Chapitre 31 : Echec
— Attention ! criait Sévrar alors qu'il perdait le contrôle d'un sort pour la énième fois.
— Toi, fais attention ! lui répondait Églantine depuis l'autre côté de la cour.
Depuis quelques jours, ils s'entrainaient tous les deux au même endroit et aux mêmes heures pour se motiver mutuellement. La jeune femme, en plus de retrouver doucement sa force et sa maitrise, révisait ses leçons de magie élémentaire avec l'apprenti magicien. Ce dernier, après avoir feuilleté des centaines de livres, passait enfin à la pratique.
Chacun de ses sorts devait être minutieusement réfléchi, assemblant plusieurs mots de pouvoir au point de créer certaines fois des phrases complexes.
— Je ne comprends pas où je me suis trompé, marmonnait-il en tournant les pages de son carnet de notes.
La brune se rapprocha de lui pour jeter un œil par-dessus son épaule. L'écriture inclinée n'avait aucun sens à ses yeux. D'ailleurs, elle ne comprenait toujours pas pourquoi il fallait que Sévrar utilise des mots pour utiliser la magie, alors qu'elle n'avait qu'à penser pour faire apparaitre une flamme.
— Ça m'a l'air bien compliqué, disait-elle seulement.
— C'est un sort complexe, en effet. Mais si j'y arrive, j'aurais passé un cap, lui expliquait Sévrar. Je pourrais prouver à Rowenn que je maitrise l'ancien langage.
— Hum.
Devant la mine concentrée d'Églantine, Sévrar ne put s'empêcher de sourire. Il savait parfaitement qu'elle n'y comprenait rien. Mais le fait qu'elle essaie de l'aider lui faisait chaud au cœur.
— Tu vois, ça, c'est la rune de l'énergie, avec cette sorte de virgule, elle m'évite de me vider de mon énergie lorsque je prononce le sort. La plupart des sorts la contiennent, donc évidemment, ce n'est pas là que j'ai pu me tromper.
La brune hochait doucement la tête alors qu'il continuait ses explications, réfléchissant à voix haute plus qu'autre chose. Il attrapa même une mine pour retracer proprement quelques symboles.
— Ça y est ! s'exclamait-il soudain. Je crois que j'ai compris le problème.
Il partit alors dans une explication passionnée devant les yeux amusés d'Églantine qui finissait par lui dire :
— Voyons si ça fonctionne alors.
Ainsi prit-il position, une main tendue et l'autre tenant son carnet. Il replissait ses poumons, prêts à lancer son sort lorsqu'un bruit de course ainsi que des cris leur arrivèrent depuis l'intérieur de la tour.
Les deux jeunes gens se retournèrent brusquement vers la source du bruit. Il était rare qu'il se passe quoi que ce soit dans la tour, ainsi se précipitèrent-ils à l'intérieur.
Inquiets, mais surtout curieux, ils déboulèrent dans le hall pour se retrouver face à un groupe de blessés déjà pris en charge par quelques mages. Il ne fallut qu'un instant à Églantine pour qu'elle les reconnaisse malgré la crasse et les blessures.
— Seth ? Oma ? disait-elle en s'avançant.
L'elfe se retourna, bientôt suivi de la rousse qui se leva pour aller à sa rencontre.
— Églantine ! Comme je suis heureuse de voir que tu vas bien ! s'exclamait-elle.
Elles se prirent dans les bras avant de se séparer lorsque Seth les eut rejoints. Ce dernier semblait faible, mais n'avait pas vraiment de blessure visible. Il y eut un petit silence entre eux, il s'était passé tellement de choses depuis leur séparation. Sévrar saisit alors sa chance pour avoir des réponses.
— Que s'est-il passé ? Vous n'êtes pas au complet. Où est Sheireen, cela ne peut être qu'elle qui vous a ramené ici.
— Ils ne diront rien ici, intervenait soudain Rowenn dans son dos. Il leur faut du repos et surtout, leur rapport devra être dit devant la Reine en priorité.
Le roux inclina doucement la tête en signe de compréhension et reporta son attention sur les trois autres arrivant. Il ne se souvenait pas de leurs noms, mais de leur visage oui. Ils avaient bien changé depuis leur entrainement. Et eux aussi n'étaient pas au complet.
Cette mission était un échec. Ils étaient revenus, mais où était la princesse ?
