Chapitre 8 - Gnia gnia gnia
La journée passa exagérément vite. Je devais essayer de me remettre au même niveau que les élèves de Miami. Le plus difficile était le cours d'anglais. La prof, Mme Jings, était réputée pour être la plus dure de l'établissement. J'étais tellement contente que mon accent américain ne soit pas aussi pourri que certains. Les lycéens avaient l'air de réussir à me comprendre sans aucun problème. Ma langue natale, le français, me manquait.
En plus de tout cela, j'étais une vraie solitaire. Je ne m'étais toujours pas fait d'amis ici et aujourd'hui, au déjeuner, je m'étais isolée. Je ne me sentais pas assez en forme pour avoir une grande discussion avec Eve. Je le ferai demain.
A la fin des cours, j'étais assise dans la cour du lycée, sur un banc, un livre à la main. Mon père m'avait envoyé un message comme quoi il viendrait me chercher vu que ma voiture avait été kidnappée par ma très chère mère. Grrrr.
Soudain une réflexion me vint à l'esprit : je me souvenais que la place à ma droite au cours d'anglais - celui que je partageais avec Taylor - était restée obstinément vide durant toute l'heure. Il était apparemment absent.
Je reprenais ma lecture après cette minute souvenir.
J'étais tellement concentrée sur les aventures du héros de l'histoire que je ne vis pas quelqu'un s'assoir à mes côtés.
- Bonne lecture ?
Je sursautais et plaçais la main sur mon cœur. Il battait à tout rompre.
J'avais littéralement bondi sur place.
A côté de moi, Ky était plié en deux. Il se tenait le ventre à deux mains et c'est tout juste s'il ne se roulait pas parterre. Je le frappai à l'épaule.
- Espèce de... Je vais te tuer.
Ky frotta l'endroit où mon poing à ait atterri.
- Aïe !, gémit-il.
Je souris face à la grimace qu'il faisait.
- Ça t'apprendra à t'assoir dans un silence pareil. J'ai failli mourir par ta faute, tu t'en rends compte ?
Il haussa les sourcils, moqueur.
- Mourir ?
- Rho ! Tais-toi.
Il pouffa.
- Tu es impossible quand tu veux.
Je secouai la tête, imitant un air furieux. Puis je continuais de lui parler tout en observant un groupe de lycéens accotés à la petite fontaine située au milieu de la cour.
- D'ailleurs qu'est-ce que tu fais ici ? Tu n'es pas lycéen à ce que je sache.
Il me fit un des plus craquants sourires en coin que j'ai jamais vu.
- Ouais. J'avais envie de retourner sur les bancs de l'école, ça ne fait qu'un an que je suis parti et ce lycée me manquait terriblement.
Je quittai les lycéens du regard pour le regarder, les sourcils haussés d'incrédulité. Puis, voyant qu'il se mordait la lèvre pour s'empêcher de rire, je lui redis une bourrade a l'épaule.
- Idiot ! Non, sérieusement, tu fais quoi ici ?
Il étala ses grandes jambes devant lui et me répondit :
- Je viens te chercher. Ton père a eu un imprévu.
Je soupirai.
- Encore...
Ky me regarda, il avait l'air compatissant.
- Allez, mon ange, suis-moi.
Je rangeais mon livre précieusement dans mon sac et me dépêchais de le suivre. Il marchait vite et j'avais du mal à suivre la cadence. Il s'arrêta devant une voiture noire rutilante garée sur le parking de l'établissement.
Je haussai le sourcil droit, admirative.
- Franchement, une Maserati ?
Ky sourit fièrement.
- Ouaip, madame. Allez, pose ton gros popotin sur le siège passager.
Je lui jetais un regard noir.
- Ferme-la.
Il rit et commença à chantonner. Je m'assis sur le siège en cuir noir tout en marmonnant entre mes dents. Puis, voyant qu'il continuait de chanter, j'allumai la radio et augmentai le son, assez pour couvrir sa voix. Même si j'avouais que sa voix était étrangement grave et... Sexy.
Oh mon dieu ! Je venais bien de dire que je la trouvais sexy ?!
Discrètement, je touchai mon front pour voir si j'avais de la fièvre. Il était aussi froid que l'air contenu dans cette voiture.
