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When I come around »

When I come around - Green Day

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Automne 1990

« Elle ignorait pourquoi, mais il semblait différent des autres. Sans doute parce que ses dents de devant étaient trop en avant, lui valant le surnom de "Bugs Bunny", la forme de ses yeux n'était pas ordinaire, ils étaient un peu écartés. Certains élèves le décrivaient comme étant « moche ». Elle était la seule à voir sa beauté intérieure, pourtant elle n'osait pas aller lui parler. Elle se contentait de l'observer en toute discrétion.

Elle pensait qu'elle allait pouvoir le rester. Mais il avait fallu que des regards indiscrets s'en mêlent.

Un de ses camarades lui avait arraché sa feuille de dissertation, dont le contenu lui semblait intéressant. Il l'avait lue devant toute la classe qui avait éclaté de rire. Elle avait été la cible de nouvelles moqueries. Dans les couloirs, ils lui chantonnaient « Ouh, l'amoureuse de Mirko » et lui criaient d'autres atrocités. Quand cela allait-il s'arrêter ? »

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Joe ne cessait de tourmenter mes esprits durant les semaines qui suivirent et ce, malgré le conseil de mon ami. Le seul désir que je ressentais était de le revoir pour admirer ses yeux verts, écouter sa voix qui était si apaisante. Ces souvenirs me provoquaient une légère douleur à la poitrine.

Et pourtant, ces mots terribles qu'il m'avait adressés faisaient disparaître cette envie, me glaçant le sang. C'était comme s'il avait deux facettes qui pouvaient se manifester à tout moment, un peu comme le docteur Jekyll et de Monsieur Hyde.

Cassie m'avait appelé un samedi pour me proposer de faire un tour dans les magasins en compagnie de Francky.

- En plus, ils ont mis les décorations de Noël !

Nous n'étions qu'au mois de novembre et ces embellissements avaient déjà envahi tous les magasins. J'acceptais de venir, pour l'unique raison de faire plaisir à Cassie. Cette sortie avait surtout pour but de me changer les idées.

Cassie adorait la période de Noël et elle était toujours en extase devant tous ces objets lumineux présents chaque année.

J'étais vêtue d'un leggins noir avec un pull gris ainsi que mon maquillage habituel, un Smokey Eye noir. Il fallait admettre que cette tenue était bien trop légère, car durant notre petite promenade, je tremblais de froid. En à peine quelques semaines, la température avait chuté de manière spectaculaire

Nous marchions dans un silence qui n'était pas désagréable. En fait, je ne savais pas trop de quoi on pouvait parler. Cassie lança un sujet de discussion qui m'était sensible :

- Pourquoi fais-tu semblant de ne rien vouloir savoir de Joe, alors que c'est évident que c'est le contraire que tu veux ?

Je la regardai avec une expression d'incompréhension. Si le but de cette sortie était de me faire penser à autre chose, pourquoi ramenait-elle le sujet de Joe sur le tapis ?

- Vous parlez encore de lui ? s'étonna Francky.

Même si cette histoire datait de deux mois, Joe ne pouvait plus quitter mon esprit.

- Pourquoi tu n'es pas allée lui parler s'il te plait ? questionna Francky.

La seule réponse que je lui offris était un haussement d'épaules. Depuis toujours, ma mère et Christopher m'avait sans cesse répété que c'était à l'homme de faire le premier pas vers la femme, en signe de galanterie. Je craignais d'être ridiculisée si j'enfreignais cette règle.

Et la dernière fois que Joe et moi nous étions adressés la parole, ça s'était mal passé.

- Ça serait dommage de laisser passer cette chance, juste parce que tu crois encore que la drague se fait encore comme autrefois.

C'était vrai que les temps avaient changé, mais la façon dont Joe s'était comporté la dernière fois m'avait blessée. Cassie s'était trompée à son sujet. Joe n'avait pas craqué sur moi et ça pouvait se comprendre. J'étais ennuyante, trop réservée et incapable de mener une discussion. Nous étions si différents. Son univers devait être complètement à l'opposé du mien.

Notre promenade continua dans un nouveau silence, quand Cassie s'exclama d'une voix si aiguë que de nombreux passants se retournèrent :

- Sharon, Francky, regardez cette vitrine !

Elle nous entraîna subitement dans le magasin, sans que nous puissions comprendre ce qu'elle voulait dire. Il était semblable aux autres que nous avions vus avec les mêmes articles. Mais pour elle, ils étaient différents. Avec Francky, on ne cherchait pas à comprendre son délire, certaine de m'y perdre.

