Je me tenais devant le miroir, mais j'évitais mon propre reflet. Mes yeux se concentraient sur la barre de savon, comme si je pouvais y trouver une réponse à l'indicible malaise qui m'envahissait. L'eau chaude coulait en continu, mais j'avais l'impression que je ne pourrai jamais me laver suffisamment. Chaque goutte semblait renforcer la sensation de dégoût qui me rongeait. Des éclats de souvenirs refusaient de disparaître. Ils revenaient sans cesse, s'infiltraient dans mes pensées avec une insistance cruelle. Je me sentais sale, comme si je portais une couche invisible de honte et de détresse qui ne pouvait être éliminée par la simple action du savon et de l'eau sur mon corps. Peu importait combien je me lavais, je ne parvenais jamais à effacer ses traces, à gommer cette empreinte indélébile laissée sur mon âme déchue.
Le mur de la douche semblait se rapprocher, comme pour m'étouffer dans cette prison de souvenirs inavoués. Je me recroquevillais, espérant échapper aux images qui se repassaient en boucle dans ma tête. La chaleur de l'eau contrastait étrangement avec la froideur qui gelait mon cœur brisé, un paradoxe que seul mon esprit tourmenté pouvait comprendre.
Je me demandais vraiment si un jour je pourrais me libérer de ce sentiment persistant, ou si j'en resterais prisonnière, à jamais.