8. Neslie

Quelques minutes avant qu'Harley serve Stephen.

Damon

Je balayais le café des yeux pour m'assurer que tout allait bien et que chacun était à son poste respectif. Visiblement, tout avait l'air d'être en ordre, ce qui me rassurait. Je suis interrompu par la sonnerie de mon téléphone. Aaron. Voilà qui est étrange ; il sait pourtant que je bosse. Je décroche.

— Aaron, je suis... Il ne me laisse pas terminer ma phrase et enchaîne.

— Désolé, mec, mais c'est vraiment urgent. J'ai appris que Neslie et Kyle avaient réussi à atterrir aux États-Unis, et d'après ce que Chester m'a dit, ils sont en direction de Boston. Pour quelle raison, j'en sais rien, mais te voilà prévenu. Surtout, désactive toutes tes positions ou localisations, au cas où.

Chester était l'un de mes bras droits en Australie, et nous avions décidé de garder contact. S'il se passait quelque chose, il me tiendrait au courant. Neslie. Je suis frappé d'effroi. Juste un nom, un putain de prénom pour me rappeler Sydney et mes conneries.

— De... DE QUOI !? C'EST UNE MAUVAISE BLAGUE J'ESPÈRE ! C'est impossible, putain, fait chier. Ils foutent quoi ici !? Je n'ai aucune envie de voir leurs sales gueules, et tu le sais très pertinemment. Démerde-toi pour qu'ils ne viennent jamais ici à Grimwood Street, tu entends ? Sinon, je vais les égorger sur le vif, et je raccroche.

Putain. Fait chier. C'était vraiment pas le moment. Je suis maudit, c'est pas possible.

Je traverse le café, furieux, et vais alerter le groupe. Je jette un coup d'œil rapide pour être sûr qu'Harley n'était pas dans les parages et ne risquait pas d'entendre cette putain de conversation que j'espérais ne jamais avoir à annoncer. Je les rassemble et leur fais part de ce dont m'a informé Aaron.

— Mais comment se fait-il qu'ils soient bizarrement venus ici, à Boston ? dit soudain Stella.

— Vous pensez qu'ils vont s'installer ici ? demande Grace.

— Ça craint à mort, dit soudain Matthew.

— Merde, dit Carter.

[...]

— STOP, hurlai-je.

J'essaie de me calmer malgré moi, mais me remémorer mon passé me tue plus que je ne le croyais. Soudain, Isabella vient m'entourer de ses mains chaudes et me murmure.

— Je sais à quoi tu penses, Dam, mais je te promets que ça va aller.

Et elle poursuit cette fois-ci à haute voix.

— Ils ne peuvent pas savoir la position exacte à laquelle on se trouve de toute évidence. Calmez-vous un peu, voyons. Et puis vous ne savez même pas ce qui les amène ici. Ce n'est pas une mission ; vous savez où elles se passent. Peut-être ont-ils de la famille ici, des amis ou juste une vie cachée. On ne sait rien d'eux. D'accord, tout le monde ? Retournez à vos occupations et on en reparle tranquillement après le travail, sur le groupe Insta.

Isa était véritablement l'intellectuelle du groupe, celle qui nous apaisait et prodiguait ses conseils avisés. Je lui vouais une admiration profonde pour cela. Je me remémore le jour où elle a intégré notre fichu gang aux côtés de cet enfoiré de Kyle, alors qu'elle se contentait de rester silencieuse. C'est elle qui me tire soudain de mes léthargies.

— Respire, Dam. Je te promets qu'on trouvera ce qui les a amenés ici, d'accord ? Ne pourrissons pas cette belle journée, et pleine d'affaires en plus.

J'acquiesce ; je savais qu'elle avait raison, et je lui donne un rapide baiser sur le front.

— Merci, Isa. Je ne sais pas qui me résonnerait comme ça si tu n'étais pas là, putain.

Elle me sourit et me donne une tape sur l'épaule.

