🌹| 11. Différente
« Things have never been so swell
I have never failed to feel
Pain
You know you're right
Pain »
You Know You're Right - Nirvana
🥀 ● 🥀
Eté 1997
« Il ne parvenait pas à fermer les yeux et à plonger dans le sommeil. Quand il jeta un bref coup d'œil au réveil qui indiquait trois heures du matin, il était encore bourré, l'alcool circulait encore dans son sang.
Sa tête gisait au milieu de son vomi et il était envahi de vertiges. Une vague de frissons parcourut son corps avant que ses muscles se relâchent.
Il avait passé une super soirée avec ses amis ou plutôt, ceux qui se faisaient passer comme tels. N'ayant pas la majorité, il était tout de même parvenu à se rendre à cette fête grâce à quelques-uns de ses contacts.
Toutes ses fréquentations étaient plus âgées que lui, personne n'avait son âge. Excepté Mitch et Troy qui étaient ses seuls véritables amis.
Depuis le départ de celle qu'il aimait plus que tout au monde, sa vie avait pris un tournant autant spectaculaire que catastrophique. Broyant du noir, il ne vivait plus dans la maison de son père, mais dans un studio défectueux. Le lycée l'avait renvoyé définitivement pour ses multiples frasques.
Il se considérait lui-même comme un outsider. Personne ne croyait en lui. Personne, sauf sa meilleure amie avec qui, il passait toutes les journées.
Son autre distraction était la guitare. Grâce à elle, il plongeait dans un monde n'appartenant qu'à lui.
Une fois la nuit tombée, il faisait la fête autour de l'alcool et enchaînait les coups d'un soir. Sa meilleure amie était là, elle aussi.
Ses journées étaient semblables et se répétaient. Il n'en était pas ennuyé. Au contraire, il adorait ça. »
🥀 ▪ 🥀
— Qu'est-ce que tu en dis ?
Prise de court, je mis un instant à digérer la nouvelle. Les yeux de Joe qui me scrutaient me foutaient une pression que je parvins à faire disparaître par une longue expiration.
L'idée me tentait vraiment, mais plusieurs inconvénients me poussaient à refuser sa proposition, dont le premier était la distance qui nous séparait. Il vivait à l'autre bout des États-Unis et les kilomètres à parcourir étaient énorme. Je bégayai :
— J'aimerais beaucoup, mais ça va être impossible. Nous vivons trop loin l'un de l'autre.
Il se mordit la lèvre avec un sourire crispé. La dernière fois que je lui avais refusé quelque chose, son attitude avait complètement changé. Je devais m'attendre à ce que la même chose se reproduise. Mes oppositions faisaient disparaître le gentil docteur Jekyll pour laisser place à l'affreux Myster Hyde.
Son regard ne se détacha pas de moi et je n'aperçus aucune colère monter, ou un changement de comportement apparent. À la place, il poussa un soupir.
— Je viens de me prendre un magnifique râteau, dit-il.
Les sourcils froncés, je cherchais à saisir le sens de sa phrase.
— C'était une manière de te dire que j'aimerais qu'on se revoie. J'ai utilisé l'excuse des cours, rajouta-t-il en constatant mon incompréhension face à sa remarque.
C'était alors que je pris conscience de la réponse que je lui avais donnée. Mes yeux écarquillés, je rougis de honte. Je me sentais si ridicule et stupide. Tenir une conversation n'était pas mon point fort. Quelle crétine tu es, Sharon !
— Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire... Moi aussi, j'en ai envie...
Je partais dans tous les sens, il fallait que je me taise. Pourtant, cette petite maladresse fit rire Joe. Je lâchai un petit :
— Désolée.
Je savais que sans Cassie, j'allais tout gâcher. Je voulais tant qu'elle revienne. Sans que je puisse me contrôler, je plongeai à nouveau mon regard dans le sien.
Je ne vis d'abord que de la douceur, puis constatai que ses pupilles étaient nettement moins dilatées que la dernière fois. Prenait-il quelque chose pour que ses yeux soient dans un état pareil ? Certainement, je ne voyais pas d'autre réponse.
— Ne t'excuse pas, me murmura-t-il.
Le ton de sa voix était si bas que je dus pencher l'oreille pour l'entendre. Mon cœur qui martelait fort dans ma poitrine me donnait cette impression que tout le monde entendait les coups contre ma cage thoracique, y compris Joe.
Cette sensation que j'éprouvais était indescriptible. C'était à la fois angoissant et agréable. Je voulais lui dire que je souhaitais le revoir, mais aucun son ne put sortir de ma bouche.
— Il est bon ton burger ? questionnai-je d'une petite voix.
C'était tout ce que j'avais pu sortir sur un coup de tête. Joe parut étonné de cette question qui n'avait rien à voir avec le contexte. Il répondit avec un air amusé.
