🌹| 2. Étrange programme
« And I think it's alright
That I do what I like
Cause that's the way I wanna live
It's how I give
And I'm still giving »
J.A.R - Green Day
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Octobre 2002 - 5 mois plus tôt
Pénétrant dans l'immense hall quasi vide de l'Université California Institut of Arts, les étudiants étant tous à l'extérieur pour profiter du soleil que ce mois d'octobre offrait avant que le froid ne vienne s'installer, j'aperçus Cassie assise à l'une des tables posées dans le vestibule. Mes pas qui résonnaient en écho ne parvinrent pas à faire relever la tête de cette fille aux cheveux rouges. Cette dernière était plongée dans ses livres, trop concentrée à retenir les mots surlignés en jaune sur ses pages.
Assise face à elle, je l'observais, amusée, son nez fourré dans les livres, n'ayant toujours pas remarqué ma présence. C'était l'une des particularités que j'appréciais chez ce spécimen aussi étrange que moi, sa capacité à se concentrer au point d'ignorer tout ce qui se trouvait autour d'elle. En revanche, son retour sur terre était tout aussi hilarant que de la voir imprégnée dans ses manuels de cours.
- Tu as oublié d'étudier cette nuit ?
Le son de ma voix auquel elle ne s'attendait pas la fit sursauter. Son expression de peur et de surprise en m'apercevant me fit éclater de rire. Posant son livre sur la table, elle remonta ses lunettes noires et rondes sur le crâne.
- Pourquoi tu me fais toujours aussi peur ? protesta-t-elle en se remettant de ses émotions.
- Si tu étais moins concentrée dans tes livres, tu m'aurais vue arriver et tu n'aurais pas eu peur, riai-je.
- Tu sais très bien que je ne parviens pas à mémoriser les leçons si j'étudie différemment.
Son isolement mental m'avait toujours intriguée, j'avais tenté de le reproduire à de nombreuses reprises, mais le moindre mouvement ou bruit suffisait à me distraire. Les affaires de Cassie rangées, nous nous levâmes pour nous diriger vers notre salle de classe où Francky allait nous rejoindre sous peu.
J'avais rencontré Cassie lors de ma première année dans cette Université. La première impression que cette fille aux cheveux rouges m'avait donnée était bonne, malgré ma réticence à aller vers les autres.
Je me souvenais lui avoir demandé timidement si la place à côté d'elle était libre. Derrière le verre de ses lunettes rondes, ses yeux en amande de couleur marron m'avaient regardée avec un air si doux que je m'étais sentie tout de suite en confiance.
Durant les quelques secondes de silence qui s'étaient écoulées, quelque chose s'était passée entre nous. Une confiance s'était installée, le contact était passé tout de suite.
Généralement, je n'adressais pas la parole à mon voisin ou ma voisine, je tentais d'être invisible. Mais avec elle, c'était différent. J'avais voulu avoir du contact, en apprendre davantage sur elle.
Cette sensation d'être en sécurité, de me trouver à l'aise avec quelqu'un, m'avait envahie pour la première fois depuis longtemps.
La communication entre nous avait été facile, avec néanmoins un climat de gêne. Mais cela importait peu, car j'étais enfin capable de mener une conversation sans retourner dans ma carapace.
Durant les pauses déjeuner, nous étions restées ensemble. Rapidement, un lien fort s'était tissé entre nous et jamais je n'avais été aussi bien avec une personne depuis mon adolescence.
Cassie avait été la première amie que je m'étais faite depuis mon entrée dans cette université de photographie. L'école avait une très bonne réputation due au taux élevé de réussite chaque année, ainsi que la qualité professionnelle des enseignants engagés. Ce qui n'était pas tout à fait le même avis que celui des étudiants. Le règlement était très strict, les infractions commises pouvaient être punies sévèrement.
Jusqu'à présent, ni moi, ni Cassie ne savions quelles étaient les sanctions données. Mais Francky risquait de ne pas tarder à le découvrir, si un des professeurs ou le directeur lui-même passaient dans le couloir.
Le grand garçon aux cheveux châtains se tenait assis sur un banc, situé à côté de la porte de notre classe. Contrairement à nous, il n'avait pas son nez fourré dans les livres de cours, mais sur son téléphone avec son casque noir sur les oreilles.
Il venait d'enfreindre deux règles auxquelles tous les professeurs tenaient beaucoup, l'utilisation du téléphone et le port des écouteurs. Lorsque ce dernier nous vit, il afficha un sourire et retira son casque qu'il rangea dans son sac et déclara :
- Vous vous êtes assoupies sur votre appareil photo ? D'habitude, vous venez plus tôt.
- Et toi, si tu continues à avoir ton casque sur les oreilles, tu vas enfin savoir à quoi ressemblent les sanctions de M. Pritchard, répondit Cassie, du tac-au-tac.