— Nous ne pouvons pas les accueillir ici, disait Rowenn aux autres mages. Il va falloir les transférer au palais. Mais avant, assurez-vous qu'ils ne soient pas en trop mauvais état pour être déplacé.
Il se tourna ensuite vers son apprenti :
— Retourne travailler, je t'appellerais lorsqu'il sera temps de les écouter.
— Très bien. Et Églantine ?
— Elle est libre de ses mouvements. Si elle veut suivre ses camarades, elle le peut.
Il acquiesça de nouveau, le regardant s'éloigner. Sévrar avait l'impression que depuis le rétablissement d'Églantine, son maitre ne s'occupait plus vraiment de lui. Était-ce un excès de confiance ou bien un désintéressement total ?
— Je vais les suivre, disait Églantine, coupant les réflexions du jeune homme.
— Tu ne verras donc pas le résultat de mon sort, taquinait-il.
— Et non, tu seras obligé de le refaire. Ainsi, tu prouveras qui ce n'était pas qu'un coup de chance.
— Très drôle, lançait Sévrar en quittant le hall.
Une fois dehors, il rouvrit son carnet et se remit au travail. L'absence de la brune se fit ressentir lorsqu'au troisième essai, il s'exclama :
— T'as vu ça !
Avant de se rappeler qu'il n'y avait personne.
Il s'essaya ensuite à plusieurs sorts, jouant avec les runes et mixant les effets de chacune comme si il maniait sa langue maternelle. La journée avançait doucement et bientôt, il laissa tomber son carnet, faisant confiance aux connaissances qu'il amassait depuis plusieurs mois, il essaya de lancer un sort à l'improviste.
Les mots glissèrent sur sa langue et il décolla du sol. Il s'éleva d'un mètre tout au plus, mais grisé par le pouvoir, il continua de parler, montant doucement le long de la tour.
— Sévrar ! l'appelait quelqu'un au sol.
Le jeune mage lança un regard en dessous de lui et perdit toute concentration. En bas, les bras croisés et les sourcils froncés, attendait Rowenn. Le sort se brisa et Sévrar chuta sous le regard de son mentor.
La grâce qui avait semblé l'animer jusqu'alors avait disparu, il ne trouvait plus les mots pour arrêter ou même ralentir sa chute. Alors, il fit la première chose qui lui passa par la tête, il invoqua le vent dans geste maladroit de la main.
Une rafale balaya la cour, emportant la poussière et ses notes avant de le heurter de plein fouet. Cela eut le mérite de ralentir considérablement sa chute quelques instants avant qu'il n'atterrisse durement sur le sol.
— La magie peut être grisante, mais je pensais déjà t'avoir dit de ne pas céder à son attrait aussi facilement, disait simplement le mage.
— Veuillez m'excuser, je pensais...
— Sais-tu pourquoi tu dois apprendre toutes ces runes ? le coupait-il.
— Oui, elles permettent au magicien qui les utilise de mieux se concentrer sur la construction de son sort.
— Et donc de mieux le comprendre. Grâce à elles, un magicien à conscience de ce qu'il fait.
Il laissa planait le silence avant d'ajouter :
— Tu n'avais pas l'air d'être en pleine conscience de tes actions, il y a quelques instants.
— J'ai été déconcentré...
— M'accuserais-tu de t'avoir saboté, s'amusait le mage.
— Bien sûr que non ! s'empressait de répondre Sévrar.
— Tu n'es pas encore assez familier avec la pratique des runes pour te lancer dans des improvisations de la sorte. Cela dit, je salue la performance, je n'ai pas eu à intervenir pour te sauver de ta chute.
Gêné, Sévrar resta silencieux, se forçant à ne pas regarder le chaos qu'avait provoqué son atterrissage dans la cour.
— Je n'étais pas venu admirer tes prouesses, Sévrar, continuait Rowenn. Je viens t'annoncer que les blessés sont bien arrivés au palais et que nous avons rendez-vous avec Sa Majesté demain dans l'après-midi.
— Les dragonniers manquants sont-ils arrivés ?
— Non, pas encore. Nous avons encore l'espoir qu'ils soient saints et saufs quelque part. Espérons qu'ils reviennent à nous assez vite.
Sévrar acquiesça doucement et le chauve ajouta :
— Il se fait tard, tu devrais ranger tout ça et aller te reposer. Demain, tu n'auras que la matinée pour t'entrainer, profites-en pour effectuer quelques exercices de concentration.
