8. Un mariage

Le baiser de Sheherazade reste longtemps dans la mémoire d'Amir même après qu'elle l'ait quittée pour aller parler à son père.
Le lendemain, Shéhérazade s'en va donc la cité d'Al Mahara en compagnie de la caravane mais laissant derrière elle la rumeur d'une femme ensorceleuse plus belle que le ciel nocturne du désert dotée de mille talents allant de la danse à la magie. Et une rumeur peut remonter jusqu'à de mauvaises oreilles...
Après quelques jours de voyage et un retour dans un milieu désertique mais plus sûr que le désert en lui même puisque le convoi suit une route de terre, Amir s'approche un soir de sa belle compagne, qui se trouve un peu à l'écart ,avec un projet bien en tête. Il tremble, effrayé qu'elle se refuse à sa requête que seul ses sentiments animent. Le jeune homme annonce de but en blanc pour ne pas se dérober :

_ Shéhérazade, bel ange, acceptes-tu de devenir ma première femme en m'épousant ?

Amir a maintenant quatorze ans, c'est un homme selon la tradition de son peuple et Shéhérazade a dix-sept ans, un âge plus que tardif pour les coutumes de son pays pour être une épouse. Seulement si pour être un homme à part entière, le jeune homme a besoin d'une épouse, la belle princesse n'a pas attendu que se soit son mari qui fasse d'elle une femme. Elle ne peut cacher cette vérité à Amir.

_ Jeune et vigoureux Amir, tu me fait un honneur bien trop grand. Je ne saurai te dire oui sans t'avouer une vérité qui pourrait te blesser et te détourner de moi.

_ Non belle Shéhérazade, c'est toi qui me ferait le plus grand des honneurs en accédant à ma demande car tu es princesse et je ne suis que fils de chef d'un caravanier certes riche mais sans terre ni titre. Sache aussi que rien ne pourrait me détourner de toi, tu m'as envoûté dès le premier jour que je t'ai vu, tu as emprisonné mon cœur entre tes mains. Tu peux tout me dire, j'accepterai toutes les vérités provenant de ta bouche aussi dures et terribles soient-elles.

Il paraît plus que déterminé et sûr de lui. Alors Shéhérazade déclare :

_ Même si je n'ai jamais été mariée et que je deviens ta femme, tu ne seras pas mon premier homme. J'en ai connu un avant toi, nous avions le même âge et nous étions... ignorants. Je me croyais amoureuse et nous pensions pouvoir nous marier plus tard, notre erreur serait donc passer sous silence mais la vie en a voulu autrement, il est parti et n'est jamais revenu, mort d'une maladie incurable à l'étranger.

Amir est quelque peu déçu, il aurait aimé que se soit sa première fois pour la princesse comme pour lui. Mais il lui importe peu, il l'aime et peut lui passer cette erreur de son enfance.

_ Je te remercie de ta franchise ma douce Shéhérazade, tu ne cherches pas à me tromper et ton honnêteté est une qualité qui me donne encore plus envie de t'épouser et qui ne fait que renforcer mon amour. Je n'ais que faire de ne pas être ton premier homme. Car je t'aime, belle Shéhérazade, reine de mon être et de mon âme.

_ Je t'aime aussi beaucoup, bel Amir. Tu es l'ami le plus précieux qui m'ait été donné de rencontrer.

Le soir même, Amir demande la permission d'épouser la jeune femme à son père et l'obtient. Cependant, la promise doit passer par un entretien avec des femmes plus expérimentées et un examen pour vérifier sa vertu. Pour protéger le secret de la princesse, Amir fait croire que c'est lui qui l'a défloré.
Les préparatifs sont rapides et festifs. Shéhérazade confectionne elle-même sa robe de mariée. Elle est blanche, superposée d'un col, d'une ceinture et de liserés dorés. Un voile entièrement de couleur or vient compléter la tenue et masquer sa belle chevelure que désormais seul son époux pourra contempler.
Quand elle se présente à son futur mari, il n'a plus d'yeux que pour elle. Les vœux sont échangés et un banquet célébrés avec fastes et moult plats. A minuit, les jeunes gens sont amenés jusqu'à une tente plus petite que les autres, un peu à l'écart du reste de la caravane. L'intérieur est orné de tissus, de peaux de moutons et de chèvres, de voiles, de coussins et éclairés par des dizaines de chandelles. C'est chaleureux et enchanteur.
Amir sourit.

_ C'est un peu trop, non ?, ironise-t-il.

_ Peut-être mais ils veulent bien faire, soupire Shéhérazade. Comment te sens-tu mon bel Amir... mon bel époux ?

Le jeune homme regarde celle qui est à présent sa femme. Et il se sent intimidé, trop petit pour la tâche qu'on lui demande d'accomplir.

_ Je ne sais pas, bel ange. J'ai peut-être un peu le trac...

Shéhérazade se rapproche de lui. Elle n'est pas très grande mais elle fait encore quelques centimètres de plus que lui. Pour le mettre à l'aise, elle se met à genoux devant lui et tend une main pour lui caresser le visage.

_ Tu seras parfait. Tu es parfait, Amir, fils d'Aziz, prince en second de l'Oasis de l'Est.

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