Je regagne la salle principale du café et cherche Harley des yeux ; je ne l'avais pas vue apparaître depuis quelques heures. Normalement, elle est en service, donc elle doit être quelque part, à une table, accomplissant son travail avec brio. Elle était douée et avait appris rapidement, comme je l'avais observé au cours de ses diverses tâches. Cette aisance me rappelait cruellement ma sœur. C'est alors que je la vois. Avec... Hein ? Stephen, encore une fois. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre eux ou si c'est de l'amour fou, mais elle a vraiment l'air furieuse de là où je suis. Et justement, elle s'avance vers le comptoir avec assurance et repart aussitôt avec sa tasse, sans doute destinée à Stephen.

— Tu mates qui comme ça ? me lance soudain Carter avec un air malicieux empreint de sous-entendus. Je ne l'avais même pas senti arriver. Je le regarde et fais l'innocent.

— Je ne vois pas de quoi tu parles.

Il pouffe et ajoute :

— Ose mentir et prétendre que tu ne penses pas à ce qu'on nous a annoncé. Je vois très bien comment tu la regardes, dit-il.

— Non, sérieusement, ne trouves-tu pas qu'ils sont étranges, ces deux-là, et leur manière de se parler ? La dernière fois qu'elle l'a vu, elle était dans tous ses états, et là, elle lui offre son plus beau sourire ?!

Carter me regarde et pouffe.

— Je rêve ou tu es jaloux, mon pote ?

Je prends un air exaspéré et décide de l'ignorer. Harley revient au comptoir et prend en charge le reste. Je m'étais montré peu sociable avec elle ; j'avais sans doute fait mauvaise impression. En revanche, elle n'avait pas cherché à m'aborder ces derniers temps. Peut-être... Non ? Serait-elle engagée dans une relation... avec Stephen ? Peu importe.

— Mon pote, tu es toujours là ou je t'ai perdu ?

Je le pince pour toute réponse et fais demi-tour en direction de la salle de repos, sans doute parce qu'elle venait soudain d'y pénétrer. Je me mordillais les lèvres, conscient que Carter avait saisi le sens de ma direction, mais cela m'importait peu.

Cool, Damon, d'accord ? Cool.

Mais n'oublie pas ce qu'elle t'a fait, me dit ma voix intérieure.

Avant que je ne mette un pied dans la salle, j'entends la voix d'Harley, visiblement au téléphone.

(...)

- Oui, pas de souci, de toute évidence, je comptais rentrer à la maison ce week-end. Ça fait un bail, hein ? Tu me raconteras tout.

(...)

— On fait comme ça. Merci, Neslie. Préviens-moi dès que tu arrives à la maison. Tu l'as dit à maman ?

Quoi ! Mon cœur rata un battement. Je n'avais pas rêvé ?! Encore ce maudit prénom. Neslie. Elle aller être chez elle, d'une minute à l'autre. Ça ne peut être qu'elle, Neslie Owen, mon ennemie jurée. Elle allait arriver à Boston ; ce ne pouvait pas être une simple coïncidence. Il s'agissait forcément de la même personne, j'en étais certain.

Mais ?! Qui était-elle pour Harley ? Impossible... Neslie n'avait pas de sœur. J'étais définitivement maudit.

(...)

— Oui, allez, à bientôt. Bisous.

Non, je ne pouvais pas y croire. Il fallait que j'en sache plus, et Harley tombait à pique. Mais.. elle me poserait un tas de questions. Et si Neslie lui demandait ce qu'elle faisait, le nom de son chef, ou encore... Je serai démasqué et tous les autres. Rah non, c'est trop ! Trop d'un coup ! Et puis merde, à la fin.

J'entre et racle ma gorge pour lui signaler ma présence. Elle tenait son petit sandwich dans une main et pianotait sur son téléphone.

— Oh, salut, dit-elle. Elle range son téléphone, et cette simple action me gêne plus que je ne l'aurais admis ; elle n'était vraiment pas obligée.

— Salut, tu te portes bien ?

Elle acquiesce, et je m'approche encore plus d'elle. Comment pouvais-je aborder le sujet ? Comment le lui demander ? Putain, il fallait que je me grouille.

— Mmh... Harley ?

