🌹| 6. La meilleure photographe ?
« The gleam in your eyes
It troubles my brain
Will I see it again ?
So I can rest my head »
Rest - Green Day
🥀 ● 🥀
Le vendredi était un jour de relâchement dans l'université. Ce qui était bien surtout, c'était que les cours finissaient plus tôt. On profitait de cet horaire afin de nous rendre dans des bars pour boire un simple verre sans alcool avant de rentrer chez nous.
C'était une chance pour moi d'habiter à quelques minutes de l'université, ce qui n'était pas le cas de Cassie et Francky. Ces derniers louaient tous deux un studio à petit prix d'étudiant.
Cassie venait de San Francisco, dans un petit quartier isolé de la ville qu'elle décrivait comme l'endroit le plus calme. En revanche, le voisinage était moins sympathique. Ce déménagement à Valencia lui avait permis de prendre de la distance avec ses parents qui étaient un peu trop étouffants.
Francky vivait dans un immeuble de dernière génération à Palm Springs. Ses parents ayant un bon salaire dans le domaine immobilier, il ne voulait pas marcher dans leurs pas et préférait tracer son propre chemin.
En ce vendredi ensoleillé, je voyais le sourire sur tous les visages des étudiants. Mais contrairement à d'habitude, je ne parvenais pas à m'en réjouir. À la place, j'avais un pincement à l'estomac depuis ce matin.
Le sujet « Joe » n'était pas abordé en présence de Cassie et Francky. Ce dernier, n'ayant toujours pas compris ce qui se passait avec lui, continuait de parler de ses sujets favoris qui nous étaient ennuyeux. Ne l'écoutant que d'une oreille distraite, je ne pouvais m'empêcher de tourner ma tête vers Joe, admirant ainsi sa beauté en me perdant dans mes rêveries.
Je regardai par la fenêtre du couloir qui donnait vue sur la cour, pour observer Joe se tenant sur l'estrade. Ce dernier se préparait pour leur dernière représentation. Vêtu d'un T-shirt rayé bien large, il s'exerçait à produire quelques notes sur son instrument noir.
Voilà la raison pour laquelle je n'avais pas le sourire ce jour-là. Son départ approchait et je n'allais plus jamais le revoir. Mais j'étais dans l'incapacité d'aller vers lui et de lui parler.
- Il va te manquer, c'est sûr.
La voix délicate de Cassie qui surgit derrière mon dos me fit sursauter, ne m'attendant pas à la retrouver là. Nous étions censées nous rejoindre en salle de cours.
Je ne quittai pas Joe des yeux, ce dernier testait quelques notes sur sa guitare. Ses yeux étaient rivés sur le manche sur lequel ses doigts étaient posés. Il frappait une corde qui produisit un son aigu avant de tester une autre. Cet instrument lui allait si bien ! Je répondis à mon amie avec un air absent.
- De toute façon, il ne m'a jamais remarquée.
Cassie poussa un long soupir derrière moi, elle avait horreur de m'entendre parler ainsi. Mais le fait que lui et moi n'ayions rien en commun était si flagrant que je me demandais pourquoi elle insistait.
- Tu ne peux pas le savoir puisque tu ne lui as jamais parlé.
Elle avait raison, pourtant cela me paraissait si évident.
- Je pense plutôt qu'il s'agit d'une excuse, parce que tu n'oses pas aller vers lui.
Je gardais le silence. C'était ce que je tentais de dissimuler, mais une fois de plus, Cassie l'avait deviné.
Je m'arrêtai subitement en milieu du chemin. Par une des fenêtres du couloir, j'avais aperçu un oiseau posé sur une branche d'arbre. Un plan parfait s'offrait à moi, pour une photo d'une qualité irréprochable.
- Je te rejoins en classe.
Tandis que Cassie s'éloignait, je sortis mon appareil photo de la sacoche. Une fois ce dernier allumé, mon œil collé devant le viseur, je fis les réglages nécessaires afin d'obtenir une bonne qualité de l'image. Dans l'espoir d'avoir une bonne, je pris plusieurs clichés.
- Mon petit doigt me dit que c'est toi la plus douée en photographie dans cette école.
En me retournant dans un sursaut, mon cœur fit un énorme bond lorsque j'aperçus avec frayeur Joe se tenir devant moi. Comment avait-il pu monter jusqu'ici en si peu de temps ?
- Je... Je m'entraînais. Il y en a d'autres qui font de meilleurs plans que moi, balbutiai-je, surprise par son arrivée inattendue.
- Je ne pense pas.
Sa réponse était prononcée sur un ton si doux, qu'un nœud s'installa dans mon estomac, tandis que les battements de mon cœur s'accélérèrent. Mes mains devenant moites, je ne cessai de trafiquer nerveusement mon appareil photo avec mes doigts.
- Je voulais savoir si tu étais libre ce soir ?
La panique m'envahissait petit à petit et un malaise s'installait doucement. J'ignorais ce que je devais faire, c'était la première fois que ce genre de chose m'arrivait.
