11. Un espoir
Shéhérazade passe le reste de la journée avec Marie. Les deux femmes discutent des moyens possibles qu'elles ont pour s'échapper mais aucun ne se révèle convaincant. En milieu d'après midi, Shéhérazade est de nouveau quérit par les servantes et suivantes. Elle est de nouveau lavée puis soignée, parfumée, épilée et habillée selon les goûts du sultan.
Elle est laissée seule un instant. Shéhérazade fulmine. Elle voudrait tout casser mais ça ne résolverait rien. Elle cherche une arme quand une porte s'ouvre et laisse passer un homme à la peau caramel et aux cheveux chocolat. Il est immense, plus de un mètre quatre-vingt-dix. Il domine clairement la jeune femme qui ne se démonte pas à son approche.
_ Bonjour jeune et belle Shéhérazade.
Elle se demande comment cet inconnu connaît son nom mais passe outre. Elle sent parfaitement ce qu'il est. Tout son être le lui hurle. Il est puissant. Comment n'a-t-elle pas pu le sentir auparavant ?
_ Tu ne me demandes pas qui je suis, ce que je suis ? Ce que je te veux ?
_ Que me veux-tu... djinn ?
_ Oh je vois que tu sais ce que je suis, mais pas qui je suis ni ce que je te veux. Moi je sais qui tu es et ce que tu veux, princesse Shéhérazade. Je peux t'aider.
Le cœur de la jeune femme rate un battement avant de s'emballer comme un cheval lancé au grand galop. Elle se met à trembler et sent ses jambes commencer à se dérober sous elle. Elle s'agrippe à la table devant elle pour ne pas s'écrouler. Enfin. Enfin elle a trouvé ce qu'elle espérait, ce dont elle avait tant besoin. Ou plutôt elle à été trouvé par ce qu'elle cherchait.
_ Tu peux vraiment m'aider ?, souffle sans y croire réellement la princesse.
_ Bien sûr, tu l'as dit toi même, je suis un djinn. Mon nom est Sayed. Je suis le dernier frère de Djallil, le fondateur de ton pays. J'ai appris que tu cherchais un djinn, belle princesse, je suis venu t'apporter mon aide.
_ Merci. Merci infiniment.
Shéhérazade est au bord des larmes. Son cœur et son cerveau vont exploser.
_ Que demandes-tu en échange de ton aide ?, s'enquit-elle.
_ Nous verrons. En attendant je ne peux que t'accorder trois vœux. Choisis les bien.
_ Je veux survivre à cette nuit. As-tu une idée à me soumettre djinn Sayed ? Comment m'en sortir ? Donné moi la solution à ce problème.
_ Tu ne pourras pas séduire le sultan, il est insensible au charme féminin même le tien. Mais tu as d'autres talents qui peuvent te sauver. Donne lui envie de te garder en vie. Voilà donc un récit magique. Il est très long mais quand une personne commence à l'écouter il ne peut résister à l'envie d'en connaître la suite.
Il souffle et l'histoire s'ancre dans l'esprit de Shéhérazade.
_ Peux-tu promettre de me sortir de là si jamais les choses tournaient mal ?, demande-t-elle.
_ Tu as ma parole.
La dernière promesse faite à la princesse n'a pas été tenue mais elle doit s'accrocher à ce mince espoir.
Brusquement, le bruit de la porte s'ouvrant se fait entendre. Comment va-t-elle justifier la présence d'un homme à ces côtés ici ? Mais quand la servante venue la chercher entre et déclare simplement qu'elle va la conduire au sultan, Shéhérazade constate qu'elle est seule. Elle suit la fille qui la conduit jusqu'à la chambre des plaisirs et y est laissée seule. La princesse attend, encore. Au bout d'une heure, au moment du coucher du soleil, le sultan arrive.
_ Bien, à nous deux princesse de l'Oasis de l'Est, ricane-t-il.
_ Attends, ô grand sultan !, s'exclame alors la jeune femme. Je te propose un marché. Écoute mon histoire cette nuit et si elle ne te plaît pas, tu feras ce que tu désires de moi.
L'homme se fige. Il réfléchit. En voilà une qui a une idée originale pour sauver sa vie. Le sultan est intrigué car c'est aussi pour ses talents de conteuse qu'il l'a faite capturer, il est curieux de savoir ce que valent ses récits.
_ Très bien. Raconte, femme.
Alors Shéhérazade conte. Elle envoûte complètement le sultan qui l'écoute jusqu'à ce que l'aube se lève. Quand les premiers rayons du soleil percent les rideaux, la princesse se tait.
_ Pourquoi t'arrêtes-tu ?!, hurle le sultan.
_ Parce que le jour est là et qu'il est l'heure pour toi de me tuer.
Le sultan la fixe, abasourdi. Non, il ne la tuera pas, pas avant d'avoir obtenu la fin du conte.
_ Je ne vais pas te tuer, dit-il. Pas avant que tu n'ais fini ton histoire.
_ Je peux la finir mais c'est une histoire bien particulière. Elle dure mille et une nuits et ne peut être conter qu'entre le coucher et le lever du soleil.
_ Très bien. Alors tu reviendras ce soir me raconter la suite et tous les soirs qui suivront durant les mille nuits restantes.
_ Je promets d'être là chaque soir, à condition que les autres femmes du harem soit libérées.
_ Accordé !
_ Par ailleurs, j'exige ma liberté. Je veux pouvoir partir le jour. Mille de mes nuits t'appartiennent mais mes journées sont et restent à moi.
_ Accordé !, concède encore le sultan.
_ Et vous ne tuerez plus jamais de jeune femme innocente pour votre plaisir.
_ Accordé !
Il cède tout à la jeune femme car jamais il n'avait senti un désir, ou plutôt un besoin aussi grand, d'obtenir par tous les moyens la fin du récit. La magie a fonctionné.
Ainsi Shéhérazade quitte en femme libre et bien en vie la chambre du sultan. C'est un exploit extraordinaire.
_ Sayed, appelle la princesse. Sayed !
_ Tu as besoin de moi, belle princesse ?, fait le djinn en apparaissant.
_ Oui j'ai besoin d'un second vœu. Je veux que pendant les mille prochaines nuits à venir, tu fasses en sorte que je sois transportée dans la chambre du sultan à partir du coucher du soleil et jusqu'à son lever.
_ Qu'il en soit ainsi.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top