Plongé dans la nuit 2x12
"Dit moi ce que je dois faire..."
La voix d'Alec résonnait encore dans la tête de Magnus. Il regardait par sa fenêtre le ciel noir. À Brooklyn on ne voyait jamais les étoiles, trop de lumière, trop de pollution.
"Je vais dormir."
Seul.
Magnus ne dormait pas. Malgré la fatigue il n'arrivait pas à s'endormir. Il entendait les respirations d'Alec dans le salon. Le chasseur d'ombres s'était endormi sur le canapé, peut-être qu'il se punissait ainsi de n'avoir rien vu... Ou du moins d'avoir compris trop tard. Il avait vu la culpabilité dans ses yeux, il y avait lu son désarroi. Et Magnus n'avait aucune envie de le consoler, de lui dire qu'il n'y était pour rien. Qu'importe la vérité, ce soir le sorcier voulait de la quiétude. Magnus voulait du silence pour faire taire ces souvenirs.
Pris d'une soif insatiable, il décida de sortir de sa chambre. Il s'arrêta un instant à la hauteur d'Alec. Il était si paisible quand il dormait. Si beau. Il ressemblait à un ange.
La rune d'agonie... Et dire que ce sont des demis-anges qui ont inventé ça. Peut-être que la figure angélique n'a rien de bienveillante, elle est sûrement d'une beauté cruelle. À moins que ce soit la part d'humanité en ces sangs-mêlés qui leur fassent créer de telles choses. Magnus n'en savait rien, il n'avait aucune envie de le savoir. Tout ce qu'il voulait c'est que ces images disparaissent de nouveau.
Dans la cuisine, assis sur un des tabourets, il regardait fixement la tisane dans son verre. C'était une recette de Catarina. Son amie lui faisait quand il avait trop bu et que sa tête lui lançait. De toute manière c'était la seule que Magnus savait accomplir sans elle. Il avait hésité à l'appeler quand Alec s'était endormi, après tout elle était son amie de longue date. Elle aurait tenté de le consoler, elle aurait sûrement compatis. Mais elle ne pouvait pas comprendre. Sa mère l'avait toujours aimé malgré sa peau bleue, elle l'avait protégé. Celle de Magnus n'avait pas accepté que son fils soit un demi démon.
L'image de sa mère et de ses larmes sur ses joues refirent surface et il se leva d'un bond. Tant pis, il n'avait plus soif. Il avait besoin d'air. Sans un bruit il ouvrit la porte fenêtre et respira enfin. Il ne sentit à peine une larme coulée sur sa joue. Il était perdu dans ses souvenirs d'enfance.
Il lui avait fallu plus de trois cent ans pour que sa mémoire oublie les traits d'horreur de sa mère. Il lui avait fallu plus de trois cent ans pour que l'image de sa mère pendue disparaisse. L'Enclave, en à peine une minute, avait tout fait revenir. La douleur avec.
Levant les yeux vers le ciel il vit une unique étoile, elle brillait faiblement, sa lueur semblait se battre avec l'osmose sombre de cette nuit. Magnus appréciait les étoiles, elles lui paraissaient éternelles comme lui. Elles avaient vu les hommes naître, les hommes mourir. Elles étaient des spectatrices des faits grandioses comme des monstruosités. L'air était lourd, brûlant. Magnus observa ses mains, ses bagues. Changer de corps était une épreuve, être dans le corps de ce monstre... Les regards haineux qu'on lui avait jeté, le regard de colère d'Alexander quand il était entré dans cette prison, tout semblait le ramener à la propre horreur de sa mère.
Pensant être enfin calme, il rentra dans le salon. L'air y était plus frais et le chasseur d'ombres tremblota. Magnus fit apparaître une couverture sur son amant qui eut un fin sourire comme s'il devinait que la magie avait agit. Il rentra dans sa chambre, la gorge toujours aussi sèche. Puis il s'arrêta devant son miroir et resta quelques instants à se détailler. Il avait oublié à quel point il lui ressemblait. Il avait oublié le visage de sa mère, ses traits fins et son beau sourire quand elle cuisinait.
Il lui ressemblait tellement. Il avait ses traits. Comme si la douleur était trop grande ses yeux de chat apparurent. Il lui ressemblait pourtant sa marque démoniaque avait effrayé sa mère. Elle l'avait dégouté de son propre fils. Peut-être que l'amour des hommes n'est pas invincible. En fait il en était même sûr. L'amour n'avait pas suffit à sa mère, l'amour de son beau-père l'avait poussé à tuer l'enfant qu'il avait élevé depuis toujours comme le sien.
Ô Père,
écoute la prière de l'archange saint Michel
et de tous les anges, ministres de ta Gloire.
Toi qui es le Dieu des armées célestes,
repousse loin de nous la violence du diable.
Dieu de vérité et de miséricorde,
rends vaines toutes ses embûches.
Dieu de liberté et de grâce,
brise les liens de sa méchanceté.
Libère-nous de toute oppression diabolique
et garde-nous de tout mal.
Fais qu'en retrouvant la sérénité de tes fils,
nous t'aimions de tout cœur,
nous te servions en faisant le bien,
nous te rendions honneur et gloire,
et que toute notre vie soit pour toi un chant de louanges
Amen
Combien de fois Magnus avait répété cette prière au côté de son père en espérant laver son âme de son impureté ? Combien de fois avait-il eu la gorge qui lui brulait à force de répéter ces même mots ? Aucune prière n'avait ramené sa mère, aucune prière n'avait fait de lui un enfant normal. Le démon avait posé sa marque sur lui. Et sa mère avait arrêté de lui parler. Et sa mère s'était pendue dans la grange familiale. Et son père avait tenté de le tuer.
Le temps avait effacé leurs traits d'horreur et de colère. Le temps avait calmé la souffrance dans le coeur de Magnus. Mais aujourd'hui tout surgissait. Aujourd'hui il avait la sensation d'avoir été hier cet enfant du diable qui avait détruit sa famille.
Accablé par son reflet il entra dans la douche pour se rafraîchir puis méticuleusement il maquilla son visage. Il appliqua multiples couleurs sur sa peau hâlée, modifiant les traits de sa mère. Il s'habilla alors que la nuit était encore sombre, il mit une veste pailleté et un pantalon noir moulant. Il s'observa dans le miroir, tourna sur lui-même. Il était satisfait. Tout était caché, enfoui.
La douleur il la déguiserait jusqu'à ce qu'elle disparaisse complètement...
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