— Il est délicieux. Tu as de bons goûts.
Je virais à la catastrophe sous l'emprise de l'angoisse. Il fallait à tout prix que je me reprenne. Surtout que je me taise ou peut-être pas.
Je décidai de rebondir sur son concert, étant donné que la musique nous passionnait tous les deux. C'était un très bon sujet de conversation.
— Est-ce que jouer devant un public, c'est quelque chose d'effrayant ?
Cette question devait lui sembler stupide. Mais je la posai tout de même.
— Ça dépend des personnes, quelqu'un comme toi serait mort de trouille à l'idée de se retrouver sur scène devant plein de monde.
— Comment peux-tu savoir si je vais être morte de trouille ? questionnai-je.
Le fait qu'il ait su quelle aurait pu être ma réaction me flatta. Il avait totalement raison, me retrouver face à une foule immense ou petite me pétrifiererait sur place.
— Ça se lit sur ton visage, souffla-t-il.
Il arbora un sourire exaltant qui me réchauffa le cœur. Je compris que Mister Hyde n'allait pas pointer le bout de son nez cette fois-ci. Sa réponse me toucha. Il semblait avoir découvert la manière de me parler pour me toucher en plein cœur.
Cela signifiait quelque chose, mais j'étais trop stupide pour le comprendre. Afin d'éviter de me ridiculiser une fois de plus, je lui posai une nouvelle question :
— Toi, tu n'es pas ce genre de personne ?
Je fus surprise de moi-même de prendre un ton aussi confiant que celui-là. Cela semblait plaire à Joe, qui me lança un air ravi.
— Je suis le genre à prendre plaisir à être sur scène. J'avoue que la première fois m'a fait un peu peur, mais j'y ai pris goût et de l'amusement. C'est comme une drogue, ça me procure que du bien.
Comme une drogue. Cassie ne me croyait pas lorsque je lui disais que Joe en prenait certainement. C'était l'occasion pour le lui demander, mais je n'osai pas. Ce sujet paraissait trop délicat pour l'instant.
La manière dont il me fixait me rendait nerveuse. Je passai ma main dans mes cheveux qui retombaient sur mes épaules.
— Tu es si différente des autres, me souffla-t-il.
Je levai mes yeux grands ouverts sur lui. Cette phrase m'intrigua. La bouche ouverte pour lui répondre, je fus coupée dans mon élan par Cassie qui vint faire irruption, accompagnée de Francky.
— Bien le bonjour, lança mon amie sur un ton chaleureux.
Bien évidemment, tous les deux avaient les mains vides. Je savais qu'elle bluffait. J'espérais juste que Joe ne l'avait pas remarqué, contrairement à moi.
Cassie s'installa entre Joe et moi sans réaliser ce qu'elle venait d'interrompre, tandis que Francky prit place à mes côtés. Joe les observait avec un air froncé.
— Comment vous avez su où nous étions ?
— Elle ne te l'a pas dit ? Nous sommes télépathes, répondit ma meilleure amie amusée.
Durant une fraction de seconde, Joe semblait croire les propos de Cassie avant de ricaner, comprenant qu'elle se moquait de lui.
— On savait où vous trouver, car ici, c'est l'endroit préféré de Sharon.
Cassie était si à l'aise, sans aucune gêne, aucune crainte de faire une bourde. Je voulais tant avoir de l'assurance comme elle.
— Elle t'a conseillé les burgers au bacon ? Ils sont délicieux ! déclara Francky, après avoir découvert nos assiettes presque vides.
— Sharon a de très bons goûts culinaires, repondit Joe, tandis que ses yeux restaient braqués sur moi.
— Ne m'en parle pas, elle pourrait passer sa vie à manger.
Je rougis, lançant un regard accusateur à Francky, j'espérais que cet imbécile n'allait pas tout gâcher, comme j'avais failli le faire. Je me passais volontiers de ses maladresses et de ses idioties. Cette anecdote amusa Joe qui me voyait certainement d'une autre façon.
Je regrettais presque que Cassie et Francky soient revenus. J'aurais tellement désiré que connaître la fin de la phrase de Joe.
Tu es si différente des autres.
Je souhaitais en savoir plus, qu'il me dise d'autres phrases comme celle-ci. La façon dont il les prononçait était si douce.
Ça y est, je me l'étais enfin avoué. J'avais des sentiments pour Joe. Il me faisait sentir quelque chose que je n'avais jamais connu auparavant. Je voulais savoir ce qu'il y avait après avoir accepté l'attirance qu'on éprouvait envers quelqu'un, bien qu'elle m'effrayait toujours autant.
Joe se tourna face à l'horloge fixée derrière lui.
— J'ai le regret de vous informer que le moment est venu pour moi de m'en aller, déclara Joe en posant son verre vide sur la table.