- Tu ne pourrais pas mettre un peu de chauffage ?, dis-je à Ky.
Il tourna un bouton sur le tableau de bord et l'air commença doucement à se réchauffer, je m'enfonçais un peu plus dans mon siège, sous l'effet de la chaleur contre mon visage.
Ky ne m'avait pas quittée des yeux. J'ouvris grand les miens.
- Quoi ?
Il cligna plusieurs fois des yeux et sembla se ressaisir. Il se reconcentrait sur la route.
- Rien. Je n'en reviens pas que tu aies froid, on est seulement au mois de mars ! Et il fait dix degrés !
J'essayais d'imiter sa voix grave, en vain.
- Il fait dix degrés et gniagniagnia...
- Tu me provoques, là ?
Il me regarda, sourcil droit levé. Ses yeux semblaient me mettre au défi.
Je me rendais seulement compte de quelque chose.
Une partie de moi était irrésistiblement attirée par cette lueur malicieuse, mais pas seulement, elle était aussi attirée par ses cheveux noirs corbeaux, par sa peau légèrement hâlée et sa musculature parfaite. Elle était aussi attirée par sa voix, si grave et profonde et par ses lèvres, qui avaient l'air si douces au toucher. Elle aimait la façon dont ses tee-shirts épousaient la forme de son torse. Elle adorait son sourire en coin, celui qu'il me servait quand il sentait que ça n'allait pas.
L'autre partie de mois, toutefois en minorité, se demandait comment était-il possible d'être attirée comme cela par quelqu'un que l'on ne connaissait que depuis deux jours, par quelqu'un dont on ne savait rien, dont on ne connaissait aucun de ses secrets. Cette partie-là voulait, souhaitait attendre. Attendre. Mais quoi, au juste ?
- Athé' ?
Je me reconnectais soudainement à la réalité. Cela devait faire une bonne minute que je fixais Ky sans même m'en rendre compte. Ce dernier conduisait en me jetant des regards inquiets.
- Ça va ?, me demanda-t-il.
Je hochai rapidement et vigoureusement la tête, sentant mes joues virer au rouge tomate.
- Excuse-moi, j'étais... Dans mes pensées.
Il plissa les yeux mais ne m'interrogea pas plus.
Le reste du trajet, qui me parut bien long d'ailleurs, j'orientais ma tête du côté de la vitre et observais le paysage défiler.
- On est arrivé.
Je sortis sans plus tarder de la voiture de sport, en ayant quand même lâché un vague "merci".
Il s'était garé dans un cul-de-sac, je ne voyais aucune porte me permettant d'entrer dans la salle de sport. Je m'éloignais sans même regarder ce que Ky faisait, trop gênée de l'épisode de la voiture.
Je n'entendais pas ses pas derrière moi alors je continuais d'avancer.
Je vis une petite ruelle, sombre et glauque.
En y réfléchissant, ce serait l'endroit parfait pour avoir une salle de sport réservée spécialement aux gangs les plus craints de toute une ville.
Alors je m'engouffrais dans ce chemin.
À peine avais-je fait un pas que je me retrouvai nez à nez avec un gars pas très net. Il sentait un mélange de cigarette et d'alcool. Il me dominait de toute sa taille et des dreadlocks dépassaient de la capuche de son sweat qu'il avait rabattu sur la tête. Son sweat maculé de boue qu'il devait porté depuis plusieurs jours.
- Besoin d'aide, poupée ?
Sa voix était rauque comme s'il avait fumé trois paquets de cigarette à la suite et ne parlons pas de son haleine.
Je poussai un cri de surprise et essayai de m'éloigner mais un mur m'en empêcha. Foutu mur ! Toujours là au mauvais moment !
Il avait posé l'une de ses mains crasseuses sur mon poignet et le serrait fort. Très fort.
- Dégagez !, sifflai-je entre les dents.
Le drogué sourit.
- Nan, j'crois pas.
Je commençais à me débattre et décidai d'appeler à l'aide.
- Ky ! Au secours !
J'espérais que ce dernier soit là, mais je m'étais trop éloignée.
Je fermai les yeux, refusant de regarder cette ivrogne une seconde de plus.
Soudain, la main qui était sur mon poignet me lâcha et l'homme ne semblait plus être devant moi.
