𝐂𝐞 𝐬𝐨𝐢𝐫-𝐥𝐚̀
Les heures de cours me paraissent interminables et quand enfin vient la sonnerie, mes yeux restent grands ouverts et je maintiens ma tête à l'aide de ma main. La fatigue a malheureusement pris le dessus et il m'est impossible de lutter. Mes pensées se dissimulent instantanément dans un épais brouillard quand je reprends mes esprits peu à peu. Je me redresse, étirant mes bras et me frottant les yeux pour chasser la torpeur qui m'enveloppait. Mes camarades de classe se précipitent hors de la salle, riant et parlant avec enthousiasme, mais moi, je reste là, le regard fixé sur le tableau vide. J'ai besoin d'une pause, d'un moment de répit pour me ressourcer.
— Vicky ? Tu vas bien ? Me questionne Sasha en me sortant de ma rêverie.
— Pardon ? Bafouillé-je en relevant la tête.
— Tu étais perdu dans tes pensées durant la totalité du cours.
— Je sais, je suis juste un peu fatiguée. Dis-je en prenant mes affaires.
En sortant de la salle de cours, je tombe nez à nez avec Ethan qui semblait visiblement m'attendre depuis un moment. Il était là, complètement avachi sur l'un des nombreux casiers, son sac à dos sur son épaule, en train de me fixer avec son regard déconcerté. Son visage est cerné de bleus et il a quelques petites cicatrices. Le voir ainsi me réjouit de l'intérieur, mais je n'avais pas prévu qu'il soit de retour en cours étant donné qu'il ne s'est pas présenté depuis quelques jours. Je voyais bien dans son regard qu'il était entièrement largué, ne sachant quoi faire. Je l'observe un moment avec dégoût, avant de le contourner pour me rendre à mon prochain cours sous le regard d'incompréhension de Sasha.
— Wow, tu m'expliques ce qu'il vient de se passer ? Dit-elle en grimaçant.
Je ne prête pas attention à sa question et je continue mon chemin.
— Allô, Vicky ! Pourquoi tu m'ignores ? Me coupe-t-elle, tout en s'arrêtant brusquement face à moi.
— Il ne s'est rien passé, pourquoi ? Demandé-je en faisant mine de rien.
— Pourquoi tu as regardé Ethan comme ça ?
— J'ai plus le droit de le regarder ?
— Vicky, je suis sérieuse ! Tu es la seule à savoir pourquoi Ethan s'est retrouvé dans cet état le soir de la fête.
— J'en sais absolument rien ! C'est son problème si il ne sait pas se ternir.
— Il s'est retrouvé à l'hôpital après l'avoir retrouvé dans ta chambre en sang...
— Sasha, écoute. Je relève mon visage, ancrant mes yeux aux siens, hésitant à poursuivre la conversation, jusqu'à ce qu'elle ne reprenne vite la parole.
— Ethan refuse de me dire qui lui a infligé ça, mais je suis certaine que Blake Atwood y est sûrement pour quelque chose.
— Pourquoi lui ?
— Il est jaloux d'Ethan !
— Blake Atwood est le Capitaine de l'équipe de Basket et tu crois qu'il serait jaloux d'Ethan ? Dis-je en ricanant.
— C'est possible. Dit- elle en soupirant. Je veux juste savoir ce qu'il s'est passé ce soir-là, Vicky.
J'aurais aimé dire la vérité à Sasha, mais elle tient beaucoup à Ethan et elle ne me croirait pas sur parole. Je ne pense pas qu'elle le considère comme un meilleur ami, mais bien plus que ça.
— On était tous complètements déchirés alors personne ne sait ce qu'il s'est réellement passé.
— Ouais...
— Je dois te laisser, j'ai mon cours d'espagnol dans quelques minutes.
*
La pluie fine caresse doucement mon visage alors que je marche, laissant mes pensées errer dans cette atmosphère apaisante. Les gouttes d'eau se mêlent à mes propres larmes intérieures, une émotion indéfinissable m'envahissant. Je me demande encore comment je n'ai pas remarqué la présence de cet homme encapuchonné lors de la fête. Était-ce mon étourderie habituelle ou une véritable tromperie de mes sens ?
Mes mains toujours dans les poches, je continue de me perdre dans mes réflexions, le son des gouttes de pluie accompagnant mes pensées. Je me sens à la fois frustrée et en colère contre moi-même pour avoir été si distante et inattentive. Cette scène me hante, et je sens le besoin grandissant de comprendre ce qui s'est réellement passé. Alors que je me trouve là, au milieu de la pluie, je décide de faire une pause et de prendre un moment pour moi. Je m'arrête près d'un lampadaire, la lumière jaunâtre se reflétant sur les gouttes d'eau qui tombent. Les sons de la ville se fondent dans le fond, et je ferme les yeux, me laissant envelopper par l'atmosphère paisible de la pluie.
