12. Retour au pays

Shéhérazade quitte donc Al Mahara libre sur un cheval et avec des provisions. Il ne lui reste plus beaucoup de temps, à peine plus d'un mois pour rentrer et sauver son royaume. Elle n'a donc plus de temps à perdre. Elle traverse le désert dans le sens inverse, à un rythme soutenu pour elle et sa monture. Cependant, chaque soir, elle fait halte et se retrouve dès que les derniers rayons de l'astre diurne ont disparu, dans la chambre du sultan. Elle poursuit son récit enchanteur jusqu'à ce que l'aurore paraisse et se retrouve alors de nouveau dans le désert. La princesse dort peu, juste au moment des fortes chaleurs de l'après midi et parfois une petite heure dans la fraîcheur du soir avant d'être téléportée.
Son périple est épuisant. Durant plus de trois semaines, elle avance dans cette étendue aride et stérile, tout juste ponctuée de petits oasis, simples point d'eau et de verdure sèche mais presque des paradis tropicaux dans cet enfer de chaleur. Et enfin elle en voit le bout. L'Oasis de l'Est de dresse fièrement devant la princesse qui manque de pleurer de joie. Seulement son enthousiasme est de courte durée quand elle aperçoit l'armée qui assiège sa cité.

_ Non !, lâche-t-elle dans un seul souffle.

Elle lance sa monture à toute allure vers le palais dont les tours sont en flammes. Plus de cent mille hommes sont aux portes de la ville et tirent des milliers de flèches. Les soldats défenseurs ripostent du mieux qu'ils peuvent mais ils sont complètement désorganisés, ils n'ont pas de chef, pas d'officiers pour les guider. Un bélier est en train d'enfoncer l'entrée de l'Oasis.

_ Sayed ! SAYED !!!, hurle Shéhérazade.

Le djinn apparaît sur un tapis volant du ciel. Il se place à la hauteur de la cavalière et lui répond :

_ Monte belle princesse. Je t'emmène à l'intérieur.

Sans s'arrêter, Shéhérazade saute de sa monture au tapis qui est un peu ébranlé mais tient bon. Puis il s'élève vers les nuages, survole les lignes ennemies et dépose ses deux passagers au centre du palais. Des gardes les encerclent mais la princesse se présente sans attendre :

_ Je suis la première princesse Shéhérazade. Baissez vos armes, je viens vous aider.

_ Princesse, fait le chef des gardes. Vous êtes enfin de retour. C'est la catastrophe, nous sommes assiégés, votre père reste cloîtré, les officiers supérieurs ont fui et les attaquants ne vont pas tarder à pénétrer dans la ville.

_ Rassemble tous les hommes de la garde que tu trouveras et emmènent les aux murs de la cité. Je te nomme général des armées durant le siège. Tenez bon, je vais arranger la situation du mieux que je peux. Met aussi un maximum de civil à l'abri.

_ Bien votre altesse.

Il s'en va exécuter les ordres de sa princesse en qui il a confiance et qui sait qu'elle peut lui confier le commandement de la défense car c'est un bon soldat soucieux de bien faire et de défendre sa cité. C'est grâce à son sang de djinn que la princesse attire tant la dévotion et peux savoir sur qui compter. Mais il n'y a pas que des avantages à cette situation...

_ Sayed, déclare Shéhérazade le plus calmement possible, il faut trouver mon père.

_ Tout de suite.

Les deux compagnons se lancent dans le palais et se rendent aux appartements royaux où le vizir est là, tranquillement installé sur un sofa. Il regarde dehors en marmonnant des paroles incompréhensibles.

_ Père !, s'exclame la princesse. Père !

Le vizir se tourne vers elle et la regarde mais presque sans la voir.

_ Shéhérazade..., murmure-t-il. Shéhérazade... Ma fille... Tu es revenue. Où étais-tu ?

_ Nous verrons cela plus tard, père. Il faut vous reprendre, la cité est attaquée, l'Oasis de l'Est va tomber si vous ne faites rien.

_ Il n'y a plus rien à faire ma chérie...

Le vizir a été gagné par la Folie lui aussi. Plus encore que le sultan d'Al Mahara ou du moins d'une façon bien différente et plus extrême dans son évolution. Pour le vizir, aucun retour en arrière n'est possible. Il n'a plus vraiment conscience de rien. Il n'y a pas de remède si ce n'est la mort... ou la magie d'un djinn.

_ Sayed, se met à sangloter la fille aînée du vizir, sauve le. Sauve le Sayed.

_ Je ne peux sauver ton père et ton pays. Il faut que tu choisisses, triste princesse...

Ses pleurs redoublent, elle est face à un dilemme insoluble. L'homme qu'elle aime le plus au monde, son cher père ou un royaume tout entier. Le choix devrait être vite fait en réalité mais il n'en reste pas moins dur pour la jeune femme qui doit tout à son père, se sa naissance jusqu'à son voyage à travers le désert et sa rencontre avec Amir et les autres gens de la caravane.

_ Shéhérazade, dit alors son père dans un dernier éclair de lucidité. Laisse moi. J'ai fait mon temps. Devient reine de l'Oasis de l'Est et sauve le pays.

Puis il se referme, pour toujours. Il n'est plus qu'un esprit tourmenté dans un corps. Il se balance d'avant en arrière en grognant des sons informent.

_ Sayed, ordonne Shéhérazade d'une voix très basse, sauve mon pays.

Le djinn claque des mains et au dehors, une tempête de sable soudaine se forme et dévaste l'armée ennemie. Un orage menaçant se rajoute à la partie, foudroyant et balayant les troupes adverses. En moins de cinq minutes, tout est fini.

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