Alors que j'essayais à tout prix d'éviter son regard, je ne pus m'empêcher de plonger mes yeux dans les siens. Les apercevant bien mieux que la dernière fois, je pouvais constater le vert émeraude époustouflant que ses iris contenaient.
Durant cet instant de silence, quelque chose semblait passer entre nous. Bien trop effrayée pour continuer plus loin, je répondis avec une voix tremblante :
- Je... Je suis désolée, mais je ne peux pas...
Lui donner cette réponse me faisait mal, mais le courage d'accepter était inexistant. Son visage laissait afficher la déception qu'il éprouvait, ce qui me rendait encore plus mal.
- Désolée...
- Ça ne fait rien.
Son ton devint soudainement plus brusque et sec, ce qui me fit reculer d'un pas. Ma réponse l'avait vexé, ce qui me remplit de remords. En réalité, j'aurais aimé accepter sa proposition si surprenante, mais les barrières, que je m'étais mises en guise de protection m'empêchaient de dire oui. J'étais donc coincée entre le fait de vouloir être en sa compagnie et de rester enfermée dans ma carapace.
La tête baissée, il rebroussa chemin d'un pas frustré. J'aurais dû me sentir plus légère en l'apercevant s'en aller, mais ça n'était pas le cas. La culpabilité m'ayant envahie, mon cœur se faisait encore plus lourd. Malheureusement, je ne pouvais rien y changer.
C'était avec la gorge serrée que je retournai en classe. Son air angélique ne cessait de me revenir à l'esprit avec sa voix qui résonnait dans ma tête. Il avait l'air si gentil jusqu'à ce que je décline sa proposition. J'avais ce don de tout gâcher lorsque tout se présentait bien. Tout ceci était dû au stress et à l'angoisse que je ressentais lorsque je me trouvais en présence d'un inconnu.
Lorsque j'entrai en classe, Cassie semblait soulagée de me voir arriver.
- Te voilà enfin ! Tu t'étais perdue dans les couloirs ? me demanda-t-elle sur un ton moqueur après m'être installée à côté d'elle.
Il fallait absolument que je lui dise ce qui m'était arrivé afin qu'elle me guide, même si je connaissais la réponse.
- Il m'a parlé... soufflai-je.
Tandis que je sortais nerveusement mes affaires de mon sac, Cassie mit quelques secondes avant de me répondre sur un ton surpris :
- Quoi ? Il est venu vers toi ? Juste après que je sois partie ?
Gardant mes yeux figés sur le tableau se trouvant juste devant moi, j'émis un petit hochement de tête. Je ne voulais pas croiser son regard, sachant parfaitement lequel elle arborait. C'était celui de celle qui voulait connaître tous les détails, et me reprocher d'avoir eu une attitude aussi stupide. Je pris une profonde inspiration avant de continuer :
- Il m'a demandé si j'étais libre ce soir.
Elle poussa un long soupir désespéré, devinant ce que je lui avais répondu :
- Sharon ! Pourquoi est-ce que tu te caches comme ça ? Ce gars est venu te trouver pour te demander de sortir avec lui. Ce n'est plus une simple supposition, c'est une certitude. Tu lui as tapé dans l'œil.
Je le savais et je l'avais compris. Lors de notre petite discussion, j'ai découvert que c'était réciproque. Voilà ce qui m'effrayait, j'avais peur de ce qui allait arriver.
- Tu es timide, ça c'est un fait. Mais être timide au point de fuir tout le monde, c'est quelque chose qui va te rendre malheureuse plus tard.
Ce qu'elle disait était vrai, mais c'était plus fort que moi. Cette timidité était incontrôlable et j'ignorais comment la combattre afin de ne plus avoir peur de l'inconnu. En restant enfermée dans ma carapace, j'allais finir malheureuse et rater ainsi, plusieurs opportunités par la faute de cette timidité qui me rongeait de l'intérieur.
En me remémorant cet instant où je lui avais tendu cette montre, je pouvais ressentir ce nœud qui m'avait pris à la gorge. Je n'en revenais toujours pas qu'il était venu me parler pour me proposer une sortie avec lui, le temps d'un soir.
Ce nœud s'intensifia lorsque l'image de l'expression affichée sur son visage qui avait changé me revint en mémoire. Elle me faisait regretter d'avoir refusé, mais je ne me sentais pas capable d'y aller. Je craignais que cette soirée devienne une catastrophe totale, par ma maladresse.
Cassie me trouvait stupide d'avoir refusé la proposition de Joe. Mais je me voyais mal retourner vers lui pour lui dire : « Salut, en fait, je peux venir ce soir. » Tout ce que ceci allait m'apporter était de passer pour une idiote, ce que j'étais déjà.
Hey hey !
☆____________________☆
🌹 Alors comment vous avez trouvé ce chapitre?
🌹 Vous pensez que Sharon va réussir à vaincre sa timidité et enfin parler à Joe?
☆_______________☆
Merci d'être toujours plus nombreux à me lire, ça me fait vraiment plaisir !
Kissouilles ❤
Insta 📸 : wrxtetodream
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top