Un pincement au cœur se fit sentir dans l'immédiat. Je ne voulais pas qu'il s'en aille. Pas déjà. Pourtant, deux heures de route l'attendaient.
— C'était sympa, lui dis-je.
Il hocha la tête avec un sourire qui me fit chaud au cœur. Il se leva et alla vers le comptoir. Je profitai de cet instant pour demander à Cassie avec un ton sarcastique :
— Tu as pu acheter ce dont tu avais besoin ?
—Disons que j'ai plutôt fait un grand tour dans les magasins. C'était moins amusant toute seule, me répondit-elle tout en admirant ses ongles rouges.
— Toute seule ? J'étais avec toi, je te rappelle, aboya Francky avant de finir ma boisson.
Cassie leva les yeux en l'air et ne répondit pas à sa remarque. Elle avait fait exprès de me laisser seule avec lui. Inutile de le nier.
En revenant vers notre table, Joe saisit sa veste posée sur la chaise en bois. Je me levai pour l'accompagner jusqu'à l'extérieur.
Il me semblait prendre de plus en plus d'assurance, chose qui ne m'était jamais arrivé auparavant lorsque je me trouvais en présence d'un garçon. Avant, je gardais le silence, tandis que j'avais l'impression que mon corps se liquéfiait sur place. Avec Joe, ce n'était pas le cas.
Lui et moi, on resta devant la porte à nous regarder sans dire un mot.
— Je n'étais pas certain de te retrouver, me murmura-t-il.
J'ouvris grand mes yeux et compris tout de suite le sens de cette phrase qui me fit penser à Cassie. Elle avait donc raison, une fois de plus. Il était revenu juste pour moi.
Tandis que mes yeux se noyaient dans ses iris verts. Je sentis sa main chaude glisser dans la mienne et y déposer délicatement quelque chose à l'intérieur de ma paume. La tête baissée, je découvris un bout de papier plié en deux.
— Comme ça, tu pourras me dire si tu veux des cours de guitare.
Il me fit un clin d'œil qui me mit dans tous mes états.
— J'espère à une prochaine fois, Sharon Carter, me déclara-t-il, tandis que j'avais la gorge nouée.
Je hochai la tête en avalant difficilement ma salive. Allez, tiens encore un peu.
— Je l'espère aussi, Joe Adams, ajoutai-je dans un faible souffle.
Il gloussa de rire avant de s'en aller. Je restai là, à le regarder partir au loin et se fondre dans la foule avec ce nœud qui refusait de s'en aller.
En inspectant ce morceau de feuille qui se trouvait dans ma main, je constatai que c'était son numéro de téléphone. Après avoir poussé un grand soupir pour évacuer ce stress et cette angoisse, je pris conscience des évènements qui venaient de se produire.
J'étais parvenue à surmonter ma timidité avec Joe. Il fut même un instant où je me sentais à l'aise.
En regagnant notre table, je remarquai Cassie qui m'attendait avec impatience tandis que Francky s'empressait de finir les miettes qui restaient dans mon assiette. Je m'installai et regardai la chaise vide sur laquelle Joe était assis. Une forme de nostalgie se fit ressentir alors qu'il était parti il y avait à peine deux minutes.
— Je veux que tu me dises tout ! s'exclama-t-elle.
De nombreuses émotions me submergeaient à ce moment-même. J'étais heureuse, triste, émerveillée et angoissée.
— Ce que je veux savoir, c'est s'il y a eu un baiser.
— Ferme-la, Francky, lança ma meilleure amie exaspérée.
— C'était bien, me contentai-je de répondre.
Bien évidemment, ce n'était pas juste bien. Mais le regard que les deux m'adressaient m'empêchait de tout raconter. Même si elle ne me croyait pas, Cassie ne montrait rien. Elle se contenta d'un hochement de tête.
— Est-ce que vous allez vous revoir ? questionna-t-elle.
Je restai muette, cependant le papier que je lui montrai faisait office de réponse. Son regard s'émerveilla et elle poussa un cri de joie sous le regard confus de Francky.
—Comme ça, il pourra me donner des cours de guitare, fis-je avec un large sourire qui se dessina sur mon visage.
Cassie fronça les sourcils. Elle ne pouvait pas comprendre ce que cela signifiait puisqu'elle n'était pas présente.
— C'est un truc entre nous, expliquai-je.
Elle afficha un regard malicieux. Toutes les deux, nous savions qu'il y allait avoir plus qu'un truc entre Joe et moi.
Hey mes Idiots !
Qui veut donner des cours (de drague) à Sharon, ici ?
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🌹 Je pense que de nombreuse personnes ont voulu étrangler Cassie et Francky
🌹Votre avis sur ce chapitre ou sur l'histoire en général ?
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Bref, j'espère que ça vous plait toujours autant
Kissouilles ❤
Insta 📸 : wrxtetodream
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