No, don't try

Jungkook était beau.

Je ne l'avais jamais nié, du moins on ne me l'avait jamais demandé, mais du peu que j'avais vu, j'avais toujours trouvé son visage magnifique. Ses imperfections ne le rendaient que plus humain et après tout, elles étaient rares.

Mais ce soir-là, en rentrant du lycée, j'avais décidé de passer près d'un parc. Parce qu'à chaque fois que je passais là-bas, je voyais des enfants rirent, heureux, qui profitaient simplement de l'instant présent. Et je trouvais cela tellement beau, tellement pur, que passer par ce parc me rendait à chaque fois immédiatement heureux.

Sauf que cette fois-ci, ce qui attira mon regard fut bien autre chose.

Près d'un arbre reclus du monde, je distinguais un adolescent de mon âge, adossé à l'écorce tranchante de l'arbre, des écouteurs ornant ses oreilles, la langue légèrement sortie pour signe de concentration, un crayon et un calepin en main.

Je m'étais discrètement approché, et tellement concentré, il ne m'avait pas remarqué. J'avais sorti mon appareil photo, et enfin, j'avais capturé ce magnifique moment.

J'étais fier de mon cliché, les rayons du soleil se reflétaient sur son visage aux traits tirés par la réflexion, les cheveux plutôt longs de Jungkook retombaient sur son visage, tout était magnifique.

Seulement, j'avais activé le flash.

Et bien qu'il donnait à son dessin toute son application, le flash lui fit relever la tête et inévitablement,  il croisa mon regard.

Le monde cessa de tourner un instant. Ce fut comme si je venais de pénétrer dans son univers, qu'il cachait auprès de chaque lycéen.

À cet instant, je fis la rencontre de Jeon Jungkook.

Le vrai.

Et, au fond de moi, j'espérais que ce ne soit pas la dernière fois.

Lentement, j'avais abaissé mon appareil, honteux de m'être fait surprendre. Lui n'avait pas l'air en colère, juste surpris, quoiqu'un peu triste. Au fond, je ne savais pas si la lueur de tristesse dans ses iris étaient là uniquement quand je posais mon regard sur lui, ou à chaque instant.

Il entrouvrit légèrement ses lèvres, papillonant des yeux, puis il rangea précipitamment ses affaires.

Je crus un instant, qu'il ne voulait pas que je le vois ainsi.

Mais après réflexion, je me dis que peut-être, il avait simplement eût peur.

Parce qu'au lycée, il n'était qu'un simple punching-ball, un bouc émissaire, que la plupart des humains qu'il côtoyait  lui crachaient au visage, et pour cela j'eus de la peine car il semblait pourvu d'une peur presque automatique envers chaque personne.

L'humain était un ennemi pour lui. Et je m'en sentais désolé.

Tel le chrétien que j'étais qui devait aider son prochain, j'avais, à mon tour, ranger mes affaires dans une vitesse folle, et j'avais démarré une course en le voyant partir.

Je n'étais pas sportif, j'étais plutôt du genre à faire quinze minutes de sport par an, à ralentir ma course quand le prof ne regardait pas, à être choisi en dernier quand le professeur demandait de faire des équipes.

Mais pour une raison que j'ignorais, pour lui, j'étais prêt à y laisser mes poumons.

Et c'est grâce à cette détermination que je ne me connaissais pas, que j'avais réussi à saisir sa manche et l'avait ainsi, stopper dans sa course et la mienne.

Il s'était figé en sentant mes longs doigts s'enroulaient autour de son poignet fin, et rien qu'à travers le peu de mouvements qu'il fit, je ressentais la peur, me fendant le cœur à nouveau.

Il m'avait regardé, les yeux brillants, mais avait détourné le regard aussitôt, ses longs cheveux tombant sur ses yeux bridés, que je ne pouvais qu'à peine voir à cause de sa chevelure abondante et de son visage baissé. Il semblait avoir honte, mais pourquoi ? Je n'en avais aucune idée mais une hypothèse me vint et je me dis que peut-être, ce garçon avait honte de ses moindres mouvements, d'être lui. Il avait sans doute était rabaissé au long de sa vie que, petit à petit, était né une honte constante d'exister, et à nouveau, la désolation se fit ressentir dans toute mon âme et la honte, cette fois de l'avoir traité comme un moins que rien mois aussi, me prit aux tripes.

«J-Je suis désolé, avais-je simplement dit. »

Et j'avais croisé son regard.

Ses iris noisettes me détaillaient avec profondeur, alors que moi, je me sentais défaillir sous son regard pur et peureux, ma prise sur son poignet finissant par s'affaiblir. Un léger voile d'eau recouvrait ses yeux, et j'en fus sincèrement troublé. Ce fut comme si, soudainement, son regard remit en question toute mon existence.

Il cligna des yeux pour signe d'incompréhension, et je me sentis obliger de répéter plus fermement pour qu'il comprenne :

«Je suis désolé. »

Et nous sûmes tous deux à cet instant, que mes excuses camouflaient bien des choses.

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