M. Pritchard tenait absolument à ce que le règlement soit respecté. L'expression fermée qu'il arborait lorsqu'il donnait ses cours était gênante. Il s'agissait d'un des professeurs les plus détestables qui pouvaient exister.
Personne ne supportait les manies qu'il avait lorsqu'il donnait son cours. Il pouvait prendre un ton si faible, que nous devions tendre l'oreille pour suivre ses explications. Et de manière soudaine, sa voix se levait si brusquement que tous sursautaient. Selon lui, c'était la technique à utiliser afin de savoir si personne ne dormait. Il était assez désagréable. À notre grand désarroi, nous l'avions durant les deux premières heures de la matinée.
- Je trouve ce programme parfait. Comme ça, nous ne l'aurons pas pendant le reste de la journée, déclara Francky, en entrant dans la classe.
Depuis le bureau où il était installé, M. Pritchard nous observait, étant donné que nous étions les premiers à être entrés en classe. S'il y avait bien une chose pour laquelle il ne pourrait jamais nous punir, c'était la ponctualité. Nous avions, tous les trois, toujours été à l'heure.
J'avais toujours pensé qu'il avait une dent contre nous. Sa manière de nous parler, de nous regarder avec ses yeux ronds en parfaite harmonie avec ses lunettes démodées de plusieurs années déjà et son début de calvitie qu'il tentait de cacher avec une perruque.
Lorsque je me trouvais en sa présence, je me sentais mal. C'était comme s'il nous observait, cherchant à trouver un coupable juste pour s'acharner sur lui.
Alors que les élèves rentraient un à un dans la salle, M. Pritchard écrivait au tableau le programme de ce matin. Comme d'habitude, j'étais persuadée qu'il allait être ennuyant. Il s'agissait de toutes les matières que nous avions déjà vues en première année. Je continuais donc ma conversation avec mes amis qui était fort bien plus intéressante que le plan du jour.
- Un concert ? Vous êtes sûr que vous ne vous êtes pas trompé, monsieur ? interrogea un élève.
Cette remarque avait retenu toute mon attention, levant la tête en direction du tableau. Je constatai qu'en effet, pour la deuxième heure que nous avions avec lui, il y avait écrit : Concert.
- Non, à votre grand bonheur, c'est tout à fait juste. À la fin de la première heure, nous allons assister à une représentation musicale. Cela est organisé par le groupe lui-même et le directeur. Il est bien gentil, car si ça ne tenait qu'à moi, cela n'aurait pas eu lieu.
N'en rajoutant pas plus, il retourna à son bureau, inscrivant quelques notes dans son cahier. Les élèves déjà présents poussèrent des cris de joie. Ils se demandaient entre eux quel groupe allait jouer. Une question que je me posais aussi, ainsi que bien d'autres : où le concert allait-il se dérouler ? Quel genre de musique serait joué ?
Connaissant les tendances du moment, tout me laissait penser qu'il allait s'agir d'un groupe de rap ou d'un autre genre à la mode. Le style de musique que je ne pouvais écouter.
Contrairement aux autres, l'actualité musicale ne m'intéressait pas. Il m'était impossible de citer le nom du dernier album sorti dans les bacs la semaine dernière, par l'artiste qui était le plus écouté du moment. J'étais restée dans la période des années 70 à 90, préférant un style punk, rock avec des groupes tels que Ramones, Green Day et bien d'autres bien connus.
La musique était l'une de mes principales passions, un passe-temps qui me permettait de m'évader dans mes rêveries. Avec elle, je trouvais mes ressources et un refuge. Afin de prouver mon amour pour la musique, je possédais derrière mon oreille droite un petit tatouage. Il représentait une clé de sol et une clé de fa qui, collées ensemble, formaient un cœur.
Je me l'étais offert peu après mes dix-huit ans et il m'avait valu une bonne heure de souffrance intense. Malgré le résultat que je trouvais parfait, mes parents ne le voyaient pas d'un très bon œil.
« Tu peines à gagner ta vie et tu gaspilles le peu d'argent que tu possèdes avec un tatouage absurde ! » m'avait reproché Christopher en apercevant l'œuvre réalisée quelques heures plus tôt.
J'avais préféré ignorer ces remarques, car ce tatouage, j'en étais fière.
Cette soudaine annonce m'intriguait plus que tout et m'empêchait de me concentrer pleinement sur le cours donné par M. Pritchard.
Bonjour cher Idiot.
Ah, Sharon, tu es une mauvaise fille !
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🌹 Votre avis sur ce chapitre ?
🌹 Première présentation des trois personnages, ils vous ont donné une bonne première impression ?
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Merci d'avoir continué votre lecture et on se retrouve au prochain chapitre
Kisouilles ❤
Insta 📸 : wrxtetodream
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