur d'espoir jaillit de l'obscurité au moment où elle s'y attendait le moins.
Elle était contre Eren, aujourd'hui. Le destin lui souriait enfin.
Autant dire que le brun, qui avait failli défaillir en apprenant contre qui il se battait, n'en menait pas large. Et même les regards noirs que Mikasa jetaient à Willie, un peu plus loin, ne purent entamer la joie nouvellement retrouvée de la rousse.
Elle s'en donna à cœur joie, prenant un malin plaisir à envoyer valser Eren à la moindre occasion. Elle en oublia même, momentanément, la sensation de malaise qu'elle ressentait depuis son réveil.
Alors qu'Eren était K.O., gisant sur le sol en gémissant de douleur, Willie se frotta les mains, un air satisfait sur ses traits. Ce fut à cet instant, alors qu'elle savourait sa victoire, qu'une voix appela son nom.
Elle n'était pas vraiment certaine de vouloir entendre sa voix, à celui-là. Pas alors qu'elle était encore autant énervée. L'effet Eren n'était pas encore optimal, et ne durait que quelques instants.
-Quoi, Reiner? grogna la rousse dans sa barbe inexistante, jetant un regard meurtrier au blond.
Celui-ci s'approchait d'elle, un air intrigué sur son visage.
-Tourne-toi, juste trente secondes. Promis, je fais rien de bizarre.
Complètement perdue, Willie s'exécuta, tournant à présent le dos à Reiner, qui resta un petit moment sans rien dire.
Ce qu'il fini par dire, cependant, fut le début d'un grand désastre.
-C'est quoi cette tache rouge au niveau de tes fesses?
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