Elle me regarde, étonnée de mon hésitation sans doute. Mais je poursuis.

— Je ne voulais pas interrompre ta discussion au téléphone et, sans vraiment le vouloir, je t'ai écoutée...

Elle me fixe, le regard plein d'incompréhension. Putain, Damon, crache le morceau, agis bon sang. Je devais gagner sa confiance, bordel.

— Je ne vois pas où est le problème, dit-elle, avec un léger rire qui me fis frissonner.

Oh Harley, si tu savais.

 Très bien, cela va sans doute te paraître déplacé, mais j'ai vraiment besoin de savoir : tu me fais confiance ?

Elle me regarde de ses beaux yeux émeraude, toujours pleine d'interrogations.

— Euh... Damon ? J'en sais rien, continue, dit-elle simplement.

Étonné, je poursuis.

— D'abord, quel est le nom de famille de Neslie et qui est-elle pour toi ?

Ouais, bon, je crois que je suis en train de l'effrayer là. Elle ouvre puis referme la bouche et finalement se lance.

— Euh... Neslie, Neslie Owen, pourquoi ? C'est ma cousine.

Qu'est-ce que je disais. Fait chier. OK, OK. Comment vais-je lui expliquer qu'il ne faut pas qu'elle dise un traître mot de ce café ni rien, parce que c'est mon ex, qu'on a été des trafiquants de drogues en Australie, qu'elle m'a trahi et...

— Ce serait un peu long à expliquer ici. Ça te va si, après le travail, on sort et que je te raccompagne ? Je suis désolé si c'est super bizarre, je te promets de tout expliquer, mais m'accordes-tu ta confiance, Harley ?

Je crois que c'était trop d'un coup. Et au même moment, Oliver suivi de Matthew et... Camélia pénètrent à l'intérieur. Eh merde, putain non, pas elle. Pas maintenant. Ne pas avoir l'accord de Harley jusqu'à ce soir me tourmenterait. C'était la définition parfaite du karma, trois fois dans la journée. J'ai peur pour ma peau là. Maudit à jamais apparemment.

— N'importe quoi, dit soudain Matthew.

Matthew donne un bisou à son copain, et Camélia commente, toujours aussi cruelle :

— Gardez vos bisous pour plus tard, vous me dégoûtez là.

Elle se tourne vers moi, puis vers Harley. Visiblement étonnée. Merde.

 Un problème ? dit soudain Harley en direction de Cam.

J'avoue qu'elle venait sacrément de me surprendre, et j'adorais son cran face à notre sorcière. Mais celle-ci ne tarda pas à riposter.

— Wouah ! T'es qui déja, Halay, non.. ? Elle la coupe sèchement.

— Harley. Et toi déjà ? Camlote ?

Je ne pus retenir mon rire et Oliver et Matthew furent de même.

— Je t'aime déjà toi, dit Matthew, en adressant un clin d'œil à Harley.

Camélia, furax, fusille Harley du regard.

— Oh, toi, tu vas le payer ma belle. Harley.

Sur ces mots, elle disparait à l'étage. Waw, sacrée Harley.

Elle adressa un sourire timide aux garçons avant qu'ils ne disparaissent, puis elle s'éclipsa à son tour. Soudain, elle se retourna, me fixa et me dit :

— J'avoue que tu m'intrigues vraiment beaucoup, Damon...

— Hansson, la coupai-je.

Elle me sourit et poursuivit enfin sa phrase :

— C'est d'accord pour ce que tu tenais tant à me dire.

Sans vraiment le vouloir, je fis un rapide pas vers elle et lui donnai une bise timide sur la joue, la remerciant.

Wouah, je me surprenais moi-même à faire... ça. Elle devint toute rouge et je ne pus m'empêcher de sourire. Elle tourna les talons et s'éloigna, sans doute pour dissimuler sa gêne après ma bise improvisée. Il était crucial que je lui fasse comprendre qu'elle ne risquait rien avec moi et qu'elle devait absolument me faire confiance. Entre sa cousine et moi, elle n'hésiterait pas à lui faire davantage confiance. Et il fallait que l'inverse se produise.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top