Les pensées tourbillonnent dans ma tête, essayant de reconstituer les fragments de cette soirée. Je me demande si quelqu'un d'autre a remarqué cet homme mystérieux, ou si c'était simplement une illusion de mon esprit. Je me rappelle de la peur qui m'a saisie à ce moment-là, et cela ne fait qu'alimenter ma détermination à découvrir la vérité. Une goutte de pluie glisse le long de mon visage, comme si elle voulait essuyer mes larmes invisibles. Je respire profondément, puis je décide de reprendre ma route. Quelle que soit la vérité derrière cette scène énigmatique, je sais que je ne peux pas rester passive. Je dois rassembler des indices, poser des questions, et trouver des réponses. Je sais que cela ne sera pas facile, mais je suis prête à affronter cette quête, armée de ma détermination.
*
Je suis restée sous la pluie un petit moment avant de finalement reprendre ma marche. En rentrant à la maison, je ferme la porte derrière moi quand soudainement, j'entends un bruit provenant de la cuisine. Bien sûr, tout de suite, un sentiment de peur m'envahit. En marchant doucement et en restant sur mes gardes, je m'approche de la cuisine. Je ne distingue qu'une silhouette qui était de dos. je surprends Isaac qui était en train de se préparer un casse-croûte.
— On peut savoir ce que tu fais là ? Demandé-je, tout en venant poser mon sac sur la table. T'es pas censé être en cours monsieur l'intello ?
— Et toi alors ? Réplique-t-il, tout en s'approchant de moi.
— J'ai terminé ! Mais toi, en revanche, tu n'es pas censé être là étant donné que tu as cours ! Dis-je tout haut en espérant que sa mère soit dans les parages.
— Te fatigue pas, elle est pas là.
— Mince ! Elle est où ? Dis-je en faisant mine d'être triste.
— Avec ton père sûrement, ils doivent être en vadrouille.
— Cool ! On est tranquille pour ce soir !
Après que je me suis installé sur une chaise, je soupire tout en fermant les yeux.
— Bon, Isaac, je dois te parler. Annoncé-je en venant me placer correctement sur ma chaise.
— Très bien, je t'écoute. Qu'est-ce que tu vas me dire ou alors me reprocher encore ? Dit-il en se dirigeant vers le placard pour prendre un verre et se servir une boisson.
— Quoi ? Non ! Ça n'a rien à voir avec toi, je dois simplement te parler de quelque chose d'important et ça concerne ta petite fête que tu as organisée samedi soir.
— Quoi ? Ma petite fête ne t'a pas plus ? C'est toi qui voulais être là ce soir-là, je te signale !
— Je voudrais juste savoir qui tu avais invité parmi tes amis ?
— Pourquoi tu cherches à savoir qui j'ai invité ? Demande-t-il en fronçant ses sourcils.
— J'ai juste besoin de savoir, Isaac.
— Mes potes du bahut et quelques filles de l'équipe des cheerleaders, pourquoi ?
— Tu n'as pas remarqué qui il y avait un type avec un sweat noir et une capuche ?
— Mais qu'est-ce que c'est que ces questions ? Soupire-t-il, agacé d'être questionné.
— Je veux juste des réponses, c'est très important.
— J'en sais rien, je sais uniquement que quelques-uns ont ramené des amis à eux que je ne connaissais pas forcément. Tu crois vraiment que j'ai prêté attention aux vêtements que portaient les invités ? Et d'ailleurs, pourquoi tu cherches après ce mec ?
— Ouais, tu étais trop occupé à fourrer ta langue dans la bouche de Robyn Hale ? Dis-je en me moquant de lui.
— Va te faire foutre !
— Bon, écoute, ce type est... Marquant une pause avant de poursuivre. Laisse tomber, c'est pas important.
— Tu as pourtant dit le contraire y'a quelques minutes.
Les sourcils de ce dernier se froncent un instant tout en prenant appui sur le plan de travail qui se trouve devant lui. Son visage exprime de l'incompréhension et ses yeux sont légèrement plissés. Mais rien n'y fait, je ne pouvais pas lui en dire plus à propos du type à la capuche. Je ne me voyais pas lui annoncer qu'il était venu dans le seul but de tabasser Ethan. Après mûre réflexion, cet homme était sûrement celui qui était là le fameux soir où j'étais au bowling, c'était forcément lui...