L'apprenti acquiesça de nouveau et regarda son maitre retourner à l'intérieur de la tour. Il avait raison, le soleil était maintenant bien bas dans le ciel, au point de créer de grandes ombres autour de l'elfe qui s'empressa de ramasser tous ses parchemins éparpillés.
Ensuite, il passa un coup de balai dans la cour, puis regagna lui aussi la tour.
Il mangea seul, comme toujours ces temps-ci, puis alla se coucher. Il eut d'ailleurs bien du mal à dormir cette nuit-là, à tel point qu'au milieu de la nuit, il se leva pour faire un tour.
Parcourir des lieux la nuit lui donnait toujours une impression étrange et c'était d'autant plus vrai dans la tour des magiciens. Tout était si calme et apaisant qu'il déambula ainsi un long moment, plongé dans ses pensées.
Évidemment, son esprit finissait par se tourner vers les événements de la journée et tout particulièrement l'arrivée des dragonniers. Sheireen les avait évacués d'une situation inextricable, il n'y avait aucun doute là-dessus, mais alors, pourquoi n'était-elle pas restée en sécurité avec eux ? Était-elle retournée chercher les autres et avait eu des problèmes ?
Quand était-il de la princesse ? Avaient-ils au moins ne serait-ce qu'approché du but ou avaient-ils juste envoyé des jeunes gens vers la mort ?
Il n'avait la réponse à aucune de ses questions, il lui fallait attendre le lendemain, mais la nuit était si longue. Et puis, il y avait la théorie de Rowenn sur un éventuel traitre dans leur rang. Se pourrait-il que l'un des blessés soit le traitre ?
Trop de questions et impossible de dormir pour faire passer le temps plus vite.
Du moins naturellement.
Ainsi se rendit-il dans la réserve, attrapa une plante et retourna au lit en la mâchonnant. Bientôt, il sombrait dans un sommeil sans rêves.
Le réveil fut dur, les exercices de concentration, encore plus. Il devait enchainer de nombreux petits sorts sans faire d'erreur. Ces derniers avaient évidemment été choisis pour ne pas fonctionner si le mage qui les exécutait n'était pas entièrement concentré sur sa tâche.
Sévrar s'évertuait à faire léviter vingt cailloux un à un tout en conservant le précédent en l'air lorsqu'enfin, on vint le chercher pour le déjeuner. Il rejoignit les deux autres seuls apprentis de la tour pour manger, mais il mangea si vite qu'il ne leur adressa pas un mot.
Ensuite, ce fut la longue attente. Rowenn n'avait pas précisé l'heure de leur rendez-vous, ainsi Sévrar n'osa pas commencer une quelconque activité en attendant. Il tournait en rond dans la tour, lorsqu'enfin Rowenn fit son apparition.
Il avait enfilé une robe violette et portait autour du cou le symbole des magiciens de Sa Majesté. Sévrar réalisa alors qu'il allait assister à une réunion des personnes les plus importantes du royaume.
— Es-tu prêt ? demandait-il à son apprenti.
— Dois-je aller me changer ?
Le roux portait une des robes classiques des apprentis, d'un gris clair orné de broderies bleues. Il avait l'impression qu'à côté du mage, il faisait tache.
— Non, ne t'inquiète pas. Tu resteras en retrait, personne ne fera attention à ta tenue.
Sévrar acquiesça, un peu stressé, avant de suivre Rowenn dans les grands escaliers de la tour. Ils firent le même trajet que la dernière fois, passant chaque poste de contrôle sans problème, le chef des magiciens servant de laissez-passer.
Encore une fois, Sévrar se retrouva dans le grand bureau de la Reine. La générale Léonie se tenait déjà dans un coin de la pièce, la main sur la garde de son épée d'apparat. Rowenn alla s'assoir dans un grand fauteuil molletonné près de la cheminée alors que Sévrar se positionnait debout dans son dos.
Le chef des mages ouvrait la bouche pour engager la conversation avec la femme, lorsque les portes s'ouvrir de nouveau. Églantine, Seth et Oma entrèrent en aidant Kryss, Swan et Kala. Des serviteurs les suivaient de près avec six chaises pour que les blessés s'y installent.
Il ne manquait plus que la Reine.