- Pourquoi aimes-tu autant Noël ? grommela ce dernier en observant un petit village miniaturisé.

- C'est la magie de Noël qui fait tout ! Cette fête a le pouvoir de rassembler tellement de monde.

Elle avait l'air d'être dans un conte de fées et ses cheveux rouges se fondaient parfaitement dans le décor, ce qui était amusant à voir, tandis que Francky levait les yeux en l'air.

En relevant la tête pour reposer la boule de neige qu'elle tenait entre ses mains, ses yeux s'arrondirent, comme si elle avait aperçu son idole. Elle avait certainement aperçu une de ces décorations qui en mettait pleine la vue, avec un prix hors de portée.

Elle me chuchota :

- Sharon, regarde vers les guirlandes.

Je levai les yeux, m'attendant à voir une autre de ces stupides babioles sur laquelle Cassie avait flashé. Ma réaction fut la même que celle de mon amie, mes yeux devinrent ronds comme des billes et mon cœur fit un bond. Je me retins de pousser un cri de frayeur.

Ce n'était pas un de ces ridicules bibelots qu'elle me montrait. C'était lui, Joe ! Myster Hyde était revenu.

Terrifiée, je fus d'abord inquiète de le voir ici. Après sa réaction blessante, j'avais toutes les raisons de le craindre, mais Cassie semblait ravie de le revoir :

- Je savais qu'il reviendrait pour toi, me chuchota-t-elle.

Je l'écoutais d'une oreille, mon esprit étant centré sur Joe qui paraissait perdu. Que faisait-il ici ?

- Arrête avec ça. C'est juste un pur hasard, si lui et moi on se retrouve dans ce magasin, rétorquai-je.

Ma timidité me poussa à me cacher derrière le village en miniature. Mes yeux étaient rivés sur Joe, son visage angélique. Dès l'instant où je l'avais vu, ces étranges sensations comme les palpitations revinrent, et ma gorge se noua.

Je veillai à ce qu'il ne m'aperçoive pas, mais Cassie en avait décidé autrement. Me saisissant par le bras, elle me tira à découvert et Joe tourna la tête vers moi au même moment. L'embarras s'étant installé, je détournai mon regard faisant mine de ne pas l'avoir vu.

Mon talent de comédienne étant très mauvais, je ne faisais que de me ridiculiser, ce qui augmentait mon malaise. Je lançai un air désespéré à mon amie, afin qu'elle me vienne en aide. Mais elle ne fit rien.

Je n'osai pas tourner la tête vers lui, de peur que nos regards se croisent. Je demandai à Cassie de s'en aller sur - le - champ, mais cette dernière semblait être décidée à aller contre ma volonté.

- S'il te plaît ! m'écriai-je avec insistance.

Le supplice s'amplifia lorsque j'aperçus Joe face à moi. Surprise, les mots restèrent coincés dans ma gorge. Je ne l'avais pas entendu s'approcher. La beauté de ses yeux m'envouta dans l'immédiat. Mes mains devenant moites, je ressentais une chaleur soudaine.

- Il n'est pas un peu tôt pour la décoration de Noël ? demanda-t-il sur un timbre doux.

Sa voix n'avait rien à voir avec ce ton sauvage qu'il avait pris la dernière fois. La différence flagrante me déstabilisa, ignorant s'il allait continuer à être gentil ou au contraire, changer de manière brusque.

Je voulais lui répondre, mais aucun son ne sortit de ma bouche, mes mots restaient coincés dans ma gorge. L'avoir face à moi me tétanisait. Cassie répondit à ma place, à mon grand soulagement :

- On regarde tout simplement.

Je me contentai de hocher la tête afin d'approuver ce qu'elle disait.

- Quel curieux hasard de te retrouver ici, continua Cassie.

C'était à moi de lui demander cela, mais je me trouvais dans l'incapacité de le faire. Cassie était consciente que je pouvais tout gâcher par mon silence et me donnait de petits coups de coude discrets pour me faire parler, jusqu'à ce que je lui lâche d'une voix tremblante :

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

Ma question soudaine semblait le surprendre et il paraissait être pris au dépourvu. Le sourire gêné qui se dessina sur son visage était si mignon, laissant apparaître des petites fossettes.

- Quand je suis venu jouer dans votre école, j'ai trouvé cette ville sympa. J'avais envie de la visiter.

Cassie et moi savions que ce n'était pas la vérité. Ce n'était pas vraiment un hasard si Joe et moi nous nous retrouvions dans cette boutique.