J'ouvris les yeux et le vis à terre, le nez en sang. À côté se trouvait Bram, manches de chemises retroussées, le regard tueur et la mâchoire crispée.
Furieux, il leva les yeux sur moi.
- Qu'est-ce que tu faisais là avec lui ? Où est Ky ? Ce n'était pas à cet idiot que l'on avait confié la mission de te ramener saine et sauve ?
Je restai prétrifiée sur place.
- Je t'ai déjà dit plusieurs fois que je savais me battre, Bram, et Ky était là il y a quelques minutes, il a dû s'éloigner. Je...
- Chut, me coupa-t-il.
Indignée, je m'approchais de lui, jusqu'à n'être qu'à quelques mètres de distance.
Qu'il franchit aussitôt.
Comme il était plus grand que moi, bien plus grand, je ressentais son souffle chaud sur mon visage. Il était si proche que j'arrivais à sentir son eau de toilette. Je n'osais pas relever les yeux, j'avais trop peur de relever les yeux pour croiser les siens, colorés d'un vert intense, semblables à deux émeraudes étincelantes.
Ok. Je pouvais dire tout ce que je voulais, mais je ne pouvais pas nier le fait qu'il était le plus beau garçon que j'aie jamais vu. Il était plus beau que Ky, plus beau que Taylor, plus beau que n'importe qui. Dommage que son caractère gâchait tout. J'avais toujours l'impression qu'il me détestait, toujours l'impression qu'il ne me supportait pas. Sauf peut-être pour l'épisode de ce matin dans la voiture, chose qu'il avait l'air d'avoir déjà oublié. De toute façon, ça m'était égal...
- Tu ne sais pas te battre. Du moins, pas dans ce genre de situation, pas contre des hommes qui font deux fois ta taille.
Comme toi, par exemple ?
Il continua :
- En plus, Ky n'est même pas présent ! Cet homme aurait pu te faire du mal. J'avais demandé à ton ami de te surveiller.
Il avait dit ce mot d'un ton plus que dédaigneux. Ces deux-là n'étaient apparemment pas en bons termes.
- De un, oui, Ky est mon ami, ça te dérange ? Et de deux, personne ne doit me surveiller. Je sais me débrouiller seule, merde !
Il respirait plus fort, plus bruyamment qu'avant. J'essayai de reculer mais faillis trébucher sur le corps du drogué que j'avais momentanément oublié. La main de Bram se posa sur ma taille pour me retenir. Il la retira aussitôt.
Mais trop tard.
Son contact était déjà marqué sur ma peau, comme une brûlure que je n'arriverai pas à soigner.
Mon pouls s'accéléra. Je ne savais pas pourquoi ce simple geste me faisait autant d'effet.
Nous restâmes tout les deux figés. Personne ne disait rien ou n'osait rien dire.
Puis, si bas que je devais tendre l'oreille. Bram murmura :
- Oui, ça me dérange.
Et il fit volte-face.
Ne voulant pas rester près de l'homme étalé sur le béton, je le suivis.
Il ouvrit une petite porte métallique qui se trouvai dans un des renfoncements du mur.
J'eus une courte joie, j'avais eu raison pour la petite ruelle.
J'y entrai à sa suite.
C'était donc ça, cette salle d'entraînement dont il m'avait parlé dans son message.
Comme au QG, un ring était placé au centre de la salle. Tout les garçons , et même les filles, étaient regroupés dans un même coin de la pièce que je reconnaissais comme le coin "musculation".
Je ne pouvais m'empêcher de chercher ma blonde préférée - quelle ironie ! - du nom d'Eleana. Si elle me voyait aussi proche de son peut copain, elle deviendrait aussitôt verte de jalousie ou rouge de colère. Enfin bref, elle changerait de couleur.
J'étais toujours collée aux basques de Bram. Il se dirigeait vers un groupe de personnes, dont une qui était mon père, placé au fond de la salle.
Mon père ne me regarda même pas, il continuait sa discussion avec... Quelqu'un que j'appellerai "Rambo". C'est vrai, avec sa carrure immense et sa taille de 2m, il était impressionnant. Il avait des cheveux blonds et des yeux bleus.