— D'ailleurs, il s'est passé quoi avec ton ami ? Demande-t-il subitement.
— Mon ami ?
— Celui qui s'est fait tabasser et qu'on a retrouvé dans ta chambre complètement sonné. Dit-il en riant.
— Oh... il a sûrement dû chercher des noises à quelqu'un et ça a mal fini. Dis-je en haussant les épaules.
— Il a complètement gâché ma fête, je savais que c'était une mauvaise idée que tu invites tes potes.
*
Après cette discussion, je décide de sortir me changer les idées. Alors une fois que j'ai enfilé une veste, je quitte la maison en direction de mon café habituel. Je n'avais de cesse de penser à cet homme mystérieux, j'étais encore en train de me demander comment j'ai réussi pour ne pas m'en rendre compte plutôt ? J'avoue qu'une petite par de moi veut s'y rendre dans le but de le croiser. Mais surtout pour pouvoir décompresser et oublier tout ça.
Une fois devant le café, je franchis la porte, sans prêter attention au monde et au bruit qui m'entourait. Je me rends discrètement vers le comptoir pour prendre commende.
— Bonjour, je vais vous prendre... Je marque une légère pause en hésitant quelques secondes. Je vais vous prendre un Macchiato s'il vous plaît. Lui souris-je poliment.
Le barista, un jeune homme sympathique, acquiesce avec un sourire et prépare ma commande. Je profite de ces quelques instants pour observer l'atmosphère du café. Les conversations animées, le doux murmure des machines à café, l'arôme enivrant du café fraîchement préparé... Tout cela crée une ambiance chaleureuse qui me permet de m'évader un instant.
Je reçois mon Macchiato et je le tiens délicatement entre mes mains, savourant la chaleur réconfortante qui se diffuse à travers la tasse. Je m'éclipse discrètement vers une table isolée, cherchant un peu d'intimité pour réfléchir. Soudainement, mon attention fut attirée par le fond de la salle. Et là, je le vois... c'était lui. Il était seul, assis à une table, le regard plongé devant l'écran de son ordinateur. Il avait sur lui le même sweat noir qu'il portait le soir de la fête. Mon cœur rate instantanément un battement quand je l'aperçois réunir ses affaires et de se rendre vers la sortie. Je ne pouvais pas le laisser partir, pas encore une fois ! Alors, je prends mon courage à deux mains, et je le suis en marchant rapidement. Je n'avais pas d'autre choix que de bousculer les clients qui se trouvaient sur mon chemin. Une fois que je me trouve dehors, je l'aperçois au loin, mains dans les poches tout en jetant un œil sur moi. Je marche rapidement pour le suivre, m'efforçant de rester discrète afin de ne pas éveiller ses soupçons. Mes pas résonnent sur le trottoir, mon esprit rempli de questions et de curiosité. Que me réserve cette rencontre ? Qu'est-ce qu'il sait vraiment sur cette fameuse nuit ? Je ne peux m'empêcher de me demander si je suis sur le point de découvrir la vérité ou si je suis en train de m'engager dans un chemin plus sombre et dangereux. Mon cœur bat à la chamade et je me surprends à courir jusqu'à lui quand un véhicule klaxonne pour m'avertir que je n'avais rien à faire sur la route. Mais peu m'importe, je continue ma course folle jusqu'à lui et une fois que je suis sur le trottoir, je percute un homme qui me rattrape instantanément avant que je termine les fesses à terre.
— Attention, vous auriez pu vous faire mal. Dit-il en me souriant.
— Désolée, j'étais un peu pressée. Dis-je en levant la tête.
L'homme qui me fait face était en t-shirt gris et en pantalon noir. Drôle d'accoutrement durant un temps plus vieux sous le ciel de Seattle, mais je ne m'attarde pas plus que ça étant donné que ses yeux de couleur émeraude me rappellent instantanément quelqu'un que j'ai déjà vu auparavant.
— Je vous connais ? Demandé-je à ce mystérieux inconnu en plissant les yeux.
— Bonne question ? Répond-t-il en passant une main dans ses cheveux.
— J'ai l'impression de vous connaître. Insisté-je.
— Écoutez, je vais être en retard au travail, mais je n'ai pas le souvenir de vous connaître personnellement. Désolé ! Dit-il en reprenant sa route.
Et c'est ainsi qui disparaît de mon champ de vision. Quant à moi, j'ai encore une fois perdu de vue cet homme mystérieux...
***
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