Cette dernière se fit attendre bien longtemps et lorsqu'elle arriva enfin, elle ne s'excusa pas et rejoignit avec élégance le siège derrière son beau bureau. Aux yeux de Sévrar, elle avait l'air d'aller mieux que la dernière fois qu'il s'était trouvé dans cette pièce, pourtant la situation semblait tout aussi catastrophique, si ce n'est même pire.
— Merci d'être venu, disait-elle en posant ses longs doigts sur le meuble. J'imagine que, comme moi, vous mourrez d'envie de savoir ce qu'il s'est passé ces derniers mois. Sans plus attendre, j'aimerais écouter les rapports de nos deux groupes d'apprentis dragonniers partis au secours de ma fille.
— Si je peux me permettre, votre Majesté, se levait Oma.
— Oui ?
— Seth et moi-même souhaiterions attendre le retour de nos camarades pour faire notre rapport.
— Fort bien. Mais comment être sûr qu'ils reviendront ? Nous devons avancer dans nos plans le plus vite possible.
— Ils reviendront ! intervenait Seth. J'en suis sûr.
La Reine souriait tristement devant l'espoir du jeune elfe.
— S'il vous plait, laissez-leur un peu de temps, continuait-il.
— Soit, nous attendrons. Mais pas plus d'une semaine.
— Merci, votre Majesté.
— L'autre équipe est-elle en mesure de nous raconter le déroulement de sa mission ?
— Oui, votre Majesté, répondait Kryss.
— Nous vous écoutons alors.
*
Le jeune homme aux épaules larges marchait d'un pas énergique entre les arbres. Leur traversée de la Terre Verte était bientôt finie, ils approchaient de la frontière avec le royaume de Wesiria. Pour le moment, tout se passait comme prévu, ils n'avaient rencontré aucun problème, même dans la forêt Maranwë qui était pourtant réputée pour ses bizarreries.
Ils l'ignoraient, mais la veille, ils s'étaient arrêtés dans la clairière où, bien des années plus tôt, le père de Sheireen était mort. S'ils avaient fait plus attention, ils auraient remarqué les ossements recouverts de végétations des Wesi également morts cette nuit-là. Ils auraient remarqué l'endroit où s'était tenue la mystérieuse ombre. Un endroit vierge, où plus rien ne poussait. Mais aucun d'entre eux n'avait eu vent de ces événements et ils avaient donc continué leur chemin.
Derrière lui discutaient les trois filles du groupe et encore plus loin, perdu dans ses pensées, marchait Noah.
— Nous approchons de la frontière, annonçait Kryss à ses compagnons.
Ces derniers se firent alors plus attentifs et cessèrent toute conversation.
Tout était calme autour d'eux, chose étrange en temps de guerre, la frontière ne semblait pas gardée.
Les arbres commencèrent à s'espacer, la lumière du soleil arrivait plus vive jusqu'à eux. Ils étaient sur le bon chemin, pourtant, quelque chose clochait. Aussi tendus que la corde de l'arc que portait Maïwen, ils continuèrent tout de même leur route.
À chaque bruit suspect, ils se préparaient à une attaque, mais rien ne venait.
Alors, lorsque le crissement d'une épée sortant de son fourreau résonna dans le silence des sous-bois, Kryss se retourna à une vitesse fulgurante vers la source du bruit. Ses yeux s'écarquillèrent alors d'horreur tandis que Swan hurlait à s'en déchirer la gorge.
Noah venait de transpercer Maïwen avec son épée.
Swan dégaina à son tour et se jeta sur le garçon qui venait d'attaquer sa sœur, bien décidé à lui faire payer au centuple. Noah dégagea sa lame du corps de Maïwen qui s'écrasa au sol, pour parer l'attaque de la jeune femme. D'une main, il arrêta la grande épée de la jeune femme et de l'autre, il siffla trois notes.
Abasourdi, Kryss ne sut comment réagir, rien ne l'avait préparé à ce genre d'événement.
La cadette du groupe, Kala, se précipita vers Maïwen qui se vidait de son sang au sol. L'herbe semblait boire le liquide vital, aspirant en même temps la vie de la jeune femme. Noah avait visé juste, la lame était passée juste sous le plastron de cuir de la jeune femme dans un angle qui avait permis au jeune homme de la tuer sur le coup. Il était trop tard.
— Elle est morte, disait simplement Kala.