Ce fut lui qui me remarqua.
- Harrison ! C'est ta fille que je vois là ?
Mon père daigna enfin me regarder.
- Mais bien sûr, Daniel. Tu vois bien qu'elle a tout pris de moi, la beauté, la force...
Ce Daniel rit. Fort.
- Toi ?! Beau ?! Laisse-moi rire.
Il avait l'air d'être très ami avec mon père, vu la complicité qu'il partageait. Daniel devait avoisiner les 23-24 ans.Il s'approcha de moi.
- Salut, ma belle. Ici tu es chez moi. C'est ma salle.
- Ok. Cette salle... D'autres gangs l'utilisent ?
Il me regarda, avec sa grande taille, c'est comme s'il regardait un champignon. Je n'aimais pas les champignons. Je ne m'aimais pas. Tout simplement.
- Ouaip. Les Jake's plus particulièrement, même si parfois des gangs des autres villes la squattent.
- Il y a quelque chose que vous me conseillerez de faire, quelle machine utiliser par exemple... ?
Il m'ébouriffa les cheveux comme si j'avais cinq ans. Je détestais quand on me faisait ça.
- Pas de "vous" avec moi, petite. Sinon, côté machine, tu pourrais...
- Venir t'entraîner avec moi sur le ring.
Je me tournais vers la voix qui venait de le couper. Bram me regardait, les mains dans les poches, un sourire moqueur sur le visage et une expression de défi dans les yeux.
Je ne pouvais y répondre que par l'affirmative, c'était trop tentant pour refuser d'avoir une chance de le battre.
-Bien. Mais je ne vais quand même pas me battre en Converse... Si ?
Mon père m'adressa alors la parole pour la première fois de la journée.
- Ta mère t'a préparé un sac, il est dans le vestiaire des filles.
Je haussai les sourcils tandis que Daniel ajoutait :
- Premier étage, deuxième porte à droite.
Je suivais ses indications et trouvais le sac. J'enfilais rapidement le legging et le débardeur de sport que ma mère m'avait préparé. Je refaisais ma queue de cheval qui, depuis ce matin, s'était vaguement affaissée.
Une fois redescendue, je m'installais sur le ring, attendant Bram.
Il ne tarda pas à arriver. Torse nu, il s'approcha de moi. J'étais sûre qu'il avait fait exprès d'enlever son T-shirt. Il voulait me déconcentrer. Eh bien, c'était largement réussi ! C'était tout juste si la bave ne coulait pas de ma bouche. Mes yeux louchaient sur ses abdominaux bien dessinés. Argh je le détestais !
- Ok... On commence, dit-il.
Je voyais bien qu'il s'empêchait de sourire, l'idiot, mais ses yeux trahissaient son amusement de me voir dans cette position.
- Grrrrrr.
J'avais vraiment sorti ça ?
Il ne put cette fois-ci s'empêcher de lâcher un petit ricanement.
- Je te déteste, dis-je entre mes dents.
- C'est bien, maintenant attaque moi.
C'est moi ou il n'en avait strictement rien à faire ? Espèce de... . Je vais me calmer. Je vais me calmer. Je vais me calmer. NON, JE NE VAIS PAS ME CALMER !!!
J'allais foncer sur lui lorsque la porte s'ouvrit dans un étrange grincement qui fit que je m'arrêtais net.
J'étais dos à l'entrée et aux personnes qui venaient de rentrer.
- Athéna ?!
Je me retournais rapidement.
Je compris pourquoi Taylor était absent aujourd'hui. Je me sentais bête de ne pas m'en être doutée.
En tout cas, c'était face à son visage rempli de surprise et d'incompréhension que je me trouvais.
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Grawwwwwww
Salut ! Bon ok j'avoue ce chapitre doit contenir environ... Mille mots de plus que d'habitude ?
J'avais juste envie de vous remercier vu qu'on a dépassé les 700 vues ! C'est énorme (pour moi) !
J'ai besoin de vous ! Vraiment ! J'ai besoin de savoir avec qui préférez-vous Athéna ! Ky ou Bram ?
Ne soyez pas des lecteurs fantômes alors votez et commentez ! Merciiiiiiiii
❤️❤️❤️
Lara xxxxxxxxxxxxxxxxxx
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