La douleur le saisit.

Elle vient de partout.
Elle est plus forte sur sa rune.

Il a la sensation qu'on le brûle de l'intérieur.
Ce n'est plus son sang qui coule dans ses veines, c'est de l'acide.
Il parcourt son corps et le ronge.

Il geint,
Il crie,
Il appelle,
Il sombre.

Ni ses pieds ni sa voix ne répondent à son commandement. Il ne contrôle plus rien.
Il souffre.
Lentement.

Il ne voit plus par ses yeux, il n'est plus dans cette salle de l'Institut, il n'est plus sur le sol glacé.

Il est avec Jace.
Il le voit.
C'est la première fois, ils ne sont que des enfants.
Jace a ce sourire de vainqueur.
Il peut sentir la main de Jace sur son bras. Il le retient.

Ils deviennent parabatai.

Il se souvient des bras de Jace qui le ramène contre lui, il se souvient de la chaleur de son corps, de la froideur de ses larmes.
Il peut le toucher.
Le sentir.

Puis tout s'arrête.
L'acide a ravagé son être.
Tout est détruit.

Il ne ressent plus Jace. Ni ses bras, ni ses larmes.
Il n'entend plus sa voix. Elle s'ouvre sans qu'un mot sorte.

La douleur lui prend tout.
Toutes ces sensations.

Il ne ressent plus son frère dans son esprit.
Son impulsivité, son ardeur... Tout disparaît.

Alec est vide.
Il se sent vide sans lui.

La douleur semble diminuer.
Elle quitte son corps, ne laissant rien derrière elle.
Elle a pris Jace...

Alec ne ressent plus la souffrance de son parabatai et pourtant il n'a jamais eu autant mal qu'en cet instant.

Jace n'est plus.
Il est parti.

Alec se sent seul, profondément. Il ne s'est jamais senti seul.
Jace a toujours été là.
Comme une partie irréductible de lui.

Un morceau de son âme invincible.

Il croise le regard de sa soeur quand les morts sortent.
"Il est mort."

Ça sonne faux.
Terriblement faux.
Ces lettres sont laides.
Ces mots sont terrifiants.

Il ne le sent plus en lui.
Mais il y a cette flamme qui reste.
Une flamme ardente.

C'est l'espoir.
Un espoir vain, stupide, fou.

Mais Jace doit être quelque part.
Et Alec va retrouver son frère.

Vivant ou mort, il ne l'abandonnera jamais.