Ce simple mot fit réagir Kryss qui se jeta lui aussi contre Noah. Ce dernier fut obligé de sortir une deuxième arme pour pouvoir tenir la cadence. Le combat s'accéléra, ce n'était plus qu'une question de temps avant que Noah ne soit vaincu, pourtant lorsque Kala prit la parole, Kryss comprit qu'ils n'allaient pas gagner.
— Une troupe approche.
Malgré le handicap de Kala qui l'empêchait de bien voir, ses coéquipiers savaient qu'elle avait raison.
— Qui as-tu appelé, Noah ? crachait Kryss.
— Des amis. Abandonnez, c'est mieux pour vous. Je suis sûr que vous ne voulez pas d'une autre mort inutile.
— Pourquoi ?! rageait Swan.
Des larmes brouillaient sa vue, pourtant elle continuait à le harceler de sa lame, l'abatant avec toute la force qu'elle pouvait.
— Il faut fuir, disait Kala.
Ses yeux allaient d'un arbre à l'autre, comme s'ils voyaient quelque chose d'invisible aux yeux des autres.
— Il est trop tard, disait Noah.
Soudain, des Wesi apparurent entre les arbres. En un instant, ils eurent encerclé le groupe.
Il y eut un moment d'hésitation parmi les Zaléniens, devaient-ils se battre ? Mais à trois contre une bonne douzaine, ils n'avaient aucune chance, alors quand on leur ordonna de se rendre, ils obéissaient à contrecœur. Les lames de Swan et Kryss rebondirent au sol, annonçant leur capitulation.
Rudement, ils furent attachés sous le regard satisfait de Noah.
— Tu seras récompensé en conséquence, disait l'un des soldats au traitre.
— J'espère bien. Où les amenez-vous ?
— À An Wesiri. Nous allons les interroger.
— Je vous ai pourtant tout dit.
— Mieux vaut nous assurer que tu n'as rien oublié.
— Nous ne dirons rien, sifflait Swan en se débattant de la poigne d'un Wesi.
— Faites-la taire, ordonnait le soldat avec un mouvement négligent de la main.
La garde d'un sabre s'abattit pratiquement immédiatement sur la tempe de la jeune femme qui perdit connaissance.
*
— Noah était donc un traitre, le coupait Léonie, pensive.
Les trois survivants acquiescèrent puis Kryss reprit :
— Ensuite, nous avons été enfermés et interrogés jusqu'à l'arrivée de l'autre groupe. Nous n'avons rien laissé échapper lors de ses séances de torture, nous ne savions rien de plus que Noah. Ce chien leur avait déjà tout révélé de notre mission. Notre but, le chemin que nous empruntions, nos capacités et, surtout, l'existence de l'autre équipe.
La Reine avait écouté avec attention le récit du garçon, elle semblait préoccupée.
— Je ne comprends pas comment un traitre à réussi à intégrer nos équipes de sauvetage, finissait-elle par dire.
Un grand silence accueillit sa remarque. Personne ne voulait émettre d'hypothèse ni accuser quelqu'un pour cette erreur. Ils étaient tous partis du principe que la sélection par les œufs de dragon suffirait à choisir les bons éléments, pourtant cela n'avait pas empêché Noah d'être choisi par un œuf et d'être entrainé dans le but de sauver l'héritière.
— C'est étrange, intervenait Rowenn. Il ne pouvait pas être certain d'être choisi pour la mission. Que se serait-il passé s'il n'avait pas été choisi ? Y avait-il d'autres candidats au rôle de traitre parmi tous les élèves de l'académie ?
— Léonie ?
— Nous ne pouvons être sûrs de rien. Malheureusement, nous sommes moins regardants sur les recrues ces temps-ci. Nous avons besoin de soldats, votre Majesté.
— Où sont les apprentis soldats qui ont passé les tests ?
— Une grande partie a déjà été envoyée au front, ma Reine, répondait la générale.
La souveraine soupira, ils n'auraient surement jamais le fin mot de cette histoire. De toute façon, cette opération était un échec. Dix étaient partis, six se tenaient devant elle. Des recrues prometteuses étaient mortes ou disparues, dont son propre fils, d'autre étaient blessées.
— C'est un échec, disait-elle à voix haute.
Personne ne pouvait la contredire.
— Mais nous devons nous relever, continuait-elle en se levant. Prenez le temps qu'il vous faut pour vous remettre de vos blessures. Ensuite, vous serez sacré dragonnier et envoyé au front.
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