- Pourtant ce n'est pas en traînant ici que tu vas visiter quelque chose. À moins que ce soit la décoration de Noël qui t'intéresse, lança Cassie du tac-au-tac.

Il se mit à rire, amusé par la façon dont elle l'avait cerné. Enfilant les mains dans les poches de son pantalon noir, il baissa le regard au sol avant de relever sa tête pour répondre :

- Ce n'est pas faux, répondit-il tout en me regardant.

Un sourire que je ne pus contrôler se dessina sur mon visage. On se connaissait à peine et je me sentais déjà différente en sa présence.

Lorsque tu trouveras le bon, tu sauras sortir de ta coquille toute seule.

Était-ce ce qui était en train de m'arriver ? Je ne voulais pas me précipiter et avoir de faux espoirs par la suite. J'ignorais tout de lui, ce qui me poussa davantage à être sur mes gardes afin d'éviter d'être blessée.

Pourtant, j'avais cette impression que je commençais à sortir de ma coquille.

Hésitante, je lui demandai :

- Est-ce que tu... Votre groupe va refaire des concerts par ici ?

Son sourire était si magnifique qu'il faisait oublier la manière sauvage dont il s'était comporté avec moi la dernière fois. Il passa sa main dans ses dreads et répondit :

- C'était notre tout premier concert dans cette école. On va retourner chez nous. Mais j'aimerais bien revenir ici.

La dernière phrase semblait m'être tout particulièrement adressée.

- Vous avez déjà sorti un album ?

Je fus étonnée de moi-même de poser autant de questions, cela ne semblait pas déplaire à Joe, au contraire.

- Notre groupe vient de commencer, on aimerait déjà chercher un public avant de sortir un album et on n'a pas assez de chansons. Mais un jour, ça se fera, j'espère.

Je hochai la tête, ne rajoutant rien de plus. Et qu'allait-il se passer à présent ? Il allait nous proposer de boire un verre, une petite balade dans le but de mieux se connaître ou juste rebrousser chemin et disparaître ? Je ne savais pas exactement ce que je désirais.

- J'ose vous demander d'aller boire un verre ? questionna-t-il en gardant ses yeux verts posés sur moi.

Il l'ignorait sans doute, mais cette demande exerça une pression sur moi, surtout que son regard dirigé dans ma direction. Nerveuse, je tournai ma tête vers ma meilleure amie. Qu'est-ce que je devais faire ?

- Je dois aller acheter quelques trucs. Allez-y déjà les deux, je vous rejoindrai avec Francky.

Cassie jeta un coup d'œil à ce dernier qui s'amusait avec une babiole. Elle avait remarqué que Joe s'adressait particulièrement à moi.

Mes grands yeux effrayés restèrent rivés sur elle. J'avais déjà fait un grand effort en discutant avec Joe. Mais étais-je capable de rester seule avec lui sans me laisser envahir par la panique ?

- Tout va bien se passer, me murmura Cassie en frottant énergiquement mon dos.

Je hochai la tête à nouveau, peu rassurée. Si tout s'était bien passé jusqu'ici, c'était parce qu'elle était avec moi. Mais sans elle, je craignais de tout gâcher. Et puis, son côté mister Hyde pouvait ressortir à tout moment. Si cela devait arriver, qu'allais-je faire ?

Mes craintes s'estompèrent petit à petit lorsque le guitariste aux dreads me proposa d'une voix délicate :

- Puisque je ne suis pas du coin, tu pourrais nous emmener dans un endroit que tu connais.

Surprise, j'acquiesçai à nouveau. En quittant la boutique, je regardai une dernière fois Cassie qui me montrait un pouce en l'air avec le sourire aux lèvres.

À l'extérieur, je lui expliquai que je connaissais un endroit sympathique se situant tout près.

- Je te fais confiance.

Son sourire me rendant nerveuse je marchais à ses côtés silencieusement, craignant de tout gâcher avec ma maladresse ou que son comportement change à nouveau.

- Au fait, on ne s'est pas présentés. Je m'appelle Joe, Joe Adams.

Je ne pus m'empêcher de sourire. Je fis comme si je l'ignorais et répondis :

- Sharon, Sharon Carter.

Salut, salut !

Ne fais pas l'innocente, Sharon ! Tu savais très bien son prénom !

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🌹 Cassie, Cassie, vous en pensez quoi d'elle ?

🌹 On croise les doigts pour que Sharon fasse pas tout capoter !

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Merci pour votre lecture

Kisouilles ❤

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