6. Al Mahara
Après un long voyage, des arrêts dans deux petits oasis, coin de paradis au milieu de l'enfer du désert, la caravane arrive dans la magnifique ville d'Al Mahara. C'est une cité vivante et grandiose, très riche et peuplée.
Amir n'y est pas revenu depuis des année mais c'est Shéhérazade qui redécouvre ce lieu enchanteur. Plus de quatorze ans qu'elle n'a pas vu la grande ville du sud.
_ C'est magnifique !, souffle la princesse au côté du jeune homme. J'avais oublié le charme de cette cité.
_ Un charme loin d'égaler le tien, splendide Shéhérazade, répond Amir en la contemplant d'un air fasciné mais aussi quelque peu désespéré.
Elle risque à présent de prendre un chemin différent du sien, s'en éloignant inexorablement.
Le voyage n'a pas terni l'amour de l'adolescent pour la jeune femme, bien au contraire, il n'a fait que croître de jour en jour. Elle a conté tous les soirs une nouvelle histoire, chaque jour plus belle et enchanteresse. Elle a participé sans relâche à la vie du convoi, aidant de son savoir et de ses compétences. Aziz lui-même ne souhaite pas que la beauté les quitte. Mais elle est libre.
Shéhérazade quant à elle, ne sait plus ce qu'elle veut. Elle doit sauver son pays mais son attachement pour ses sauveurs et compagnons de route est devenu presque aussi fort que son premier objectif. Elle a beaucoup de respect pour ces gens notamment le chef et son fils qui est toujours resté à ses côtés, n'a cessé de la séduire et de l'accompagner partout dans ses moindre faits et gestes. Elle s'est habituée à sa présence, à sa manière de parler et de faire les choses, elle aime son innocence et sa franchise, son regard doux aux yeux noirs pétillants. Amir lui est précieux, sans en être amoureuse, elle tient beaucoup à lui et ne veux surtout pas lui faire de peine.
La caravane s'en va se poser dans le quartier marchand et les trocs, ventes et achats commencent. Shéhérazade interpelle Aziz avant qu'il ne s'isole dans une case pour négocier avec un autre marchand :
_ Puissant Aziz, m'autoriserais-tu à partir à la découverte de la ville ? C'est la première fois que je m'y rend, j'aimerai en voir plus.
_ Je ne peux te retenir belle Shéhérazade mais prend avec toi un homme de la caravane car Al Mahara est dangereuse pour qui ne sait s'y orienter et surtout pour une femme. Nous restons une semaine, cela te laisse le temps de réfléchir à si tu veux rester ou repartir avec nous.
Elle hoche la tête pour signifier son accord. Il vient de lui proposer de rester définitivement et elle ne sait si elle peut accepter. Elle a une semaine pour se décider.
La belle tourne des talons et trouve Amir en compagnie de Boubarh, en train de jouer aux dés.
_ Bel Amir, je pars à la découverte de la cité et j'ai cru comprendre que tu la connaissais un peu. Serais-tu être mon guide je te prie ?
L'adolescent se lève de suite, heureux et fier que son amie ait pensé à lui pour cette mission.
_ Bien sûr, douce Shéhérazade !
_ Tu es adorable, mon vif ami, lui sourit-elle. Veux-tu venir avec nous, jeune Boubarh ?
Elle ne l'invite que par politesse, car elle veut aller à la recherche d'un djinn avec Amir qui connaît sa véritable histoire. Elle ne peut le faire que s'ils sont seuls mais le meilleur ami du fils du chef étant là, elle est dans l'obligation de lui proposer de les accompagner. Amir implore silencieusement que ce dernier refuse, il préfère être seul avec la jeune femme et cela, Boubarh le sait. Il comprend parfaitement l'admiration de son comparse de toujours pour la belle Shéhérazade.
_ C'est fort aimable à toi de m'inviter, ravissante Shéhérazade mais non merci, j'ai des choses à faire ici qui ne peuvent attendre. Passez une bonne journée tous les deux.
Amir lui sourit reconnaissant. Shéhérazade aussi. Ils s'éloignent dans les rues animées de la cité.
_ Aimable et courageux Amir, conduit moi au marché des magiciens je te prie, demande la princesse après qu'ils se soient éloignés un peu.
_ Tout de suite, bel ange.
Bel ange. Un surnom qu'Amir lui donne lorsqu'ils ne sont que seuls tous les deux. Le premier nom qu'il lui a donné lorsqu'il l'a vu pour la première fois. Un trésor pour le cœur de Shéhérazade.
Ils passent au travers du marché aux épices qui sent mille et une saveurs, le coin des teinturiers décoré de mille et une couleurs et le quartier des joailliers qui resplendit autant que mille et une étoiles. Enfin, le duo arrive à l'extrémité ouest de la cité, réservée aux magiciens, enchanteurs et illusionnistes. La plupart ne sont que des charlatans, des chapardeurs de première mais on trouve dans les grandes villes quelques rares véritables ensorceleurs et possesseurs de djinn. Parfois même, se sont des djinn eux-mêmes déguisés en humain qui offrent leur service. Mais il faut savoir les attirer.
_ Amir, chuchote la douce princesse, as-tu ton mizmar ? Je dois danser.
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