5. Un récit fabuleux

Amir est heureux de voir la jeune et belle Shéhérazade sourire. Par ailleurs sa main sur la sienne est douce et chaude, comme elle. Il a très envie de l'embrasser alors qu'il la connaît à peine depuis hier. Il approche son visage du sien. Elle ne bouge pas son regard hypnotisant fixé sur lui.
Boubarh s'avance alors vers eux et s'exclame :

_ Amir ! Am... Oh ! Désolée, je ne vous dérange pas j'espère.

Il paraît gêner et Amir le regarde un peu en colère. La princesse retire sa main comme le plus naturellement du monde. Mais elle continue de sourire et répond :

_ Non, pas du tout, doux enfant dont j'ignore le nom.

_ Je suis Boubarh. Et toi tu es la belle et ravissante Shéhérazade.

_ Enchanté jeune Boubarh. Que pouvons-nous pour toi ?

_ L'ancienne va conter une légende, je sais qu'Amir adore les écouter. Je voulais l'inviter à venir. Mais tu es aussi la bienvenue sublime Shéhérazade.

L'ami du fils du chef sourit l'air béat. Qui ne serait pas en admiration devant la belle princesse ?
Amir s'apprête à rétorquer mais la jeune femme le devance :

_ Volontier, vif enfant. Je suis moi même conteuse et j'aime entendre de nouvelles histoires. Allons-y, bel Amir, ça me ferait tant plaisir.

La colère quitte l'adolescent et il se tourne vers la princesse qui rayonne. Il ne peut que céder et cède donc. Le petit trio s'en retourne vers le grand feu où le convoi s'est réuni et attend avec impatience que l'ancienne commence son histoire. Elle tousse et s'éclaircit la voix avant de débuter. Son histoire est simple, classique et bien racontée. Mais Amir en veut plus. Il veut entendre Shéhérazade conter une histoire de sa merveilleuse voix mélodieuse.

_ Superbe Shéhérazade, l'interpelle-t-il à la fin du récit de l'ancienne. Tu as dit être toi même conteuse, acceptes-tu de nous narrer une de tes histoires ?

La princesse le regarde puis sourit.

_ Volontier doux Amir mais à la seule condition que ton ancienne n'y soit pas opposée. Je ne voudrais pas l'offenser en prenant sa place.

_ Il n'y a pas le moindre problème ma chère enfant, chevrote la vieille femme. Il y a bien longtemps que mes vieilles oreilles n'ont pas entendu de récit autre que ceux sortant de mes propres lèvres, ma voix est fatiguée et à besoin de repos. Je t'en prie, parle et raconte.

Toute la caravane est là, ce qui ne fait pas moins d'une quarantaine de personnes qui fixent la jeune femme. Ils attendent tous. La belle se lève et commence à conter.
Sa voix est douce et ensorcelante. Tout le monde se laisse prendre au jeu de l'imaginaire qu'elle leur dévoile dans son récit. Elle sait mettre le ton, faire des pauses pour respirer, décrire et faire parler les personnages avec un naturel et un talent presque surhumain. On pourrait pratiquement croire qu'elle a assisté à l'histoire qu'elle narre avec tant de précision.
Quand elle termine, tous la regarde, ébahis. Ils sont comme envoûtés.
Ce qu'ils ignorent c'est que Shéhérazade en tant que princesse de l'Oasis de l'Est a hérité d'un don propre à son pays et son rang, une voix magique, assortie à une beauté sans pareille. Elle ne s'en sert que rarement comme lorsqu'elle raconte une histoire car elle ne souhaite abuser de ce pouvoir. Il peut lui ouvrir bien des portes, lui offrir bien des possibilités mais il existe des moyens de s'en immuniser, notamment si on y est régulièrement soumis ou que l'on en est soi même détenteur. C'est un talent fort rare que seul quelques membres royaux possèdent.
Amir ne peut quitter des yeux la belle princesse. Il l'aime de plus en plus éperdument, à chaque seconde qui passe alors qu'il la connaît à peine. Il redoute déjà le moment où ils seront arrivés à Al Mahara car la jeune femme risquerait de le quitter, de rester à la ville, de l'abandonner. Il ne veut pas s'y résoudre mais il ne peut non plus s'opposer à la volonté de cette reine de son cœur.
Aziz, qui a lui aussi passionnément écouté le récit de sa nouvelle protégée, se redresse et déclare :

_ Bravo, merveilleuse et talentueuse Shéhérazade ! Bravo et merci, ton récit était magnifique et nous a tous charmé. Tu es digne d'être l'une des plus nobles conteuses que j'ai jamais entendu. Ta voix tout comme ton apparence, sont à l'égale de celles d'une fée.

L'assemblée, du plus jeune enfançon à l'ancienne, acquiesce.

_ Tes mots me touchent profondément puissant et grand Aziz. Je suis ravie que mon conte t'ai plu.

Elle est félicitée par tous quand le chef donne alors l'ordre d'aller se coucher. La nuit sera courte.
Shéhérazade rejoint la tente des femmes où elle s'étend au calme jusqu'au lendemain.
Amir, incapable de fermer l'œil, se lève encore dans le but d'aller espionner la belle. Il entre dans les quartiers exclusivement féminins sans faire le moindre bruit cette fois ci et ne réveille personne. Il contemple dans la pénombre la princesse qui dort tranquillement d'un sommeil rêveur. L'adolescent ne s'attarde cependant pas longtemps de crainte d'être surpris ou de réveiller quelqu'un, surtout Shéhérazade en fait. Il s'en va, laissant la beauté à ses rêves qui ne restent pas tendres bien longtemps malheureusement. Bien vite, des cauchemars viennent s'y substituer mais elle se garde bien d'en parler ou de le montrer.

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