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Je rentrais chez moi le visage dépité.

La journée n'avait pas du tout été concluante, Jimin se sentait affreusement mal et n'avait rien voulu m'expliquer, je m'étais donc contenté de le soutenir sans le questionner. Et moi, je m'efforçais de ne pas penser à Jungkook et à mon mauvais choix, à ma lâcheté.

Aussitôt, ma petite sœur de quinze ans, Bora, me sauta dessus pour m'offrir une étreinte débordant d'amour. Je lâchais mon sac et lui répondis volontiers ; j'avais bien besoin de douceur et de tendresse après cette journée emplie de mauvaises ondes.

«Oppa, ça te dit d'aller nous promener un peu ?

-J'aimerais bien Bora, je me reculais légèrement puis parti accrocher mon manteau. Mais j'ai des devoirs et d'autres trucs à faire...

-Très bien, alors je vais aller dans ma chambre, seule, dans le noir, je vais encore me torturer l'esprit à propos de la vie, de la mort, de Dieu, des réels conséquences d'un suici-

-Yah, c'est bon ! la coupais-je. Deux minutes, s'il te plaît. »

Bora avait des tendances suicidaires, depuis ses douze ans malheureusement, principalement à cause de son harcèlement, de ses complexes, et de nos parents qui la négligeaient. Parfois elle en riait, mais au fond, je savais que cela la rongeait, petit à petit, la conduisant à des idées horriblements noirs, alors je m'efforçais de m'occuper d'elle.

Je récupérais mon sac et montais rapidement dans ma chambre, les parents n'étant évidemment pas là. Je jetais mon sac de cours dans un coin de la pièce et m'empresser de me vêtir d'un simple t-shirt blanc, d'un pantalon noir et d'une veste de la même couleur pour redescendre aussitôt. Je n'aimais pas faire attendre les gens.

Bora m'attendait en bas, et elle était très jolie, vêtue d'un short noir, d'un haut blanc ample qu'elle avait rentré dans son bas et d'une chemise en jean qu'elle portait en guise de veste.

«Tu es très jolie. fis-je, en souriant.

-Merci oppa. »

Elle rougit légèrement, peu habitué aux compliments. Je m'efforçais de lui en faire tous les jours pour lui faire prendre confiance en elle.

«Allons-y, j'attrapais les clés et deux cannettes de soda avant de la rejoindre.»

Nous sortions de la maison et nous nous dirigieons vers notre endroit habituel, un chemin de fer où rares étaient les trains.

«Dis-moi Bora, je démarrais la conversation alors qu'elle s'amusait à rester en équilibre sur les rails. Tu penses quoi de l'homosexualité ?

-Tu es gay, oppa ?

-Non !»

Sa question avait été dite sur un ton si naturel que j'en étais perturbé, et mon visage était devenu rouge presque aussitôt.

«Non... repris-je avec plus de calme. C'est juste... Une question. »

Elle eut l'aire sceptique, les yeux plissés, ses lèvres retroussées, puis elle eut un petit sourire en coin, haussant les épaules.

«Je suppose qu'en tant que chrétienne je devrais te dire que c'est mal, que cela mérite l'Enfer mais ce ne serait pas mon avis. fit-elle, le regard scindant le ciel.

-Alors, quel est ton avis ?

-Oulah, j'en ai pas, je m'en tape. Tant que tu chopes pas le sida oppa, je m'en fiche d'avec qui tu couches.

-Mais je ne parlais pas de moi ! m'exclamais-je.

-C'est ce qu'ils disent tous. elle leva les yeux au ciel. »

Je me retournais vers elle, le regard sombre, puis commençais à accélérer pour fuir ses paroles qui me faisaient trop peur pour que je les accepte. Mais elle fut bien vite à mes côtes, son bras autour du mien, me souriant de toutes ses dents blanches.

«Si, dans un autre monde, tu étais gay, tu serais au dessus ou en dessous ?

-Je ne le serais pas parce que c'est contre nature !

-Oh, ne me débite pas le bla-bla des chrétiens, on dirait Soomin. »

Soomin, c'était notre mère, et ma petite sœur avait tellement d'aversion envers nos parents qu'elle les appelait par leur prénom.

Ce rappel concernant sa vie bien fade me fit soudainement culpabiliser de fuir ses questions.

«Je ne sais pas Bora, ça dépendrait du partenaire. »

Je pensais aussitôt à Jungkook, à son beau visage et surtout à son corps. Je m'y attardais moins que sa personnalité mais il était tout de même à couper le souffle, bien musclé, que ce soit son ventre ou ses cuisses - oh Seigneur, ses cuisses -.

«Il s'appelle comment ? me demanda Bora.

-Qui ça ?

-Le gars ultra bandant qui remet en question ta sexualité ?»

Je mordis ma lèvre et me mis à regarder le ciel, me préparant à l'avouer à Bora mais aussi à me l'avouer, à quoi cela servait de mentir ?

«Jeon Jungkook.

-Et pourquoi t'es pas dans ses bras au lieu d'être avec ton imbécile de sœur ?

-Parce qu'il m'a demandé de choisir entre la chrétienté, la religion, m'enfermer dans le déni ou bien lui. Je ne l'ai pas choisi. je fermais les yeux. »

Pourtant j'entendis quelques pas rapides, presque précipités et je me pris un petit coup douloureux sur la tête. Je rouvris les yeux pour découvrir Bora, le regard sévère, les bras croisés alors qu'elle me regardait de haut, une mine agacée sur le visage.

«On s'en fout de tout ça ! Si tu te sens bien avec lui, alors fonce !

-Je le connais à peine, au fond...

-Et alors ?! elle s'exclama, et je me sentis effrayé. Je suis sûre que tu as juste envie de foncer dans ses bras, alors arrête tes bêtises !»

Elle avait raison.

Jungkook ne quittait plus mes pensées.